CHIEF OF WAR

EN DEUX MOTS : Parmi les blockbusters estivaux (et télévisuels) CHIEF OF WAR avait une place de choix. Que cela soit sur Apple TV+, au catalogue toujours plus riche, que face à la concurrence. Ambitieux show guerrier et historique, il permet à l’imposant Jason Momoa de rendre hommage à l’histoire (méconnue) de sa mythique île natale : Hawaï. Tout en étant ici tête d’affiche, producteur, co-scénariste & créateur, et même réalisateur de son épisode final.

Si le tournage s’est déroulé en Nouvelle-Zélande (pour une question de facilité météorologique) il n’entache pas sa concordance avec l’île dépeinte à l’écran. D’autant que Chief of War demeure une série limitée indéniablement authentique et plutôt dense.

Comme les quatre royaumes d’Hawaiʻi sont déchirés par la guerre, le féroce guerrier Kaʻiana se lance dans une mission monumentale pour unir son peuple, alors qu’une sombre menace se rapproche.

Ainsi, outre sa retranscription historique très réaliste (allant de ses us et coutumes à sa distribution locale, ses costumes ou ses armes d’antan), la série embrasse une vision politique et guerrière qui n’est pas sans rappeler… Game of Thrones. Du moins, on peut aisément croire que le show aspire à cela en insufflant un souffle épique à son récit et une vision chorale à ses événements. (D’ailleurs son main title signé Hans Zimmer reflète plutôt bien ces ambitions.)

Ainsi, avec son collaborateur de longue date Thomas Pa’a Sibbett, l’Hawaïen tente d’adapter un pan crucial de son île native. Le potentiel et la richesse de son univers (à laquelle se greffe l’arrivée de colons) sont tout de même de mise et Chief of War propose un format plutôt classique, mais suffisant avec ses 9 épisodes. Alors au bout du compte, quand est-il vraiment ? Un show qui semble d’abord en avoir sous le capot, mais qui s’encrasse vite, malheureusement.

« Un Chef de Guerre pour les unifier tous… »

Si cette nouvelle série limitée recèle de défauts, et notamment sur la longueur, elle nous propulse tout d’abord avec entrain dans son odyssée historique. Dès lors, ces deux premiers épisodes prennent la température de son contexte politique et guerrier tout en multipliant les péripéties. (fait de rencontres, d’allégeances, de trahisons, d’assaut jusqu’à une course-poursuite entraînante). Seule véritable ombre au tableau : il s’agit des meilleurs épisodes de la saison.

Faisant office de grosse introduction (une ellipse de temps la sépare même du reste du récit), ce début de saison laisse place à une suite d’aventure qui élargit tout d’abord ses horizons, tout en présentant ces derniers personnages. Et pour le coup, Chief of War n’en manque pas. Les caractères et les visages sont nombreux, tout comme les conflits et les différents clans qui les animent. À ce titre, la série entreprend une retranscription qu’on imagine tout à fait fidèle et dans le plus grand respect des traditions locales de l’époque. Et non moins guerrière, comme son titre l’indique.

En plus de son dialecte en langue hawaïenne et d’un casting local, la série tente d’insuffler un souffle épique et authentique à son histoire. Et pour preuve, elle fait foi d’une démonstration un tant soit peu stylisé. Un pari et une promesse à demi rempli pour la série toutefois, qui malgré la réalisation soignée de Justin Chon (Pachinko, déjà sur Apple TV+ et seulement dans un premier temps) manque cruellement d’intensité meurtrière. Pas qu’elle manque forcément de beaucoup d’hémoglobine, mais surtout de mordant dans sa démonstration.

« …et dans les ténèbres, les lier »

À l’instar de scènes de batailles qui se font rares (pour ne pas dire inexistante durant la suite de son aventure) Chief of War incorpore de façon beaucoup plus régulière l’anglais dans ses dialogues. Par souci de facilité plus que par cohérence historique, on s’en doute, mais cela réduit son immersion.

Toutefois, et malgré ses nombreuses imperfections, c’est avant tout son manque de rebondissement (et par conséquent de rythme) qui enlise sérieusement le reste de sa saison. Y règne alors un sentiment assez persistant de stagnation, qui ne fais que grandir au fil des épisodes (aussi court soient-ils). Et hélas, ses nombreux dilemmes politiques n’ont pas l’épaisseur nécessaire pour dynamiser l’ensemble de l’intrigue.

De là, Chief of War démontre toutes ses limites. Qu’elles soient narratives comme techniques. Et si ses paysages demeurent grandioses, les différents fiefs manquent rapidement d’ampleur. Sa fin de saison nous amène ainsi sur une accumulation d’ennemis et de tensions en tous genres. (De ses colons cupides à ses chefs de clans mégalos (Cliff Curtis et Temuera Morrison en surjeu). Et qui, finalement, n’aboutissent pas à grand chose. Du moins, en grande partie. Une impression de coupe frustrante qui sous la caméra amatrice de Jason Momoa demeure forcément bien sage, malgré ses moments de fureur guerrier.

Conclusion

Si chacun dispose de son propre ressenti, le mien se base sur un riche sujet bouffé par ses ambitions et qui s’avère inadapté à son format sériel. Un sujet qui ne parvient pas à allier des scènes d’actions suffisamment intenses avec des intrigues politiques suffisamment enrichissantes. Ce qui étouffe, par la même occasion, ces différentes romances ou de quelconques enjeux émotionnels. Par conséquent, et malgré son succès, ce show guerrier co-créé par le célèbre acteur hawaïen demeure une (petite) déception pour la prestigieuse chaîne à la pomme.


Les + :

  • Un projet noble puisqu’il relate un contexte historique ambitieux (en lieu comme en période) méconnu de l’île mythique d’Hawaï.
  • Une ambition conséquente, qui passe par sa vision chorale des événements, qu’ils soient guerriers ou politiques.
  • Une retranscription très authentique à l’écran, qui passe par ses décors naturels, ses us et coutumes, ses costumes jusqu’à son dialecte (du moins, en partie) et ses interprètes locaux.
  • Un début de saison entraînant.

Les – :

  • Après un début de saison imparfait, bien que prometteur, la mini-série stagne et s’enlise dans ses différents défauts.
  • Un manque de péripéties après son premier tiers et qui découle à un rythme méchamment stagnant.
  • Une accumulation de problématiques convenues qui aboutissent à une implosion anti-spectaculaire.
  • Une mise en scène soignée avant d’être sage. D’autant qu’elle manque cruellement de mordant dans ses affrontements.
  • La langue anglaise qui prend peu à peu le pas sur le reste, par facilité, et qui casse l’immersion.

MA NOTE : 13.5/20

Les crédits

CRÉATEURS : Jason Momoa & Thomas Pa’a Sibbett

AVEC: Jason Momoa, Luciane Buchanan, Kaina Makua, Te Ao o Hinepehinga, Brandon Finn, Te Kohe Tuhaka, Siua Ikale’o, Mainei Kinimaka,

Moses Goods, James Udom, Benjamin Hoetjes, Charlie Brumbly, Sisa Grey, Roimata Fox, avec Cliff Curtis, et Temuera Morrison (…)

ÉPISODES : 9 / Durée moyenne : 50mn / DIFFUSION : 2025 / CHAÎNE : Apple tv+

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