GAME OF THRONES – saison 2

Game of Thrones - Guerre et politique
GUERRE & POLITIQUE

AVIS & ANALYSE : Suite d’une première saison aussi dense que fidèle aux romans qu’elle adapte à l’écran, la saga de fantasy dorénavant culte GAME OF THRONES se poursuit sur HBO au tout début du printemps 2012 avec cette saison 2.

Si celle-ci manque d’éléments forts pour marquer comme la précédente (et les suivantes) elle demeure un prolongement cohérent et audacieux de son univers. De plus, une saison de cœur pour moi, ayant découvert la série au cours de diffusion de celle-ci.

Cette critique relativement détaillée demeure subjective, étant un fan du genre médiéval fantastique et de la saga dès la première heure. 
Toutefois, un certain recul (10 ans entre sa découverte en 2012 et la réécriture de ses lignes en 2022) m'ont permis d'en parler de façon beaucoup plus objective. 
Cela intervient après de nombreux visionnages des épisodes et d'une lecture des différents romans dont s'inspire la série.

Après les événements tragiques et meurtriers de fin de saison dernière, la guerre est déclarée et celle-ci demeure au cœur de l’intrigue de cette suite. Communément appelé la Guerre des Cinq Rois. C’est ici l’occasion de découvrir de nombreux nouveaux personnages et lieux au cours de cette nouvelle saison de 10 épisodes toujours. (relativement plus court – 52/55mn par épisode).

Game of Thrones - War is comming

UNE GUERRE HORS-CHAMP, MAIS PUISSANTE.

Une guerre fomentée dans l’ombre par le vil et passionnant Littlefinger (Aidan Gillen), qui continue ses manœuvres sournoises à la perfection. Son personnage aux desseins parfois mystérieux demeure l’un des plus passionnants de la distribution. Or, la guerre est initiée sur le terrain par le Jeune Loup/Roi du Nord – Robb Stark (Richard Madden). Notamment suite à la capture puis la décapitation de son père en fin de saison dernière.

Le jeune britannique use de tout son charme et son calme dans un rôle plus politique que guerrier durant cette saison. Pour lui donner la réplique, outre ses généraux de guerre, l’intrigue emploie modérément sa mère Catelyn Stark (Michelle Fairley) et fait la lumière sur une charmante infirmière étrangère (Oona Chaplin, pleine de charme) à laquelle il s’éprend. Ce qui aboutis à une romance qui fait mouche dans tous les cas.

Le principal opposant à cette guerre demeure le sadique Roi Joffrey (Jack Gleeson) dont les armées Lannister sont dirigées sur le terrain par son charismatique et réfléchi grand-père Tywin (Charles Dance, impérial), tandis qu’il se terre à la capitale. Port-Réal, de son château, ses remparts, à ses rues ensoleillées demeure la cour de récréation du vil et dérangé adolescent qui affame la populace et démontre encore son tempérament cruel durant cette saison riche.

Game of Thrones - The north remember

LES OPPOSANTS. REBELLES ET CONVOITISES DU TRÔNE.

Parallèlement, les deux frères Barathéon (famille plus développée cette saison) s’avèrent de sérieux opposants/prétendants à la Couronne. On y découvre tout d’abord le froid, et commandant aguerri, Stannis (Stephen Dillane) à Peyredragon. Si le personnage s’avère fatalement antipathique, notamment avec l’utilisation de la magie noire, il dispose de certains traits de caractère assez nuancé. Entre logique et loyauté. Notamment auprès de son humble mais avisé conseiller, l’ancien contrebandier Davos (Liam Cunningham, parfait).

Le second frère est le jeune et attirant Renly (Gethin Anthony), déjà découvert en saison passée. Celui-ci marque un opposition de caractère nette avec Stannis. Pour un dénouement rapide et forcément meurtrier dans l’univers de la série.

Ainsi, dès la mi-saison, la découverte de son camp, et de ses alliés les Tyrell, le sympathique prétendant est fauché. Durant trois épisodes, c’est au moins l’occasion d’y découvrir deux personnages féminins forts : la belle et ambitieuse Margaery (Natalie Dormer, délectable) et la guerrière loyale Brienne (Gwendoline Christie, imposante).

Enfin, les endurcis Greyjoy profitent du chaos pour s’emparer du Nord. Ce qui va dévoiler la trahison de Theon Greyjoy (Alfie Allen), pupille des Stark, privilégiant les liens du sang à sa loyauté envers ses ravisseurs au grand cœur. Encore un personnage peu sympathique aux premiers abords, bien qu’ils révèlent quelques belles nuances dans son cheminement. Son intrigue dévoile quelques très bons moments durant cette saison. (notamment avec la pendaison des deux jeunes fermiers ou la décapitation bouchère de Rodrik).

PETIT HOMME, GRANDE OMBRE. ET MANŒUVRES POLITIQUES.

