EN DEUX MOTS : Le remake américain YOUR HONOR accouche donc d’une suite, après une fin de première saison sanglante. 2 bonnes années plus tard, le show de Peter Moffat (reprit par différents scénaristes de la saison 1) remet en scène le mythique Bryan Cranston dans une partition endeuillée.
Si deux ans ont passés depuis sa diffusion, cette suite se déroule 1 an après les événements meurtriers survenus dans l’hôtel Baxter. Du moins intégralement après son épisode de reprise bancal, qui fait le lien entre la nuit de l’incident et la nouvelle vie de Michael Diesato, à sa sortie de prison.
CRANSTON & COE
C’était toute la difficulté et surtout l’intérêt d’une suite qui perdait sa ligne directive avec la mort du fils Desiato après mille et un mensonges. L’ironie du triste événement a d’ailleurs du mal à résonner durant cette reprise, la faute à un montage souvent confus. Et si quelques visages familiers disparaissent sans répercussions (Carmen Ejogo dans un premier temps, Sofia Black-D’Elia…) d’autres plus secondaires remplissent dorénavant pleinement l’écran.
Et bien qu’ils ne donnent pas tous (ou en partie) la réplique a une tête d’affiche dépitée, ses nouveaux crédités donnent corps (et point de vue) à cette intrigue 2.0. Notamment car ils s’avèrent déjà percutants par le passé.
En son centre le charisme égratigné de Bryan Cranston en mode clodo poisseux et amaigri (de nature) n’est là que pour étayer l’image d’un père en deuil. Son rapport à la mort et à toute perte de but est d’abord assez laborieux. De ce fait l’intrigue peine à convaincre malgré une durée d’épisodes légèrement revus à la baisse. C’est précisément ici que le casting secondaire et récurrent remplit son rôle en étoffant sa partition. Personnel mais aussi l’univers de YOUR HONOR.
Principalement divisés en deux factions en opposition (les Baxters et le gang des Desire) leurs principaux membres convainc par une direction d’acteurs toujours très inspirés. De la glaciale Hope Davis, le charme de Lilli Kay, la nuance de Michael Stuhlbarg, jusqu’à la justesse du méconnu Keith Machekanyanga. Tous, ou presque, remplissent à merveille leurs fonctions à l’écran.
Certes le récit ne joue pas la carte de l’originalité, là où sa première saison demeure un polar très solide. Mais tout de même.
DEUXIÈME DES SECONDS
Il faut réellement attendre sa seconde partie de saison pour que l’intrigue s’intensifie concrètement. Avec moins d’errances dans ses lignes. Si la tension se révèle amoindrie, le récit gagne en densité dramatique. Elle y incorpore de nouveaux visages et développe même concrètement une intrigue mystérieuse de sa première saison. (Concernant la mort de la femme de Michael). Sans tomber dans le piège du remplissage inutile.
On retrouve ainsi une certaine corrélation entre tous ses arcs dramatiques qui se regroupent plus ou moins et sont prêts à entrer en collision. Avec ce sentiment persistant de situations prêt à déraper à chaque instant. On est loin de la rigueur une fois encore de sa première saison mais YOUR HONOR se réconcilie avec les termes du polar.
Lorsque le final se précise la série se réconcilie même avec le genre judiciaire pour un résultat convenu mais toujours efficace. C’est surtout l’occasion pour pléthore de personnages de se confronter à leurs démons. Mais aussi d’analyser le termes de justice et de point de vue. Si bon nombre des personnages tutoie l’illégalité YOUR HONOR prouve que la valeur morale veut bien plus que la notion de légalité.
Enfin, pour ce qui réellement du dixième et dernier épisode, la série joue la carte de la rédemption. En faisant table rase du passé, l’intrigue fait pivoter ses personnages vers de nouveaux destins. Et de nouvelles associations. Une fois encore sa partie judiciaire ne manque pas d’efficacité et enfin le jeu de Cranston renoue avec l’intensité. Moins meurtrière, avec une tentative d’assassinat finalement manquer, la porte vers une troisième saison se profil plus discernement. Toutefois si elle perd en gamme aujourd’hui, qu’à nous offrir YOUR HONOR ensuite ?
CONCLUSION
Les + :
- Un charme et une rigueur vis-à-vis de son ambiance de Polar
- Des seconds rôles, déjà réussi auparavant, qui passe aux premiers plans
- Une seconde partie de saison bien plus réussi
- Une intrigue qui renoue tardivement mais efficacement avec sa partie judiciaire
Les – :
- Une baisse significative d’intensité dans l’intrigue
- Le parcours personnel de la tête d’affiche, rempli d’errances de scénario
- Un début de saison assez laborieux
- Une continuité sur son univers un peu flou
MA NOTE : 14/20
CRÉATEUR : Peter Moffat
AVEC : Bryan Cranston, Isiah Whitlock Jr., Hope Davis, Andrene Ward-Hammond, Keith Machekanyanga, Benjamin Flores Jr., Lilli Kay, Jimi Stanton, Michael Stuhlbarg,
mais aussi : Tony Curran, Mark Margolis, Cullen Moss, Mark O’Brien, Sean Bridgers,
avec Margo Martingale, Amy Landecker, Carmen Ejogo, et Rosie Perez (…)
ÉPISODES : 10 / Durée : 55mn / DIFFUSION: 2023
GENRE : Drame, Thriller / CHAÎNE : Showtime