LAWMEN : BASS REEVES

EN DEUX MOTS : « Certaines légendes sont vraies » voici le postulat de la grosse nouveauté Paramount + de l’automne. Cette nouveauté, qui se base librement sur l’histoire vraie de Bass Reeves, le premier shérif noir, est également un énième spin-off issu de l’univers de Yellowstone. Même si elle se révèle indépendante à celui-ci.

Néanmoins, si elle est annoncée comme un show dérivé de « 1883 » (puisqu’elle se déroule sensiblement à la même période) elle a aussi la vocation de devenir une anthologie à part entière. Une anthologie, qui, à chaque saison, se baserait sur le destin d’un homme de loi qui a marqué l’histoire Américaine.

La vie de Bass Reeves, légendaire Shérif à l’époque de la conquête de l’Ouest, auteur de plus de 3000 arrestations sans jamais être blessé. Il a été l’inspiration pour The Lone Ranger.

Allociné

Un nouveau western, non plus dirigé par l’artisan phare de Paramount + : Taylor Sheridan, mais par le plus discret Chad Feehan. Un habitué des productions TV et des caractères masculins forts puisqu’ils à notamment écrit quelques scripts de Rectify, Banshee et Ray Donovan. Aujourd’hui, il s’attèle à la caractérisation d’un survivant et d’un pionné de l’époque, incarné à l’écran par David Oyelowo.

Rythmé par un beau casting et des moyens conséquent, LAWMEN : BASS REEVES convainc t’elle autant que ses prédécesseurs ? Ou le genre du western, redevenu phare, commence-t-il déjà à lasser et à montrer ses limites ? Il semblerait que cette production soit avant tout un rendez-vous manqué. Qui commence de façon très solide avant de s’enliser dans un creux boueux.

Si la série n’est donc pas signée Taylor Sheridan elle pourrait l’être aisément. En apparence. Sa célèbre formule, dorénavant tant aperçu sur Paramount +, se dévoile donc dans une nouvelle histoire incandescente au plus profond de l’Amérique.

WESTERN ET PACOTILLES

En se basant sur l’histoire de Bass Reeves, LAWMEN évolue avec le temps et en peu de temps. Si son (très bon) pilote aligne presque les 1h au compteur, la suite se révèle drastiquement biaisée (à tout juste 40 minutes souvent). La série n’ennuie jamais (ou presque) et son introduction fait d’ailleurs le jour sur un personnage au destin forcément très riche.

David Oyelowo y compose une performance mouvante selon sa position dans le récit (esclave, fermier, mercenaire, adjoint, mentor) et s’avère suffisamment magnétique et charismatique pour s’absoudre des nombreuses facettes qui ont déjà été dévoilées dans des rôles similaires. Demeure, dans une production singer à Sheridan, un personnage masculin fort et inflexible. Aujourd’hui aux yeux de la Loi et envers Dieu.

Pour lui donner la réplique la production fait appel à une petite palette de « récurrent » créditer, allant de quasi-inconnu pour le casting afro-américain a beaucoup plus connu côté caucasien. En revanche, le terme récurrent ne s’applique réellement qu’à la première de ces parties, tant la seconde apparaît seulement comme des guests de choix. C’est par exemple le cas avec Denis Quaid en shérif de la vieille école où l’illustre Donald Sutherland en juge impartial. Barry Pepper complète d’ailleurs cette catégorie en antagoniste sanguinaire assez hypnotique.

Le casting se compose également d’un nombre de réel guest star assez étourdissant. Allant de Shea Whigham, Garrett Hedlund, ou encore Rob Morgan. Si la plupart sont bien connus du petit écran, on peut tout de même regretter un certain manque d’utilité vis-à-vis de leurs caractérisations respectives. Des apparitions forcément plaisante à l’image, mais un brin inutile pour la plupart. D’autant qu’elles se concentrent sur les premiers épisodes. Cette réflexion s’applique à son montage qui favorise ainsi le rythme et l’avancement du récit et par conséquent au parcours de Bass Reeves.

LE CREUX DE LA VAGUE

Au fil de sa diffusion LAWMEN incorpore les meilleurs éléments du genre du Western hormis, hélas, un réel suspense en ce qui concerne le destin héroïque de sa figure centrale. Son intrigue se distingue par une violence caractéristique, ou la vision de ses superbes plans qui s’étendent à perte de vue. Son découpage quasi anthologique en début de saison (chaque épisode dispose d’une ellipse de temps) donne de l’épaisseur à l’intrigue. Puis freine son engouement dans une seconde partie beaucoup plus linéaire.

Celle-ci rend avant tout hommage à la légende de Bass Reeves, sa famille, et a la population afro-américaine dans une contrée encore hostile. Notamment en période post abolition de l’esclavage. Une fois encore ce sujet à largement été exploité par le passé, contrairement au destin du premier shérif noir. On peut ainsi regretter son montage aux coupes souvent trop franches et des personnages secondaires complètement sous-exploités. Qu’ils soient « récurrents » comme guest. Sauf que sur la durée cela a un impact sur le show.

Si LAWMEN chérit sa vision impartiale d’une Amérique naît sur un sol imbibé de sang et de larmes, elle modernise (et féminise) son propos grâce à un regard féminin (en coin). Malgré son format resserré, la série laisse toutefois un peu de place aux personnages de Jennie Reeves (Lauren E. Banks, superbe) ou sa fille aînée Sally (Demi Singleton). Mais hélas dans des intrigues secondaires peu passionnante et fatalement assez creuse.

Au cours des 5h30 qui compose le récit, la mini-série nous emmène donc vers une fable historique qui s’étend sur plusieurs années. Dans son déroulement, pourtant, la seconde partie de saison perd ainsi en dynamique malgré des durées d’épisodes toujours plus restreinte. Un exemple qu’on peut constater avec son avant-dernier épisode d’une demi-heure qui additionne toutes les errances narratives de la série.

CONCLUSION

C’est forcément décevant vu les moyens mis en place au début du show. La série s’achève avec plus d’efficacité bien que sans originalité, mais cela conclut avec logique le parcours de Bass. Demeure, sur Paramount, la première réelle déception du genre.


Les + :

  • Une nouvelle production type Western que Paramount maîtrise bien. Dans son enveloppe.
  • Une tête d’affiche farouchement charismatique.
  • Un casting secondaire alléchant.
  • Un début de saison solide.

Les – :

  • Hormis David Oyelowo, aucuns des très bons noms qui l’accompagne n’est suffisamment bien exploités pour convaincre sur la durée. Et c’est une belle déception.
  • Malgré une durée totale, très abordable, le montage global du show se révèle trop sec et finalement assez creux.
  • Une seconde partie de saison qui enchaîne les occasions manquées.

MA NOTE : 13.5/20

CRÉATEUR : Chad Feehan

AVEC : David Oyelowo, Lauren E. Banks, Barry Pepper, Demi Singleton, Forrest Goodluck, Grantham Coleman, Dennis Quaid, et Donald Sutherland,

mais aussi : Shea Whigham, Rob Morgan, Tosin Morohunfola, Joaquina Kalukango, Garrett Hedlund, Lonnie Chavis, Jessica Oyelowo, Paula Malcolmson, Margot Bingham (…)

ÉPISODES : 8 / Durée (moyenne) : 42mn / DIFFUSION : 2023

GENRE : Western, Biopic, Historique / CHAÎNE : Paramount +

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