Une guerre aussi étendue que large et qui englobe une grande partie des personnages donc. Mais la guerre demeure plus politique que guerrière dans GAME OF THRONES, et l’un de ses principaux artisans (et le plus délectable d’entre eux) s’avère être l’ingénieux Tyrion Lannister (Peter Dinklage), qui arrive pour mater son neveu à la capitale en tant que Main du Roi suppléante.

« C’est difficile de mettre une laisse à un chien une fois qu’on lui a posé une couronne sur la tête. »

Tyrion Lannister

Peter Dinklage compose en tout temps, avec perfection, un habile homme politique comme il se découvre l’être. Déjà mis à l’honneur en saison dernière, celui-ci (qui est recrédité en premier lieu au générique) dispose à n’en pas douter de la meilleure partition verbale (et physique) lors de cette saison 2. Une aubaine pour le plus riche personnage de la saga.

Hormis une aisance de parole croustillante et quelques échanges mémorable (notamment face à l’infâme Joffrey et à sa dangereuse sœur Cersei (Lena Headey), la Reine régente), son utilisation dans ce nid de vipères démontre la grande force politique qui illustre la saga. C’est également la grande force de cette nouvelle salve d’épisodes. À chaque épisode sa petite victoire d’éloquence, comme ce jeu de manipulation pour le mariage de sa nièce.

Additionné à la discrétion habile du maître chuchoteur Varys (Conleth Hill) et l’irrévérence de Bronn (Jerome Flynn) l’association s’avère parfaite.

« Le pouvoir réside là où on se l’imagine. Même un petit homme peut projeter une grande ombre. »

Lord Varys

PROLONGATION ET RESTRICTION

Les principaux scénaristes D.B. Weiss & David Benioff n’oublient pas d’alimenter les nombreuses intrigues et destins parallèles de son vaste univers. Avec notamment les toujours très attachants Stark, comme celui de Bran (Isaac Hempstead-Wright) à Winterfell.

Le destin de la courageuse Arya (Maisie Williams) déguisée en garçon demeure encore plus passionnant dans ses rencontres et durant sa captivité. Comme le prouvent ses échanges face à Tywin Lannister dans la lugubre cité d’Harrenhal. Ou avec le mystérieux Jaqen H’ghar (Tom Wlaschiha), assassin venu de Braavos.

Autre lieu mémorable, bien qu’à ciel ouvert (tourné en Islande), sont les contrées sauvages au Nord. Territoire des sauvageons ou avance la Garde de Nuit et notamment Jon Snow (Kit Harington) qui finira captif d’une terrible et magnifique ennemie rousse (Rose Leslie, incandescente). Une intrigue un peu maigre pour tenir sur la longueur, mais qui ancre un peu plus de nos cœurs le morose guerrier.     

« La seule différence entre nous et les sauvageons, c’est que quand le Mur a été érigé, nos ancêtres ont eu la bonne fortune de se trouver du bon côté. »

Tyrion Lannister

On peut regretter également la trop faible présence du détestable (mais plus nuancé que quiconque) Jaime Lannister (Nikolaj Coster-Waldau). Toujours emprisonné par les armées du Nord. Par exemple, son personnage n’apparaît pas entre le deuxième et sixième épisode de cette saison. Heureusement, chaque ligne de dialogues qu’il récite est un régal face à ses opposants ennemis.

INTROSPECTION, FANTASTIQUE.

Après une saison richissime autour de son développement personnel, le destin de Daenerys Targaryen (Emilia Clarke) se voit ralenti cette saison. Avec des prémices peu significatives dans la croissance de ses trois dragons. Contraint de survivre en plein désert puis accueillis dans une étrange cité – Qarth – l’exotisme d’Essos demeure une parenthèse jamais désagréable face à la guerre de Westeros.

« Je ne suis pas votre petite princesse. Je suis Daenerys du Typhon. Du sang de l’antique Valyria et je prendrai ce qui m’appartient. Je le prendrai par le feu et par le sang ! »

Daenerys Targaryen

Cette intrigue et les nouvelles difficultés qui lui imposent ce continent de l’Est demeurent néanmoins primordiales dans la caractérisation de la « Khaleesi ». Durant son final plein d’émotions  »Valar Morghulis » les événements s’avèrent, eux, significatifs pour la jeune femme. Et notamment lors de sa visite dans la Tour des « non-mourants », puisque celle-ci apercevra une vision majeure du dernier épisode de la saga… 

Avec une multitude de détails qui rythment les saisons, et dès son commencement, GAME OF THRONES prouve la cohérence de son univers grâce à une ligne (quasiment) toute tracée. C’est par ses choix narratifs forts et la rigueur de son univers qu’elle se démarque si aisément.

