GAME OF THRONES – saison 3

Game of Thrones - L'envolée fantastique
L’envolée fantastique

AVIS & ANALYSE : Après deux premières saisons introductives, la saga GAME OF THRONES n’a pas fini de passionner et cette saison 3 risque de faire basculer chaque spectateur dans une forme d’addiction corrosive. La précédente s’achevait sur un cliffhanger de taille – la rencontre de l’escouade de la Garde de Nuit avec l’armée des morts, au-delà du Mur.

Ce qui s’avère être un moment exaltant dans le roman est retranscrit succinctement hors-champ dès les premiers instants de cette 3ème saison. Une facilité technique compréhensible qui n’efface pas cette déception mêlée à la frustration qu’on peut ressentir dès lors.

Game of Thrones - Confrontation avec les marcheurs blancs


Toutefois, après cette introduction et les retrouvailles avec un générique évolutif, toujours aussi passionnant, la série subjugue par le développement concret de son univers. Notamment technique. On retrouve certains lieux, mais sous de nouveaux angles, tandis que les nouveaux décors extérieurs demeurent aussi variés que crédibles. 

Cette critique relativement détaillée demeure subjective, étant un fan du genre médiéval fantastique et de la saga dès la première heure. 
Toutefois, un certain recul (10 ans entre sa découverte en 2012 et la réécriture de ses lignes en 2022) m'ont permis d'en parler de façon beaucoup plus objective. 
Cela intervient après de nombreux visionnages des épisodes et d'une lecture des différents romans dont s'inspire la série.

LE GOÛT DE L’AVENTURE.

À chaque saison ses héros. De ce fait, si les destins plus en retraits, mais tout aussi cruciaux pour Jon (Kit Harington) en infiltration chez les sauvageons ou encore Bran (Isaac Hempstead-Wright), en marche vers son mystérieux destin, passionnent beaucoup moins aujourd’hui, d’autres compensent. L’aventure du loyal bâtard à toutefois de beaux attraits. Notamment par sa romance impossible avec la sauvageonne Ygrid (Rose Leslie), ou la rencontre avec l’impétueux Tormund (Kristofer Hivju, et son charme norvégien délicieux).

Avec un contexte moins appuyé autour de la Guerre des Cinq Rois, cette saison se redirige vers des aventures plus solitaires et/ou globales telles que les intrigues politiques à Port-Réal.

LA LIBÉRATION DE CERTAINES ENTRAVES.

A contrario, le sort de Daenerys (Emilia Clarke), maîtresse de son destin de l’autre côté du Détroit, prend une tournure cruciale. Une saison qui sera particulièrement riche envers la mère des Dragons, la Khaleesi, l’imbrûlée et future briseuse de chaîne, qui après avoir subi de nombreuses épreuves, inverse la tendance et se construit une armée en libérant les cités esclavagistes d’Astapor puis de Yunkai.

Par la même occasion, elle se fera de nouveaux alliés. De l’ancien garde Royal et légende Barristan Selmy (Ian McElhinney), une esclave affranchie (Nathalie Emmanuel), jusqu’à un charismatique mercenaire (Ed Skrein) qui lui voue allégeance. Ça sera aussi l’occasion pour le récit d’étoffer toujours un peu plus le continent d’Essos de ses us et coutumes plus barbares. Via son intransigeance et le culte que lui voue les esclaves, la Mère des Dragons se forge petit à petit un mental de Conquérant ambiguë. Une ambiguïté toutefois à peine perceptible pour le public.

DESTINS & PERCEPTIONS, TOUT EN NUANCES.

Car il y a un certain nombre de nuances autour de ce personnage tant aimé du public qui s’affranchit de ses entraves passées. Des nuances logiques chez les Targaryen quand on connaît les règnes houleux développés dans les Origines. Et qui rappelle également la belle ambiguïté dont sait faire preuve l’auteur autour de ses nombreux personnages. 

