REBEL MOON – Partie 1 : Enfant du Feu

EN DEUX MOTS : Pour clôturer l’année 2023, Netflix met en ligne son plus gros (mais pas beau ?) cadeau de Noël avec REBEL MOON. Du moins, elle tente de le faire. Annoncé en grande pompe depuis quelque temps maintenant, cette odyssée spatiale se pose comme LE Star Wars du géant du streaming. Mais aussi celui de son réalisateur bien connu : le mal-aimé Zack Snyder.

Boudé depuis ses déboires dans le DCU, le réalisateur du formidable Watchmen, de l’épique et graphique 300, ou du défouloir Sucker Punch, dévoile le premier volet d’une future (c’est toute l’ambition…) franchise et référence de la S.F.

Une paisible colonie sur une lune lointaine est soudain menacée par les armées d’un tyran et place tous ses espoirs de survie entre les mains d’une mystérieuse inconnue.

Allociné

Cette grande aventure de Science-fiction fantastique se divise déjà en deux parties. La première, intitulé « Enfant du Feu », a donc la responsabilité d’y présenter univers et personnages qui le composent, en 2 bonnes heures. C’est le temps restreint qui lui est allouer, malgré une certaine ambition et des moyens significatifs à l’ère du numérique. Évidemment cette donnée prend tout son sens lorsqu’on sait que le film aura le droit à un director cut’s prochainement.

Néanmoins, comment partir sur de bonnes bases en sachant cela ? Le résultat parle de lui-même, comme tout film coupé au hachoir. REBEL MOON n’est pas tant un échec cuisant, c’est avant-tout une œuvre pas totalement entière. Pire encore, aseptisé par la même occasion. (Car quasiment soustrait de toute hémoglobine pour ne pas choquer les foules). Alors que reste-t-il de cet esquif S.F ? Un pur produit Netflix, qui tend aujourd’hui plus vers le divertissement (indéniable) que sur le nanar total (soyons franc).

IL Y A BIEN LONGTEMPS, DANS UNE INDUSTRIE PROSPÈRE ET LOINTAINE, TRÈS LOINTAINE…

L’odyssée débute sous la voix-off de l’illustre Anthony Hopkins (qui prête sa voix à un androïde). Dans une introduction d’une minute, le contexte nous est ainsi présenté, succinctement, sans illustrations. De quoi nous plonger (en apparence) efficacement et rapidement dans cette aventure aux confins d’une galaxie fantasmé. Puis d’y découvrir le profil principal de la mystérieuse Kora sous les traits de la magnifique Sofia Boutella. L’actrice franco-algérienne de 40 ans au profil juvénile, demeure probablement le plus gros atout de la production.

Malgré la démonstration d’une figure d’héroïne parfaitement illustrée, Zack Snyder compose avec ses deux scénaristes un univers S.F vintage mal inspiré. Une caractéristique aussi bien narrative que graphique. Sous une imagerie et une palette d’effets spéciaux bien connus du réalisateur, REBEL MOON se compose d’inspirations en tous genres. La première est nordique, dans un village aux inspirations vikings pour un peuple paisible d’agriculteurs, qui abrite la mystérieuse fuyarde.

La seconde s’effectue avec la découverte de la problématique majeur du film : l’envahisseur. Sous des inspirations de l’Empire romain, mais aussi Nazi. Ce qui reflète un contre-champ évident avec le peuple envahi, simple et prospère. Ed Skrein s’impose comme un antagoniste de choix. Difficile ici de ne pas voir l’influence d’une saga telle que Star Wars. Pour le meilleur (un univers qui recèle forcément d’idées) mais surtout pour le pire… Et la liste est longue.

Dans la (longue) première partie du film, REBEL MOON dévoile un cheminement tout tracé. Composés d’opprimés et d’oppresseurs. D’abord très statique, le film embrasse l’aventure et la découverte via l’exploration de sa faune et sa flore. Finalement très pauvre au terme de cette Partie 1. Cette fois, l’aventure tutoie le western comme le film de samouraï et incorpore des flash-back bienvenus.

UN PARMENTIER DE REBELLES

Puis vient la nouvelle dynamique visant a créer l’équipe de Rebelles atypiques… Mais pas vraiment. Dans tous les cas, en tout temps, les profils présentés demeurent des archétypes. La succession de scènes qui s’ensuit, qu’elles soient agréables, divertissantes, ou pas du tout, le prouvent. Nos rebelles de l’espace ne jouissent pas du même temps d’écran que la découverte du petit village opprimé au début du film.

