INDUSTRY – saison 3

EN DEUX MOTS : après deux saisons et une absence quasi-parfaite de deux ans, la production british d’HBO : INDUSTRY pourrait avoir le vent en poupe pour son retour et sa troisième salve d’épisodes. En effet, bien qu’il soit imparfait depuis son commencement en 2020, ce teen-drama (qui n’en est plus un) dispose aujourd’hui de quelques cordes à son arc pour séduire un public plus large.

Pour la première fois calé au dimanche et non plus au lundi sur la plateforme, INDUSTRY jouit d’abord d’une concurrence moins rude sur le catalogue HBO. Elle passe ainsi entre la diffusion de la deuxième saison d’House of the Dragon et la nouvelle grosse production The Penguin prévue pour après la rentrée. De plus, elle débute précisément juste après les Jeux olympiques, déjà entièrement diffusés sur Max.

Alors que Pierpoint se tourne vers l’avenir en misant sur l’investissement éthique, Yasmin, Robert et Eric participent à l’introduction en bourse de Lumi, une start-up spécialisée dans les technologies renouvelables créée par Henry Muck, et se retrouvent ainsi aux premières loges des plus hautes sphères de la finance, des médias et du gouvernement. Depuis qu’elle a quitté Pierpoint, Harper cherche à retrouver le frisson incomparable que seul le monde de la finance peut lui procurer et se trouve une partenaire improbable en la personne de Petra Koenig, gestionnaire de portefeuille chez FutureDawn.

L’arrivée récente de la plateforme pourrait donc la faire plus amplement connaître en France. Tandis que certaines de ses têtes d’affiche jouissent aujourd’hui de plus de notoriété et que son casting s’enrichit idéalement.

Un embryon de Succession qui passe au vert…

Au centre de l’affiche, la belle Marisa Abela s’est illustrée sur grand écran dans la peau d’Amy Winehouse au printemps. Cette fois un brin plus en retrait, la charmante américaine Myha’la Herrold s’est également faite remarquée dans le film Netflix « Le monde d’après ». Quant a la belle gueule Harry Lawtey, il incarne le procureur Harvey Dent dans la suite du JOKER, a l’affiche le 2 octobre.

Enfin, si l’acteur David Jonsson (actuellement à l’affiche d’Alien : Romulus) n’est plus présent durant cette saison, le casting masculin est rejoint de façon récurrente par la star Kit Harington. Plus largement connu de l’écurie HBO pour son rôle emblématique de Jon Snow dans Game of Thrones. Le casting féminin s’enrichit de son côté de Sarah Goldberg (Barry) et la jeune et pulpeuse Miriam Petche. Deux nouveaux profils parfaitement illustrés à l’écran.

En plus d’une narration qui achevait sa précédente saison sur quelques aspects enthousiasmants, INDUSTRY a enfin les atouts pour s’imposer. Y parvient-elle ? Oui et très naturellement en dynamisant et en structurant son aventure avec plus de panache. Ainsi, malgré la rigueur de son univers financier, cette troisième saison rentre enfin dans la cours des grands.

Quoi qu’il en soit, cette nouvelle salve n’avait jamais été aussi excitante. Et ce, malgré ses défauts déjà existants, mais aujourd’hui lissés avec efficacité. En premier lieu, sa formule, dopée à l’adrénaline, mais limitée, comme l’a démontré sa seconde saison par le passé. Souvent comparer à deux mastodontes d’HBO, Succession pour son monde de la finance et ses profils détestables, et Euphoria pour sa dynamique de teen-drama sulfureux (entre autres), INDUSTRY n’a toujours fait qu’effleurer les deux séries en question. Elle n’a ni l’envergure de la première, ni la sensorialité de la seconde.

Greenwashing.

Toutefois, et comme beaucoup de production britannique avant elle, le show est traversé de formidables interprétations. Couplé à une narration réaliste et des profils aussi antipathique qu’attachant. Ses young adult gagne ici peu à peu en maturité, à l’instar d’une narration plus fluide. Ou du moins, leurs parcours sont traversés de moments charniers et parfois très bien pensés. (La débâcle médiatique de Yasmin, la résurrection d’Harper ou la nécrose psychologique pour Robert).

