DUNE : Première Partie

EN DEUX MOTS : À l’occasion de la sortie cinéma du deuxième volet de DUNE, retour sur un petit mastodonte qui a fait son effet en 2021. Deux ans et demi après un succès retentissant, l’introduction de l’événement S.F de ce début d’année détient toujours une force immuable. Pour sa nouvelle incursion dans le genre, après les éblouissants Premier Contact et Blade Runner 2049, le réalisateur canadien Denis Villeneuve continue de prouver, avec DUNE : Première Partie, qu’il est plus que jamais le digne successeur de Ridley Scott. Mais aussi l’un des réalisateurs les plus doué de sa génération.

La preuve, après l’impossible suite réussie d’un chef d’œuvre, celui-ci délivre un remake inadaptable qui tient du miracle. L’iconoclaste David Lynch s’y était cassé les dents, il y a bien longtemps dans un film nanardesque, mais fatalement culte. Afin de rendre hommage au roman-fleuve de Frank Hebert, Villeneuve y consacre un temps d’images conséquent. Ainsi répartis en deux films monstres.

L’histoire de Paul Atreides, jeune homme aussi doué que brillant, voué à connaître un destin hors du commun qui le dépasse totalement. Car s’il veut préserver l’avenir de sa famille et de son peuple, il devra se rendre sur la planète la plus dangereuse de l’univers – la seule à même de fournir la ressource la plus précieuse au monde, capable de décupler la puissance de l’humanité. Tandis que des forces maléfiques se disputent le contrôle de cette planète, seuls ceux qui parviennent à dominer leur peur pourront survivre…

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DUNE : Part One (comme il nous l’est présenté) est un space opera (introductif) d’envergure. Son réalisateur met en images un monument de Science-fiction à la fois sensoriel et gigantesque. DUNE use de moyens d’un vrai blockbuster, mais déploie également la vision pure de son metteur en scène en images. Car oui, Denis Villeneuve est un faiseur d’images hors pair et son nouveau film le prouve encore une fois.

Qui dit blockbuster, dit limites de production que le long-métrage atteindra forcément. A contrario, ce monstre de 2h36 y fait graviter un casting assez éblouissant. En tant que figure central du récit, ce DUNE y présente un Paul Atreides d’apparat plus juvénile, sous les traits de Timothée Chalamet. Le golden boy de 25 ans (au moment du tournage) prouve lui aussi qu’un destin extraordinaire l’attend au bout du chemin. Et quel chemin.

SOUS LES DUNES ABYSSALES DES RÊVES.

« Cela commence ». Cela commence sous la voix évangélique d’une autre star montante : Zendaya. L’ancienne enfant icône de Disney y incarne Channi, une guerrière Fremen au rôle primordial, dont l’aura planera sur l’entièreté de ce premier film. Mais dont la présence sera finalement significative dans la courte dernière partie de celui-ci.

Sa première partie, elle, se consacre à la découverte de la famille Atreides. Une respectable et influente famille parmi tant d’autres dans l’immensité de la galaxie de DUNE.

Avec le pouvoir de l’imaginaire infinie de la Science-fiction, le metteur en scène demeure très succinct sur les pouvoirs en place dans son univers. À la place, il dresse le portrait d’une figure centrale en proie au doute et aux craintes. Malgré une certaine rigueur et bienveillance dans son éducation. Cette éducation, il la doit à deux piliers de la narration (et de la distribution). Respectivement interprété par Oscar Isaac et Rebecca Fergusson.

Le premier incarne avec charisme un patriarche conciliant et aimant envers son fils. La seconde se dévoile dans un rôle féminin très riche et bien plus insondable. En plus de son magnétisme unique, l’actrice suédoise use d’une palette d’émotions intenses et cultive à elle seule le mystère qui entoure les Bene Gesserit. Ses prophétesses aux pouvoirs et à l’influence salvatrice. De ce fait, elle est également, de loin, mon personnage favori du film de Villeneuve.

La première demi-heure se complète par quelques profils très reconnaissables. Peu importe le camp présenté. On retiendra évidemment le buriné Josh Brolin en commandant taciturne et pince sans rires, le fougueux Jason Momoa en guerrier loyal ou Javier Bardem en chef autochtone imposant. Qu’importe le profil, que son temps d’action à l’écran soit court ou long, le réalisateur use parfaitement du charisme et du charme de chacun pour leur donner vie.

L’IMMENSITÉ. ET HOLLYWOOD.

Outre la présentation de ses personnages, DUNE convoque une palette de couleurs assez sobre malgré un esthétisme très affirmé. D’abord bleuté ou noir, la vue succincte de ses différents univers marque alors un contraste net avec la découverte d’Arakis.

Cela commence par un désert indomptable aux richesses inqualifiables. Parmi les personnages du long-métrage, Arakis s’avère, peut-être, la plus grandiose. La magie des images du réalisateur opère instantanément dans ce désert féroce. C’est également dans cet environnement inhospitalié que se démarque le plus l’esthétisme S.F de DUNE. De ses vaisseaux à ses décors colossaux. Tout est immense dans DUNE et grâce aux notes d’Hans Zimmer, la bande originale subjugue par son pouvoir de gigantisme.

Sous des notes agréablement arabisantes la problématique de DUNE se dévoile par le biais d’un mystérieux subterfuge politique très succinct. Si ce premier film manque cruellement de tenants sur ses égards, il se renforce par la vision des sinistres antagonistes Harkonnen. Loin de la théâtralité absurde du film de Lynch, Villeneuve insiste sur une noirceur et une brutalité prononcée, plus indicible.

