GAME OF THRONES – saison 1

La fantasy comme vous ne l’avez jamais vu.

AVIS & ANALYSE : Saga à la renommée mondiale qui a bouleversé le petit monde de la télévision au début des années 2010 et bien après encore, GAME OF THRONES, saison 1, est donc l’événement du printemps en 2011. Sur la mythique chaîne américaine HBO. Adaptation d’une célèbre saga littéraire de fantasy inachevée durant toute la production du show (et bien après), l’immense univers imaginé par George R.R. Martin se dévoile dans une 1ère saison relativement peu gourmande – mais dense – de 10 épisodes avoisinant une heure chacun.

Chef-d’œuvre du petit-écran (et du grand si on la projette au cinéma)

Cette critique relativement détaillée demeure subjective, étant un fan du genre médiéval fantastique et de la saga dès la première heure. 
Toutefois, un certain recul (10 ans entre sa découverte en 2012 et la réécriture de ses lignes en 2022) m'ont permis d'en parler de façon beaucoup plus objective. 
Cela intervient après de nombreux visionnages des épisodes et d'une lecture des différents romans dont s'inspire la série.

Derrière le projet, on découvre un duo de scénaristes engagés et grands fans de l’auteur des romans en la personne de D.B. Weiss & David Benioff. Plus que deux simples showrunners, ce sont deux scénaristes scrupuleux qui signent les scripts de la majeure partie des épisodes par saison. À noter que le célèbre auteur, très proche de la production et possédant un long CV comme scénariste TV, signe lui aussi 1 épisode par saison. Une tendance qui sera écartée plus tard dans la saga, lorsque la série rattrapera les livres en cours.

Quoi qu’il en soit, après le tournage d’un pilote compliqué puis retourné par la production, il semblerait que HBO ait bien fait de persévérer en dévoilant la saison 1 de GAME OF THRONES à la télévision, puisqu’elle accouche d’une saison aussi riche que fidèle. Elle signe surtout le plus gros succès de la chaîne, plus de 10 ans après.

MYTHES, LÉGENDES & GRANDES FAMILLES

Les grandes familles de Westeros et leurs devises

Il y a très longtemps, à une époque oubliée, une force a détruit l’équilibre des saisons. Dans un pays où l’été peut durer plusieurs années et l’hiver toute une vie, des forces sinistres et surnaturelles se pressent aux portes du Royaume des Sept Couronnes. La confrérie de la Garde de Nuit, protégeant le Royaume de toute créature pouvant provenir d’au-delà du Mur protecteur, n’a plus les ressources nécessaires pour assurer la sécurité de tous. Après un été de dix années, un hiver rigoureux s’abat sur le Royaume avec la promesse d’un avenir des plus sombres. Pendant ce temps, complots et rivalités se jouent sur le continent pour s’emparer du Trône de Fer, le symbole du pouvoir absolu.

Allociné

Doté d’un budget confortable de 5 à 6 millions de dollars par épisode, le travail demeure colossal pour une série fantastique telle que celle-ci, tant le nombre de personnages (et donc de lieux) était considérable. Ainsi, pour donner vie à ce richissime univers à l’écran, la production a multiplié les lieux de tournages (Irlande, Croatie, Maroc, etc.) et les ambiances pour coller avec les différents lieux capitaux de la saga.

Le monde de GAME OF THRONES se divise globalement en deux continents :

  • Westeros, et ses multiples contrés – du Nord et ses grands espaces et ses grands froids, jusqu’au sud, plus aride. Le Trône de Fer, symbole du pouvoir absolu, réside globalement au centre du pays, sur la côte est, dans la Capitale, Port-Réal.
  • Puis Essos, à l’Est de Westeros, immensément large, où esclavages et arènes de combats sont de connivence. 
WESTEROS & ESSOS

Évidemment, relativement peu de lieux sont dévoilés durant cette saison 1. Hormis la capitale, le bastion du Nord : Winterfell, Castleblack et son immense mur de glace, QG de la Garde de Nuit, ou encore les Eyrié, et sa célèbre porte de la Lune. Peu de châteaux, mais beaucoup de décors naturels, en extérieurs, qui favorisent le mouvement et démontrent les longs déplacements de certains personnages.

Si techniquement la série n’est pas à proprement impressionnante concernant ses décors, qu’ois soient créés de toute pièce ou non, elle se démarque par le soin accordé aux costumes et à l’ambiance globale de cet univers médiéval très légèrement bercé par quelques touches fantastiques. 

