FURIOSA : une saga Mad Max

EN DEUX MOTS : Il y a presque dix ans, en 2015, l’indécrottable George Miller dépoussiéré son iconique saga MAD MAX avec un faux remake survitaminé. En plus d’ouvrir la voie à une nouvelle trilogie exaltante, Fury Road atomisé le genre dans une démonstration d’action et de pyrotechnie complètement folle. Son film, présenté à la fois un nouveau Max bestial, sous les traits de Tom Hardy, et féminisé sa franchise avec le portrait badass de : Furiosa.

En plus de lui voler la vedette, Charlize Theron incarnée un personnage fort et encore non-exploitée. Ainsi, après une belle attente, son réalisateur (et scénariste) revient avec un préquel ambitieux consacré au personnage. Dans un portrait plus jeune et qui s’étend sur les années, c’est cette fois l’hypnotique Anya Taylor-Joy qui lui porte ses traits. Mais pas que. Une idée de casting brillante, qui porte ses fruits aujourd’hui dans un nouvel exercice de taille.

Dans un monde en déclin, la jeune Furiosa est arrachée à la Terre Verte et capturée par une horde de motards dirigée par le redoutable Dementus. Alors qu’elle tente de survivre à la Désolation, à Immortan Joe et de retrouver le chemin de chez elle, Furiosa n’a qu’une seule obsession : la vengeance.

Allociné

À défaut d’une critique de l’excellent Fury Road, je reviens aujourd’hui sur le nouveau blockbuster qui risque d’ébranler la concurrence avant l’été. Si, à bien des égards, on peut le comparer au mastodonte DUNE II, FURIOSA joue sur un tableau plus frontal : celui de l’action pure. Que cela ne tienne, le film n’en oublie pas la narration et se révèle suffisamment différent de son aînée.

Néanmoins, après la claque de 2015, George Miller parvient-il à surpasser cette référence de l’action ? Non, et comme le révèle de nombreuses critiques (élogieuses) après son passage en avant-première à Cannes, tant mieux ! Car FURIOSA : une saga Mad Max est bel et bien différent de son aînée. Si le film ne le surpasse pas, son ambition, sa forme et sa créativité font mouche. Notamment, quand il s’agit d’étoffer son riche univers.

VENGEANCE, VENGEANCE, VENGEANCE…

La « vengeance ». C’est le crédo de toute bonne tragédie et aujourd’hui le réalisateur, quasiment octogénaire, en fait sa principale ligne de conduite. Pour le parcours de son héroïne, mais aussi comme source de réflexion dans un monde en proie à la désolation. Pour sa nouvelle épopée de Science-fiction post-apocalyptique, le metteur en scène voient les choses en grand et surtout, en long. Avec une durée non-négligeable de 2h28, il divise son film en 5 chapitres.

Si les durées varient légèrement l’évolution de Furiosa est progressive et avant tout significative : celle de la douleur. De la douleur naît la vengeance. De la vengeance naît la douleur. Et pour toute bonne vengeance, une histoire à besoin d’une chimère. Le réalisateur australien pioche local et chez les icônes Marvel avec la star d’action : Chris Hemsworth, qu’on retrouve dans un jeu assez familier. L’acteur de 40 ans se révèle comme un antagoniste déluré et ambitieux, aussi pathétique que parfois attachant. Un drôle de cocktail.

Face à lui, petit moulin à paroles affublé d’un faux nez et faux chicots, la démentielle Anya Taylor-Joy est aussi mutique que charismatique. Cette version préquelle de Furiosa tire parti de son regard envoûtant pour convaincre, tandis que le scénariste lui alloue une trentaine de ligne de dialogue. C’est peu, mais suffisant vu sa trajectoire et les aberrations génétiques auxquelles l’héroïne fait face.

