THE LAST OF US : épisodes 4 & 5 – saison 1

Le mid-season de THE LAST OF US signe une intervalle charnière de son histoire, tandis que la série continue de battre des records d’audience. Après un troisième épisode immensément riche en émotion et pour la première fois réellement décrié (notamment par de nombreux détracteurs homophobes) la série nous dévoile d’abord un épisode plus court. Celui-ci est néanmoins directement relié au suivant, qui a contrario avoisine les une heure en durée. 

Nouvelles désillusions, intransigeance et peur humaine sont cette fois au cœur du récit tandis que l’histoire se recentre intensément sur notre duo. Et pourtant la série présente toujours de nouveaux (et éphémères) seconds rôles. Bien connus (un duo de frères) comme inédits (avec la cheffe de la résistance à Kansas City). 

Cette fois la réalisation de ce segment d’1h45 a été confiée au vétéran du petit écran Jeremy Webb, sous l’écriture, toujours, du co-showrunner Craig Mazin. Le principal scénariste réussit-il ici son passage à l’écran d’un récit fondamental sur une vision cauchemardesque de la nature humaine ? Non, et finalement oui.

ÉPISODE 4 : Please Hold to My Hand

EN DEUX MOTS : Si l’épisode précédent s’avère drastiquement éloigné du jeu, celui-ci réitère l’exercice de l’adaptation fidèle en prise réel. Cela vaut tout d’abord pour son titre  »Please Hold to My Hand » qui reprend les paroles d’une vieille chanson typiquement américaine d’Hank Williams.

Tout comme son écoute qui se fait à bord du pick-up vers une destination lointaine, l’épisode reprend quelques éléments anodins qui vont pourtant définir la relation de nos deux personnages. De l’humour (le livre de blagues), de la légèreté (des pages collées…) jusqu’à un mantra sur l’utilisation d’une arme à feu.

Mot pour mot

Pedro Pascal prouve sans contexte qu’il s’avère parfait dans la peau de Joel. Hésitant, malhabile, endurci. Dont le profil sans concession va peu à peu s’étioler face à l’énergie enfantine d’Ellie (Bella Ramsey). Please Hold to My Hand va d’ailleurs accorder une belle partition à celle-ci. Principalement dans son écriture. La première scène où elle se fait face renvoie directement à cette fin d’innocence programmée, et qui va s’effectuer dans le sang.

Dans le viseur d’une perte de l’enfance

C’est aussi le plus gros point fort de ce court (trop court) épisode. La plus grande difficulté de cette adaptation réside dans la relation toute particulière qui s’articule autour de nos deux têtes d’affiches. Ce milieu de saison en est la pierre angulaire puisqu’il signe le premier affaissement des barrières émotionnelles qui séparent Joel & Ellie.

Le road-trip de l’enfer s’effectue toujours un peu plus dans une atmosphère bluffante de désolation et de solitude. Au sens du détail affûté. La route de nos héros les conduit jusqu’à Kansas City. Contre Pittsburgh à ce moment du jeu. Qu’à cela ne tienne, plusieurs clin d’œil visuels viennent étoffer ce jeu des différences, sans dénaturé son œuvre.

PEOPLE. ANGRY PEOPLE

Le dénouement émotionnel lui est le même. Pour un résultat un peu trop similaire dans la forme.

Car sous le joug d’un détour en centre-ville, Joel & Ellie font la rencontre de dangereux survivants. Un moment crucial qui tient toute sa limite dans sa mise en scène. Didactique et qui se veut un peu trop fidèle à son matériau vidéo-ludique. Elle perd autant en intensité qu’en naturel. Un moment crucial un brin concis, calibré, et hélas toujours amputé d’hémoglobine (cette fois beaucoup trop). Sous un montage trop net et parfois approximatif.

Néanmoins, et bien que l’émotion se trouve aujourd’hui ailleurs, la mise en situation d’un Joel sauvé par Ellie s’avère très juste. Tout aussi juste que les supplications d’un blessé sur le point d’être exécuté. Craig Mazin retranscrit une fois encore avec rigueur la réussite d’un univers singulier à l’écran. Comme va nous le prouver le point de vue inédit de la milice qui a pris le pouvoir à Kansas City.

Que la chasse commence

– C’est ni la FEDRA, ni les Lucioles. Alors c’est qui ?

– Des gens.

