EN DEUX MOTS : Énième spin-off issu de l’univers nécrophile (je suis un peu sévère, certes) de The Walking Dead, THE ONES WHO LIVE demeure assurément l’un des plus excitants. Tout de même. Disparu depuis plus de 6 ans, ce spin-off était avant tout l’occasion de s’attarder sur le grand retour de l’iconique leader Rick Grimes (Andrew Lincoln). Et qui plus est, dans des retrouvailles de choix face à son amour : la charismatique combattante Michonne (Danai Gurira).
Rick et Michonne sont plongés dans un autre monde, construit sur les cendres d’une guerre avec les morts. Et en définitive, d’une guerre avec les vivants. Peuvent-ils se retrouver et se rappeler qui ils étaient dans un endroit et une situation différents de tout ce qu’ils ont connu ? Sont-ils ennemis ? Amants ? Victimes ? Victorieux ? Sans l’un et l’autre sont-ils même vivants ou vont-ils découvrir qu’ils sont eux aussi des zombies ?
Sixième spin-off de la série « The Walking Dead » centré sur Rick Grimes et Michonne.
Allociné
Côté création, c’est cette fois l’émérite Scott M. Gimple et les deux têtes d’affiche qui prennent les commandes du show et imagine son histoire. Pour ce troisième spin-off conséquent, qui suit les pérégrinations des principaux protagonistes du show originel, la chaîne AMC voit les choses en grand. Malgré en format toujours riquiqui de 6 épisodes pour lancer la machine. Pour preuve, elle dispose d’un budget record (pour la franchise…) de 82 millions de dollars.
Cette nouvelle production tente ainsi d’accrocher les wagons d’une locomotive en perte de vitesse depuis longtemps, et ce, grâce à une certaine rigueur visuelle. Un budget revus à la hausse et des retrouvailles au sommet suffisent ils en faire le spin-off le plus conséquent jusqu’aors ? Mieux encore, THE ONES WHO LIVE renoue t’il avec l’esprit salvateur et survival de ses débuts ? La réponse se trouvant régulièrement entre ses questions, ce spin-off à quoi qu’il en soit mis sa fan base en ébullition.
LOST. LES DISPARUS.
Didactique mais grave, linéaire mais intrigant, ce nouveau spin-off débute complètement sous le point de vue du Rick disparu. Si THE ONES WHO LIVE se montre fatalement linéaire, cela ne l’empêche pas de parcourir son récit par de nombreux flash-back explicatifs. Ses explications, que le téléspectateur attendaient depuis si longtemps, ne pouvaient que, fatalement, décevoir. Concernant son degré de déception, le show s’en sort miraculeusement bien.
Là où la série échappe à un ratage scénaristique total, c’est par un budget justement revu à la hausse. Si ce budget permet notamment aux deux stars du show de briller, il permet également de donner vie à la mystérieuse force du CMR. Cette même force qui à capturer notre héros mourant et dont on a furtivement saisi les agissements auparavant. À défaut de faire la lumière sur son héroïne, le premier épisode lève le voile sur cette impressionnante force armée.
« Years« , comme son titre l’indique de façon tout aussi didactique, revient sur les années de « galère » de notre héros. En bataille constante avec ses oppresseurs stricts, mais aussi avec lui-même. Son personnage est toujours interprété magistralement par le Britannique Andrew Lincoln. Ce spin-off prouve même la détermination du valeureux leader avec un joli clin d’œil aux comic’s. Autour de cette brutalité et d’un abattement mental constant, le récit dresse petit à petit le portrait d’un clandestin malgré lui.
La franchise traîne invariablement des casseroles narratives bien souvent agaçante. Notamment dans la caractérisation de ses nouveaux personnages. (Un summum atteint dès son second épisode « Gone« , centré sur Michonne). Toutefois, ce premier épisode, contrairement aux suivants, m’a largement convaincu et spécialement grâce à une atmosphère plus intense.
JE T’AIME. MOI NON PLUS.
The Walking Dead étant une franchise, morte-vivante, ce petit dernier jouit ainsi de ses plus beaux atouts, mais demeure nécrosé dans son fond. C’est invariablement ce que va prouvé ses épisodes suivants. Du moins en grande partie.
Avec un second épisode bien plus bancal, sous forme de voyage utopique qui tourne au cauchemar, les aberrations narratives refont ponctuellement surface. Seconds rôles irritants, motivations philosophiques creuses et tension du danger inexistantes, THE ONES WHO LIVE ne demeure pas plus fines que ses grandes sœurs. On peut néanmoins compter sur deux têtes d’affiche réellement investies pour faire la différence.
Encore une fois, une production revue à la hausse contribue à un divertissement plus significatif. Attention, la franchise n’est jamais à proprement époustouflante, bien au contraire. Notamment en terme pyrotechnique avec le crash de plusieurs hélicoptères au fil des épisodes, par exemple (même si l’explosion d’un second rôle en plein vol fait son petit effet). Toutefois, concernant ses infrastructures, son intrigue donne régulièrement une vision globale de ces décors. C’est le cas pour son pilote, son 3e épisode »Bye » et sa conclusion, qui s’enrichissent par les moyens du CMR.
