DUNE : Deuxième Partie

EN DEUX MOTS : Initialement prévue de sortir le 1er novembre dernier en France, DUNE – Deuxième partie débarque finalement vers la fin de l’hiver 2024 et s’impose comme le premier vrai gros blockbuster de cette année. La grève des acteurs n’a ainsi fait qu’ébranler, puis, alimenter l’énorme attente qu’on pouvait ressentir envers cette suite épique.

Dans DUNE : DEUXIÈME PARTIE, Paul Atreides s’unit à Chani et aux Fremen pour mener la révolte contre ceux qui ont anéanti sa famille. Hanté par de sombres prémonitions, il se trouve confronté au plus grand des dilemmes : choisir entre l’amour de sa vie et le destin de l’univers.

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Après un premier volet conséquent, mais imparfait dans sa forme, cette deuxième partie avait la lourde tâche d’atomiser l’avis de ses détracteurs par le biais d’une proposition encore plus dense. Même si le premier film faisait hommage à l’ouvrage de son auteur, cette suite embrasse-t-elle pleinement tout son potentiel ? Encore imparfait, le film assoit dans tous les cas la vision de son metteur en scène, grâce à une nouvelle proposition de science-fiction mémorable, mais également une densité plus large pour son univers.

Cette deuxième partie était attendue presque comme un messie. Un mot qui reviendra régulièrement dans le film de Denis Villeneuve et qui prendra tout son sens dans sa dernière partie, explosive. Avec dix minutes supplémentaires comparées à son premier volet, ce DUNE avoisine presque les trois heures. Trois heures durant lesquelles ce nouveau mastodonte de la S.F. va intensifier son space opera dans une grande fresque vengeresse et mystique.

Après un premier film sous forme de récit initiatique assez intelligent, mais qui gérait mal ses personnages et son rythme, cette suite corrige le tir avec une meilleure répartition à l’écran. Au côté de la superstar Timothée Chalamet, la tout aussi jeune et prestigieuse Zendaya bouffe aujourd’hui l’écran. L’équilibre parfait d’un duo au cœur de l’histoire lorsque  »l’amour est la mort du devoir », puis inversement… (*Citation de Game of Thrones, que j’aime plus que tout).

Ma critique se base sur un visionnage sur grand écran uniquement et révèle un ressenti assez brut. Un fait que je tiens à mentionner, compte tenu de la richesse du film que je reverrai prochainement en salle.

L’AMOUR EST LA MORT DU DEVOIR *

Fresque romanesque, entre guerre et amour, DUNE : Deuxième Partie se dévoile dans un montage moins indigeste. Après une seconde moitié plus inégale, le premier film s’enlisait dans le sable avec la promesse d’un nouveau voyage épique. Cette suite, qui n’a pourtant pas été tournée dans la foulée, reprend dès lors en plein désert sur Arrakis. À la suite, toutefois, d’une introduction succincte et subtile sous la voix de la remarquable Florence Pugh qui interprète la Princesse Irulan.

Par le biais de scènes d’action magistrales, inventive, variée et nombreuses, DUNE exploite activement son univers. Pour le coup, sa première heure semble légèrement repartir dans ses précédents travers en se focalisant quasi-uniquement sur le parcours de Paul chez les Fremen. Une introduction toutefois indispensable pour comprendre la position de ce dernier au sein des habitants d’Arrakis.

Tout juste effleurés par le passé, les personnages de Stilgar (Javier Bardem, étonnement amusant) et de Channi sauront prendre leurs places au sein du récit. Le premier dans une position déterminante d’homme de Foi et la seconde comme alliée et amante du jeune Duc. Zendaya s’impose elle aussi comme une nouvelle référence, tandis que notre tête d’affiche s’endurcit farouchement à l’écran.

Quoi qu’il en soit, leur duo crève lui aussi l’écran dans leur complicité commune. Qu’il s’agisse d’aventure et d’amour, l’équilibre s’avère juste, approprié. Le titre « Beginnings Are Such Delicate Times » retranscrit par ailleurs parfaitement cette atmosphère de grâce en plein désert.

Malgré des incartades mystiques que j’ai trouvé trop nombreuses et ténébreuses durant sa première heure (notamment), le réalisateur use d’un meilleur équilibre (également) pour dévoiler le peuple Fremen. Des us et coutumes de ces habitants du désert jusqu’à l’intégration de Paul en son sein. La scène d’apprentissage pour chevaucher un ver des sables est d’ailleurs bluffante d’intensité.

