EN DEUX MOTS : Projet dans les cartons depuis 1991, THE GAME refait surface après divers rachats, pour finalement voir le jour en 1997. Fort du succès de SE7EN deux ans plus tôt, c’est David Fincher qui finit par le réaliser. Sous la houlette de Universal cette fois, c’est précisément ce succès qui lui permet de courtiser une tête d’affiche telle que Michael Douglas. L’acteur, d’abord réticent vu le faible coût (50 millions de dollars) de la production et sa distribution discrète, finit par rejoindre le troisième film du réalisateur pour un autre type de Thriller.
Nicholas Van Orton, homme d’affaires avisé, reçoit le jour de son anniversaire un étrange cadeau que lui offre son frère Conrad. Il s’agit d’un jeu. Nicholas découvre peu à peu que les enjeux en sont très élevés, bien qu’il ne soit certain ni des règles, ni même de l’objectif réel. Il prend peu à peu conscience qu’il est manipulé jusque dans sa propre maison par des conspirateurs inconnus qui semblent vouloir faire voler sa vie en éclats.
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Moins sombre et percutant que son précédent film, le jeune réalisateur dévoile toutefois un nouveau récit psychologique intrigant. Un Thriller qui déconstruit le mental et la perception du personnage central dans un puzzle grandeur nature. Au centre de chaque scène du film, Michael Douglas se glisse à merveille dans les souliers coûteux de Van Orton. Durant les 2 bonnes heures de ce Thriller, la vie parfaitement sans surprises et sous contrôle de cet homme d’affaires reconnu va peu à peu s’effriter, pièce par pièce.
LE JEU DE LA MISE EN SCÈNE
Après une première partie introductive, naviguant entre les décors récurrents et aux monotones interactions de l’homme avec son entourage, celle-ci va être ébranlée par le cadeau d’un petit frère (Sean Penn, peu présent mais parfait) aux antipodes de ses habitudes calibrées.
THE GAME va s’avérer être (suffisamment rapidement) une succession de scènes montées de toute pièce. La psychose dilettante du personnage sera significative et habilement construite dans ses rebondissements pour mener à sa conclusion. Du background dont est rattaché Nicholas (le poids du suicide d’un père), jusqu’à la dégradation du quotidien d’un homme qui possède déjà tout, hormis la joie de vivre.
À l’image du jeu dans lequel embarque le personnage joué par Michael Douglas, le film est une expérience. Sans être complètement unique, atypique. Une expérience qu’on aimerait redécouvrir pour la première fois tant son déroulement s’avère suffisamment subtil pour maintenir en haleine. L’une des forces de THE GAME réside dans son ambiance délectable. Howard Shore (après SE7EN et avant PANIC ROOM) y compose une bande son angoissante et hypnotique. Tout comme le choix (pourtant dû à un budget restreint) de San Francisco comme décor principal, contribue à un charme Californien plus atypique.
Une fois le voile levé toutefois, un petit sentiment d’amertume subsiste. Sans mauvais jeu de mots, la chute demeure suffisante pour convaincre, car elle mène au bout du chemin du personnage. Et si celle-ci n’est pas parfaitement cynique comme on aurait pu le croire, le modelage du caractère de Nicholas Van Orton l’est.
C’est un équilibre que l’on doit au charisme de Michael Douglas évidemment, mais aussi au remaniement scénaristique d’Andrew Kevin Walker (SE7EN). Non crédité au générique mais qui est venu peaufiner le script à la demande de David Fincher.
CONCLUSION
THE GAME semble être un film plutôt mineur dans la filmographie de David Fincher (à juste titre). Il dispose néanmoins d’une vision claire sur les retranchements dans lesquels on peut pousser un homme. Dans son récit, THE GAME en dresse la parfaite victime. Et le réalisateur en fait un nouvel exercice de style très efficace. Si contrairement à PANIC ROOM, celui-ci n’est pas son film le plus sous-estimé, il use à la perfection des instruments à sa disposition : une atmosphère hypnotique pour un puzzle qui déconstruit la vie d’un homme enfermé dans son quotidien.
Les + :
- L’étoffe de son intrigue, qui dévoile un double puzzle à échelle humaine
- Le portrait et la déconstruction du profil d’un homme riche et éminemment seul. Sublimé par le charisme froid de Michael Douglas
- Une ambiance de Thriller psychologique idéal, qui use parfaitement de ses décors et sa bande-son grave.
- Sans bercer ni trop dans la paranoïa, ni dans la longueur excessive, le film va au bout de son sujet
Les – :
- Une fois l’expérience vécue (un sentiment qui résonne avec une phrase du film) THE GAME n’a plus le même goût quand on le redécouvre
- S’ils sont de parfaits figurants dans le film, les seconds rôles peinent à dépasser leurs propres intérêts dans le décor
- Même si sa fin atteint sa cible, elle manque un peu de cynisme et d’amertume
MA NOTE : 15/20
RÉALISATION : David Fincher / SCÉNARIO : John Brancato & Michael Ferris
AVEC: Michael Douglas, Deborah K. Unger, Sean Penn, James Rebhorn, Peter Donat, Carroll Baker, Anna Katarina, et Armin Mueller-Stahl (…)
DURÉE : 2h09 / SORTIE (France) : 05 Novembre 1997 / GENRE : Thriller
[…] THE GAME (1997) […]