Ellie & Joel

Des Gens, des chasseurs transformés en résistants. Humanisés, édulcorés, et sous la directive de la mystérieuse Kathleen, parfaitement interprétée par la non assurée Melanie Lynskey. Un choix de casting brillant. Encore. 

Une antagoniste pleine de nuances

Les dix dernières minutes de l’épisode servent notamment de teasing pour la suite. Et pour preuve le camp de Kathleen y découvre la planque d’un duo de frère qu’on désespère de voir, mais aussi une menace qui s’annonce colossale… Si cela à le mérite d’être exaltant ça a aussi la particularité d’accentuer les manquements ressentis durant l’épisode. L’absence totale d’infectés, de situations périlleuses, et l’arrivée tardive de personnages iconiques. 

Une fermeture d’épisode qui fait écho à son ouverture

CONCLUSION

On peut toutefois se consoler de la belle complicité qui englobe notre duo star dans les derniers instants. Entre rires et tendresses. De belles promesses et encore beaucoup à faire pour nous foutre par terre.

Les + :

  • La belle et fidèle évolution qui entoure Joel & Ellie
  • La subtilité d’un univers réaliste, des décors jusqu’à son écriture
  • De nouveaux ajouts scénaristiques très réussi

Les – :

  • Un épisode foncièrement trop court
  • L’absence d’une violence frontale, réellement nécessaire
  • Une mise en scène bancale
  • Zéro infectés, un manque de tension global

MA NOTE :

RÉALISATION : Jeremy Webb / SCÉNARIO : Craig Mazin

DURÉE : 45mn / SORTIE : 06 Février 2023 (France)


ÉPISODE 5 : Endure and Survive

EN DEUX MOTS : Après un quatrième épisode frustrant, Endure and Survive avait la lourde tâche de boucler l’intrigue à Kansas City dans l’intensité. Tout en présentant avec tact le portrait des frères Henry (Lamar Johnson) & Sam (Keivonn Woodard). Son titre demeure sans équivoque, clair et concis. Tout en faisant référence au jeu. Et aujourd’hui THE LAST OF US nous met dans le game. Littéralement.

Diffusé à cinq jours d’intervalles du précédent (merci le Super-Bowl), ce cinquième épisode risque en effet de ravir les fans invétérés. Et les autres, à la recherche de sensations fortes. Contrairement au troisième épisode qui réussissait l’exploit d’épater en s’éloignant du jeu, Endure and Survive épate en l’adaptant fidèlement. Non sans lifting et en amputant ou raccourcissant quelques moments cultes. 

Toujours est-il que THE LAST OF US propose avec ce mid-season une expérience aussi réussie que dense. D’autant que cet épisode mélange toutes les caractéristiques de cette première saison : Une écriture toute en nuances, des personnages approfondis en quelques scènes, des décors et des effets spéciaux somptueux et des émotions fortes. Avec en supplément une scène d’action post-apocalyptique digne du grand-écran.

PERSPECTIVES 

Plus long d’un quart d’heure, la première partie de ce nouvel épisode s’en sert à bon escient pour présenter Henry & Sam. Magnifiquement interprétés par un Lamar Johnson (YOUR HONOR) assagi et le jeune acteur sourd Keivonn Woodard. Elle étoffe aussi la compréhension de son univers en revenant sur l’insurrection qui à eu lieu 10 jours auparavant dans la ville. Toujours subjectif, approximatif, ses courtes scènes disposent néanmoins d’une imagerie suffisamment forte pour convaincre. 

Portraits sur le plancher

Le plus convaincant de tout cela demeure son écriture qui parvient à définir avec empathie ou inquiétude ses différents profils. Et à apporter de nouveaux points de vue à son histoire. C’est toute la subtilité d’une œuvre telle que The Last of Us. Ou la nuance est maître. Et si cet élément n’intervient que plus tard dans le jeu (dans Part II), les showrunners s’en servent intelligemment pour construire le récit de cette adaptation en live-action.

Motivations

 »La survie à tout prix »

C’est ce que Endure and Survive (citation tirée des fameuses BD Savage Starlight) démontre via ses personnages. Personnages animés par diverses motivations. De la protection d’un être cher ou la vengeance d’un autre. Via quelques scènes fondamentales, calme, Craig Mazin joue à ce jeu des nuances et des subtilités où l’on cautionne, ou non, les actes commis par amour. 

