GAME OF THRONES – saison 5

Le voyage continue vers des horizons brumeux et épique

AVIS & ANALYSE : Une page se tourne pour la cultissime saga de fantasy, qui, avec sa saison 5, débute son Acte II. Et s’éloigne, par la même occasion, réellement des romans qu’elle adapte à l’écran. Avec quelques intrigues liées, mais beaucoup qui diffèrent ou tout simplement qui n’existent pas dans la série, les showrunners ont décidé de s’appuyer sur sa brochette de personnages restants pour se diriger doucement vers son final. 

Un choix qui, naturellement, fait grincer les dents de ses détracteurs et plus fidèles lecteurs. (et qui en effet aurait pu apporter plus de détails sur certaines familles, tel que les Martell). Si cela évite une profusion d’intrigues pour la suite du show cela à le mérite d’aller à l’essentiel.

Toutefois, avec une première moitié de saison bien moins intense que les précédentes, GAME OF THRONES signe un démarrage contrasté.

Cette critique relativement détaillée demeure subjective, étant un fan du genre médiéval fantastique et de la saga dès la première heure. 
Toutefois, un certain recul (10 ans entre sa découverte en 2012 et la réécriture de ses lignes en 2022) m'ont permis d'en parler de façon beaucoup plus objective. 
Cela intervient après de nombreux visionnages des épisodes et d'une lecture des différents romans dont s'inspire la série.

ACTE II

Cette 5ème aventure renouvelle et dévoile ainsi de nombreuses intrigues autour de ses principaux (et tout aussi nombreux) personnages. Notamment dans trois grandes cités portuaires : Port-Réal, Meereen et Braavos. Si la Capitale de Westeros ne renouvelle que trop peu ses décors et la ville affranchie sur le continent d’Essos n’y ajoute que peu d’éléments, celle de Braavos apporte un regard frais sur son univers. (L’intrigue de cette dernière est tournée dans la vieille et historique ville Croate de Split).

Une intrigue plus secondaire et qui suivra le destin d’Arya Stark (Maisie Williams) en plein apprentissage de l’art des  »sans visage ». Un parcours intriguant pour une présence à l’écran raccourcie, mais qui dispose d’une lourde atmosphère fantastique. Un attrait qui définit la saga et qui se dévoile réellement aujourd’hui avec panache.

Quoi qu’il en soit, GAME OF THRONES s’articule autour des fascinants personnages de son univers. Cette suite s’inscrit presque comme un nouveau départ et n’accueille que des nouveaux personnages secondaires et/ou tertiaires pour alimenter les différentes intrigues. Et surtout ses différentes problématiques.

NOUVELLES MENACES, MAIS PAS EN L’AIR.

Le jeu à changer par exemple à la Capitale, suite à l’assassinat du puissant Tywin Lannister. Nos Lannister demeurent pour moi la famille la plus riche de la saga. Cette saison rend d’ailleurs honneur aux trois rejetons à la crinière dorée, et notamment l’implacable Cersei (Lena Headey, divine). Si autour d’elle le sens politique est amoindrie, hélas, le jeu de pouvoir et de manipulation demeure puissant à l’écran.

Par le biais d’une guerre de pouvoir d’influence envers un jeune Roi (Dean Charles Chapman) naïf, la Reine régente tente d’ébranler la famille Tyrell. Et notamment la nouvelle Reine, Margaery (Natalie Dormer, délicieuse). Ce jeu de couloir nous amènera à découvrir le Grand Moineau (Jonathan Pryce) leader humble, mais dangereux de la Foi militante, à qui Cersei donne les armes et le titre de Grand Septon. Une manœuvre qui ne manque pas de doigter dans son exécution, et bien plus dans sa résolution graphique.

Parallèlement, la série décortique et présente (trop sommairement) la famille Martell. Du Prince Doran (Alexander Siddig) aux trois filles d’Oberyn menées par son ancienne amante Ellaria Sand (Indira Varma). Le tout dans des lieux uniques et inédits. Néanmoins, et malgré la bonne idée que représente cette incartade dans le sud de Westeros, ce regard n’a pas la force impétueuse qui entourait l’attrait de vengeance de la vipère rouge de Dorne, en saison précédente.

C’est ce qu’on ressent dans la mission de sauvetage de la princesse Myrcella Lannister (Nell Tiger Free) dans les Jardins Aquatiques de Dorne (tournée dans le magnifique Alcazar de Séville en Espagne). Dans une finalité assez plate. On ne peut qu’apprécier en revanche le duo mené par l’oncle/père Jaime Lannister (Nikolaj Coster-Waldau, toujours parfait) accompagné du fameux mercenaire Bronn (Jerome Flynn, enfin remis sur le devant de la scène).

