EN DEUX MOTS : Il y a déjà 3 ans, le phénomène coréen Squid Game s’imposait comme le carton surprise de l’année. D’autant plus avec ses plus 2 milliards d’heures visionnés, faisant d’elle le plus gros carton sur Netflix. Depuis, elle détient toujours le record de la plateforme. Initialement pensé comme une série limitée et malgré quelques pistes d’intrigues ouvertes au moment de sa conclusion, le défi fut de taille pour son créateur – Hwang Dong-hyuk -, qui a donc mis des années à écrire puis à diriger une suite.
Annonçant le grand retour du succès planétaire, un nouveau chapitre s’ouvre pour Gi-hun, qui a une idée en tête après avoir renoncé à partir pour les États-Unis.
Après l’hécatombe durant sa première saison, ce Squid Game 2 sonne réellement comme un nouveau chapitre avant sa prochaine (et dernière) saison déjà annoncée. De quoi apporter du sang neuf dans le jeu, même si sa tête d’affiche à la psychologie bien différente (Lee Jung-jae) demeure au cœur du récit, et que sa nouvelle intrigue lève à peine le voile sur les mystères qui subsistent. 3 ans d’attente pour seulement 7 épisodes paraissent donc un peu léger. Quand est-il de leurs impacts et de leurs efficacités ?
Quasiment identique à la salve précédente à vrai dire. Car indéniablement le plaisir subsiste. Dans une formule remaniée, entre redite et renouveau, cette saison 2 explore bien plus son contexte sociétal. Au dépens du fond de son univers cependant et de quelques incohérences. Un nouveau jeu de massacre exaltant qui surprend, conforte, puis contente autant qu’elle frustre. Un cocktail détonnant qui demeure dans la même lignée parfois exubérante de son aîné. Le K-Drama à son meilleur.
L’après Euros millions. (Ou Wons milliards).
Avec un univers ancré dorénavant dans l’inconscient collectif, le phénomène planétaire Squid Game avait toutefois fort à faire pour convaincre ces millions de téléspectateurs. Et clairement ici, et selon les dires de son créateur qui en a un ras le bol de sa série, cette suite existe dans un but avant tout lucratif. La monnaie quoi.
En adoptant un format de 7 épisodes à durée variable (allant de 45 mn à une bonne heure, avec des crédits de fin d’épisode dépassant les 5 mn) cette suite adopte le même rythme que sa première saison. En soi, un thriller aux designs enfantin couplés a de grands moments de carnage entrecoupés de dilemmes moraux sur les conséquences des choix effectués par les différents candidats.
O / X. Le prix de la moula.
Ainsi, après un jeu de téléréalité et un jeu vidéo (tous deux sur Netflix), et surtout avant un remake US en cours de développement (et piloté par David Fincher, rien que ça…), les enjeux de Squid Game 2 étaient conséquents. Dans une dynamique tout d’abord remanier, son scénariste/réalisateur installe l’après-saison 1 avec une certaine rigueur point et sur la durée. Ces deux premiers épisodes en démontrent toute la richesse, et les limites, dans un nouveau départ malin, même s’il s’essouffle dès le second épisode.
Sa reprise, quant à elle, est suffisamment réussie dans sa chasse à l’homme pour maintenir le suspense. Notamment quand la psychologie du recruteur (Gong Yoo, excellent) s’avère sans limites. Néanmoins, et malgré l’implication »inside » du Front Man durant cette saison, cette suite va se révéler bien avare en révélation. Le reste de celle-ci va ainsi nous replonger dans une nouvelle partie sanglante, fort en subtilité, mais va restreindre par la même occasion sa vision périphérique.
Si on exclut la trame secondaire de Jun-Ho (Wi Ha-Joon) l’ancien flic infiltré ou le parcours de la garde numéro 11 (Park Gyu-young), Squid Game 2 concentre son intrigue sur un seul tempo : son jeu. Puis ses conséquences sur les candidats.
The fatal Game. 2.0.