MAIS SI ! IL S’AGIT DU MESSIE

Au-delà des déserts Jordaniens magnifiés sous de nouveaux angles, DUNE saisit l’importance de la Foi dans son récit. C’est ici qu’intervient la formidable Rebecca Ferguson, qui revient dans un rôle plus nuancé que jamais.

Politique et Foi sont deux piliers de l’histoire de DUNE. Deux éléments d’intrigues puissants et trop secondaires durant sa Première Partie. Ce deuxième film en embrasse pleinement le potentiel pour en révéler au mieux les tenants et aboutissants. L’ordre des Bene Gesserit s’avère ainsi crucial dans le déroulement des différentes prophéties et précipite l’intrigue vers un second acte très riche politiquement.

Avant ça, un mot donc sur le personnage de Lady Jessica, dont le parcours recèle de fortes nuances durant ce second film. Le charme de l’actrice demeure divin, au même titre que sa grossesse s’avère déterminant et contribue au caméo le plus excitant sur son univers.

Si Denis Villeneuve fait toujours preuve d’une direction artistique aussi soignée qu’inventive, son nouveau film atteint des sommets. Sa proposition de Science-fiction la plus tranchée réside évidemment dans sa scène d’arène à l’esthétique assez sensationnelle (à la violence toujours aseptisée hélas). Celle-ci présente l’un de ses nouveaux protagonistes et pas n’importe lequel.

Après un premier film au casting déjà alléchant, ce second volet s’avère encore plus étourdissant. Outre la somptueuse Florence Pugh, la nouvelle génération se voit compléter d’Austin Butler. La bonne surprise réside dans l’utilisation de ce dernier qui troque son profil de mannequin pour quelque chose de plus excentrique. Nouveau profil psychotique de la terrifiante famille Harkonnen, son personnage s’avère un antagoniste idéal face au charismatique Paul.

DANS LA MÊLÉE

En plus de développer insidieusement ses terribles colonisateurs sanguinaires, les moments hors Arrakis lèvent le voile sur une intrigue politique dense et cruel. DUNE : Deuxième Partie use intelligemment de son fabuleux casting pour illustrer le dessein de ses personnages, et des différents ordres. Bene Gesserit, Harkonnen et l’Empereur lui-même, via la prestation d’un Christopher Walken effacé comme il se doit.

À l’instar de l’acteur de 80 ans, la distribution s’acoquine de la française Léa Seydoux. Pour une utilisation restreinte mais révélatrice. La vénéneuse actrice use à merveille de son charme incandescent pour élargir l’horizon de l’ordre puissant des Bene Gesserit. Comme c’est le cas avec le personnage de la Princesse Urulan, plus central encore. À noter par ailleurs un grand soin accordé à certains costumes, notamment pour la gente féminine magnifiquement mis en avant.

Tous les personnages convergent vers une seconde partie encore plus intense et spectaculaire. Cette force du spectacle met en scène sa prestigieuse distribution au cœur de l’action. Dans des scènes aussi variées que dantesque. Son montage prend soin de ne pas nous ennuyer au point que sa durée est presque insuffisante parfois. Du moins sur certains de ses aspects narratifs, seulement, car l’immersion auprès du peuple Fremen demeure consistante. C’est avant tout les moyens techniques (armements et technologies) qui demeurent un mystère en plein désert.

Quoi qu’il arrive, c’est l’occasion d’y retrouver un Josh Brolin toujours aussi à l’aise dans son rôle disparu. Ou avec plus de présence à l’écran, un Dave Bautista féroce, malgré son agréable position de faiblesse. Si certains aspects mériteraient, certes, plus encore de présences à l’écran (notamment avec ses deux profils atypiques) DUNE nous contente enfin dans sa démonstration de force actuelle.

LE DEVOIR EST LA MORT DE L’AMOUR *

Ainsi, quand le film bascule au cœur de sa fable politique, elle positionne son jeune héros vers un profil d’Élu de plus en plus ambigu, et saisissant. Une scène d’intronisation dans le Sud (pour ne pas trop en révélé) m’a particulièrement mis les frissons. Puis vient sa dernière partie dantesque et qui embrasse à nouveau le gigantisme de son univers. Notamment, lorsqu’elle fait converger toutes les forces à l’écran pour un dénouement épique.