LOST, LES DISPARUS (AUX CONFINS DU MONDE).

Quoi qu’il en soit, avec de nouvelles intrigues, mais plusieurs personnages manquants (on pense à Bran Stark principalement) ou simplement morts, cette saison permet à quelques protagonistes secondaires de briller. Outre le mercenaire cité ci-dessus, c’est le cas du terriblement charismatique sauvageon Tormund (Kristofer Hivju). Notamment au côté de Jon (Kit Harington) dans une mission périlleuse en fin de saison.

Ou encore Davos (Liam Cunningham), modèle d’empathie et d’altruisme face à la folie de son Roi Stannis (Stephen Dillane) et des sacrifices que lui impose Mélisandre (Carice Van-Houten). Une folie qui atteint son paroxysme dans un avant-dernier épisode crève-cœur.

À noter que durant cette saison, l’interprète de Stannis, Stephen Dillane, délivre une prestation tout en nuances et en richesse pour son personnage antipathique. La plus belle et approfondie depuis la seconde saison. C’est d’autant plus triste d’apprendre que celui-ci n’avait jamais su s’attacher à son personnage et à son implication dans l’univers de la série. 

Avant L’ÉVÉNEMENT de cette saison à Durlieu, la Garde de Nuit sera par ailleurs mise à l’honneur grâce au parcours du valeureux « bâtard ». Élu Lord Commandant dès le second épisode, son personnage s’impose comme un héros complet à mesure que son histoire continue. L’acteur use de son charme pour composé un personnage qui manque de force politique, mais pas d’empathie et de charisme. Le dénouement de cette saison est ici tout réfléchi.

PAS D’INFIRME, MAIS DES BÂTARDS ET DES CHOSES BRISÉES.

Une autre intrigue se déroulant au Nord marquera les esprits cette saison. Après un début globalement peu éblouissant et qui structure les différentes problématiques, la 2ème partie de saison s’avère bien plus vive et incisive. L’an passé, le destin de la belle Sansa Stark (Sophie Turner) s’avérait déjà extrêmement riche. Pourtant, celle-ci va subir une énième manipulation de Baelish (Aiden Gillen) qui use de son statut d’héritière pour jouer sur plusieurs tableaux.

Son dessein ? L’obtention du Nord par tous les moyens. La belle rousse Stark est donc vendue aux Bolton, responsables du meurtre de sa mère et de son frère, afin d’être mariée au sadique et dérangé Ramsay (Iwan Rheon).

De retour dans son foyer, Winterfell – en reconstruction depuis sa mise à sac à la fin de la deuxième saison – son destin va faire couler beaucoup d’encre suite à la diffusion du 6ème   épisode  »Unbowed, Unbent, Unbroken  ». La devise des Martell qui fait sens ici. Notamment lorsque celle-ci, juste après les noces, sera sauvagement violée hors-champ, sous le regard meurtri de Schlingue/Theon (Alfie Allen) – devenu la créature de Ramsay.

Un tourment qui fera beaucoup parler de lui (jusqu’à une tirade en 8ème saison) mais qui forgera quoi qu’il arrive une passionnante Sansa par la suite. 

La sauvagerie des hommes ne s’arrête toutefois pas là lors dans cette moitié d’Acte II. Comme le prouve l’épisode suivant  »The Gift » qui s’achève sur l’emprisonnement par la Foi militante de Cersei – obnubilée par une prophétie de son enfance. (scène flashback inédite qui fait l’ouverture de cette saison). Dans un piège qu’elle a elle-même tendu à la Reine Margaery, pour l’extirper de l’emprise qu’elle a sur le gentil et jeune Roi Tommen. La honte qu’elle subira ensuite dans une longue scène du final aura raison d’une vengeance qu’on imagine (à raison) terrible. 

FANTASTIQUEMENT ENIVRANT

Les hommes ne sont pas la seule menace dans cette fin de saison toutefois. Après quasiment 5 saisons et très peu d’indices sur la réelle menace que représentent les Marcheurs Blancs – après un fascinant et mystérieux plan nous présentant le Night King en saison dernière – les choses changent comme jamais durant  »Hardome », le 8ème grandiose épisode. L’un des meilleurs de toute la saga.

