EN DEUX MOTS : À chaque année sa nouveauté. Dorénavant inarrêtable, le cinéaste Taylor Sheridan continue son expansion américaine et sérielle sur Paramount +. Avec LANDMAN (dont il est co-showrunner au côté de Christian Wallace, crédité pour son travail en amont sur le sujet), et en parallèle de Yellowstone et Lioness, le républicain est de retour à l’écriture et à la réalisation d’un nouveau projet riche de potentiel.
Située dans les villes en plein essor de l’ouest du Texas, Landman est une histoire moderne de recherche de fortune dans le monde des plateformes pétrolières.
Avec des contours qui tutoient davantage le drame que l’action ou même le thriller, LANDMAN semble tout de même être issus de la même franchise, tant elle semble familière. Pour preuve, en plus de l’implication quasi-omniprésente du showrunner, ses artisans Stephen Kay et Michael Friedman réalisent, eux aussi, quelques épisodes de sa nouvelle série. À l’instar de la toute aussi récente saison 2 de Lioness et la dernière saison de Yellowstone. Même forme, même formule. Et sa continuité le prouve encore.
Une formule que les amateurs seront reconnaître et qui atteint d’autant plus ses limites lorsqu’elle nous interroge sur son exploitation lucide, mais souvent rétrograde, du capitalisme. Après la ruée de l’or noir, 120 ans plus tard, Sheridan en dresse le portrait de l’exploitation infatigable. Une plongée réaliste et parfois indigeste dans le cœur des États-Unis et de ses artisans en tous genre.
Une fois n’est pas coutume, la production s’entoure cette fois de la gueule bien connu de Billy Bob Thornton. Comme tête d’affiche. Celui-ci donne notamment la réplique au fameux Jon Hamm, ou plus secondairement Demi Moore. Malgré toutes ses caractéristiques, LANDMAN parvient elle à se montrer réellement percutante dans son expansion du Sheridan Univer’s ? Ou ce nouveau saut dans la machine américaine est-il celui de l’essoufflement ? Eh bien un peu des deux à la fois.
So U.S.A
En parallèle des terres sacrées du Montana au charme naturel, le showrunner s’est régulièrement aventuré sur celles plus arides et inhospitalière du Texas. Aujourd’hui, il en fait son nouveau terrain de jeu, avec tout ce qui la caractérise. En son centre y résident ses habitants et exploitants parmi lesquels il dresse le portrait d’une nouvelle figure masculine à l’instinct de survie affûté.
Sans nul doute, ce fixeur du pétrole interprété avec flegme et naturel par Billy Bob Thornton est idéal. Réparti et savoir pour un gérant de crises hors pair. En revanche, son noyau familial l’est un peu moins. Au premier abord du moins. D’un fils (Jacob Lofland) qui semble marché dans les pas de son père à une ex-femme un brin excessive (Ali Larter) et une fille tout aussi décérébrée (Michelle Randolph, découverte dans 1923), le scénariste tente avec légèreté d’insuffler une vague humaine de réalisme et d’authenticité qui fonctionne pourtant en demi-teinte.
La preuve avec d’autres profils récurrents qui effleure en permanence leurs propres limite. Mais qui fonctionnent malgré tout. De la jeune avocate hargneuse et citadine (Kayla Wallace) propulsée dans le monde sauvage jusqu’à la jeune veuve et mère eplorée (Paulina Chávez) qui se lie d’affection pour le jeune Cooper. Cela dit, l’écriture du showrunner parvient encore à trouver quelques subtilités pour déjouer ses stéréotypes. Comme le prouve cette histoire d’amour naissante.
Son shérif de la vieille école (Mark Collie), quant à lui, se révèle bien plus en retrait et cruellement peu exploité sur la durée. (celui-ci n’apparaissant tout juste que sur un tiers des épisodes). Une créditation un peu étonnante, notamment vis-à-vis du vétéran Colm Feore qui apparaît à contrario sur l’intégralité des épisodes dans la peau de l’avocat empathique et sympathique.