Bien plus qu’une pyrotechnie qui a déjà fait ses preuves avant cela et qui atteint un niveau époustouflant sur grand écran, DUNE saisit sa tension guerrière dans une rencontre qui mélange pouvoir et honneur. Denis Villeneuve parvient à réellement donner vie à son embryon diplomatique par une rencontre au sommet. Puis par un affrontement parfaitement maîtrisé dans son exécution. Seule la révélation sur une légation de la famille Harkonnen manque d’intérêt dans l’histoire, malgré sa richesse.

La bande originale d’Hans Zimmer, sur un tempo similaire que la précédente, contribue encore grandement à cette réussite. Tout comme le faiseur d’image hors pair qu’est le réalisateur, il exploite à merveille les forces que lui offre son univers : celle colossale des Vers de sable, plus utiles à l’intrigue, ou la grandeur majestueuse de son décorum spatiale.

Arrivé au moment de sa conclusion, DUNE : Deuxième Partie termine très justement son insurrection politique. Nous offrant, par la même occasion, une fin semi-ouverte assez excitante concernant une potentielle suite (sous la direction de Villeneuve, toujours).

CONCLUSION

À l’heure d’écrire ses lignes, il est difficile pour moi de qualifier cette suite comme LE messie tant espéré. Ce qui est sur, c’est que DUNE mérite mille fois les éloges à son égard et se révèle être un film (un peu) plus intense et maîtrisé que son premier volet. À l’heure actuelle, il est également difficile d’appréhender le succès que va rencontrer ce mastodonte en salle.

Tout comme le précédent, à une époque plus compliqué post confinement, il mérite également de rencontrer le succès, mais cette fois en salles. Ne serait-ce que pour s’extirper des propositions récurrentes de blockbusters sans âmes qui envahissent les salles obscures. À ce titre, DUNE s’avère être un messie du grand écran, sans aucun doute.


Les + :

  • Une suite totale. Plus dense et plus maîtrisé que son premier volet en deux tempos.
  • Timothée Chalamet, jeune star complète et intense pour une prestation plus ambiguë. Mais également Zendaya qui prend place à ses côtés pour un duo parfaitement équilibré.
  • La compréhension d’un peuple autochtone endurcis.
  • Une épopée de science-fiction très dense et rythmée par des scènes d’actions aussi époustouflantes que variés.
  • Une nouvelle direction artistique grandiose, de son décorum gigantesque et léché à ses aspects S.F. inventifs.
  • Une intrigue qui lève le voile sur des problématiques diplomatiques et fantastiques (sa Foi) très dense.
  • De nouveaux personnages magistralement interprétés et indispensables aux différents points de vue de l’histoire. Florence Pugh et Austin Butler en tête.
  • Un casting mieux exploité (et plus prestigieux encore) que par le passé.
  • Une dernière partie qui affole les compteurs en termes d’intensité. De son action pure et dure à son insurrection politique de haute volée.
  • Une fin semi-ouverte assez exaltante et loin d’être ronronnante de facilité.

Les – :

  • Une première partie en immersion totale dans le peuple Fremen, mais qui dès lors, aurait pu privilégier la piste politique tout de même condensée.
  • Ses nombreuses incartades mystiques et fantastiques, qui au-delà d’une réussite visuelle certaine, m’ont particulièrement déplut dans leurs intérêts nébuleux.
  • Une aseptisation de la violence moins marquante que dans le premier volet, mais présente tout de même.
  • Encore quelques pistes autour de ses personnages secondaires qu’on aurait aimé plus développés à l’écran. D’une Léa Seydoux au rôle trop court à un terrifiant Stellan Skarsgård mis légèrement de côté au profit d’un nouvel antagoniste psychotique.
  • Quelques nœuds scénaristiques qui manquent d’éclaircissements.

MA NOTE : 17/20

Les crédits

RÉALISATION : Denis Villeneuve / SCÉNARIO : Denis Villeneuve & Jon Spaihts

AVEC : Timothée Chalamet, Zendaya, Rebecca Ferguson, Josh Brolin, Austin Butler, Florence Pugh, Dave Bautista, Christopher Walken,

Léa Seydoux, Souheila Yacoub, avec Stellan Skarsgård, Charlotte Rampling, et Javier Bardem,

SORTIE (France) : 28 Février 2024 / Durée : 2h46

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