Game of Thrones - les têtes d'affiche de la série
(de gauche à droite)
Cersei Lannister, Daenerys Targaryen, Sandor Clegane, Tyrion Lannister, Sansa Stark, Arya Stark, Jon Snow, Jaime Lannister

Le parfait exemple de nuances, cette saison, se fait avec Jaime Lannister (Nikolaj Coster-Waldau). Peu présent en saison dernière, mais dont le destin sera passionnant cette fois. Après sa longue captivité, l’irrévérencieux Chevalier va connaître un parcours houleux avec sa geôlière, la loyale Brienne de Torth (Gwendoline Christie). À eux deux, ils forment un duo savoureux et surprenant tant, leur sens du devoir peut s’avérer opposés.

« Toute ma vie, des hommes comme toi se sont moqués de moi, et toute ma vie, j’ai fait mordre la poussière à des hommes comme toi. »

Brienne de Torth

C’est à partir du 3ème épisode  »Walk of Punishment » et de la choquante ablation de la main droite (main d’arme) de Jaime, que les choses vont se nuancer et notamment lors d’une émouvante scène du 5ème épisode  »Kissed by Fires » où l’on apprend les vraies raisons de son régicide. Il y a presque 20 ans. Une richesse de scénario parfaitement ponctuée au cours de cette saison qui alterne habilement scènes chorales et scènes intimes. 

Autre association tardive, mais savoureuse, le duo formé par l’intrépide Arya Stark (Maisie Williams) et le Limier (Rory McCann). Ici aussi, l’intrigue, quasiment encore écrite en intégralité par les showrunners, va révéler de jolies nuances. D’apparat sauvage et sans cœur, Sandor Clegane recèle pourtant d’une richesse de caractère prometteuse. Surtout auprès de la jeune tueuse. On pouvait l’apercevoir en saison passée, elle se manifeste bien plus aujourd’hui. (et encore plus demain).

MARIAGE(S) DE CONNIVENCE.

Parallèlement à ses destins mouvants, et comme dans les deux saisons précédentes, le sens politique qui fait rage dans la capitale demeure étourdissant de virtuosité. Bien plus encore avec l’arrivée de la Main du Roi : Tywin Lannister (Charles Dance, monolithe de rigueur et de charisme). Celui-ci donne notamment la réplique à son fils Tyrion (Peter Dinklage), notre valeureux balafré malmené. Évidemment, le résultat s’avère aussi acide que sans pitié.

« Tu es une petite créature malveillante, fourbe, lubrique et pleine d’envie. La loi des hommes t’autorise à porter mon nom et mes couleurs, puisque je ne peux pas prouver que tu n’es pas de moi. » 

Tywin Lannister à Tyrion Lannister

En plus de la nouvelle tâche que lui incombe le départ de Littlefinger (Aidan Gillen) – comme Grand Argentier – celui-ci sera marié de force à la meurtrie Sansa Stark (Sophie Turner).

Un mot par ailleurs sur les maîtres chuchoteurs et comploteurs réunit pour la dernière fois face-à-face. Si le premier quitte l’intrigue dans le 6ème épisode « The Climb », après un monologue percutant, le second va révéler, lui aussi, de belles surprises. Après la malice, le profil de Varys (Conleth Hill) s’éclaircit agréablement et positivement. Notamment dans une scène marquante où il revient sur son passé douloureux.

L’arrivé du patriarche Lannister va ainsi marquer un tournant à Port-Réal. Face à sa coriace fille (digne héritière de caractère de son père) Cersei (Lena Headey), le père ne plie pas et se montre également impartial. Le plus savoureux demeure ce conseil restreint qui tente de contenir l’impulsif Roi Joffrey (Jack Gleeson).