Cette troisième saison dynamise sa formule avec des épisodes plus concrets, solide et qui évitent le remplissage dans leurs déroulements plus structurés. À titre d’exemple, sa mi-saison n’hésite pas à laisser de côté ses figures centrales pour se concentrer sur le plus secondaire (et irritable) Rishi (Sagar Radia).

Son atout supplémentaire ? Son sarcasme. Envers le greenwashing aujourd’hui, empreint de réalisme et que l’on doit à ses deux showrunners Mickey Down & Konrad Kay. (Toujours très impliqués puisqu’ils signent l’écriture de (quasiment) tous les scripts). Aussi vaste que son monde de la finance, la compréhension de ses arcanes politiques et managériaux s’avèrent également mieux illustrés. Plus tentaculaire, malgré, encore, quelques zones d’ombres. Elles sont d’ailleurs explorées via l’intrigue central de Lumi, cette entreprise d’énergie dit clean et dirigé par l’effroyable Henry (Kit Harington).

L’ancien héros iconique brise un peu plus son image de gentil dans la peau de ce personnage désaxé. Probablement le meilleur guest du show jusqu’à présent. Dans la peau d’Eric Tao, aujourd’hui associé de la Pierpoint, l’acteur Ken Leung dévoile sa meilleure prestation jusqu’alors. Ce qui nous permet d’appréhender la richesse de sa crise au travail et lever le voile sur un protagoniste à la fois pathétique et d’une combativité admirable. Probablement le meilleur portrait nuancé de la série.

CONCLUSION

RISK. REWARD. REPEAT. Entre les trois mots qui galvanise son affiche promotionnelle, cette troisième saison semble prendre peu de risques, mais est finalement récompensés par cette répétition d’intrigues bien plus maîtrisés que par le passé. Une certaine audace qui paye après deux saisons plus confuses et moins soutenues.

La troisième aventure est-elle la bonne ? Assurément, compte tenu de cette structure bien plus solide. De plus, son final d1h10 est absolument exquis et marque réellement la fin d’une époque. Courant du mois, les deux showrunners ont confirmés qu’une saison 4 verra le jour. Dans l’état actuel, INDUSTRY s’affirme et se concrétise avant une suite que j’espère encore meilleure.


Les + :

  • Une formule dynamisée, bien structurée et variée, qui rend cette troisième saison entraînante et jamais ennuyeuse.
  • Un très beau casting bien exploité. Du jeune trio malmené dans ses relations, des profils secondaire peu encombrant, un nouveau guest croustillant jusqu’à l’intraitable profil au cœur de la fournaise.
  • Un ton sarcastique très réaliste et mieux éclairé que par le passé.
  • Une cohérence dans sa continuité et une rigueur que l’on doit à ses deux showrunners très impliqués. Dans l’écriture et même la réalisation cette fois.
  • Un final très, très solide et marque la fin d’une ère pour la série.

Les – :

  • Encore quelques zones de compréhension difficile à appréhender. Notamment pour apprécier pleinement les différents coups bas qui rythme le parcours des personnages.

MA NOTE : 16/20

Les crédits

CRÉATEURS : Mickey Down & Konrad Kay

AVEC : Marisa Abela & Myha’la Herrold, Harry Lawtey, Ken Leung, Sagar Radia, Sarah Goldberg, Irfan Shamji, Miriam Petche, Andrew Havill, et Kit Harington,

mais aussi : Faith Alabi, Georgina Rich, Eliot Salt, Fiona Button, Fady Elsayed, Trevor White, Adam Levy,

Indy Lewis, Conor MacNeill, Roger Barclay, Harry Hadden-Paton, avec Sarah Parish (…)

ÉPISODES : 8 / Durée (moyenne) : 58mn / DIFFUSION : 2024 / CHAÎNE : HBO

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *