EN DEUX MOTS : Entre 2018 et 2022, YELLOWSTONE s’est construit une réputation de saga américaine au succès grandissant. Fulgurant. (du moins, outre Atlantique). La consécration de son auteur Taylor Sheridan pour un western moderne qui mettait en vedette l’Amérique et l’un de ses derniers cow-boys : Kevin Costner. Et alors que sa saison 5 se scindait en deux parties, l’acteur phare a quitté la production (suite à de longs désaccords), laissant son destin vacillant.
Ce retour se veut ainsi bien tardif et survient deux ans après la diffusion de sa première partie. L’absence de sa tête d’affiche semble alors bien délicate à gérer pour la cohérence de la série qui revient avec 6 petits épisodes pour boucler sa saison. Et finalement la série. Le temps de dire adieu à ce grand soap américain au destin épique.
Hormis le paragraphe suivant, la suite de la critique s'avère sans spoilers.
Dorénavant habitué à la rédaction de critique sans spoilers, il sera pour moi difficile d’en aborder les caractéristiques sans parler du destin réservé au patriarche Dutton. Et même si son sort semblait tout tracé, son « exécution » (sans mauvais jeux de mots) laisser sous-entendre quelques interrogations. Sous la plume de son showrunner vétéran, la mort frappe ainsi le Montana. Et pour plus de cohérence (bien que), le scénariste temporise avec un avant et après John Dutton. Mais sans John Dutton. Car…
John Dutton est mort.
Bien que toujours créditée au générique (au côté d’une myriade de personnages secondaires, souvent inutiles), l’absence de Kevin Costner n’est pas si palpable. Évincé hors-champ dans un jeu de pouvoir et d’influence notable, sa disparition demeure somme toute logique. La ou elle aurait pu survenir bien avant dans la saga. Il s’agit avant tout de l’absence d’une dernière scène marquante pour le patriarche qui manque. Notamment quand ses remplaçants sont tout trouvés et marquent les stigmates d’une famille fracturée.
Qu’ils s’agissent de son indécrottable fille Beth (Kelly Reilly) et de son mari (et fils de substitution) Rip (Cole Hauser), ou du benjamin Kayce (Luke Grimes) et de sa famille, le récit ne manque pas d’opportunités pour rattacher les wagons. Or, cette Dutton Legacy se confronte au jeu incertain de la précipitation. Celle d’apporter une vengeance contre le pleutre Jamie (Wes Bentley) responsable indirect de la mort de leur père, mais aussi d’apporter une conclusion satisfaisante (et pragmatique) au Ranch.
Et plus secondairement, apporter une fin à ses (petites) intrigues secondaires, qui, au fil du temps, se sont avérées nombreuses.
Pourtant il faut avouer que cette précipitation laisse parfois patois. Notamment lorsqu’au moment de sa diffusion, l’avenir de la saga Yellowstone était encore incertain. Ainsi, au fil de sa courte diffusion sur 6 semaines, Taylor Sheridan se montre à la fois pessimiste et meurtrier. Pessimiste sur l’avenir du mythique Ranch familial et plus largement sur l’avenir des cow-boys. Et meurtrier envers ses protagonistes, secondaires avant tout. Pour un résultat aussi expédié ou brutal que parfois vaguement anecdotique.
Une exécution par là, un accident par ici, le deuil fait partie intégrante du récit. Qu’à cela ne tienne puisqu’il mène à une conclusion (ou une continuité) relativement cohérente de son univers, dont une page se tourne aujourd’hui. Avant d’en ouvrir une autre.
Conclusion
Sous la direction de la réalisatrice Christina Alexandra Voros, les événements avancent donc jusqu’à sa conclusion qui se profile inéluctablement. Arrivé au terme de sa saison, sous la direction de Michael Friedman (autre habitué des productions Sheridan) puis Taylor Sheridan lui-même ses deux derniers épisodes de plus d’une heure (le final dure 1h30…) se démarquent des précédents par leurs nostalgies prononcés.
Entre adieux larmoyants, dressage de chevaux, vente de bétails, concert de country et règlements de compte, ce grand soap américain s’achève avec écho de son passé. En visages comme en lieux iconiques. Ses divers rebondissements nous amènent une certaine logique, réconfortante, mais sans surprises. Concernant son héritage tant espéré son scénariste, producteur, réalisateur et showrunner boucle son histoire avec une douce amertume qui ne l’empêche pas d’atteindre l’happy-ending pour autant. Un juste-milieu suffisant avant la suite à venir.
Car juste avant la diffusion de son final, et final seulement, on apprenait la fin de la série au terme de son quatorzième épisode. Mais non sans l’annonce d’un spin-off centré sur Beth & Rip. Une bien belle manière de faire vivre son univers, dont Yellowstone restera le fer de lance. Une grande saga américaine qui fera date (sur son territoire du moins).
Les + :
- Des héritiers qui n’ont pas à pâlir de l’absence du patriarche Dutton.
- 6 épisodes qui ont le mérite d’aller à l’essentiel.
- Un double final hommage qui conjugue tous les éléments forts (et phares) de la saga.
- Subsiste l’essence atypique d’un grand show et soap américain des temps modernes.
Les – :
- Un tour de passe-passe (à l’écran comme à l’écriture) délicat pour évincer efficacement John Dutton.
- 6 épisodes qui convoquent de la cohérence, mais également de la précipitation, ce qui porte préjudice à cette saison finale. (avant sa conclusion plus complète et cohérente).
- Une distribution qui ne dispose pas toujours d’un traitement à la hauteur de sa largeur.
MA NOTE : 14.5/20
Les crédits
CRÉATEUR : Taylor Sheridan & John Linson
AVEC : Kelly Reilly, Luke Grimes, Cole Hauser, Wes Bentley, Jefferson White, Kelsey Asbille, Forrie J. Smith, Brecken Merrill,
Ryan Bingham, Denim Richards, Ian Bohen, Fin Little, Wendy Moniz, Jen Landon, Mo Brings Plenty, et Gil Birmingham,
mais aussi : Piper Perabo, Dawn Olivieri, Lilli Kay, John Emmet Tracy, Taylor Sheridan, Kathryn Kelly (…)
ÉPISODES : 6 / Durée moyenne : 55mn / DIFFUSION : 2024 / CHAÎNE : Paramount +