Très intense émotionnellement, l’épisode précédent dévoile enfin la dynamique idéale entre nos deux héros. Pour une courte durée. Ce nouveau segment se concentre sur son héroïne (Bella Ramsey), qu’on attendait de pleinement découvrir sous un nouveau jour. Chose faite ? Oui, la jeune actrice n’a jamais été aussi juste dans la peau d’Ellie. Pourtant l’exercice de l’adaptation atteint ici ses limites.
Ce faisant avec ce septième épisode, qui ouvre le dernier tiers de sa première saison, les showrunners adaptent le DLC bien connu des joueurs : Left Behind. Qui donne son titre à cet épisode 7. Celui-ci remplit quasiment intégralement ce nouvel épisode d’à peine une heure, sous forme d’un long flash-back.
Une nouvelle réalisatrice (plus anecdotique) succède à la précédente pour un travail conventionnel. Au scénario Neil Druckmann (cette fois en solo) dévoile une facette plus tendre de la gamine, et développe par la même occasion (succinctement) les factions de la FEDRA et des Lucioles. C’est d’ailleurs ce qui définit cruellement cet épisode (et beaucoup d’autres), trop succinct.
ÉPISODE 7 : Left Behind
EN DEUX MOTS : En nous laissant sur un cliffhanger THE LAST OF US étoffe son récit et continue de jouer avec le suspense durant ce début d’épisode. Et pour faire écho à son titre »Laissé pour compte » on se retrouve mis de côté concernant le destin vacillant de Joel (Pedro Pascal). Même si sa scène d’introduction demeure aussi courte que poignante.
Va-t’en
Joel à Ellie
Néanmoins adapté ce court mais très réussi segment autour de son héroïne demeure une évidence. Et le choix de l’incorporer au montage a ce moment renforce évidemment la tension dramatique. De façon un brin frustrante c’est certain mais nécessaire pour la compréhension de la psychologie d’Ellie. Durant cet embranchement charnière du récit.
Si l’épisode précédent marqué des différences notables avec le jeu et se projette énormément sur la suite, celui-ci revient sur un pan important du passé d’Ellie. Dont on découvre notamment l’orientation amoureuse et l’origine de sa morsure. De ce fait, le personnage abouti (et le destin funeste) de Riley était primordial à sa cohérence. Le casting demeure brillant avec le choix de la pimpante Storm Reid, notamment découverte sur HBO dans EUPHORIA.
En plus d’adapter très fidèlement le voyage émotionnel d’Ellie et Riley et leur dernière nuit ensemble, Left Behind incorpore des scènes inédites de notre héroïne a l’école de la FEDRA. Pour un résultat efficace mais qui à surtout du sens dans le futur débat qui va opposer les deux jeunes femmes. Ainsi, la scène face au Cpt. Kwong (Terry Chen) est d’une justesse indéniable concernant les motivations d’Ellie.
LAST NIGHT
En quelques plans, sous la caméra de Liza Johnson, Left Behind va saisir les nombreux détails et hobies qui définissent la personnalité d’Ellie. De sa chambre jusqu’au centre commercial qu’elle va arpenter aux côtés de Riley. Le co-créateur du jeu vidéo et de la série fait ici le choix de la fidélité extrême. Pour un résultat qui divisera assurément les fans.
Avec l’arrivée de Riley, la dynamique des deux amies est évidente et crève l’écran. Storm Reid saisit la maturité de son personnage avec tempérance face à la désinvolte Ellie. Son timbre de voix si particulier contrebalance l’insolence de sa partenaire, dont les barrières tombent par des jolies regards en coin de la part de Bella Ramsey. Et une certaine pudeur.
Au cours d’une partie de saute immeuble (après la découverte d’un cadavre et d’une vieille bouteille de whisky), le débat des deux camps opposent les deux meilleures amies. Un débat relativement court et qui dévoile ce qu’il faut de nuance pour saisir la difficulté de la survie de leur relation. L’écriture de Druckmann permet également d’éviter le piège des dialogues juvéniles stériles. Contre une maturité logique compte tenu du contexte apocalyptique.
Après 20 minutes de mise en contexte, nos héroïnes arrivent à destination pour une bonne demi-heure qui va mélanger une alchimie entre tendresse et tristesse. Sous les yeux d’Ellie la magie des choses simples paraît infiniment crédible. Left Behind va alors suivre une direction vertigineusement similaire avec la découverte des merveilles qu’abritent le centre commercial. Aux yeux d’une enfance perdue et non dénuée d’humour.
NE M’ABANDONNE PAS
Escalator, lingerie féminine, carrousel, photomaton jusqu’à une salle d’arcade qui fait pétiller les yeux, THE LAST OF US adapte. Sans concessions. Les décors et les deux interprètes s’avèrent parfaites, sans aucun doute. D’autant que les scènes peuvent insidieusement être traversées par des moments de beauté (dont la b.o contribue au succès) comme l’arrivée de la peur avec la vision d’un infecté.
Évidemment ce dernier voyage, cette dernière nuit entre Ellie & Riley, est aussi traversé par de la tristesse. D’un départ annoncé jusqu’à l’illusion de deux camps armés qui manipulent et usent de leurs jeunes recrues. Un monde cruel où la place de l’amour est mince et empreint de colère. Ce qui nous amène aux barouds d’honneur des deux amies face à la menace infectieuse.
Celle-ci fait abstraction de sa terrible course-poursuite pour se contenter d’un unique (mais terrible) infecté. Au même titre que les épisodes précédents qui amputent (de façon compréhensible) de grandes scènes d’action à son récit. Passons, avec un montage en parallèle après la scène, cela démontre avec beaucoup d’efficacité les motivations qui poussent Ellie à ne pas abandonner Joel. Et prouve que cette fois son choix peut faire la différence.
Néanmoins, si la subtilité de l’écriture et de ses interprètes demeurent indéniable, son montage déçoit par sa coupe brute durant les dernières minutes. Neil Druckmann décide de stopper son récit sur la même note romantique qui unit Ellie & Riley. Et fait abstraction du calvaire d’Ellie à chercher des soins pour Joel. Même si sa scène pour le recoudre est belle à en crever lorsque leurs mains s’unissent.
CONCLUSION
Malgré tout le talent déployé durant l’épisode, Left Behind subit le revers de l’adaptation trop fidèle. En plus de conjuguer les rares défauts de THE LAST OF US, dont son manque de contenue. Ses deux courts et derniers épisodes suffiront-ils à convaincre pleinement ?
Les + :
- Un portrait plus nuancé et sensible d’Ellie sous les traits d’une Bella Ramsey plus juste
- L’alchimie, les motivations et les choix des deux meilleures amies/amour
- La prestation pleine de charme de Storm Reid
- Un mélange d’émotions, dont celle très forte et succincte qui unit Ellie & Joel en fin d’épisode
- Une magnifique bande-son
Les – :
- La limite d’une adaptation cette fois trop fidèle, et qui manque d’émancipation
- Un manque flagrant de scènes supplémentaires qui aurait contribué à la réussite de cet arc indispensable
MA NOTE :
RÉALISATION : Liza Johnson / SCÉNARIO : Neil Druckmann
DURÉE : 56mn / SORTIE : 27 Février 2023 (France)
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