DAREDEVIL : Born Again – saison 1

EN DEUX MOTS : Série phare issue de l’univers Marvel, sur Netflix, Daredevil est devenu une masterclass du genre. Une aventure étalée en trois saisons, qui s’étendit sur d’autres super-héros New-yorkais et mena même au Defenders. Depuis, le justicier aveugle interprété par Charlie Cox n’a jamais vraiment décroché et est même apparu dans She-Hulk. (hélas). Même chose pour sa chimère, le Caïd (Vincent D’Onofrio) aperçu plus concrètement dans Hawkeye et Écho.

10 ans après son commencement, il n’en fallait pas moins au MCU pour définitivement faire renaître le populaire super-héros. Sur sa plateforme Disney +. Sobrement intitulé Born Again, ce faux reboot, qui s’inscrit plus comme une suite, entend perpétuer l’héritage sombre, violent et mature qui avait fait son succès à l’origine. Un modèle que diverses productions Marvel ont tenté (timidement) d’atteindre s’en jamais y parvenir.

Quoi qu’il en soit, avec les retours au casting de ses principaux membres (Deborah Ann Woll et Elden Henson) ou encore du badass Punisher (Jon Bernthal), Born Again vise haut. Supervisé par l’un des scénaristes de The Punisher justement – Dario Scardapane – et réalisés par des aficionados de séries Marvel (tel que Moon Knight ou Loki), ce Daredevil 2.0. part d’un postulat classique, mais qui va révéler quelques enjeux dramatiques dès sa reprise.

Toutefois, ce long retour est également dû à une production chaotique. Pour preuve, ses artisans précédemment cités ont été embauchés en cours de projet et c’est pas moins de trois épisodes (les meilleurs) qui ont été retournés. Hélas, aussi encourageant soit le retour du démon de Hell’s Kitchen cette saison souffre en effet d’une double vision qui handicape son contenu total.

Matt Murdock, un avocat aveugle doté de capacités extraordinaires, lutte pour la justice à travers son cabinet d’avocats en pleine effervescence. Pendant ce temps, l’ancien chef mafieux Wilson Fisk poursuit ses ambitions politiques à New York. Alors que leurs anciennes identités refont surface, les deux hommes se dirigent vers un affrontement inévitable…

La mort dans la peau

En quinze minutes, introductives Daredevil : Born Again tente de donner le ton et montrer de quoi elle retourne. Et force est de constater, qu’en grande partie, cela fonctionne. À coup de plan-séquence et d’un carnage en terre familière, la série d’action s’avère à la fois violente et ambitieuse. L’introduction (presque) parfaite d’une légation nécessaire. Car, oui, il y a bien quelques vilains effets spéciaux qui viennent gâcher l’effet.

Mais qu’importe, outre cette volonté de s’affirmer d’entrée, Born Again donne de la gravité à son récit. Son pilote d’une heure conjugue ainsi de nombreuses familiarités et notamment dramatique avec cette notion centrale de justice. Ou la division morale entre un avocat au grand cœur et son alter-ego justicier. Un justicier prêt a jeté d’un toit son ennemi pour le réduire au silence.

Toutefois, seule véritable ombre au tableau de cette reprise intense : la suite de la saison ne réitérera pas l’exercice. Du moins, avant son final.

La question du retour du démon de Hell’s Kitchen va naturellement être le fil rouge de cette première saison en 9 épisodes. Et par nature, il va disposer d’une forme, principale, d’opposition : Wilson Fisk.

L’imposant acteur de 65 ans demeure une valeur sûre pour la production. Et ce nouveau Daredevil rend largement hommage au potentiel du Caïd grâce à un récit qui le place au cœur de celui-ci. L’antagoniste qui briguait déjà la mairie de New York y parvient naturellement et s’impose alors comme une figure publique malgré elle.

Un élément inédit et une dynamique d’intrigue qui donne une notion supplémentaire dans la nuance qui l’oppose à l’avocat/justicier Matt Murdock. Ou à la notion même d’actes légaux ou illégaux au nom de ce qui est juste.

Une vie mouvementée dans la grosse pomme.

En agrémentant concrètement le parcours de cette seconde tête d’affiche, la série dévoile une distribution d’autant plus riche. Faite d’alliés et d’opposants en tous genres. Ici, la distribution s’avère efficace, même si une partie de ses récurrents manques de caractérisation comme d’exploitation à l’écran. S’y démarque toutefois le jeune politique Michael Gandolfini (idéal), le tueur Wilson Bethel (efficace) ou la thérapeute Margarita Levieva (utile).