« Tout homme qui doit dire « Je suis le Roi » n’est pas un vrai Roi. »

Tywin Lannister à Joffrey

Si les Lannister demeurent la famille qui recèle le plus de richesse dans cette saga, le récit développe cette fois celle des Tyrell avec ingéniosité. Et principalement grâce à l’arrivée de la magistrale Olenna (Diana Rigg) à Port-Réal. Si son personnage s’impose automatiquement comme l’un des plus délectables du show tout entier, sa complémentarité avec sa petite fille, la piquante Margaery (Natalie Dormer) est parfaite. La future Reine s’annonce comme une ennemie aussi charmante que vénéneuse dans le jeu des Trônes. 

« On m’avait dit que vous étiez un alcoolique impertinent et complètement débauché. Imaginez mon désarroi de me retrouver face à un comptable intimidé. »

Olenna Tyrell à Tyrion Lannister

LA GUERRE NE SE GAGNE PAS TOUJOURS À L’ÉPÉE, MAIS AUSSI PAR LA PLUME.

Par ses petits ajouts complémentaires – technique et narratif – cette 3ème saison de GAME OF THRONES, deuxième moitié de l’Acte I de la saga, s’avère rythmée avec plus d’intensité qu’en saison 2. Et ce, malgré son manque de scènes de batailles.

La tournure de la Guerre des Cinq Rois prend une nouvelle direction aujourd’hui, bien plus dramatique avec les noces pourpres lors du 9ème épisode  »The Rains of Castamere ». L’un des trois épisodes les mieux notés de la saga (9.9/10 sur IMDb). Les événements tournent alors au drame lors du mariage arrangé Tully-Frey. (Deux familles au centre de cette saison). Les vils Walder Frey (David Bradley), dit le tardif, et l’insondable Roose Bolton (Michael McElhatton) trahissent le Roi du Nord (Richard Madden) en assassinant toute sa garnison lors du banquet.

Un évènement aussi choquant que sanglant où sa femme enceinte (Oona Chaplin) est sauvagement poignardé à l’abdomen. Lui-même, criblé de carreaux d’arbalètes, est poignardé au cœur au moment où son ancien général lui souffle à l’oreille « Les Lannister vous saluent ». Puis sa mère, Catelyn Stark (Michelle Fairley), désespérée et impuissante est engorgée jusqu’à l’os.

Une mère Louve, qui, après moins d’intérêt autour de son personnage, dispose par ailleurs d’une scène assez poignante en début de saison. Où elle fait mention du délaissé Jon Snow. Et de l’amour qu’elle n’a jamais pu lui porter.

Quoi qu’il en soit, les showrunners ont le sens et la maîtrise de la dramaturgie à l’écran. Comme rarement à la télévision. L’assassinat d’un jeune héros qui a gagné toutes les batailles, mais qui a perdu la guerre. Il prouve ainsi que celle-ci ne se gagne pas toujours à coup d’épée, mais également à coup de plume. Une nouvelle injustice vivifiante pour nos sens qui rappelle forcément l’injuste décapitation de Ned Stark. 

« Explique-moi donc en quoi il est plus noble de tuer dix mille hommes au combat qu’une douzaine à table. »

Tywin Lannister
Game of Thrones - vin empoisonné

IL Y A COMME UN FROID (FANTASTIQUE).

Une violence crue qui bouscule à raison le spectateur et qui a l’intelligence de ne peut pas se caractériser uniquement dans les personnages, mais surtout dans les motivations de ceux-là. Très peu de profils demeurent foncièrement mauvais, si ce n’est l’infâme Roi Joffrey aux lubies de plus en plus incontrôlables. Il y a bien le nouveau venu : le sadique bâtard de Roose Bolton, Ramsay (Iwan Rheon) qu’on découvre cette saison. Celui-ci, expressif et effrayant au possible, fera subir les pires sévices physiques (dont l’ablation de son sexe) et mental à son prisonnier Theon Greyjoy (Alfie Allen). Après sa conquête avortée de Winterfell en saison dernière. 