Les scènes s’enchaînent et visitent des lieux iconiques autour du quatuor formé de Joel & Ellie et Henry & Sam (un building, des égouts qui ont abrité une ancienne colonie, jusqu’à une banlieue surplombés par un sniper). De la fascination pour une série de comics, un simple dessin, une partie de foot improvisée ou une dynamique d’équipe à peine formée, THE LAST OF US donne vie à son univers apocalyptique avec délicatesse. Et rapidité.   

Entraides forcés : la survie à tout prix

COLOSSAL

Néanmoins malgré ses prouesses d’écriture, la série se devait d’alimenter son récit par la peur et la menace que représente ses infectés atypiques. En les éloignant volontairement des écrans depuis son second épisode, leurs retours n’en est que plus convaincant. Une fois la menace d’un sniper neutraliser (sous un portrait de vieillard solitaire subtil) l’escalade d’action s’avère renversante.   

Dans l’oeil de la pression

Il y a d’abord l’arrivée tonitruante de la petite armée formée par l’inquiétante Kathleen. Toujours diablement interprétée par l’étonnante Melanie Lynskey qui dévoile encore un portrait d’antagoniste qui sort des normes établies.

Avec largeur et visibilité la petite course-poursuite d’Ellie sous la protection d’un Joel embusqué se révèle haletante. Tout comme son explosion qui mène à sa vague d’infectés.

BIG problem

Si ensuite la présence de nombreux CGI est nettement visible à l’écran, le résultat apparaît comme ultra concluant. Notamment pour la gestuelle folle de nos monstres endiablés et lorsque les mitrailleuses se mettent à canarder dans un chaos assourdissant.

Il y a évidemment ce moment court mais furieux où un terrible colosse fonce sur un Perry (Jeffrey Pierce) impuissant puis le décapite. Jusqu’à la vision d’une fillette transformée en claqueur (une image qui va résonner avec la peur de Sam en fin d’épisode), qui s’acharne alors sur Kathleen. Des démonstrations parfois succinctes, édulcorées (toujours), mais toutefois (très) réussies.

Une autre fin d’innocence qui claque

FEAR THE WALKING CORDYCEPS

Après le calme et la tempête, l’heure du trauma va régner sur cette fin d’épisode. Gouverner par une autre forme de peur parfaitement représenté par un grand frère en pleine incompréhension lorsqu’il hésite à abattre son petit frère infecté. En à peine 10 minutes, THE LAST OF US se doit d’adapter l’un de ses moments les plus difficiles avec les morts chocs d’Henry & Sam.

Un dénouement qui marque la rétine

Chose qu’elle fait avec mention. Bien, mais peut mieux faire. Si l’émotion n’atteint pas les sommets du jeu-vidéo, le récit à la bonne idée de faire interagir Ellie avec Sam sous une forme de naïveté suite à son immunité. La scène n’en est que plus réussie grâce à la surdité de son jeune acteur.

J’ai peur de finir seule

La peur d’Ellie révélé a Sam
Remède pour l’humanité : presque

Et outre tout ce qui va entourer les personnages d’Henry & Sam, c’est via la confidence d’Ellie sur sa propre peur que cette notion aura son importance. Car avec cette phrase toujours aussi fidèle c’est une autre facette de l’héroïne qui se dévoile a nous. Sous une couverture d’insolence extravertie. La suite sera donc cruciale.

Si le jeu se stopper sur le suicide choc d’Henry (avant de se poursuivre sur une ellipse de temps), la série y agrémente une scène supplémentaire face aux désillusions que subissent nos personnages. C’est suffisant pour accentuer la gravité et la dureté du monde dans lequel nos héros évoluent. Un monde où l’espoir se fait bien rare contrairement au désespoir. 

Désillusions

CONCLUSION

Les + :

  • La réussite de son écriture, qui parvient à laisser de la place à ses personnages et à son univers
  • Une distribution secondaire toujours épatante
  • Une grande scène d’action puissante et très bien exécuté
  • La douce cruauté qui règne dans l’univers de The Last of Us

Les – :

  • On aurait aimé en voir encore davantage
  • Une violence toujours trop en retrait

MA NOTE :

RÉALISATION : Jeremy Webb / SCÉNARIO : Craig Mazin

DURÉE : 59mn / SORTIE : 11 Février 2023 (France)

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