EN DEUX MOTS : C’est bel et bien au terme de 4 saisons que l’une des premières, et meilleures, séries d’Apple TV+ s’achève. Et tandis que son film KNOCK AT THE CABIN a connu une belle carrière (USA) sur grand écran en tout début d’année, la production de M. Night Shyamalan SERVANT s’achève comme elle s’est poursuivie au fil des saisons précédentes : de façon hypnotique et inégale.
Pour la diriger on retrouve une équipe quasiment similaire à sa saison 3. Ishana Shyamalan en tête comme scénariste et réalisatrice, au même titre que d’autres co-scénaristes déjà présent auparavant. Mais également plusieurs metteurs en scène qui réitère l’exercice d’une mise en scène inspirée bien qu’imparfaite. Néanmoins, l’absence du showrunner – Tony Basgallop – se fait encore ressentir sur la longueur. Notamment pour son écriture plus rigoureuse.
Vous pouvez retrouver ici les critiques des précédentes saisons : SAISON 1 SAISON 2 SAISON 3
LE DIABLE EST DANS LA NORMALITÉ
Après le rebondissement fracassant qui conclut sa saison 3, SERVANT ouvre son ultime salve de 10 épisodes non sans action. La »domestique » (Nell Tiger Free) de son titre y retrouve une place centrale dans de nouvelles situations à angoisse face à la terrible secte qui tente de l’asservir. Comme sa saison précédente qui place Leanne sur une ligne d’ambiguïté de plus en plus flou, SERVANT saison finale tente (toujours) de varier les visions d’horreur. Séance de spiritisme, fête d’Halloween, cocktail entre voisins, fête d’anniversaire…
Tous les prétextes sont bons pour faire émerger l’horreur dans différents thèmes simples et conventionnels. Le huis clos maintient ainsi sa ligne de claustrophobie avec une limite sur le monde extérieur, tout en jouant avec les codes de la normalité. Et de l’ironie noire. Son premier épisode »pigeon » définit assez bien cette dernière saison, par son envie de cinéma constant mais avec de sérieux manques d’intensité vis-à-vis de son contenu scénaristique.
Sa mise en scène expérimente, via quelques effets numériques modérément efficaces, tandis que son sens du suspense demeure étiolé par des incohérences du scénario. De plus en plus flagrante (comme le prouve la ridicule fracture ouverte lors de son quatrième épisode »Boo »).
Non là où SERVANT demeure passionnante c’est par l’exploitation de son quatuor star. Même si ses profils n’évoluent que de façon trop restreinte. Cette dernière saison dispose toutefois d’éléments forts à sa disposition avec la conclusion de son histoire. De la fin des destins torturés de nos personnages, de l’action finale de la secte au sein du foyer, jusqu’au mystère qui entoure Leanne et ses potentiels pouvoirs. Mais aussi la paralysie de Dorothy (Lauren Ambrose) suite à sa terrible chute, sans oublier son traumatisme enfoui.
ABOUT THE TRUTH
Et à l’arrivée SERVANT saison finale demeure une déception. En partie. Car à chaque épisode au format toujours aussi malin et condensé d’à peine 30 minutes on se passionne d’attendre le mal surgir à tout moment. S’échapper, jaillir de façon indicible pour troubler son téléspectateur. Hélas cette dernière saison ne semble pas s’adapter à son format d’urgence d’ultime saison, censé clôturer le tout en apothéose.
Au contraire cette saison temporise, tâtonne, dans l’espoir de distiller du suspense sur la longueur pour un résultat qui lasse. Un sentiment qu’on peut observer très tôt dans la saison avant une seconde partie qui enchaîne les révélations en demi-teinte.
La première concerne la secte des sacrés Saint, jusqu’à la motivation première de Leanne et l’origine du nourrisson Jéricho. Les révélations diviseront indéniablement, de façon compréhensible en faisant le choix d’écarter l’aspect fantasmée du Fantastique pour son aspect psychologique des événements. Du moins en partie. Un dénouement qui tombe sous le sens, bien qu’il manque cruellement d’intensité. C’est toute la limite de la jeune réalisatrice et scénariste Ishana Shyamalan qui fournit une partie des révélations durant le septième épisode »Myth ».
Aux abords du final, c’est le destin de Dorothy qui prend une tournure passionnante lorsque celle-ci se retrouve confinée avec la domestique. Puis apprend enfin la vérité sur la tragédie qui l’a façonnée. Un moment volontairement simple magnifié sous la caméra M. Night Shyamalan par son gros plan progressif sur l’exquise Lauren Ambrose.
On est ensuite loin d’un final en apothéose, qui privilégie la vision intime et sacrificiel. Une rédemption sommaire pour nos 4 exquis profils, avec en prime un épilogue qui laisse songeur sur le destin de Julian (Rupert Grint).
CONCLUSION
Ainsi, et même si l’expérience SERVANT a toujours était en dent de scie, cette ultime saison demeure la plus faible. Bien qu’elle conjugue de beaux atouts, c’est principalement ses défauts qui prédominent le récit. Néanmoins difficile de réellement bouder son plaisir devant cette friandise horrifique qui à su me passionner des années durant.
Les + :
- Une ambiance et un format en huis-clos toujours délectable
- Son quatuor formidable, Lauren Ambrose en tête
- Un mélange des genres qui fonctionne parfois à merveille
- Une mise en scène principalement inventive
Les – :
- Des incohérences de scénario
- Un rythme et des rebondissements qui tâtonne et tutoie parfois l’absurde
- Des révélations qui diviseront, à raison
- La sous exploitation du casting secondaire
- Un final qui se dégonfle après son excellent neuvième épisode
MA NOTE : 14/20
CRÉATEUR : Tony Basgallop
AVEC : Lauren Ambrose, Toby Kebbell, Nell Tiger Free, et Ruper Grint,
mais aussi : Boris McGiver, Phillip J. Brannon, Todd Waring, Katie Lee Hill, Tony Revolori, Barbara Kingsley, Denny Dillon (…)
ÉPISODES : 10 / Durée : 28mn / DIFFUSION : 2023
GENRE : Drame, Thriller, Epouvante-horreur / CHAINE : Apple TV+
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