Fonds verts ? Non ! Jaunes

Je pense que vous connaissez tous les fameux fonds verts qu’on utilise dans tous les blockbusters. Cette technologie, très répandue, est utilisée pour inclure un flux vidéo dans un autre. On s’en sert énormément pour incruster les CGI. Sauf que cette technologie a énormément d’inconvénients. Il est très difficile de faire des incrustations « propre » au niveau des bords d’un objet ou d’une personne, lors d’un mouvement rapide, ou lorsqu’on utilise des matières transparentes comme un verre d’eau ou un voile. C’est là qu’interviennent les fonds jaunes ! Jaunes, vous avez dit ?

Avant l’arrivée des fonds verts, un certain Petro Vlahos avait développé une toute nouvelle technique d’incrustation dès les années 50. Disney l’a reprise pour ses propres productions et l’a exploité avec succès, notamment sur le célèbre film Mary Poppins, ayant d’ailleurs reçu pour l’occasion l’oscar des meilleurs effets spéciaux.

Ce système, appelé « sodium vapor process » en anglais, utilise des lampes à vapeur de sodium émettant une lumière très spécifique et une caméra modifiée capable de filmer sur plusieurs bobines simultanément grâce à un prisme. Les lampes à sodium émettent sur une longueur d’onde unique de 589 nm (une sorte de jaune). Le prisme permet de séparer le jaune des lampes à sodium et le reste de la lumière. Grâce à la caméra modifiée, on pouvait ainsi obtenir une bobine servant de masque pour tout ce qui était jaune.

Schéma (décrivant le processus des fonds jaunes) de RicHard-59 - Own work, CC BY-SA 3.0, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=29368544
Schéma décrivant le processus des fonds jaunes – par « RicHard-59 », CC BY-SA 3.0, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=29368544

Ce processus d’un ancien temps n’a pas tous les défauts des fonds verts. Il est beaucoup plus précis qu’un écran vert grâce à la longueur d’onde unique du sodium. C’est ainsi qu’il est possible de filmer à travers un voile transparent, une bouteille d’eau, et qu’on n’observe aucun soucis à proximité des contours des sujets (par exemple, près des cheveux). Sauf que… Le procédé restait très technique et coûteux pour l’époque (surtout la création du prisme). Et les sociétés de production comme Disney avaient des difficultés à se procurer des exemplaires des prismes ou même les caméras.

Avec l’arrivée, dès les années 60, des écrans bleus et verts, qui sont plus faciles à utiliser et plus économiques, le procédé avec les lampes à vapeur de sodium a été abandonné. Pourtant, la chaine Youtube « Corridor Crew » s’est alliée au chercheur Paul Debevec pour reproduire la technologie du fond jaune.

Comme vous pouvez le voir sur la vidéo, Paul Debevec n’a toutefois pas utilisé un prisme comme celui de Disney. Il a utilisé à la place un système avec deux caméras et des filtres. Son système est équivalent au système historique de Disney, mais il est beaucoup moins technique (et donc coûteux) à mettre en place. Les tests préliminaires du Corridor Crew sont vraiment impressionnants.

Avec un simple prototype, ils ont réussi à faire mieux qu’avec un fond vert. Alors que ces derniers ont bénéficié de plusieurs décennies d’améliorations en tout genre. Il semble donc raisonnable que de nombreuses optimisations du fond jaune restent encore possibles. Espérons ainsi que cette « Proof of Concept » puisse trouver preneur dans les futures productions cinématographiques pour améliorer les visuels des CGI, ou au moins à réduire la pression subie sur les studios d’effets spéciaux. L’avenir nous le dira.

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