Ici, le contenu de cette deuxième saison en contentera certains autant qu’elle en frustrera d’autres. En effet, là où sa première saison s’avérait assez complète, sa suite tempère en raison de sa construction globale. En soit une (large) nouvelle intrigue divisée en deux saisons. De ce fait, son nombre de jeux mortels se retrouvent diviser de moitié aujourd’hui. De quoi retomber dans une dynamique familière, même si cette saison 2 met le doigt sur une nouvelle dimension du libre-arbitre face à l’appât du gain.
Dans tous les cas, Squid Game 2 conserve la ligne fantasque de son aîné, comme le démontrent son univers et les personnages (ou candidats) qui le composent. Une large palette de nouveaux seconds rôles caractérisés avec excès, mais qui remplissent leurs fonctions à merveille. D’autant que comparé à son aîné, cette nouvelle salve s’avère légèrement moins meurtrière et vise la continuité. L’effet fonctionne d’autant plus grâce à une ligne de suspense maintenue sur la longueur.
Cela s’explique par un nombre de jeux réduits, certes, mais très bien exécuté pour autant. Ainsi, après un premier jeu familier et qui fonctionne toujours autant pour lancer les hostilités, sa suite innove et revalorise les dynamiques d’équipe. D’entraide puis de trahison. J’ai particulièrement apprécié son jeu du carrousel d’une logique meurtrière édifiante.
Enfin, cette saison se complète d’un choix d’apparence démocratique aussi simple que malin. Le vote. Ou comment diviser pour mieux régner. Comme toujours, à travers son showrunner, Squid Game use de son sujet sociétal avec grandiloquence, mais non sans efficacité. Cerise sur le gâteau, l’implication de l’acteur coréen superstar Lee Byung-hun* dans son double rôle est un ressort narratif aussi commun que savamment efficace lui aussi.
*Un acteur qui est l'équivalent coréen de Brad Pitt, et dont je chérit la carrière depuis les formidables A Bittersweet Life et J'ai rencontré le Diable.
Conclusion
Dans sa finalité, c’est ce qui définit le mieux cette deuxième saison qui conjugue autant d’atouts que d’imperfection. Et non de vrais gros défauts. Après une si longue attente et une conclusion à venir pour 2025, son insurrection manque de force brute, mais jamais d’efficacité. Et c’est finalement largement suffisant pour un cadeau de Noël aussi vite consommé.
Les + :
- Une nouvelle intrigue qui prend le temps de poser ses enjeux et les conséquences d’une première saison complète. Notamment grâce à une chasse à l’homme urbaine assez cocasse pour sa reprise.
- Moins de jeux mortels, mais à l’efficacité et au suspense largement remanié.
- Un nouveau casting fantasque, mais varier et identifiable. Des plus attachants au plus détestables, l’écart est large.
- Le développement simple, mais d’une rare efficacité du libre-arbitre, des choix moraux, ou de l’appât du gain. Dans leurs conséquences les plus meurtrières.
- Par extension, son système de vote dans le jeu.
Les – :
- Une longue attente (en temps comme en qualité) qui s’avère un poil maigre en contenu. Et fatalement lucrative.
- Hormis son nouveau jeu de massacre exaltant, cette suite demeure bien avare en réponse comme en intérêt envers ses fastidieuses intrigues secondaires.
- Ces aspects de K-dramas grandiloquent et parfois too mutch. Notamment sur certains de ses caractères qui manquent de nuances.
- Quelques petites incohérences qui ternissent sa crédibilité.
- Certains actes de sa partie thriller (comme sa course-poursuite dans le second épisode ou l’insurrection) qui s’essoufflent dans leurs exécutions à l’écran.
MA NOTE : 14.5/20
Les crédits
CRÉATEUR : Hwang Dong-hyuk
AVEC : Lee Jung-jae, Wi Ha-Joon, Park Gyu-young, Yim Si-wan, Kang Ha-neul, Jo Yu-ri, Park Sung-hoon,
Lee Seo-hwan, Lee Jin-wook, Kang Ae-shim, Yang Dong-geun, Choi Seung-hyun, et Lee Byung-hun (…)
ÉPISODES : 7 / Durée moyenne : 52mn / DIFFUSION : 2024 / CHAÎNE : Netflix