PANIC ROOM

EN DEUX MOTS : Probablement le film le plus sous-estimé de son réalisateur, David Fincher, PANIC ROOM s’avère être un exercice de style d’une grande rigueur. Mais aussi un film de genre qui a révolutionné la trois dimensions à l’écran grâce à sa technique. Il survient à peine trois ans après le choc FIGHT CLUB et marque une attention ferme pour le metteur en scène : une volonté de simplicité, d’efficacité, après un précédent tournage éprouvant et fourni. Dans le rôle-titre, celle qui devait avoir un rôle central, 5 ans auparavant, dans THE GAME Jodie Foster – remplace au pied levé Nicole Kidman, blessée après 17 jours de tournages.

Meg Altman, la trentaine, a très mal vécu la séparation avec son mari et angoisse à l’idée de devoir élever seule sa fille Sarah. Afin de commencer une nouvelle vie loin de ses craintes, Meg achète une immense et splendide maison située dans un quartier huppé à l’ouest de New York. Son ancien propriétaire y a fait construire au dernier étage une pièce de sûreté dans laquelle on peut se réfugier en cas de menace extérieure et rester enfermé de nombreux jours grâce aux provisions qu’elle contient.

Cependant, Meg n’aurait jamais pensé s’en servir dès le premier soir. En effet, trois cambrioleurs, Burnham, Raoul et Junior, ont pénétré dans la maison avec la ferme intention de dérober une somme de quatorze millions de dollars cachée par l’ancien maître des lieux. Tout porte à croire que ce butin est dissimulé dans la pièce de sûreté, là où se sont réfugiées Meg et Sarah.

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Sous un scénario original du prolifique et rentable David Koepp, PANIC ROOM se rapproche du cinéma d’Alfred Hitchcock. Et notamment Fenêtre sur cour que le réalisateur qualifie de mélange avec un autre classique : Les Chiens de paille. La comparaison avec le maître du suspense à du sens pour son format atypique et sa mise sous tension continue. Pour son cinquième film, David Fincher nous plonge en effet dans un huis clos urbain pour une nuit de cauchemar. Hormis sa rapide scène introductive (et son tout aussi succinct épilogue) PANIC ROOM va resserrer son étau sur son décor unique et en faire un acteur a par entière.

VISION ETRIQUÉE et TOUT EN VERTICALITÉ

Et même s’il s’agit du film le plus court (1h50) du réalisateur celui-ci va prendre le temps de pleinement exploité son lieu composé de plusieurs niveaux. Comme va le prouvé plusieurs scènes magnifiquement mis en scène, PANIC ROOM nous fait traverser son décor grâce à une prévisualisation faite en amont puis en aval. (c’est-à-dire une simulation informatique du film en 3 dimensions). C’est ce qui va permettre quelques prouesses à l’écran, tel que passer d’un étage à un autre aisément.

Le metteur en scène use donc formidablement des verticalités de son décor. Et nous plonge (très) rapidement dans l’enfer que va vivre cette mère trompée et sa fille unique. Après une petite intro d’un quart d’heure sa première démonstration de mise en scène le prouve. En restant bien volontairement à l’intérieur de cette formidable demeure luxueuse de centre-ville, sous la musique grave d’Howard Shore et les trombes d’eau au-dehors, PANIC ROOM se dévoile comme une expérience claustro réaliste.

Durant les 90 minutes que dure son action le film va quasiment se dérouler en temps réel. (Tout juste deux petites ellipses de temps viennent ponctuer les différentes problématiques). Pour ce faire, réalisateur et scénariste (qui ont encore étroitement collaboré) usent de chaque possibilité, chaque ustensile, pour maintenir le suspense. Et ils le font avec brio.

Avec la mise en scène perfectionniste de Fincher, mais aussi son sens du tempo idéal, PANIC ROOM impressionne. D’abord par sa fluidité, et ensuite pour l’exercice de Thriller qu’est le long-métrage. Si le scénario n’est ni une critique social pertinente ou la dissection d’un couple en perdition, il use de son concept limité pour en faire quelque chose de plus. Et aussi parce qu’il dispose de quelque chose de plus.

HOME INVASION and GREAT PRESTATION

Plus que son décor, et des instruments qui le compose, le film dispose d’un casting restreint, mais assez formidable. Il y a évidemment le duo mère/fille au cœur de l’action, et dont le talent respectif n’est pas à prouver. Jodie Foster porte le film à bout de bras et dispose d’une belle nuance sur la fragilité puis la combativité dont dispose son personnage.

Elle donne la réplique à la (tout jeune à l’époque) révélation Kristen Stewart. Qui, en plus de son caractère revanchard, s’avère être diabétique, à l’écran. Un élément dramatique en proie au suspense et à l’utilisation maline dans une situation de huis clos extrême.

Plus que des profils d’antagonistes classique, les trois intrus apportent une nuance supplémentaire à la dynamique typique d’home invasion. Et ce grâce à une caractérisation succinct, verbal, et parfaitement subtile puisqu’elle s’appuie sur des détails de vie. Pour preuve Forest Whitaker incarne le profil rempli d’humanité, mais contraint par une situation qui dégénère. Tandis que face à lui ses deux acolytes, par nécessité, se montrent sans scrupules.

Jared Leto, après sa participation sur FIGHT CLUB, y est mentalement vacillant et infect dans son mélange de petit-fils de riche vénal et escroc à la petite semaine. Mais la véritable surprise vient du chanteur country Dwight Yoakam. Via une prestation inquiétante, une gestuelle nonchalante et un sens moral qui semble sans limites, il incarne LE seul véritable antagoniste du film.

La violence qui accompagne les deux personnages contribue à cette réussite de Thriller noire. Brûlures, passage à tabac, doigts broyés, et tirs en pleine tête sont suffisamment d’éléments qui marquent la rétine et convainquent dans leurs démonstrations sans filtres. D’autant qu’ils sont une escalade constante dans l’intrigue et mènent à une conclusion sous tension.

CONCLUSION

Par ses deux éléments majeurs – usage du décor et prestations – PANIC ROOM dépasse sa condition de simple récréation cinématographique. Plus qu’un véritable plaisir coupable. Certainement le film de divertissement le plus marqué du réalisateur, mais qui demeure d’une efficacité redoutable.

Ma notation (assez élevée) va d’ailleurs dans ce sens, car malgré les années son Thriller demeure efficient. Chez un grand réalisateur tel que David Fincher, c’est parfaitement rafraîchissant, et surtout savamment exécuté.


Les + :

  • Un huis clos d’une redoutable efficacité et au sens du suspense sans temps morts
  • La mise en scène virtuose de David Fincher, accompagné de visions en 3D déjà bluffante à l’époque
  • Un huis clos qui use parfaitement de son décor et des ustensiles qui le compose. (Il suffit de voir la panic room en question)
  • 5 principaux personnages grandioses et à l’équilibre idéal. Jodie Foster impressionne, Forest Whitaker attendri, Dwight Yoakam inquiète…
  • Une violence rare mais frontale

Les – :

  • La seule limite du film est son propre concept. Au-delà de l’exercice de style qui dépasse son propre genre, PANIC ROOM n’éblouit pas par la profondeur de son scénario.

MA NOTE : 16/20

RÉALISATION : David Fincher / SCÉNARIO : David Koepp

AVEC : Jodie Foster, Forest Whitaker, Kristen Stewart, Jared Leto, David Yoakam (…)

DURÉE : 1h52 / SORTIE (France) : 24 avril 2002 / GENRE : Thriller

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