QUAND LE FANTASTIQUE SE MÉLANGE A LA POLITIQUE.

Son introduction le prouve et en est le quasi-exemple – si on exempte le formidable dernier plan et la naissance des dragons dans les cendres – puisqu’elle débute sur une inquiétante menace par delà le Mur avec un guerrier de glace massacrant plusieurs membres de la Garde de Nuit. 

Mon tendre fils de l’été, que sais-tu de la peur ? La peur vient avec l’hiver […] Quand le soleil se cache des années durant, que les enfants naissent, vivent et meurent dans les ténèbres. Alors, il est temps d’avoir peur, petit seigneur, quand les marcheurs blancs avancent dans les bois.” 

Old Nan à Bran Stark

Ce qui différencie GAME OF THRONES des différentes productions du genre demeure son incroyable sens politique. Les jeux du pouvoir. Pour ce faire, elle met sur le devant de la scène différentes grandes familles.

ANIMOSITÉS FAMILIALS

Des STARK, loyaux, empathiques et courageux, aux LANNISTER, vaniteux, riches et impitoyables quand il s’agit de défendre les siens. Les (ou plutôt le) BARATHEON, mené par le Roi Robert (Mark Addy) qui gouverne les Sept Royaumes, tandis qu’il avait détrôné, 17 ans auparavant, la famille TARGARYEN du pouvoir suite à une révolte meurtrière. Cette dernière famille, dont deux principaux membres sont exilés depuis l’enfance à Essos, convoitent le trône et préparent leur retour sur le continent…

Robert Baratheon

Toutefois, là où la série se démarque encore, c’est par son incroyable sens de la nuance (et notamment plus tard) suite aux destins tumultueux de ses personnages.

Certains profils attirent inexorablement l’empathie ou l’attachement de par leur condition et/ou le rejet qu’ils subissent.

 »Je vais seulement me percher tout en haut du Mur et pisser sur les confins du monde. »

Tyrion Lannister

LES OPPRIMÉS

L’affection de l’auteur va clairement aux opprimés des familles : Le nain Tyrion (Peter Dinklage), cadet de la famille la plus riche et influente du royaume, les Lannister. Il interprète un alcoolique, méprisé par beaucoup, malgré son fort esprit logique. La jeune Targaryenne, Daenerys (Emilia Clarke), vendue par son vil frère (Harry Llyod) comme du bétail à un redoutable chef de guerre étranger (Jason Momoa). Et le bâtard d’Eddard  »Ned » Stark (Sean Bean), le courageux Jon Snow (Kit Harington), qui s’engage dans la Garde de Nuit. 

Jon Snow

 »N’oublie jamais ce que tu es, car le monde ne l’oubliera pas. Puise là ta force, ou tu t’en repentiras comme d’une faiblesse. Fais-t’en une armure et nul ne pourra l’utiliser pour te blesser. »

Tyrion Lannister à Jon Snow
Daenerys Targaryen

PERFIDES NUANCES

Bien moins attachants, mais tout aussi remarquables, les personnages des frères et sœurs jumeaux, Cersei (Lena Headey) et Jaime Lannister (Nikolaj Coster-Waldau), secrètement amants, sont captivants… Ce qui rend la relation avec le Roi bien plus nuancé. Iain Glen de son côté est charismatique dans son rôle de protecteur et conseiller de la jeune Khaleesi.

Cersei Lannister

– Jadis, j’ai éprouvé quelque chose pour toi.

– Je sais…

– Même après la perte de notre petit garçon… Pendant longtemps en réalité… Est-ce que ça a été un jour possible entre nous ? Y a-t-il eu une saison ? Y a-t-il eu un moment ?

– … Non… Est-ce que ça te fait du bien ou du mal de le savoir ?

– … Ça ne me fait rien du tout.

Cersei et Robert Baratheon

N’oublions pas les attachants enfants Stark, l’intrépide Arya (Maisie Williams), l’idéaliste Sansa (Sophie Turner), et le malheureux Bran (Isaac Hempstead-Wright) qui finira estropié, et dont le destin sera la pierre angulaire de tous les événements à venir… Et pour ne citer qu’eux, à Port Réal, où tous les coups bas, trahisons et faux-semblants sont permis, les rôles d’Aidan Gillen et Conleth Hill, en maîtres chuchoteurs et membres du conseil, sont délectables.  

« Le gros poisson mange le petit poisson, et je continue de barboter au milieu »

Lord Varys

SOUS LE JOUG DE L’INJUSTICE, UN SENS DE LA NARRATION.

D’un point de vue objectif, et avec du recul, cette saison 1 s’avère grandiose par sa richesse de rebondissements meurtriers. De la réjouissante mise à mort de Viserys, le trépas du Roi, la léthargie de Khal Drogo qui n’est plus que l’ombre de lui-même, jusqu’à la fatidique exécution de la Main du Roi. Ce qui fait d’elle, malgré ses quelques lacunes techniques, instantanément l’une des meilleures de la saga.

Avec une mise en scène académique, mais maîtrisé – Timothy Van Patten (grand habitué des grosses productions HBO) dirige les deux premiers épisodes de la saison 1 – un budget bien exploité, un thème musical original, enivrant et dorénavant culte (signé Ramin Djawadi), et un découpage d’une grande richesse autour de ses nombreux (et passionnants) protagonistes, GAME OF THRONES nous étourdie par sa force naturelle.

Un naturel de réalisme qu’on observe dans son rapport à la violence oui, mais aussi dans sa nudité, très démonstrative dans les premières saisons. Sans artifice et par une maîtrise de ses outils, le show dispose d’une durée de vie confortable avant de se faner. 

Sur 10 épisodes, cette saison en compte une bonne moitié, entièrement passionnants dans ses détours narratifs. D’un couronnement à l’or massif fondu, à une ribambelle de trahisons, jusqu’à la naissance mystique de trois bébés dragons dans les cendres d’un brasier. D’autant que hormis quelques échanges d’épées et de différents duels bien ponctués et sanglants, aucune grande bataille n’est présentée durant cette première fournée.

LA MORT POUR CRÉDO / CONCLUSION

Eddard  »Ned » Stark

Ainsi, on est littéralement choqué et attristé par la décapitation de Ned Stark, le protagoniste principal, figure de proue, juste et mythique lors du 9ème épisode ‘« Baelor« . Surtout que son sacrifice se révèle injuste et vain. Et cela ne sera que le premier élément de sadisme du nouveau Roi, Joffrey Barathéon (Jack Gleeson) – le bâtard sur le Trône, naît de l’inceste de la Reine régente et de son frère Jaime. 

« Quand on joue au jeu des Trônes, soit on gagne, soit on meurt. Il n’y a pas de moyen terme. »

Cersei Lannister

Évidemment, cet élément central est le parfait exemple de l’atout majeur du show : l’exploitation d’un univers cru, réaliste (malgré le fantastique), et sanglant. Là où ses showrunners sont parvenus à la naissance d’un mythe avec cette 1ère saison, c’est bel et bien par la naissance en images d’un monument de la télévision. 

Les derniers instants donnent d’ailleurs naissance au mythe Fantastique qui définit à jamais le destin Targaryen, mais aussi celui d’Essos et de Westeros. Un engouement énorme pour une logique implacable a venir.


Les + :

  • Un univers médiéval richissime parfaitement mis en images par ses décors, ses costumes, son réalisme cru.
  • Un détonant mélange de politique, d’aventures, avec un soupçon de fantastique.
  • Une narration dense et meurtrière dès ses débuts.
  • Des personnages d’une grande nuances et parfaitement exploités, malgré leurs nombres étourdissant.

Les – :

  • Techniquement aboutie, mais encore perfectible.
  • Eh bien, c’est à peu près tout…

MA NOTE : 19/20

Les crédits

CRÉATEUR(s): D.B. Weiss & David Benioff

AVEC: Sean Bean, Mark Addy, Emilia Clarke, Lena Headey, et Peter Dinklage,

Kit Harington, Nikolaj Coster-Waldau, Michelle Fairley, Aidan Gillen, Iain Glen, Harry Llyod,

Richard Madden, Sophie Turner, Maisie Williams, Rory McCann, Jack Gleeson, Conleth Hill,

Isaac Hempstead-Wright, Jerome Flynn, Alfie Allen, James Cosmo, John Bradley,

mais aussi : Charles Dance, Gethin Anthony, Donald Sumper, Kate Dickie, Julian Glover,

Sibel Kekilli, Ian McElhinney, Joe Dempsie, et Jason Momoa (…)

 ÉPISODES : 10  / Durée (moyenne) : 55mn /DIFFUSION : 2011

GENRE : Drame, Aventure, Fantastique / CHAÎNE : HBO


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