Si comme sa 2ème saison, cette 3ème aventure passionnante n’atteint pas le niveau de la 1ère, la 4ème s’en chargera. Et l’égalera. En attendant, la saison 3 s’étoffe par son nombre d’intrigues principales ET secondaires.

Parallèlement à d’autres événements salvateurs, sur une bonne moitié d’épisodes, les destins de Davos (Liam Cunningham) à Peyredragon, d’Arya avec la fraternité sans bannières, ou encore le frêle Samwell Tarly (John Bradley) par-delà le Mur, prouvent qu’avec une présence à l’écran parfois restreinte, l’intrigue sait se montrer aussi riche que concise dans son déroulement. Et primordial pour enrichir son univers. La rumination aigrie de Stannis Barathéon (Stephen Dillane), manipulé, le prouve en fin de saison.

Game of Thrones - All men must die

Une intrigue qui enrichit doucement, mais sûrement, son genre fantastique grâce à quelques incartades. Si certaines manque de force (les zoomans), d’autres s’avère nuancé (le maître de la lumière). Enfin, le verre-dragon permettant de détruire un « Autre » demeure un élément crucial, bien que trop restreint dans sa démonstration.

CONCLUSION

C’est à l’image du monde imaginé par George R.R. Martin, scénariste de l’épisode 7  »The Bear and the Maiden Fair », qui fait l’ablation de certains détails pour mieux nous surprendre ensuite. D’autant que cette troisième saison se révèle presque aussi riche que la première. Et s’en rapproche à bien des égards. Dans son rythme et son intransigeance, assurément. L’épopée continue, et nous avec.


Les + :

  • Des nuances subtiles et réalistes autour des nombreux et merveilleux personnages. Qu’ils soient centraux comme plus secondaires.
  • Un univers qui continue de s’étoffer, comme le prouve l’éclairage de certaines familles (Tyrell, Tully ou Frey). Et qui plus est techniquement.
  • Une force politique, toujours ravageuse et qui se glisse parfaitement dans son large récit d’aventures.
  • Des touches fantastiques encore faibles, mais suffisamment variés pour contenter.
  • Un rappel électrisant de l’exécution de Ned Stark, et de l’injustice qui l’accompagne, avec les terribles noces pourpres.

Les – :

  • L’absence d’une bataille épique et fantastique. Qu’elle ouvre, ou qu’elle conclue la saison.
  • Quelques intrigues secondaires qui s’étirent avant leurs conclusions en saison prochaine. Et quelques personnages qu’on aimerait voir davantage.

MA NOTE : 18/20

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Les crédits

CRÉATEUR(s) : D.B. Weiss & David Benioff

AVEC : Peter Dinklage _ Kit Harington, Emilia Clarke, Lena Headey, Sophie Turner, Maisie Williams _ et Nikolaj Coster-Waldau,

Michelle Fairley _ Aidan Gillen _ Iain Glen, Charles Dance, Jack Gleeson, Conleth Hill, Richard Madden _ Liam Cunningham,

Alfie Allen _ Rory McCann _ John Bradley, Stephen Dillane _ Carice Van-Houten, Natalie Dormer _ Isaac Hempstead-Wright,

Jerome Flynn _ Sibel Kekilli _ Rose Leslie, Gwendoline Christie _ James Cosmo, Oona Chaplin _ Kristofer Hivju _ Joe Dempsie,

mais aussi : Diana Rigg _ Hannah Murray, Tobias Menzies _ Nathalie Emmanuel, Richard Dormer _ Michael McElhatton _ Paul Kaye _ Thomas Brodie-Sangster,

Ian McElhinney, Iwan Rheon, Julian Glover, Clive Russell, Noah Taylor, Natalia Tena, Ciaran Hinds _ Jacob Anderson (…)

ÉPISODES : 10  / Durée (moyenne) : 55 min /DIFFUSION : 2013

GENRE : Drame, Aventure, Fantastique / CHAÎNE : HBO

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