EXTRAPOLATIONS

Le Black Mirror dépressif d’Apple

EN DEUX MOTS : Pour sa nouvelle production qui débute à l’aube du printemps 2023, Apple tv+ dévoile EXTRAPOLATIONS, une mini-série pleine d’ambition. Un projet piloté par l’excellent scénariste Scott Z. Burns qui réalise même 3 épisodes. En plus de cela le show se distingue par un casting absolument colossal. Pour ne citer qu’eux on peut ainsi découvrir (le temps d’un épisode) des stars du grand écran telles que Meryl Streep, Edward Norton, Marion Cotillard ou encore Forest Whitaker.

Série d’anthologie qui relate les impacts sociaux et moraux du changement climatique sur les hommes à travers 8 histoires.

Allociné

Le showrunner (à qui l’on doit notamment le formidable scénario de Contagion) s’improvise encore lanceur d’alerte aujourd’hui, avec ambitions. En 8 épisodes couvrant 33 années de récit Scott Z. Burns délivre une vision S.F d’un futur quasi sans espoir. Ainsi après l’écho de la pandémie du COVID-19 et des dérèglements climatiques concrets de ses dernières années, le scénariste vise t’il juste ? Malheureusement non. Et loin de là pour l’entièreté de son voyage, malgré la justesse de ses prévisions.

DES ÉTOILES PERDUES DANS LES ÉTOILES

Son pilote, plus chorale que nombreux autres épisodes, recèle de défauts qui vont caractériser l’anthologie. Plus précisément une semi-anthologie tant la série dispose de liens ou références entre plusieurs personnages au fil des épisodes. Si son postulat sur la durée (avec de multiples point de vue à travers un monde en feu) est une idée merveilleuse, son traitement l’est beaucoup moins. Cette première particularité s’articule sur l’une de ses principales caractéristiques : ses protagonistes.

Malgré une distribution prodigieuse, issus du petit comme du grand écran, EXTRAPOLATIONS les caractérises sans nuances. Un exemple qu’on retrouve sur chacun des épisodes où s’affrontent deux catégories de personnages : ceux qui tentent de sauver la planète face aux autres qui l’exploitent. Grosso modo. Une vision nécessaire mais dépeinte avec excès au fil des épisodes.

D’aucun se distingue réellement au cours de l’anthologie tandis que le(s) scénariste(s) décide de faire la lumière sur tel ou tel profil. Sienna Miller ou Daveed Diggs y tiennent des rôles centraux, tandis que Gemma Chan ou Meryl Streep sont tout juste effleurés dans l’intrigue. Un traitement qui ne fait que renforcer le montage instable d’un récit qui s’éparpille plus qu’il ne s’équilibre.

Même si cette aventure de Science-fiction ne peut être sauvée par ses défauts d’intrigue, elle dispose d’une enveloppe physique assez dingue. Des multiples décors en plein air jusqu’aux effets numériques qui crédibilisent son aspect S.F, EXTRAPOLATIONS demeure grandiose. Uniquement visuellement, hélas.

BLACK-POLATIONS

A mesure que sa saison se dévoile cette série d’anticipation révèle toutefois des segments plus ou moins convaincants. A durée variable allant de 45 minutes à une heure. Et bien que son écriture freine considérablement l’empathie envers ses personnages (le comble du format anthologique) EXTRAPOLATIONS dispose d’un message aussi poétique que défaitiste. Le voyage narratif s’avère néanmoins varié, ce qui se révèle être l’un de ses principaux atouts.

Si tous les codes du drame s’associent à cet univers de science-fiction criant de réalisme, le show s’apparente parfois à la saisissante anthologie BLACK MIRROR. Avec moins de tact, de façon plus verbale et contemplative, avec un sarcasme moindre mais avec une ampleur dramatique et SF non sans idées. C’est ce que prouve notamment son sixième épisode  »2066, Lola » qui offre au français Tahar Rahim un rôle très riche d’un travailleur perdu dans ses souvenirs. Même si le rythme demeure inévitablement irrégulier, qu’importe l’épisode.

Le suivant  »2068, La soirée d’adieu » disposé d’un potentiel assez extravagant avec son quatuor d’acteurs connus. Sous forme de huis-clos explosif lors d’un fatidique réveillon. Hélas, malgré sa courte durée il s’avère sans grande ampleur et trop peu amère pour pleinement convaincre. Un nouvel épisode qui résume une fois encore l’incapacité dans la série a trouver un tempo juste.

EXTRAPOLATIONS conserve un aspect crucial sur la continuité de son histoire. Et quand arrive son final, elle le démontre en remettant sur le devant de la scène, succinctement ou pas, plusieurs personnages présents durant les premiers épisodes. Le retour le plus judicieux réside dans la présence de Kit Harington, dans la peau de ce milliardaire vieillissant se cachant sous un visage remodelé et luisant. Une autre bonne idée malheureusement noyée sous une écriture moralisatrice. Et c’est hélas ce qui définit le plus concrètement cette mini-série ambitieuse.  


CONCLUSION

Les + :

  • Un casting large et enthousiasmant
  • Un esthétisme large et crédible
  • Des anthologies aux intrigues variés

Les – :

  • La caractérisation principalement sans nuances des protagonistes
  • L’inexploitation du bon nombre de ses grands interprètes
  • Le BLACK MIRROR d’Apple tv+, sans fougues et bien trop moralisateur

MA NOTE : 11.5/20

CRÉATEUR : Scott Z. Burns

AVEC : Sienna Miller, Daveed Diggs, Tahar Rahim, Diane Lane, Edward Norton, Indira Varma, Adarsh Gouray, Gaz Choudhry, Marion Cotillard, Forest Whitaker,

avec Kit Harington, Matthew Rhys, Meryl Streep, David Schwimmer, Keri Russell, Gemma Chan, Tobey Maguire, Eiza Gonzalez,

mais aussi : Hari Nef, Yara Shahidi, Judd Hirsch, Heather Graham, Murray Bartlett, Michael Gandolfini, Cherry Jones (…)

ÉPISODES : 8 / Durée : 52mn / DIFFUSION : 2023

GENRE : Drame, Science-fiction / CHAÎNE : Apple tv+

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