FALLOUT – saison 1

EN DEUX MOTS : Il fallait attendre le printemps pour voir débarquer la première grosse nouveauté d’Amazon. En effet, c’est pour début avril que débarque la saison 1 de la série événement FALLOUT, qui adapte la célèbre licence de jeu vidéo. Si l’exercice s’annonce souvent périlleux quand il s’agit des univers de gamers, celui de FALLOUT s’avère immensément riche de potentiel. De plus, après des années d’absence, la hype de la licence ne désemplit pas.

Une terrible catastrophie nucléaire contraint les survivants à se réfugier dans des Vaults, des bunkers anti-atomiques construits pour préserver l’humanité en cas d’apocalypse. 200 ans plus tard, une jeune femme quitte l’Abri 33 pour s’aventurer à la surface, à la recherche de son père, dans un Los Angeles dévasté et violent. 

Adaptation de la licence vidéoludique des jeux de rôle post-apocalyptique des studios Interplay/Bethesda.

AlloCiné

La plateforme semble avoir payé une coquette somme pour acquérir les droits de son nouveau blockbuster. Elle s’entoure en tout cas du célèbre duo Jonathan Nolan & Lisa Joy à la production et dévoile, avant sa diffusion, un teasing féroce. Pour l’occasion de sa sortie, elle dévoile également ses 8 épisodes en intégralité et avance (très légèrement) sa diffusion.

À coup de bandes-annonces rassurantes sur l’authenticité de son univers et une atmosphère qui semble très fidèle, FALLOUT frappe fort. Mais frappe-t-elle bien ? Ou, cette nouvelle adaptation empile-t-elle les défauts du genre ? Bonne nouvelle, elle frappe bien ! Même si elle comporte bon nombre d’imperfections.

APOCALYPSE NOW

Il faut dire que depuis The Last of Us, l’année dernière, l’espoir est permis niveau qualité d’adaptation de jeu vidéo. Un peu moins, hélas, côté Science-fiction, comme le prouvent les deux saisons très tièdes d’HALO. Qu’importe, aujourd’hui FALLOUT dévoile son univers de western post-apocalyptique et S.F. rétro-futuriste en grande pompe et y met les moyens.

La série débute sous la caméra de Jonathan Nolan, qui réalise les trois premiers épisodes, avec notamment un pilote massif de plus d’une heure. Amoureux du jeu vidéo, le réalisateur navigue dans ses décors pour y présenter ses personnages. Dont trois principaux, bien distincts. Après une introduction fracassante (et magnifiquement exécuté) le show s’attarde sur deux factions de son univers (à savoir un abri Vault et la Confrérie de l’Acier), avant de nous plonger dans l’enfer qu’est devenue la terre. En Californie.

Tourné en décor naturel, principalement, (à New York et dans l’Utah, ainsi qu’en Namibie) FALLOUT varie ses lieux en proposant de grandes étendues désertiques composées de vestiges du passé, mais aussi d’environnements plus verdoyants jusqu’à ses bidonvilles post-apocalyptiques, ou encore de grands bâtiments aux intérieurs délabrés. Des décors qui captent bien l’effet de renaissance difficile après la destruction. En revanche, son montage alterne souvent trop hâtivement ses différents paysages, en passant, par exemple, d’un désert à une forêt en l’espace de quelques scènes.

Dans cet univers désenchanté en proie à la violence et à la folie, la série met en scène une aventure S.F. sanglante à souhait. De plus, elle embrasse largement un effet burlesque assumé, bien connue des joueurs. Un plus bel effet renforcé par son univers rétro-futuriste atypique, lui aussi, qui s’inspire du décorum américain des années 50, notamment en chanson. Humour et hémoglobine ne faisant pas toujours bon ménage, FALLOUT trouve un équilibre précaire, mais pas dramatique.

LES SURVIVANTS

Pour composer son récit, la série dévoile plusieurs intrigues distinctes, mais qui s’entremêlent. Elles n’ont néanmoins pas toutes le même intérêt, ni la même intensité. S’y détache toutefois (allègrement), la pétillante Ella Purnell, déjà remarquée dans le défouloir gore Army of the Dead sur Netflix, ou la série à succès Yellowjackets. Sous forme de parcours initiatique, le public (plus large comme aficionados) découvre l’après-ère apocalyptique non sans excès et parfois avec nuances grâce à son profil énergique.

La pensionnaire de l’abri 33 croisera notamment la route de la mystérieuse Ghoul interprété par un Walton Coggins toujours habité. Le formidable comédien use de son charme et de son excentrisme habituel pour incarner ce profil atypique. Un personnage aux allures d’antihéros qui embrasse pleinement le potentiel de cette fable sous forme de western post-apocalyptique S.F. déjanté et gore.

Affreusement décomplexé, son rapport à la violence se trouve tout de même trop souvent désincarné. Au point que la souffrance des personnages nous rend parfois indifférents, malgré leurs parcours jonchés de multiples sévices. Cela a tendance à couper la force émotionnelle du show. C’est un constat qui s’applique notamment au riche protagoniste de la Ghoul, qui dispose d’un passé pourtant bien développé, comme le prouve la seconde partie de saison.