La série accorde donc une belle place à la ville elle-même dans son intrigue ou à ses habitants. Ce qui résonne parfaitement avec la position stratégique de Fisk ou via les clips du « BB reports » de la journaliste interprétée par Genneya Walton. Des artifices parfois de connivences, tant New York a été dépeinte en long et en large, mais qui font l’intérêt d’une ambiance urbaine réussie.

Dans ce sens, l’utilité de sa partie judiciaire est effective, bien que de rigueur. C’est d’ailleurs surtout son premier tiers qui explore les contrées des responsabilités super-héroïques avec le procès du White Tiger (Kamar de los Reyes). Tout n’est pas parfait dans la série, loin de là, mais quoi qu’il en soit, Born Again tente de se démarquer par quelques atouts qui cassent le rythme et sa formule super-héroïque. D’un procès à la résolution tragique jusqu’au retour du célèbre Punisher (qui se fait tout de même bien attendre…).

Son épisode de mi-saison est également plutôt malin dans sa forme. Via un huis-clos concentré sur son héros en plein braquage. 40 minutes efficaces, à défaut de révolutionner sa formule, qui s’absout d’autres récurrents, mais s’amuse à connecter ses univers, comme en l’occurrence ici, avec le père de Miss Marvel (Mohan Kapur).

Conclusion

Il faut réellement attendre la deuxième moitié de saison pour davantage d’action et de tension. Chose que ce Daredevil 2.0. réussi, mais brièvement. La preuve, malgré la noirceur qu’elle essaye de faire transpirer à l’écran – notamment avec son serial killer et artiste macabre (Hunter Doohan) – ce Revival manque de beaucoup d’éléments concrets à l’écran. D’action chorégraphiée, de folie dans sa mise en scène ou d’une violence vraiment nette. Dans cette perspective, la présence du Punisher est cruellement restreinte. Notamment après sa première apparition.

Toutefois, sa fin de saison mettra probablement tout le monde d’accord. Notamment via son final bestial dont on gardera en mémoire les grognements gutturaux de Jon Bernthal ou la démonstration toute en force du Caïd. Un concentré de sang et d’os broyés, mais surtout un sens de cinéma qui rappelle son introduction inspirée. D’ailleurs, son dernier plan (avant générique) boucle la boucle en revenant dans les lieux de son début de saison.

C’est pourquoi, en tablant sur la production de deux saisons dès son commencement, Born Again fait également l’erreur détendre son intérêt sur la longueur. Faisant de cette première saison une longue introduction qui coche toutes les cases de l’univers étendu. À coup de fan-service contre une réelle fantaisie. Évidemment sa production chaotique est également responsable de ses errances. On peut donc se reposer sur cette fin de saison pour espérer le meilleur pour sa suite.


Les + :

  • Un retour cohérent et dans la même veine que la série sombre et mature d’origine.
  • Une introduction qui inaugure le meilleur pour ce revival via ses quelque envolée.
  • Une ligne de moralité nuancée et plutôt bien explorée entre justice et auto justice. Un fait qui s’applique également à la figure d’opposition que représente le Maire Fisk (toujours brillamment interprété par Vincent D’Onofrio).
  • De nombreux second rôle plutôt efficace.
  • Malgré son aspect commun, la place que prend New York dans le contexte du show.
  • Un final bestial et inspiré.

Les – :

  • Malgré les retours au casting d’anciens alliés, il s’agit avant tout de fan de service. Son point culminant étant le teasing du formidable Punisher, très globalement absent de cette saison.
  • Quelques effets spéciaux un peu grossier.
  • Quelques personnages trop peu exploités.
  • En tablant sur deux saisons avant même sa diffusion, ce revival étiole déjà son suspense et son intérêt sur la longueur.
  • Une première saison qui prend globalement peu de risques et manque de virtuosité et souffre de sa production chaotique.

MA NOTE : 14.5/20


Les crédits

CRÉATEUR : Dario Scardapane & Chris Ord et Matt Corman

AVEC : Charlie Cox & Vincent D’Onofrio, Margarita Levieva, Nikki M. James, Zabryna Guevara, Arty Froushan, Genneya Walton,

Michael Gandolfini, Clark Johnson, Wilson Bethel, Kamar de los Reyes, avec Deborah Ann Woll, Ayelet Zurer, et Jon Bernthal,

specials guest stars : Elden Henson, Mohan Kapur, Tony Dalton, mais aussi : Hunter Doohan, Hamish Allan-Headley, Michael Gaston, Patrick Murney (…)

ÉPISODES : 9 / DURÉE (moyenne) : 45mn / DIFFUSION : 2025 / CHAÎNE : Disney +

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