Néanmoins, son regard n’est pas le seul qui marquera, puisque le film laisse de la place à d’autres visages. Respectivement, la jeune Alyla Browne qui incarne durant la première heure, Furiosa enfant, et Tom Burke. Tout deux sont, pour moi, les bonnes surprises du long-métrage. Le second apporte toutefois une variation intéressante au parcours difficile de Furiosa. Tout en étend le meilleur éclairage au profil qu’on lui connaît dans Fury Road : l’Imperator d’Immortan Joe.

LA DÉSOLATION. NON PAS TECHNIQUE.

Du sang, des larmes, de l’essence, de l’huile de moteur, des explosions et surtout des vrombissements. Assourdissant, tonitruant, et avant tout galvanisant. Dans ses immensités désertiques, les véhicules et leurs occupants/figurants donnent le tempo à l’action et sont les stars à part entière de scènes gigantesques et généreuses. Sans débander, le film se démarque par deux scènes particulièrement marquantes : l’attaque d’un convoi et un sauvetage complètement fou.

Sans révolutionner ce qu’avait accompli le réalisateur précédemment, FURIOSA se montre encore plus fou. Plus vitaminé. Plus débridé. Son interdiction au moins de 12 ans y contribue, dans une violence plus nette, mais si encore brève. (si on exclut la perte du bras de Furiosa, plus tranchante). Dans ce même état d’esprit, dans des conditions optimales avec cet effet d’avance rapide et des design de personnages parfois loufoques, la saga Mad Max frôle autant le génie que la sortie de route. À la fois kitch et nanardesque que violent et dégénéré.

FURIOSA : une saga Mad Max n’est, pour ainsi dire, jamais choquante. Qu’importe le degré de folie et d’horreur – de ces gens qui se terrent dans leurs trous à ceux qui se nourrissent d’asticots – ce film S.F. frôle autant ses limites que par le passé. L’exercice n’en est pas moins grandiose. À vrai dire, c’est également ce qui fait le sel de la saga, autant que son goût pour l’action. Disons juste que dans cette fable vengeresse d’envergure, qui a su se renouveler aujourd’hui dans sa narration, son aspect tragédie demeure en retrait. Graphique en partie.

Le film n’en demeure pas moins iconique. George Miller y exploite autant ses paysages ravagés, le nouvel ordre qui y règne, ses gouvernants consanguins jusqu’à sa figure principale, toute en intensité. En termes d’univers étendu, FURIOSA est un magnifique préquel à la saga Mad Max.

CONCLUSION

FURIOSA est également un blockbuster musclé, intense et doté d’une technique virtuose. Sur ce terrain-là, son réalisateur peut se targuer de son travail, colossal. En espérant maintenant qu’un troisième volet puisse naître dans les mêmes conditions. En ce début d’année, au cinéma, le blockbuster est roi.


Les + :

  • Un préquel qui fait du bien, qui étoffe autant son univers que son iconique personnage.
  • Anya Taylor-Joy, aussi mutique qu’éblouissante d’intensité.
  • À ses côtés, le casting (principal) brille également. D’un Chris Hemsworth méchamment pathétique, un Tom Burke enfin mis en valeur jusqu’à la jeune australienne Alyla Browne qui dispose d’un beau temps à l’écran.
  • La construction du film assez juste, épique, et bien dosé.
  • Deux immenses scènes d’action, qui prouve tout le génie de mise en scène de George Miller.
  • Un film plus débridé, fou et sans limites.

Les – :

  • Un film plus débridé, fou et sans limites. La claque en moins.
  • Une violence plus présente, mais encore un peu en retrait.
  • Une caractérisation globale de son univers qui atteint continuellement ses limites.

MA NOTE : 16.5/20

Les crédits

RÉALISATION : George Miller / SCÉNARIO : George Miller & Nick Lathouris

AVEC : Anya Taylor-Joy, Chris Hemsworth, Tom Burke, Alyla Browne,

mais aussi : Charlee Fraser, Lachy Hulme, Angus Sampson, Nathan Jones, Josh Helman (…)

SORTIE (France) : 23/05/2024 / DURÉE : 2h28

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *