HOUSE OF THE DRAGON : S.1 – épisodes 2 & 3

Après un démarrage record pour la chaîne de streaming avec 10 millions de téléspectateurs devant leurs postes, HBOmax signe son meilleur démarrage pour un épisode pilote. Officiellement renouvelé, sans surprises, le préquel HOUSE OF THE DRAGON a largement séduit malgré une légère division entre les critiques. On poursuit cette fois notre analyse de la saison 1 avec les épisodes 2 et 3 qui continuent de développer les intrigues.

Voir la première partie de la critique de la saison 1 : ICI

Après un premier épisode absent de tout générique pour des raisons dramatiques, on découvre enfin un nouveau générique évolutif. Ou navigue des flots sanglants entre les lignées Targaryenne. À noter que celui-ci est bercé une fois encore par le même main title que Game of Thrones. Dommage.

ÉPISODE 2 : THE ROGUE PRINCE

EN DEUX MOTS : Avec un second épisode plus court de 10 minutes, le préquel donne de la structure à l’intimité de sa distribution. 6 mois se sont écoulés depuis la mort tragique de la Reine. Le Prince Daemon (Matt Smith) s’est exilé à Peyredragon avec ses manteaux d’or et sa putain Mysaria (Sonoya Mizuno). De plus on exhorte le Roi Viserys (Paddy Considine) à se remarier.

Il existe une certaine tension et des non-dits dans le cercle royal. Et notamment depuis l’intronisation de la Princesse Rhaenyra (Milly Alcock) comme héritière légitime du Trône de Fer. Pourtant, l’épisode s’ouvre (et se ferme) sur une menace grandissante qui survient dans les Degrés. Toujours magnifiquement exécuté, les plans succincts sur la plage marquent la rétine.

Un nouvel antagoniste qui… marque la rétine

POLITIQUE NEVRALGIQUE

Comme va le faire une scène emblématique à Peyredragon, plus tard dans l’épisode. Une bonne première moitié de celui-ci s’attarde sur un doux jeu politique à Port-Réal. Ce qui aura l’habileté de mettre en lumière quelques facettes de deux grandes et puissantes familles de l’époque : Hightower et Velaryon.

Emblème de la maison Hightower
HIGHTOWER
Emblème de la maison Velaryon
VELARYON

Chacune avec un représentant charismatique (et ambitieux) à leur tête. Le mariage du Roi sera au cœur de cette guerre qui se joue en coulisse et renforcera inévitablement l’une de ses deux familles.

Les principaux personnages demeurent au centre de l’action. Notamment la fougueuse et jeune Rhaenyra Targaryen ici statuée à l’âge de 15 ans et magnifiquement interprétée par l’australienne de 22 ans Milly Alcock. Celle-ci s’illustre dans la scène la plus marquante de « The Rogue Prince ».

Un face à face avec son oncle, Daemon, le Prince Voyou ou Vaurien (selon interprétation). Ce dernier à voler un œuf de dragon afin de provoquer son frère le Roi. Par conséquent un bain de sang menace sur les murailles brumeuses de Peyredragon. Entre lui et la Main du Roi, Otto Hightower (Rhys Ifans).

Mensonges & irrévérences

BE A DRAGON

C’est ici que la fougueuse Princesse surgit des épaisses volutes de brumes en contre bas et apparaît majestueusement sur sa dragonne Syrax. Si l’action paraît menaçante, l’ambiguïté incestueuse entre les deux personnages à raison du caractère impétueux du Prince qui restitue l’œuf. Au-delà des sentiments que procure cette scène, la mise en images crépusculaires des deux dragons demeure incontestable.

La princesse Rhaenyra et le prince Daemon
Une relation toute en nuances et en désirs incestueux

Ici le travail du méconnu Greg Yaitanes (qui a réalisé plusieurs épisodes de Dr. House ou Banshee) s’avère parfaitement maîtrisée. Car dans la série il y avait toute l’ambition de proposer un récit nourrit par l’apparition de nombreux dragons. A commencer par ceux de nos deux emblématiques Targaryen. Syrax et Caraxès. Deux créatures majestueuses, aux couleurs et aux formes précises.

Le Sanguinaire s’illustre par sa forme unique et lézardée et son long cou lui procurant un aspect effrayant. Une merveille tout aussi hypnotique que son dragonnier, à mes yeux.

Un effet Fantastique aussi effrayant que… fantastique

CONSEIL (A CHOIX) RESTREINT

« THE ROGUE PRINCE » se pose comme un second épisode solide, intime, qui renforce les pistes narratives illustrées dans le pilote. Une fois encore, les personnages brillent par les interprétations du casting et des moyens mis en place autour. D’une part les effets spéciaux, sans oublier les différents costumes jusqu’à la photographie. Pour ma part, les plans sous bougies sont à tombés.

Le soin du détail

Lors d’un conseil restreint, Viserys annonce qu’il compte alors se remarier (contre toute attente, mais pas vraiment) avec la jeune Alicent Hightower (Emily Carey). La plus charmante dame de la cour. Une décision décisive pour le futur de la série, renforcée par la relation toute particulière des deux jeunes femmes. En réalité le lien inédit créé entre Alicent et Rhaenyra s’avère une idée merveilleuse.

Un choix du cœur non sans conséquences

Par conséquent, Corlys Velaryon (Steve Toussaint), bafoué, approche Daemon et lui propose une alliance pour défaire la menace que représente le dangereux Craghas Drahar (Daniel Scott-Smith), dans les Degrés de Pierre.


CONCLUSION

Les + : 

  • Dans l’intimité et l’ambiguïté du jeu politique à Port-Réal 
  • La formidable idée de sororité entre Rhaenyra et Alicent
  • La prouesse du jeu d’actrice de la jeune Milly Alcock 
  • Un face à face et une mise en abîme sublime entre deux dragonniers et leur dragon respectif 

Les – :

  • Le syndrome du deuxième épisode, invariablement plus sage côté rebondissements
  • Dans son intimité un manque de recul sur le Royaume de Westeros

MA NOTE :

SCÉNARIO : Ryan Condal / RÉALISATION : Greg Yaitanes

DIFFUSION : 28 AOUT 2022 / DURÉE : 53mn


ÉPISODE 3 : SECOND OF HIS NAME

EN DEUX MOTS : Cette suite débute également dans les Degrés de Pierre, de nuit en plein chaos. Greg Yaitanes réalise à nouveau cet épisode de plus d’une heure cette fois, divisé en deux intrigues distinctes. Les premières minutes (et dernières encore) se replongent sur l’inquiétant Craghas, mutique et effrayant jusqu’au bout.

On assiste à une nouvelle démonstration et chorégraphie aérienne du Sanguinaire, Caraxès, l’intense et unique dragon de Daemon. Une courte scène de nuit, parfaitement exécuté et teinté d’ironie lorsque le dragon écrase même un soldat allié. Un détail anodin, mais qui fait toute la différence vis-à-vis du dragonnier et de sa monture.

FIRE & BLOOD IS START

CÉLÉBRATIONS AMÈRE

La grande partie suivante de l’épisode se déroule à la Capitale, mais pas que. Une nouvelle ellipse de temps sépare l’intrigue. Tandis que le Roi et la (nouvelle) Reine – prête à accoucher d’un second fils – fêtent les deux ans du Prince Aegon II. Le terme de  »second » sera névralgique et capital durant ce riche troisième épisode. Il englobe pour le coup plusieurs personnages de différentes grandes familles. Hightower, Velaryon, Lannister, Strong, et évidemment Targaryen.

C’est lors de célébrations en grande pompe, toujours sous tension, que le Royaume se questionne. De nuit comme de jour, on a la joie de découvrir les fameux Bois du Roi à plusieurs lieues de Port-Réal. Dans des décors forestiers larges et sauvages. Avec un cortège large et des moyens considérable, HOUSE OF THE DRAGON convainc aisément.

Une famille royale divisé

Ce nouvel épisode introduit également de nouveaux seconds rôles d’importance tels que les jumeaux Lannister (Jefferson Hall) ou les fils Strong (Matthew Needham / Ryan Corr), personnages à creuser assurément.

La jeune Rhaenyra s’illustre encore dans un comportement rebelle et insatisfaite, nourrit par les craintes de son père. Paddy Considine, qui interprète Viserys, creuse sa partition d’homme troublé et faible, en proie aux doutes. On aurait aimé que la relation entre le Roi et sa nouvelle Reine soit constituée de scènes supplémentaires pour définir leur jeune mariage. Quoi qu’il en soit l’influence des Hightower sur ses indécisions (de la succession de Rhaenyra à la Guerre dans les Degrés) demeure subtile et nuancée.

Confidences près du Feu

DANS LES BOIS… DU ROI

À noter la relation naissante qui se noue entre la Princesse et Ser Criston Cole (Fabien Frankel), qu’elle a fait nommer quelques années auparavant chevalier de la Garde Royale. Si leur intimité reste à définir, leurs caractères combinés fonctionnent par leur instinct fougueux.

Rhaenyra, plus seule que jamais dans son destin

Concernant Rhaenyra, le choix futur de ses relations et de son mariage bouillonne de conséquences. Sa solitude et sa condition de femme compte tenu des exigences de son rang demeure des éléments qui font d’elle une figure d’empathie. Son seul charme suffit pourtant à convaincre.

VELARYON, DRAGONS, ET GUERRE DES SECONDS

Le dernier quart d’heure de l’épisode illustre la guerre comme on l’aime dans l’univers de Game of Thrones. Violente et intense. Pour sa première (succincte et réussie) scène de bataille, le réalisateur mise sur la grandeur, la décadence et la nervosité. Ramin Djawadi use de morceaux inédits pour nourrir ses moments de bravoure (comme le thème autour de Rhaenyra qu’on retrouve plus tôt) . Et Matt Smith capte et magnétise l’attention par sa seule présence.

Une nouvelle nuance passionnante du Prince Vaurien

Cet énième second fils dans sa fureur et son tempérament impétueux sera à l’origine d’un moment de bravoure aussi épique qu’irréfléchi. Une façon de nous décrire en image son caractère de guerrier émérite et kamikaze. C’est naturellement ce qu’on aime chez ce Prince Targaryen borné qui va se faire sauver la mise par le fils Velaryon, Laenor (Theo Nate) chevauchant par surprise un dragon aux belles teintes claires.

Entre souffles de feu et dégâts létaux aux armes de combat, HOUSE OF THE DRAGON convainc une fois encore dans sa démonstration d’action. Même si elle ne bluffe pas.

Corlys Velaryon, encore sous exploité malgré son charisme

Toutefois, dans la magie qu’elle déploie à l’écran, la série enchaîne les plans cultes comme nous le démontrent ses derniers instants où l’on découvre un Daemon immaculé de sang traînant un bout de corps étripé du Crabfeeder.

« SECOND OF HIS NAME » s’avère être un épisode imparfait, mais parfaitement ingénieux. Son rythme dispose d’un ventre mou, car le show n’exploite pas encore suffisamment ses personnages secondaires. Mais la série à l’intelligence d’approfondir son univers intimement. Ce qui la solidifie en très peu d’épisodes.


CONCLUSION

Les + : 

  • La grandiloquence de l’époque parfaitement représenté par la chasse dans le Bois du Roi
  • Le profil psychologique de Daemon. Mutique puis kamikaze
  • La première grande bataille, pas époustouflante mais brute et puissante

Les – :

  • La guerre dans les Degrés, trop vite expédiés dans ses composantes
  • De nouveaux personnages pas suffisamment caractérisés dans leurs faibles apparitions
  • L’absence de l’affrontement entre Craghas et Daemon 

MA NOTE :

SCENARIO : Ryan Condal & Gabe Fonseca / REALISATION : Greg Yaitanes

DIFFUSION : 4 SEPT. 2022 / DURÉE : 1h03

(3 commentaires)

  1. […] Cette « Reine noire » – titre du final – sera au centre de cet épisode majeur et significatif. Comme le prouve, entres autres, son plan final. Le duo en charge de l’épisode renoue avec son début de saison puisqu’on retrouve le showrunner Ryan Condal à l’écriture et Greg Yaitanes à la réalisation. Le réalisateur retrouve donc les décors somptueux de Peyredragon dans une démonstration visuel époustouflante. Mais aussi quelques parallèles qui font écho notamment au second épisode. […]

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