Pat’ Petrol
Ainsi, hormis l’amusant James Jordan qu’on retrouve en parallèle d’un autre rôle récurrent (dans Lioness justement), c’est dans tous les cas la présence récurrente de Jon Hamm en magnat du pétrole qui fait son impression. Donneur d’ordre charismatique et homme d’affaires sans vergogne, sa présence fait mouche. C’est pourquoi il est parfois dommageable que sa vie personnelle ne soit pas plus abordé à l’écran. Notamment sur un format en 10 épisodes. Dans ce sens, la créditation de Demi Moore est presque un comble tant sa présence est limitée dans le récit.
Néanmoins, malgré ses failles scénaristiques, LANDMAN parvient à tirer son épingle du jeu grâce à son sujet conséquent. En s’intéressant à l’exploitation de puits pétroliers, et de tous les composants qui l’entoure (à l’instar de ses exploitants) et avec l’aisance d’écriture de son scénariste, on finit par se prendre au jeu.
Menace d’un cartel qui guette le territoire, risque physique du métier, dédommagement de familles en deuil ou conséquence d’un travail de tout instant, la série gravite autour de son sujet et alimente ses personnages autour de multiples problématiques. À terme, on finit même par tolérer le comportement de l’ex-femme de Norris. Aussi exubérant soit-il après ses nombreuses apparitions de plus en plus récurrentes. (et pas toujours passionnantes, il faut l’avouer).
Arrivé au terme de sa première saison (une seconde est en cours de production) LANDMAN parvient à structurer parfaitement son récit avec l’ensemble de ses qualités, mais aussi avec ses légers défauts. 1h20 durant lesquels la série dramatique intensifie tout de même sa partie thriller et ou la narration de Sheridan fait tact. La preuve, puisqu’elle clôture habilement sa première saison et ouvre la voie vers une suite qui promet d’être d’autant plus aboutie.
Conclusion
Contre toute attente, (ou plutôt mes premières impressions) LANDMAN est une autre production made in Sheridan qui tient donc la route. Non sans efficacité, avec un casting bien casté, et un sujet creusé, son visionnage hebdomadaire est loin d’avoir été pénible. Notamment lorsque la continuité de sa saison varie les durées par épisode et évite (parfois) quelques longueurs. Pour sa seconde saison, un nombre accru de twists narratifs pourrait par exemple rendre la série d’autant plus efficace.
Les + :
- Un nouveau sujet que son showrunner, Taylor Sheridan, exploite en long et en large.
- Une nouvelle tête d’affiche iconique et débrouillarde fortement aidé par la seule présence de Billy Bob Thornton.
- En guest récurrent, Jon Hamm use habilement de son charisme dans cette proposition de magnat borderline du pétrole.
- Quelques belles petites surprises dans le parcours des personnages.
- Une dimension so U.S.A avec toutes les caractéristiques qui l’accompagne.
- Un final conséquent et qui tient la route.
Les – :
- En plaçant son action au Texas, cette nouvelle production de Taylor Sheridan extrapole d’autant plus son esprit de pure fable républicaine. Quasiment jusqu’à l’indigestion.
- Malgré un casting choisi avec un certain tact, quelques personnages sont mal exploités. Soit à l’excès (l’éxubérance d’Ali Larter) soit trop peu (Demi Moore, de pure façade).
- Malgré ses nombreux aspects abordés dans le récit (travail, sociale, personnel…), celui-ci manque régulièrement de nuances. Ou de pures twists dramatiques.
MA NOTE : 14.5/20
Les crédits
CRÉATEURS : Taylor Sheridan & Christian Wallace
AVEC : Billy Bob Thornton, Ali Larter, Jacob Lofland, Michelle Randolph, Kayla Wallace, Paulina Chávez, James Jordan, Mark Collie, Demi Moore, Colm Feore, et Jon Hamm (…)
ÉPISODES : 10 / Durée moyenne : 52mn / DIFFUSION : 2024-25 / CHAÎNE : Paramount +