Un univers de dark fantasy réaliste dont les touches demeurent minimalistes jusqu’à présent, mais renforcé par leurs simples utilisations. On retiendra celle de la mystérieuse et envoûtante prêtresse rouge Mélisandre (Carice Van-Houten). Une étrange et charmante sorcière qui manipule Stannis corps et âme – et parvient tout de même à assassiner grâce à cela son frère cadet Renly. Bien sûr, l’apparition de l’armée des morts (ou du moins une partie) dans les derniers instants de cette saison s’avère être un cliffhanger idéal pour une trame narrative tout juste effleurée hélas.

BLOCKBUSTER LE TEMPS D’UN ÉPISODE.

Néanmoins, GAME OF THRONES saison 2 prouve qu’elle a de l’ambition et nous offre pour la première fois une bataille épique lors du 9ème épisode :  »Blackwater ». Avec un coût légèrement supérieur de 8 millions estimé pour sa production, son résultat ne déçoit pas et mélange les forces à l’écran. Esthétique tout d’abord avec l’incroyable explosion du feu grégeois sur la Néra et qui anéanti une partie de la flotte de Stannis Barathéon (venu s’emparer de la capitale).

Émotionnel ensuite avec l’implication du sympathique et attachant Tyrion, qui malgré sa condition et la désertion du Roi sur les remparts, parvient à booster ses troupes dans un discours dont lui seul a le secret.  »Allons tuer ces braves hommes » scande-t-il. (Merci George R.R. Martin pour l’écriture du script en question). L’incertitude de son sort après une tentative d’assassinat (avorté dans un 2ème temps) par un garde Royal à son encontre fait pression sur nos cœurs quand elle se produit. Toujours est-il qu’on assiste à un grand moment de cinéma durant moins d’une heure.

Dans ses moments si spéciaux, et par quelques autres plus anodins, la série fait la lumière sur différents personnages secondaires grandiose. Du terrible et ambigu Limier (Rory McCann, bestial), au croustillant et pugnace homme de main Bronn (Jerome Flynn, délectable), jusqu’à l’attachant et avisé conseiller de Stannis, Davos (Liam Cunningham) au sort incertain. Autant de profils complémentaires et nécessaires face aux têtes d’affiche du show.

« Celui qui n’a pas de sang sur son épée quand il crève, je viole son putain de cadavre ! »

Le Limier

« – Si je te disais d’assassiner une petite fille qui tète encore le sein de sa mère. Le ferais-tu sans poser de question ?

– Sans poser de question ? Non. Je demanderai combien. »

Tyrion Lannister et Bronn

CONCLUSION

Quoi qu’il en soit, avec une maîtrise de son scénario, et sans esclandre dramatique à proprement parler, cette suite perd légèrement en gamme là où elle gagne en richesse. Politique notamment. Une saison 2 qui rime comme un prolongement réussi de son monde fantastique, mais en légère retenue (comme le Tome II duquel il s’inspire) suite à une saison introductive renversante.

Presque victime de son succès, cette suite demeure un moment de cinéma étourdissant de richesse et de plaisir. Et toujours bercé sous la douce et/ou énergique musique de son compositeur – Ramin Djawadi.


Les + :

  • La continuité parfaite d’un univers tentaculaire qui ne laisse pas la place au hasard.
  • Une narration politique étourdissante. Et la mise en avant d’un personnage et d’un interprète merveilleux – Tyrion Lannister / Peter Dinklage.
  • Les prémices d’un blockbuster en devenir.
  • De riches destins secondaires, qui varient les thématiques.
  • Beaucoup de nouveaux protagonistes réussis.
  • Une ambiance délectable. Renforcée par des dialogues et un montage à l’écran croustillant.

Les – :

  • Moins d’impact, moins de force narrative, notamment après son introduction renversante en saison 1.
  • Encore quelques failles techniques. Notamment quelques environnements qui manquent d’infrastructures.
  • Quelques intrigues secondaires, comme centrales, peu fournis sur la longueur.

MA NOTE : 17.5/20

Les crédits

CRÉATEUR(s): D.B. Weiss & David Benioff

AVEC : Peter Dinklage _ Kit Harington, Emilia Clarke, Lena Headey, Sophie Turner, Maisie Williams _ et Nikolaj Coster-Waldau,

Michelle Fairley _ Aidan Gillen _ Iain Glen, Charles Dance, Jack Gleeson, Conleth Hill, Richard Madden _ Liam Cunningham,

Alfie Allen _ Rory McCann _ John Bradley, Stephen Dillane _ Carice Van-Houten, Natalie Dormer _ Isaac Hempstead-Wright,

Jerome Flynn _ Sibel Kekilli _ Rose Leslie, Gwendoline Christie _ James Cosmo, Oona Chaplin _ Tom Wlaschiha _ Joe Dempsie,

mais aussi : Gemma Whelan, Natalia Tena, Donald Sumper _ Michael McElhatton,

Julian Glover, Gethin Anthony, Patrick Malahide, Hannah Murray (…)

 ÉPISODES : 10  / Durée (moyenne) : 55mn / DIFFUSION : 2012 / CHAÎNE : HBO


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