Ici, le montage du film change de boucher et favorise le rythme contre la cohérence. Au détriment des principaux profils qui accompagne les yeux fermés notre tête d’affiche. Mention spéciale à un Djimon Hounsou tout en muscle, mais à la caractérisation tout aussi risible qu’un Charlie Hunnam opportuniste.

Certes, la première heure pâtissée de longueurs, de clichés de caractérisations et d’errances dans son déroulement, hors la seconde frôle l’indigestion. REBEL MOON y varie grandement ses décors. De déserts à un style de mégalopole cyberpunk parfois. Dans tous les cas, on assiste à des environnements relativement creux et souvent dénués de réelle vie. Là où son bestiaire subit des maquillages quelques fois grotesque et des effets spéciaux pas toujours nets.

Il en va de même pour ses faibles chorégraphies de combats à mains nues ou à l’arme blanche, comme le prouve celui qui oppose la combative Doona Bae à une Jena Malone arachnide. Les duels à l’arme à feu ont plus d’impacts par chance. En termes d’aventure et d’action pure, le film se révèle donc sans tension et édulcorés, bien que parfois tout à fait divertissant.

Enfin, je tairais volontairement le rebondissement de sa dernière partie, summum de la fainéantise narrative qui conclut de façon bancal et précipité ce demi-film peu inspiré.

CONCLUSION

Le constat semble terrible pour cette aventure S.F. Et il l’est, en grande partie. Le plus frustrant dans le film de Zack Snyder demeure son parallèle d’ambition, qui mélange plusieurs caractéristiques typiques du réalisateur.

Esthétique d’abord, à coup de ralenti parfois inconsistant, de corps bodybuildés et de faux esthétisme léchée. Sauf qu’ici le metteur en scène manque cruellement d’ingéniosité et d’originalité, en piochant ses idées et ses références ici et là. Et oubliant de donner une âme à son projet. Fatalement le résultat demeure inconsistant, ou parfaitement oubliable.

Avec l’arrivée prochaine d’une version longue non censurée difficile d’imaginer un tout autre film, même si l’espoir est permis. La bande-annonce de la Partie 2 « L’Entailleuse », disponible en avril, semble plus linéaire et favorise l’action et de bons éclaircissement sur la genèse de son intrigue. Typiquement ce qui manque à la trame de Kora aujourd’hui… Encore un problème de montage ma foi.

Les + :

  • Un plutôt bon profil central, très bien interprété par une Sofia Boutella hypnotique et intemporel.
  • Ses quelques flash-back qui mettent le doigt sur un potentiel univers S.F riche en surface.
  • Quelques éléments et plans de bonne facture, typique de la renommée de faiseur d’image qu’avait pu être Zack Snyder à une époque.
  • Outre sa première partie étirée, et si on fait abstraction de ses nombreuses aberrations de production, le film se consomme aisément.

Les – :

  • Son montage de 2h15, globalement catastrophique, dont découle pas mal de faiblesses.
  • L’éclaircissement de son intrigue trop maigre et qui recèle de trop de part d’ombres pour sustenter sur un film.
  • Son déroulé d’intrigue qui passe d’une première partie introductive et longuette à une seconde partie qui multiplie les lieux et les protagonistes sans âmes.
  • La caractérisation de ses personnages, notamment secondaire et pourtant iconiser inutilement, mais à l’implication creuse dans l’intrigue.
  • L’aseptisation du film pour une version tout public qui manque cruellement d’intensité pour l’ensemble de ses affrontements.
  • Quelques maquillages et effets spéciaux inconsistants.
  • Des inspirations et des références en pagailles qui font du film un space opera d’une banalité déconcertante.

MA NOTE : 11.5/20 (version Netlfix)

Les crédits

RÉALISATION : Zack Snyder / SCÉNARIO : Shay Hatten, Kurt Johnstad et Zack Snyder

AVEC : Sofia Boutella, Djimon Hounsou, Ed Skrein, Michiel Huisman, Doona Bae, Staz Nair, avec Charlie Hunnam, et la voix de Anthony Hopkins,

mais aussi : Fra Fee, Ray Fisher, Cleopatra Coleman, Stuart Martin, Ingvar E. Sigurðsson, Alfonso Herrera,

E. Duffy, Cary Elwes, Jena Malone, Rhian Rees, Charlotte Maggi, Sky Yang, Corey Stoll (…)

SORTIE : 22 Décembre 2023 / DURÉE : 2h15

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