EN DEUX MOTS : 3 ans et demi. Entre sa diffusion fin août 2019 et le commencement de sa deuxième saison mi-février 2023 (à raison de deux épisodes par semaine pour une fin en mars) il aura fallu ce délai pour découvrir la fin de ce mastodonte d’Amazon : CARNIVAL ROW. Une série purement fantastique, imparfaite, mais au potentiel fou. Celle-ci côtoie les genres et s’achève néanmoins précocement au terme de deux saisons.
Il faut dire que CARNIVAL ROW coûte cher à Amazon. À l’heure où même les grandes chaînes de streaming font des économies. Ainsi, après une première saison gourmande financièrement, l’engouement fut suffisant pour entamer le tournage d’une suite qui subit de plein fouet le début de la pandémie. Avec ses reports, les emplois du temps chargés de ses têtes d’affiches et encore une année de post-production (largement justifiée) l’ambitieuse saga Fantastique déboule sur nos écrans. Oui, mais pour quel résultat ?
ÇA BAT DE L’AILE
Sa première saison demeure une très belle surprise malgré un univers (et une intrigue) périlleux. Grandes histoires d’amours, fable sur fond de racisme et de différence des classes, jusqu’à une enquête policière et politique qui côtoie les bas-fonds gothiques, CARNIVAL ROW est un melting pot explosif. Sous la direction d’un nouveau showrunner – Erik Oleson (à qui l’on doit entre autres la bonne série Daredevil de Netflix) – la série vise tout de même la continuité. Avec notamment deux réalisateurs de retour.
Un retour en 10 épisodes inédits (contre 8 précédemment) pour une saison 2 qui tente de maintenir son cap de cohérence. Comme le prouve son intrigue qui nous immerge dès ses premières minutes au cœur de l’action. Ce faisant, la saga d’aventure joue la carte du dynamisme dans une reprise efficace et pourtant imparfaite.
Par souci de cohérence en revanche, CARNIVAL ROW réitère la formule de sa première saison avec trop d’insistance. Comme le prouve le conflit qui divise nos deux têtes d’affiches Philo (Orlando Bloom) & Vignette (Cara Delevingne), où l’apparition d’une nouvelle enquête sordide qui manque cette fois de tripes. Dans un premier temps.
Son intrigue politique demeure tout aussi ronronnante et nécessaire pour apporter de la matière et du contexte à son univers. Tandis que son intrigue secondaire autour du couple Imogen (Tamzin Merchant) & Agreus (David Gyasi) a le mérite d’approfondir son vaste monde sous la vision d’un régime communiste inédit. Et qui aura son importance en fin de saison.
Dans tout cela, on peut assister toutefois à une démonstration quasi constante d’effets numériques de haute volée. Là où sa direction artistique peut s’avérer perfectible à défaut de complète en termes de détails. En un mot, CARNIVAL ROW reste globalement de taille.
RÉVOLUTION !!! (MOUAIS)
Son arrivée en grande pompe sur la plateforme Prime Vidéo est par ailleurs un beau succès et au fil des semaines, la série finit par convaincre. En partie, puisqu’elle déçoit ensuite. Encore.
Divisés en 5 segments de 2 épisodes et après un début assez laborieux, c’est son mid-season qui s’avère astucieux avec la présentation de son nouveau monstre. Avec deux mises à mort gores à souhait qui renverse l’équilibre politique en place. De là, l’intensité et l’action sont de mise pour conclure la saga. Jusqu’à un huitième épisode »Facta Non Verba » qui abat le mur qui sépare les deux intrigues pour les regrouper dans un final qualifié »d’épique ».
De là, la révolution sonne dans sa dernière ligne droite et le Row se met (partiellement) à brûler. Hors, le spectacle attendu s’avère bien amère compte tenu de l’attente. Après une nouvelle tempérance durant l’avant-dernier épisode, CARNIVAL ROW (qui donne également son titre au final) s’avère très sage dans ses rebondissements. Des sacrifices aux diverses rédemptions des protagonistes.
Au-delà d’une intrigue imparfaite composée d’enjeux multiples, c’est le destin de la large palette de personnages qui pose problème. Majoritairement, car l’ensemble de la distribution (principal comme secondaire) ne procure aucune empathie. Et malgré un casting tout à fait correct, il s’agit d’un réel problème d’écriture avec de faibles interprétations à la clé.
C’est pourquoi son épilogue doux-amer ne convainc pas plus que le reste. Ainsi, après tant d’attente et malgré des épisodes supplémentaires (toutefois raccourcis) CARNIVAL ROW ne parvient pas à faire un retour (comme une conclusion) totalement satisfaisant.
CONCLUSION
Les + :
- Un esthétisme et des effets spéciaux d’excellente facture
- Outrageusement gore
- L’apparition et l’aspect d’un nouveau monstre très réussi
- Un univers tout de même très riche
Les – :
- Une intrigue qui s’éparpille dans un montage bancal
- Un rythme en dent de scie malgré de bonnes scènes gores
- La faiblesse d’une distribution sans grandes épaisseurs
MA NOTE : 13.5/20
CRÉATEUR(s) : Travis Beacham & René Echevarria
AVEC : Orlando Bloom, Cara Delevingne, Simon McBurney, Tamzin Merchant, David Gyasi, Andrew Gower, Karla Crome, Jay Ali, Jamie Harris, Ariyon Bakare,
mais aussi : Caroline Ford, Arty Froushan, Andrew Buchan, George Georgiou, Alice Krige, Waj Ali, et Joanne Whalley (…)
ÉPISODES : 10 / Durée : 52mn / DIFFUSION : 2023
GENRE : Drame, Thriller, Aventure, Fantastique / CHAÎNE : Amazon