Parallèlement, la série dévoile des décors en huis clos (l’immeuble moderne du 4e épisode »What We ») ou plus naturels (la forêt lumineuse du suivant « Become« ) pour un résultat assez classique. Dans ses décors diverses, notre duo évolue dans une grande histoire d’amour rempli de difficultés. Là encore les différents rebondissements narratifs agacent par leurs incohérences et changements de motivations constantes.
« Je t’aime, moi non plus » demeure le credo passe-temps idéal d’une production en manque total d’imagination. Malgré quelques bons atouts, les épisodes 4 et 5 sont douloureux dans leurs nombreuses errances de rythme. Même sous la plume de Danai Gurira ces retrouvailles inespérées s’enlise dans des dialogues qui traînent trop souvent en longueur.
JADIS. C’ÉTAIT MIEUX AVANT. ET DÉNOUEMENT DE FEU 🔥
Néanmoins, cette aventure nous amène régulièrement là où on ne l’attend pas. Ce qui est déjà pas mal.
Seule l’alchimie de nos héros demeure dans ses noces horrifiques où les morts traînent dans le décor. Des morts à proprement inutiles malgré la vaste étendue que surplombe les décors aujourd’hui. L’intrigue tente de dynamiser cet atout horrifique par quelques trouvailles scénaristiques et visuelles (dont quelques zombies modifiés par leurs environnements). Mais comme le reste de la franchise, elle échoue à se montrer innovantes.
Assurément face au duo, la seule créditée : Pollyanna McIntosh fait pâle figure. Notamment quand son personnage atteint le paroxysme de son exploitation. Ces états d’âme développés dans l’avant-dernier épisode prouvent toute la limite d’écriture des scénaristes. Des scénaristes incapables de retranscrire à l’écran la nuance de ses protagonistes, aussi riche soient-ils. Au terme de flash-back pénibles (avec en guest le Père Gabriel (Seth Gilliam) waouh !) son exécution est un soulagement.
Quand arrive enfin son final « The Last Time« , qui s’annonce explosif (et à l’ambition révolutionnaire après moultes indécisions de nos héros) le résultat s’avère fatalement plus modéré. Toujours bourré d’incohérences son atmosphère très réussie demeure régulièrement noyer par des dialogues belliqueux. Dans tous les cas, ce final rend, cette fois, hommage à son univers via un capital nostalgie prononcé. Puis, par le biais de chaleureuses retrouvailles, offre enfin la porte de sortie que méritent nos héros.
À noter la présence comme principal guest, sur 3 épisodes, de l’ancien « disparu » de LOST : Terry O’Quinn. L’iconique Locke incarne cette fois un Général soupçonneux en proie au génocide pour sauver le plus grand nombre. Une embauche très enthousiasmante, mais fatalement un peu décevante à cette échelle réduite.
CONCLUSION
Toujours est-il que ce spin-off semble marquer tous les records pour la franchise. Budget, audience et critique. Du pain béni pour la chaîne AMC avec un résultat pas forcément escompté à la clé. Pour les puristes de la première heure du moins. En attendant cette saison de THE ONES WHO LIVE semble se suffire à elle-même. Dans l’univers de The Walking Dead, c’est suffisamment rare pour être souligné.
Les + :
- Le retour de l’icône Rick Grimes après 6 ans d’absence et de son mystère non résolus depuis.
- Une réponse bien moins catastrophique qu’elle n’aurait pu l’être.
- Un budget revu à la hausse et qui crédibilise l’univers du show.
- En découle : une atmosphère et un esthétisme (surtout pour le CMR) convaincant.
- L’alchimie du duo en tête d’affiche.
- Une belle porte de sortie pour nos héros.
Les – :
- Après un premier épisode solide, une aventure qui repart dans ses travers narratifs.
- Des longueurs agaçantes (surtout compte tenu de son format riquiqui) qui résultent de dialogues et d’état d’esprits fade.
- Des seconds rôles (en très grande partie) très pauvres de leurs développements caractéristiques. La palme pour une antagoniste à la coupe affreuse.
- Des morts-vivants plus morts que jamais de leurs inutilités latentes. (Ce ne sont pas leurs quelques différences physiques duaux différents climats qui vont changer la donne).
MA NOTE : 14.5/20
Les crédits
CRÉATEUR(s) : Danai Gurira, Andrew Lincoln & Scott M. Gimple
AVEC : Andrew Lincoln & Danai Gurira, et Pollyanna McIntosh,
mais aussi : Terry O’Quinn, Lesley-Ann Brandt, Craig Tate, Matthew Jeffers, Breeda Wool, et Seth Gilliam (…)
ÉPISODES : 6 / Durée (moyenne) : 48mn / DIFFUSION : 2024 / CHAÎNE : AMC