EN DEUX MOTS : Plus de 5 ans après ALIENS – le retour, et 5 ans avant un quatrième opus qui clôt l’histoire de Ripley, sortait un troisième volet décrié. Un volet à la production assurément chaotique et le premier film (renié) du génie David Fincher. Fort d’une expérience dans les clips qui lui vaut une certaine renommée, le jeune réalisateur est donc engagé dans un projet constamment rafistolé. Après plusieurs réécriture total du script (au moins 3 synopsis ont été écrits) et des changements de metteurs en scène avant le lancement définitif, le tournage débute en 1991. Avec toujours Sigourney Weaver dans le rôle central.
Seule survivante d’un carnage sur une planète lointaine, Ripley s’échoue sur Fiorina 161, planète oubliée de l’univers, balayée par des vents puissants. Une communauté d’une vingtaine d’hommes y vit. Violeurs, assassins, infanticides, ce sont les plus dangereux détenus de droits communs de l’univers. L’arrivée de Ripley va les confronter à un danger qui sera plus fort qu’eux.
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Seulement après deux opus acclamés et aux genres affirmés (l’épouvante puis l’action, associée au style de la S.F horrifique) ALIEN³ essuie, naturellement, des critiques plus que mitigés. Pour preuve, le scénario est en réécriture tandis que le tournage est en cours, en Angleterre à l’époque. Avant le montage final du film David Fincher quitte le projet et se dit écœuré de sa relation avec le studio. (Et plus précisément les producteurs affiliés). 20th Century Fox sort ainsi une version cinéma d’1h54, bien loin des éditions futures (dont la première fut disponible 10 ans après) agrémentées de 30 minutes supplémentaires.
CRÂNE RASÉ ET LIEU ABANDONNÉ DE TOUTE HUMANITÉ
Ma critique se base sur la version longue du film (ou Assembly cut), qui, sans être excessive, apporte différences et détails supplémentaires à l’environnement qui englobe ce troisième opus. Quoi qu’il en soit, cette suite empreinte de bons éléments aux précédents volets. Par exemple ALIEN³ renoue avec l’aspect d’épouvante qui imprégnait le chef-d’œuvre de Ridley Scott en 1979. Le film use même d’une (unique) créature naviguant dans les décors.
Néanmoins, la dynamique de masse (avec ses nombreuses victimes) ressemble davantage au second film. Celui de Fincher renoue toutefois avec l’horreur grâce à la notion d’impuissance à laquelle sont confrontés les personnages. Ici des détenus dérangés, a tendance sociopathe, violeurs et rebus capitonnés dans un établissement pénitencier presque déserté. Et pire, démunis d’armes. L’environnement joue beaucoup avec l’ambiance et l’atmosphère industrielle et insalubres des lieux. Une direction artistique toute particulière et très réussie.
Son emploi est davantage esthétique mais hélas pas totalement exploité. Pour preuve, les canalisations, couloirs, échelles et autres recoins sont les cachettes classiques de la bête. Quoi qu’il en soit, le choix du décor dans son immensité comme son abandon sont des idées pleines de richesses. Elles contribuent au double environnement hostile où l’héroïne se retrouve prisonnière, car sa seule présence féminine fait basculer le déjà mince équilibre en place. Sans même mentionnée la présence d’un nouveau xénomorphe.
Ce climax de tension est toutefois très peu utilisé, et sert uniquement à caractériser quelques profils distincts. L’absence des autres rescapés issus de l’opus précédent demeure également discutable. Tout comme le montage subjectif de son introduction.
Malgré tout, retrouvé Ripley esseulée, crâne rasé, et face à des démons (la mort, la maternité) fait son effet. Sigourney Weaver dévoile encore sa facette guerrière et combative de femme soldat qui avait déjà fait ses preuves dans ALIENS. Une fois encore la distribution secondaire n’a pas à rougir face à la tête d’affiche. D’autant qu’ici on s’éloigne allègrement des poncifs que représenter les Marines inébranlable du film précédent. ALIEN³ dresse de son côté le portrait (succinct) de quelques pensionnaires dérangeant.
