EN DEUX MOTS : pour débuter un mois de juin qui s’annonce colossal en production TV d’envergure, c’est Disney + qui lance les hostilités avec le retour de l’une de ces deux licences phare : STAR WARS. Trop longtemps bouder par ses fans avec une dernière trilogie bancale, et malgré quelques succès publics (The Mandalorian) et critique (Andor) ou des séries d’animation convaincantes, la firme lance aujourd’hui l’ambitieuse THE ACOLYTE. Ou en soi, le premier véritable préquel de son univers galactique.
Alors que l’Ordre Jedi est à son apogée et que la prospérité règne dans la Haute République, plusieurs crimes mystérieux sont perpétrés. Un maître Jedi respecté va mener une enquête qui va l’opposer à une dangereuse guerrière issue de son passé. Au fur et à mesure que de nouveaux indices apparaissent, tous deux s’engagent sur un chemin obscur où des forces sinistres vont leur montrer que tout n’est pas toujours ce qu’il semble être…
AlloCiné
En se situant 100 ans avant l’âge connu des différentes trilogies, cette série a ainsi pour (lourde) ambition d’y faire apparaître une certaine naissance du mal tel que l’on connaît si bien : le côté obscur de la force. Ajouter à cela une large palette de personnage inconnu et le fonctionnement de la haute République, cette série Star Wars avait fort à faire pour convaincre.
Néanmoins, au-delà de ces nombreux défis, ce préquel demeure excitant pour ces mêmes aspects. Auquel s’ajoutent les destins épiques de figure inédite et une ambiance supposément plus calme qu’à l’accoutumé. Du moins c’est ce que laisse entendre son synopsis qui s’apparente presque à un récit policier. Après le renouvellement d’Andor, cette perspective s’avère exaltante.
Avant sa diffusion, sa showrunner – Leslye Headland (à la carrière oubliable et dirigée vers la comédie jusqu’à présent) – décrivait THE ACOLYTE comme une production plus mature. Et là où The Mandalorian s’inspirait du western, celle-ci s’oriente vers les arts martiaux. À l’arrivée, la série est loin d’être aussi sombre qu’on aurait pu le croire et cette première saison cumule les lacunes typiques de la firme. Néanmoins, est-ce que cela justifie les commentaires haineux d’une partie de sa fan-base à son égard ? Loin de là.
LE WOKISME vs. LA FAN-BASE. Résultat : rien de pertinent à la clé.
Disney à un problème. À l’heure où le streaming est légion, mais où le téléspectateur s’avère exigeant, la firme tente de réinventer son vaste univers de Science-fiction. Vieille de bientôt 50 ans, la galaxie imaginée par George Lucas est pourtant prêtée à la largeur d’esprit et à l’imagination. Malgré tout, le terme « wokisme » résonne inlassablement à nos oreilles tandis que les différentes productions échouent (en partie) à convaincre. THE ACOLYTE en est aujourd’hui l’exemple le plus cinglant.
Affublée d’un nombre conséquent de critiques haineuses à son égard (avec la note qui l’accompagne) la moyenne du show dégringole côté public. Cela ne l’a pas empêché de rencontrer un franc succès d’audience lors de son démarrage. Toujours est-il que dans ce bad-buzz constant, la série peine à convaincre au fil de sa diffusion. Et ce, pour différentes raisons. De mon point de vue, le melting-pot de son casting n’est absolument pas une entrave à la bonne réalisation du show. En revanche, ses choix narratifs et son montage le sont. Et ils sont nombreux.
En débutant sa diffusion par deux épisodes, la production fait un choix cohérent. Une bonne façon de se plonger dans cette nouvelle histoire composée de protagonistes inconnus du public. Et pourtant, la production aligne les erreurs. Malgré son style épuré, quelques beaux plans larges ou des combats chorégraphiés avec soin THE ACOLYTE multiplie les lacunes qu’on connaît aux productions du genre. Inutilement bavard, mal rythmé, avare en action ou assez mal dialogué pour ses caractéristiques les plus flagrantes.
Les mystères qui entourent les actes passés des personnages sont pourtant légion. Du moins, la série se construit sur cette dynamique (très policière) pour épaissir son intrigue. Malgré cela, le résultat demeure bien plus fade que ses ambitions bienvenues, et la série le prouve continuellement.
IL Y A BIEN LONGTEMPS… Dans une galaxie à la narration bien écrite.
Le meilleur exemple s’effectue très tôt dans la saison, dès son troisième épisode, qui s’attarde intégralement sur un événement tragique du passé des personnages. « Destiny« , l’épisode en question, à plusieurs lacunes dans son déroulement puisqu’il lève le voile, lui aussi, sur d’autres mystères. Dans un montage inconsistant, THE ACOLYTE subit de plein fouet la faible durée de ses épisodes, comprit entre 30 et 40 minutes.
