THE LAST OF US : épisode 3 – saison 1

Avec un nouveau record à la clé suite à la diffusion de son second épisode, THE LAST OF US renforce encore son récit. Carton absolu sur la plateforme HBOmax avec un renouvellement déjà en poche, la série s’émancipe aujourd’hui réellement avec un troisième épisode très riche. Il clôture également le premier tiers (déjà) de sa première saison.

Ainsi, avec ce nouvel épisode d’1h15 ont quitte l’introduction de son univers pour s’attarder pleinement sur ses personnages. Secondaire cette fois, en retravaillant un moment iconique du jeu en quelque chose d’intime. Il s’avère également bourré de références envers celui-ci. Encensé par la presse, cet épisode risque toutefois de déplaire aux amateurs d’actions en recherche de sensations fortes. 

ÉPISODE 3 : Long, Long Time

EN DEUX MOTS : Cette fois la réalisation à été confiée à Peter Hoar, metteur en scène émérite sur de nombreuses séries TV oubliables. Son choix a surtout du sens car il s’agit d’un metteur en scène homosexuel d’âge mûr. Un élément qui aura son importance. Et qu’importe, les diverses équipes techniques sont là pour maintenir une direction réaliste, renforcée par ses moyens conséquents. C’est pourquoi les décors et les maquillages contribuent à la réussite physique de la série jusqu’à présent.

La première et dernière partie d’épisode demeure fidèle, notamment sur la direction que prennent Joel (Pedro Pascal) et Ellie (Bella Ramsey) à l’écran. On retrouve un survivant aguerri et aigri, parfois mutique, face à une insolente gamine. Toutefois les choses évoluent au terme de l’épisode et débutent réellement vers un voyage initiatique et apocalyptique.

Trier sur le volet

Avant cela, la dynamique peu à peu attendrissante entre la marchandise et son protecteur s’affirme par quelques moments inédits. Et surtout qui conviennent mieux aux acteurs choisis pour incarner nos héros à l’écran. Au détour d’une scène face à un infecté coincé sur les décombres (avec une mention pour les superbes maquillages) et d’un début d’infection dans le chaos expliqué oralement. Nuances et écriture millimétré sont maîtres dans cette adaptation.

Fascination morbide

En écho à son titre, ce troisième épisode délivre encore une durée non négligeable avec ses 1h15. Durant lesquels 20 ans d’apocalypse vont être savamment brasser. Et outre les quinze premières et quinze dernières minutes qui s’attardent sur notre duo en tête d’affiche, le showrunner (et scénariste) Craig Mazin place ici son regard sur un autre duo. Iconique toujours.

ANATOMIE DE LA SURVIE

La série s’éloigne grandement de son matériau de base pour délivrer jusqu’à présent son meilleur épisode. De loin. La ville de Bill. Lieu et personnage phare du jeu. Pour se projeter sur différents chemins qu’auraient pris tel ou tel survivant en 20 ans de survie, THE LAST OF US dresse aujourd’hui le portrait sans concession d’un complotiste atypique.

Survivaliste de génie, fan d’armes, de pièges en tous genres, de sa maman et même de Linda Ronstadt. Remanier, l’intrigue présente tout d’abord Bill (sous les traits du fabuleux Nick Offerman) 7 jours après le début de l’infection. Dans sa petite bourgade déserte. Vaillamment interprété par le cinquantenaire barbu, son profil d’ermite ultra débrouillard colle à la perfection au personnage. Tout comme sa frigidité hétérosexuel dans l’histoire qui va suivre.

Dans un montage dense, le survivaliste s’organise et barricade ce lieu qui deviendra le sien. Même si les décors et les dangers semblent restreint, une fois encore le showrunner saisit toute la solidité de son univers apocalyptique. 2003, 2007, 2010, 2013 jusqu’à 2023, le récit délivre une anatomie de la survie qui va bifurquer sur un amour qui transcende les frontières.