LE DROIT À L’AVORTEMENT (D’un film comme d’une grossesse non désirée…)
Puis les choses dégénèrent. Quelques profils courageux tirent même leurs épingles du jeu. Cela n’empêche pas au film de surprendre, quitte à se radicaliser. C’est par exemple le cas avec un design discutable de la créature, plus chétif, et qu’on découvre de façon inédite (et rapide) en numérique. Le résultat demeure mitigé (surtout avec le temps) mais aussi hypnotique.
Après une assez lente et réussi mise en ambiance dans sa première heure, la terreur s’installe peu à peu sur « Fury » 161. Sans grande envolée d’abord, de façon sanguinolente ensuite, puis se retrouve marqué par un rebondissement meurtrier assez cocasse : la disparition soudaine de l’attachant docteur (Clemens) interprété par le déjà impérial Charles Dance. Un aspect radical surtout quand il s’agit du seul amant et allié de Ripley en ces lieux. Un plan culte plus tard, l’intrigue nous plonge rapidement dans une autre vision d’horreur avec une grossesse non désirée. Un élément scénaristique à double tranchant.
Personnellement, s’il amène quelques pistes intéressantes (qui seront largement exploités dans la nanardesque suite) ce choix m’a relativement déplu. Le point positif réside dans la détresse continue de Ripley et du compte à rebours qui s’ensuit. Un baroud d’honneur tout feu tout flamme.
La seconde partie du film est une partie de chasse où les chasseurs sont chassés. Hormis quelques petites fulgurances visuelles (on reconnaît bien là David Fincher) et des mises à mort bien senti, le jeu du chat et de la souris s’avère moins mémorable que son aînée de 1979. Mais toutefois jouissif.
Hormis son principal souci de montage au découpage haché, ALIEN³ souffre d’une intense comparaison. Celle faite avec le premier opus, encore une fois. Son exquise d’intrigue politique le prouve avec la vision de la compagnie Weyland-Yutani toujours avide de profit. Un aspect fascinant, comme c’était déjà le cas dans l’original…
CONCLUSION
ALIEN³ (version Assembly cut) est tout de même loin d’être un film raté. C’est avant tout une occasion manquée. Ses problèmes de post-production y sont naturellement pour beaucoup tout comme l’envie d’un vrai director cut’s de la part de David Fincher aurait pu en faire un film peaufiné après-coup.
Même si le réalisateur a depuis toujours (30 ans maintenant) renié son premier film, il demeure un exercice de style à l’ambiance délectable. Une ambiance d’épouvante au fin fond de la galaxie suffisamment riche pour satisfaire pour les puristes amoureux du genre.
Les + :
- Une direction artistique pleine de richesses et un nouvel environnement passionnant
- Le désir d’une intrigue qui revient au genre de l’épouvante horreur du premier opus, avec sa menace unique de xénomorphe
- Une distribution assez juste, de la dure à cuire Sigourney Weaver à quelques profils carcéraux nuancés
Les – :
- Malgré une version longue qui a vu le jour 10 ans après, et qui corrige de nombreux manque de la version cinéma, le montage s’avère souvent abrupt, et même parfois foutraque
- Si ALIEN³ à la bonne idée de puiser sur le film de 1979, il souffre par la même occasion d’une comparaison obligatoire. En sachant que le huitième passager s’avère meilleur en tout point
- Quelques rebondissements judicieux, d’autres plus discutables. Globalement, un manque subsiste dans le film : une dimension plus large sur le potentiel/menace que représente le xénomorphe pour l’humanité
MA NOTE : 15/20
RÉALISATION : David Fincher / SCÉNARIO : Larry Ferguson, David Giler, Walter Hill
AVEC: Sigourney Weaver, Charles S. Dutton, Charles Dance, Paul McGann, Brian Glover, Ralph Brown, Danny Webb, Holt McCallany, et Lance Henriksen (…)
DURÉE : 1h54 (version cinéma) – 2h24 (Assembly cut) / SORTIE (France) : 26 août 1992
GENRE : Thriller, Épouvante-horreur, Science-fiction
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