Sous l’écriture de ses showrunners et la direction du méconnu, jusqu’alors, Miguel Sapochnik (qui signera quelques grands épisodes, dont les meilleurs) la dernière demi-heure subjugue par sa lente et idéale montée en tension. Jusqu’à l’attaque de l’armée des morts. On y découvre le Lord Commandant, fraîchement élu, Jon Snow en mission diplomatique à Durlieu, le dernier bastion sauvageon accessible par voie maritime. Pour les convaincre de traverser le Mur pour sauver leurs vies et ne pas nourrir l’armée du Night King.

Une décision un brin tardive, car pendant l’évacuation celle-ci attaque de façon fulgurante et époustouflante. Une démonstration de force, technique d’abord – composé de plusieurs plans mémoriaux et épique – sous son joug hivernal glacial et la folie dont font preuve les morts-vivants. Mais aussi fantastique par la spécificité du Night King à ressusciter les morts…

Avec très peu d’éléments, GAME OF THRONES prouve qu’elle parvient à livrer une mythologie puissante autour de ses légendes et croyances. Un GRAND moment d’aventure et d’action qui marque la rétine. Et de quoi faire de Jon une véritable icône d’action après sa survie in extremis face à un Marcheur qu’il pourfend grâce à l’acier Valyrien.

« ALORS ON DANSE »

Après cette montée de force inégalée avant la fin de saison suivante, le 9ème fatidique épisode – le moins marquant de la saga, mais la première vraie démonstration de force des Dragons à l’écran –  »The Dance of Dragons » sera décisif pour Daenerys Targaryen, en grand danger. Après avoir tenté de maintenir une paix houleuse à Meereen et divers compromis, la Khaleesi et son armée subissent les attaques des esclavagistes cachés sous les masques des Fils de la Harpie.

Des nobles qui attaqueront en nombre lors d’un grand tournoi auquel elle consent et qui regroupe ses plus proches conseillers dont… Le nain Tyrion Lannister (Peter Dinklage) après quelques cocasses péripéties… 

En effet, laissé en exil après ses meurtres à Port-Réal, on retrouve le nain (barbu) désabusé à son arrivée à Pentos. Heureusement convaincu par Varys (Conleth Hill) d’une cause juste, ils partent à la rencontre de la fameuse  »potentielle » Reine Targaryenne. Entre-temps, Tyrion finira otage à Volantis du tout aussi exilé Jorah Mormont (Iain Glen). Mis de côté par sa Reine suite à la divulgation de sa trahison des années auparavant.

Ensemble, ils affronteront des  »hommes de pierre » dans les ruines de la mythique Valyria – où il apercevra volé majestueusement l’immense Drogon – puis finira recapturé avec son geôlier par des Pirates.

– Lannister, Targaryen, Baratheon, Stark, Tyrell. Ce sont tous les rayons d’une roue. Celui-ci est en haut de la roue, puis celui-là est en haut. Et ça tourne encore et encore, écrasant ceux qui sont en bas.

– C’est un bon rêve de vouloir arrêter la roue. Vous êtes la première personne qui en rêve.

– Je vais arrêter la roue. Je vais briser la roue.

Daenerys Targaryen à Tyrion Lannister

Toujours aussi cocasse, ce bout d’homme finira, dans un concours de circonstances, par rencontrer la mythique et intransigeante mère des Dragons. Qui lui accordera une chance pour ses conseils avisés.

De là, et après cette série d’aventures bien plaisantes, tout ce petit monde finira acculé par ces terroristes aux masques d’or dans une grande scène à ciel ouvert. Débordés, les protagonistes vouent leur salut au majestueux Drogon qui parvient à calciner (et dévorer) quelques Fils de la Harpie et à sauver la Khaleesi. Une envolée dont la magie opère instantanément. 

TEARS FOR FEARS

La saison 5 s’achève sur un épisode rempli de tristesse.  »Mother’s Mercy », qui verra en particulier l’ultime d’échéance de Stannis Baratheon, défait face aux armées Bolton. Et ce, malgré l’ignoble sacrifice par le feu de sa douce fille Shireen, dans l’épisode précédent. Celui-ci périra (hors-champ, un fait très rare dans la saga) par l’épée de Brienne (Gwendoline Christie). La loyale guerrière, postée près des remparts dans l’attente de son sauvetage de Sansa Stark, parviendra alors à obtenir sa vengeance, après tout ce temps.