Si on peut regretter la trop faible présence du colosse Dave Bautista, parmi tant d’autres, Stellan Skarsgård jouit d’une caractérisation bien plus marquante. Une force esthétique invariablement renforcée par sa forme d’obésité morbide et son système dorsale de lévitation qui le rend d’autant plus monstrueux.

Une noirceur, hélas, partiellement exploitée à l’écran. Son problème de production réside principalement dans son aseptisation de la violence. Tandis que celle-ci évite le piège de l’effet ringard (rien n’était gagné avec le pouvoir de la voix ou de ses armures protectrices), sa proposition S.F est alors amoindrie dans ses actions (tel que ses affrontements ou une scène d’empoisonnement mémorable). Une autre façon de marquer la rétine, mais qui se concentre ici sur les aboutissements de son scénario.

THE JOURNEY

Ainsi, après une seconde partie très révélatrice sur le pouvoir qu’exerce Arakis (et après une scène très réussie avec l’un des trop rare Ver des sables du film) le soulèvement s’annonce terrible. Ici, le metteur en scène use d’une pyrotechnie et d’un gigantisme tout bonnement salvateur. Hélas, dans ce long moment épique, l’intrigue balaye rapidement quelques-uns de ses profils pour continuer son aventure.

Le point positif réside toutefois dans la longue fuite du duo Paul / Lady Jessica, qui fait des merveilles à l’écran dans sa dynamique. Le jeune acteur prouve, quant à lui, définitivement le potentiel de cinéma qui découle de son jeu. Bien plus qu’un duo mère/fils lambda, DUNE réinvente son concept de récit initiatique pour un résultat plus sensoriel. Pour une production Hollywoodienne de cette envergure, ses attraits fantastiques l’éloignent des standards et mieux encore, renforce le pouvoir de son atmosphère.

Malgré son lot de sacrifices, de situations inextricables et plus encore de mysticisme, la deuxième moitié du film dévoile la limite d’un scénario divisé en deux parties. Moins intense, moins dense, on appréciera avant toute chose la nature sauvage du désert, que son réalisateur capte avec tact. Les pouvoirs qu’il referme (l’épice, les Vers des Sables, son peuple…) sont également mis en scène avec force et vigueur.

Mais comme beaucoup d’élément de ce premier film, ils atteignent leurs limites d’exploitation par un temps raccourcis qui ne fait parfois qu’effleurer son potentiel. De cette façon, les prodigieuses créatures de DUNE se dévoileront entièrement dans son second volet, à l’instar du peuple Fremen dont les uses et coutumes demeurent limités dans les 20 minutes qui concluent le film.

CONCLUSION

DUNE, Première Partie a donc les qualités (et les défauts) d’un premier volet de future grande saga, avec la richesse d’un univers de Science-fiction qui semble sans limites. La découverte de celui-ci et des éléments qui le compose demeure restreint, parfois intimiste, mais révélateur. Son contexte politique manque en revanche cruellement d’épaisseur, là où son esthétisme guerrier impressionne par son gigantisme et ses influences de différentes époques et différentes œuvres de pop culture.

Enfin, son casting s’avère éblouissant malgré des limites de productions qui cantonnent le film à un plus large public. Dans tous les cas, DUNE demeure un blockbuster bien trop rare dans le contexte Hollywoodien contemporain. Sa suite pourrait, quant à elle, mettre tout le monde d’accord dans sa suprématie de genre.


Les + :

  • Le retour de Denis Villeneuve, prodigieux réalisateur et faiseur d’image pour un nouveau mastodonte de la Science-fiction.
  • Un casting éblouissant dont se démarque principalement Timothée Chalamet et Rebecca Fergusson dans des prestations fortes et sensorielles.
  • Hormis ses têtes d’affiche, chaque protagoniste est parfaitement identifiable et caractérisé avec soin. Mention spéciale aux effrayants Arkonen et leurs noirceurs indicibles.
  • Un esthétisme dingue, qui allie modernité et vintage pour une proposition S.F d’envergure. Sa grande scène au milieu du film le démontre dans sa pyrotechnie salvatrice.
  • Le pouvoir gigantesque de la planète Arakis, parfaitement retranscrit à l’écran.
  • La bande-originale d’Hans Zimmer. Magistrale et puissante à l’image du gigantisme du film.

Les – :

  • Une intrigue qui n’éclaire que trop peu (voir pas du tout) les autres groupes qui composent son univers. Et le pouvoir qui le gouverne.
  • Quelques protagonistes qui manquent cruellement de temps à l’écran.
  • Sa richesse politique, trop secondaire.
  • L’aseptisation de la violence qui amoindrit son intensité.
  • La limite d’une grande histoire scindée en deux parties. On regrette notamment le manque de démonstration des terribles Vers des Sables.
  • Une seconde moitié plus linéaire et moins dense. Malgré la fuite du duo exquis.

MA NOTE : 16.5/20

Les crédits

RÉALISATION : Denis Villeneuve / SCÉNARIO : Denis Villeneuve, Jon Spaihts & Eric Roth

AVEC : Timothée Chalamet, Oscar Isaac, Rebecca Fergusson, Josh Brolin, Stellan Skarsgård, Zendaya, Dave Bautista, Stephen McKinley Henderson,

Chang Chen, Sharon Duncan-Brewster, David Dastmalchian, Babs Olusanmokun, avec Jason Momoa, Charlotte Rampling, et Javier Bardem (…)

SORTIE (France) : 15 Sept. 2021 / Durée : 2h36

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