Parallèlement, l’intrigue des célèbres « Chevaliers » de la Confrérie, reconnaissables par leurs formidables armures imposantes, demeure plus restreinte. Par le biais d’un second récit initiatique (beaucoup moins exaltant) le profil du jeune Maximus (Aaron Moten) patine. En solo, comme en duo, son profil naïf fini par agacer. On appréciera tout de même le réalisme quasi constant de ses costumes à l’esthétisme qui marque la rétine (sauf dans quelques démonstrations foireuses en CGI durant l’action).

UNIVERS DÉTRAQUÉ

En plus de son trio de tête, FALLOUT dévoile une intrigue supplémentaire au sein même de l’Abri 33, fracturée dès son pilote. Son principal intervenant est plutôt incongru en la personne de Norm (Moises Arias), le frère d’apparat trouillard et taciturne de notre héroïne. Si cette intrigue semble moindre, le jeune acteur, au physique pas forcément avantageux, tire son épingle du jeu. Le résultat s’avère convaincant et cultive le mystère sur la longueur.

De plus, cela permet un éclaircissement succinct sur les passionnants Abri Vault, véritable richesse à eux seuls de son univers. L’intrigue dispose également de bons éléments narratifs qui enrichissent son large univers. À titre d’exemple, son final ouvre de nombreuses possibilités pour la suite. Avec une première saison avoisinant les 8 heures, la série se montre suffisamment généreuse pour contenter. Jusqu’à présent.

Concernant son bestiaire en tout genre, FALLOUT s’avère aussi farfelue que fidèle aux jeux Bethesda. Composé de bestioles irradiées, mutantes jusqu’à ses pillards et psychopathes en pagaille. Dans un esprit toujours ironique, la série peut s’avérer aussi amusante que perfectible dans son exécution. On lui pardonnera ainsi son esthétisme parfois trop kitch concernant ses monstres. (notamment vu le grand soin apporté aux décors). Et même si, ce faisant, ses affrontements manquent souvent d’intensité.

Son plus gros problème réside dans sa direction de figurants ou de personnages tertiaires. Trop souvent cantonnés à des rôles de pecnots détraqués et/ou consanguins. Des profils bien communs au genre (qui rappelle ceux de Mad Max), mais qui s’essoufflent aussi vite qu’ils demeurent ringards à l’écran. Sur ce point, FALLOUT s’avère incomparable à The Last of Us, la production d’HBO décrivant bien plus subtilement le réalisme d’après-apocalypse.

CONCLUSION

Avec sa première saison, FALLOUT demeure une adaptation globalement réussie et qui, selon son succès, dispose d’outils solides pour se bonifier à l’avenir. Son succès semble néanmoins évident. Ne serait-ce que par sa campagne pub intense ou son esprit décomplexé qui plaira au plus grand nombre. Mais aussi parce que le show a reçu de bons retours critiques du public.

Dans tous les cas, ces deux dernières années semblent marquer un tournant majeur dans les adaptations de jeu vidéo en prises réelles. Vu la conjoncture actuelle, c’est un filon fort prometteur.


Les + :

  • Une nouvelle adaptation de jeu vidéo qui ne lésine pas sur les moyens pour réussir. Et qui dispose, en plus, d’un univers post-apocalyptique / rétro-futuriste assez excitant.
  • Le ton ironique et gore du show, qui s’avère fidèle, décomplexé et avant tout ultra-divertissant.
  • Un trio de tête assez exaltant, même si Ella Purnell et Walton Coggins s’y détache farouchement. La première pour son charme incandescent et sa personnalité naïve et idyllique. Le second pour son rôle plus ambigu et un excentrisme qui lui sied à merveille.
  • Un univers globalement bien exploité pour une première saison. Notamment les Abri Vault.

Les – :

  • Une mise en œuvre forcément perfectible vu sa large générosité. De quelques rendus perfectibles (ses monstres ou certains affrontements face à eux) jusqu’à quelques environnements trop statiques.
  • Malgré son ton burlesque, le show peine à concilier l’humour et la force de son intrigue. Celle-ci se compose, entre autres, de nombreux figurants aussi risibles que ringards qui laissent un arrière-gout désagréable de nanar en bouche.
  • Au-delà de son trio (si on exclut Norm dans l’Abri 33), cette première saison manque de seconds rôles récurrents et/ou d’envergures pour étoffer l’intrigue. De l’aventure, mais trop peu de drame à l’état pur.

MA NOTE : 15/20

Les crédits

CRÉATEUR(s) : Geneva Robertson-Dworet & Graham Wagner

AVEC : Ella Purnell, Aaron Moten, et Walton Coggins, mais aussi : Moises Arias, Kyle MacLahlan, Xelia Mendes-Jones,

Zach Cherry, Leslie Uggams, Annabel O’Hagan, Rodrigo Luzzi, Johnny Pemberton, Dave Register, Michael Emerson, Sarita Choudhury,

Michael Cristofer, Dale Dickey, Michael Rapaport, Frances Turner, Michael Esper, Matt Berry, Glenn Flescher, Neal Huff (…)

ÉPISODES : 8 / Durée (moyenne) : 55mn / DIFFUSION : 2024 / CHAÎNE : Amazon

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