De là, on se raccrochera (du moins, c’est mon cas) sur le charme d’une bonne partie de son casting. Amandla Stenberg d’abord, au charme incandescent dans un double rôle peu original, mais bien alimenté par l’attraction de la force. Face à elle, la star coréenne de Squid Game – Lee Jung-jae – revient à la télévision dans une partition plus sage et douce, mais tourmenté, qui lui va à ravir.
Enfin, pour compléter la liste des meilleures interprétations, j’ai particulièrement apprécié le naturel de la jeune britannique Dafne Keen. Déjà excellente dans les trois saisons de His Dark Materials. Puis ensuite, l’interprète qui se cache derrière le mystérieux Sith.
Le reste des personnages n’est pas sans intérêts, mais demeure soit mal caractérisés et/ou sous-exploités. Pour preuve, le retour de Carrie-Anne Moss dans une partition de maître Jedi maîtrisant les arts martiaux est exaltant. Hélas, cet écho à Matrix s’avère de courte durée et fatalement plus fade que prévu. C’est également le cas pour cette formidable idée d’un maître Jedi Wookiee exilé au fin fond de la forêt…
Et c’est précisément là-bas que THE ACOLYTE va livrer, à la fois, le pire et meilleur de sa courte saison.
De Game of Thrones à The Acolyte il n’y a qu’un pas ? Peut-être pas.
À mi-saison, par le biais de deux épisodes « Day/Night » d’à peine une demi-heure chacun, on assiste au premier affrontement significatif de la saison. Un moment bien tardif qui prouve l’incapacité du récit à construire une riche intrigue sur la durée, mais qui convainc largement dans sa démonstration d’action.
D’un côté, THE ACOLYTE dévoile les meilleurs combats au sabre laser depuis longtemps dans la saga. À la fois sombre et épique, la série à même la particularité de se montrer meurtrière envers son casting. Ce qui l’éloigne de certaines facilités, même si, encore une fois certains personnages manquent d’éclaircissements pour que leur perte soit un choc émotionnel. A dire vrai, selon le ressenti de chacun, cela peut même être grisant.
Et puis donc, d’un autre côté, elle dispose de lacunes béantes dans l’exécution de son intrigue. Le parcours des sœurs Mae/Osha en est l’exemple le plus flagrant dans son manque d’intensité. Et parfois de cohérence. Très vite, le récit retombe dans ses travers, à travers un découpage encore une fois navrant.
Sa fin de saison nous le prouve de façon hebdomadaire et notamment quand elle lève le voile sur les événements de Brandok. Arrivé à ce stade, les révélations manquent cruellement d’intensité pour convaincre. Elles laissent même la place à de nouveaux mystères qui ne seront pas élucidés. Alors certes, le suspense fait partie intégrante d’une saga, surtout de ce calibre, mais THE ACOLYTE a t’elle les épaules pour le porté ? Rien n’est moins sûr.
CONCLUSION
Pour preuve, la showrunner a annoncée que peu importe que le show obtienne une seconde saison, ou pas, son récit se suffit à lui-même. Sur ce point, je ne suis absolument pas d’accord, même si son final conclut en effet son arc narratif.
Mise à jour du 20 août : la série à finalement fini par être annulée. Ce qui est à la fois logique et décevant.
C’est donc un retour décevant pour la saga Star Wars. Malgré ses belles idées et quelques belles exécutions (de chouettes combats viennent même ponctuer les derniers épisodes) les défauts de la série viennent continuellement parasiter le plaisir de l’aventure.
Les + :
- Un potentiel d’univers assez exaltant et qui éloigne la série des précédentes productions Star Wars.
- Son postulat mystérieux combiné à une production qui s’inspire des films d’arts-martiaux pour une partie de ses combats.
- Quelques interprétations pleine de charmes, malgré leurs défauts. De la belle Amandla Stenberg dans son double rôle, le sage Lee Jung-jae ou la pétillante Dafne Keen.
- De magnifiques affrontements aux sabres lasers qui débouchent sur quelques rebondissements meurtriers, agréablement surprenants pour une production de cet acabit.
Les – :
- Une intrigue au montage et au rythme catastrophique. Avec de très faibles durées d’épisodes, la série semble incapable de construire une histoire sur la longueur.
- La faiblesse navrante de son scénario qui manque cruellement de densité et de noirceur.
- Une grande partie des personnages à peine exploité ou mis en lumière au cours de la saison.
- Des incohérences bêta, mais béantes.
- Son bad-buzz woke qui vient nourrir les défauts de sa production.
MA NOTE : 12.5/20
Les crédits
CRÉATRICE : Leslye Headland
AVEC : Amandla Stenberg, Lee Jung-jae, Dafne Keen, Charlie Barnett, Manny Jacinto, Jodie Turner-Smith, Rebecca Henderson,
Dean-Charles Chapman, Margarita Levieva, Joonas Suotamo, Lauren Brady, Leah Brady, et Carrie-Anne Moss (…)
ÉPISODES : 8 / Durée (moyenne) : 35mn / DIFFUSION : 2024 / CHAÎNE : Disney +