L’héritière Stark parvient pourtant à s’échapper, avec Theon, de ses oppresseurs. La terrible chute de Myranda m’a particulièrement réjoui dans sa mise en scène. Une mort parmi tant d’autres, comme celle de la princesse Myrcella qui, dans les bras de son père et le biais d’une scène qui m’a réellement émue, finit finalement empoisonnée par Ellaria Sand.

La miséricorde de la mère n’atteint pas les Lannister. Comme le prouve le destin de Cersei, qui, après avoir été humiliée et enfermée, subira la honte ultime dans une marche d’expiation de ses pêcher. Nue et souillée, face à la populace. Même pour un personnage aussi antipathique, son sort ne laisse pas de marbre.

Il y a également le châtiment de cécité que subit Arya après sa terrible vengeance envers le garde royal sadique Meryn Trant – un autre exemple de cruauté humaine effrayant. Mais c’est bel et bien dans les derniers instants que GAME OF THRONES nous bouleverse le plus.

« Tu ne sais rien Jon Snow. »

Ygritte en saisons précédentes et Mélisandre durant la saison

Endeuillé, contesté, le Lord Commandant est finalement frappé de Mutinerie (même par le jeune Olly qu’il a pris sous son aile) pour avoir sauvé une partie du peuple sauvageon. Une décision qui se soldera par de violents coups de poignard qui auront raison de lui, finissant seul, agonisant dans la neige sous une caméra en gros plan. Clap de fin…

CONCLUSION

Un événement terrible qui sous les premiers instants nous bouleverse pour quiconque (moi) s’épanche du sort du héros tout récemment iconisé. Pas la fin définitive de ce héros tant aimé, heureusement, mais le début de la fin assurément pour un Acte II qui joue la carte de l’inédit et du blockbuster de genre.

Si avec cette saison, David Benioff & D.B. Weiss ne convainquent pas totalement, force est de constater que oui, la magie opère et nous passionne malgré tout. Dans la maîtrise et le développement d’un univers fantastique encore jamais vu à la télévision. 


Les + :

  • Une dimension épique puis fantastique grandissante. Renforcé par son budget par épisode plus confortable, c’est certain.
  • De nouvelles intrigues, lieux, et problématiques.
  • De nouvelles aventures et de nouvelles associations de personnages croustillantes. De Jaime & Bronn dans le Sud, à Jon & Tormund dans le Nord, jusqu’à Tyrion & Jorah à l’Est.
  • Une scène de bataille – fantastique – haletante et glaciale. En plus de son intensité, cette longue scène contribue à renforcer sa mythologie fantastique avec soin.
  • La première grande démonstration de force d’un Dragon à l’écran (enfin).
  • Un épisode final percutant et amer. Notamment dans un dernier plan, qui, à titre personnel, est l’un des plus traumatisants de la saga.

Les – :

  • Moins de politique, un peu moins de justesse dans ses rebondissements, et quelques personnages trop vite survolés. (Tel que les Martell, dynastie du Sud pourtant très riche).
  • Un rythme et une force revus à la baisse, sur sa première moitié de saison.
  • Une nouvelle dynamique qui exclue quelques personnages et dispose d’errances scénaristiques. Notamment vu la richesse politique (non exploités) de certains personnages des romans inexistants à l’écran aujourd’hui.

MA NOTE : 17/20

Les crédits

CRÉATEUR(s): D.B. Weiss & David Benioff

AVEC : Peter Dinklage _ Kit Harington, Emilia Clarke, Lena Headey, Sophie Turner, Maisie Williams _ et Nikolaj Coster-Waldau,

avec Iain Glen, Aidan Gillen, John Bradley, Liam Cunningham _ Gwendoline Christie, Natalie Dormer _ Alfie Allen _ Conleth Hill,

Carice Van-Houten _ Stephen Dillane, Iwan Rheon _ Kristofer Hivju _ Hannah Murray, Jerome Flynn _ Michael McElhatton,

Jonathan Pryce _ Nathalie Emmanuel, Indira Varma _ Dean Charles Chapman _ Tom Wlaschiha, Michiel Huisman,

mais aussi : Diana Rigg _ Jacob Anderson, Ian McElhinney, Mark Gatiss, Julian Glover, Faye Marsay, Ciarán Hinds, Anton Lesser, Alexander Siddig, Deobia Oparei (…)

 ÉPISODES : 10  / Durée : 55mn / ANNÉE DE DIFFUSION : 2015

GENRE : Drame, Aventure, Fantastique / CHAÎNE : HBO

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