Coucou, je suis au fond du trou…

En cours de route on fait ainsi la connaissance de Frank (Murray Bartlett, formidable dans The White Lotus), un autre survivant qui va bousculer les petites habitudes du solitaire Bill. J’attendais beaucoup des deux acteurs, et le résultat est loin d’être décevant. Cet autre cinquantenaire au physique plus athlétique est le contrepoids parfait face au profil plus revêche de Bill. D’autant que l’écriture autour de son personnage s’avère ici quasiment inédite.

AMOUR APOCALYPTIQUE 

C’est par ses petites touches de vie et de relation que THE LAST OF US éblouit aujourd’hui. Suggéré mais logique dans le jeu, la relation de Bill & Frank est ici transcendée et largement remanier. Elle apporte surtout une belle part d’émotion au récit tout en dressant un joli parallèle en fin d’épisode pour la quête de Joel.

Le récit de Bill & Frank débute sous des auspices logiques et efficaces face au caractère de chacun. Même si j’ai particulièrement apprécié le raffinement culinaire qui entoure Bill. La relation des deux hommes est d’une justesse folle à l’écran. Avec une alchimie qui fonctionne indéniablement. Non sans humour, ce semblant de normalité épate d’autant plus lors du déjeuner en extérieur au côté d’un Joel et d’une Tess (Anna Torv) rajeunie pour l’occasion.

Conseil d’un survivaliste à un autre

Là où la série fait mouche, c’est durant ses moments plus intimes. Comme la superbe scène des fraises qui capte parfaitement l’énergie propre à The Last of Us, empreint de poésie. Les notes douces du compositeur phare Gustavo Santaolalla renforce évidemment l’immersion.

Empreint de naturel

La dernière partie autour des deux hommes est d’autant plus réussie que complètement originale pour les fans. Après une attaque de nuit bien mise en scène l’intrigue bascule dix ans plus tard, non sans une triste ironie, pour ce qui sera la dernière journée des deux survivants. La nature de la mort, du deuil, de l’acceptation, pour un résultat parfaitement orchestré.

C’est ici que la série réussit parfaitement son émancipation, en parvenant à délivrer un récit intimiste, qui tire le meilleur de son univers.

THE JOURNEY

Quasiment un sans faute pour l’adaptation, même si elle semble encore distante de sa violence frontale. Toujours est-il qu’au terme de ce troisième épisode l’aventure de Joel & Ellie débute réellement. 

Le dernier quart d’heure de ce formidable épisode s’achève ainsi chez Bill & Frank, mais sous le regard de notre duo en tête d’affiche. Une petite ville vide de vie parcourue par l’insouciance d’Ellie et le regard triste de Joel. En restant pudique vis-à-vis des corps de Bill et son compagnon jusqu’à la découverte des divers peintures, le tout apporte une nostalgie précoce à la demeure des deux hommes.

Puis vient la lecture d’une lettre d’adieu pleine de sens et de parallèles, et qui dévoile à nouveau une ironie funeste. Cette fois pour Joel sur la protection d’un être cher. Cela pousse Joel à agir, qui tente de donner du sens à sa quête. Mais aussi un sens à la perte de tous ses proches.

Beat me

Le voyage commence alors. Dans une automobile qui fascine la jeune fille, qui la voit presque comme un vaisseau spatial. (Et qui s’est appropriée au passage le petit flingue reconnaissable de Frank). C’est encore une fois bourré de références et de subtilités.

L’insouciance et la découverte

Son dernier plan le prouve en rendant directement hommage à l’écran d’accueil du jeu vidéo. Avec une poésie similaire dans la force brut et intimiste de son adaptation. Il n’y a pas à dire, THE LAST OF US se solidifie et marque un tournant pour sa saga ici.


CONCLUSION

Les + :

  • Un récit qui ose se détacher de son intrigue centrale
  • Un nouveau duo formidablement interprété par Nick Offerman et Murray Bartlett
  • Une histoire d’amour qui fait mouche
  • Une belle part de sensibilité qui capte l’atmosphère propre à The Last of Us

Les – :

  • Une distance toujours net face à la violence de son univers

MA NOTE :

RÉALISATION : Peter Hoar / SCÉNARIO : Craig Mazin

DURÉE : 1h15mn / SORTIE : 30 Janvier 2023 (France)

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