THE RINGS OF POWER (Les Anneaux de Pouvoir) – saison 2

EN DEUX MOTS : Quasiment deux ans jour pour jour après la diffusion de sa première saison (bancale), le mastodonte télévisuel THE RINGS OF POWER (ou Les Anneaux de Pouvoir en v.f.) dévoile sa deuxième salve d’épisodes. Mal-aimée du public, malmenée par les fans, la série la plus chère de l’histoire continue envers et contre tous son aventure fantastique. Avec quelques promesses et quelques attentes à la clé, cette saison 2 semble naturellement s’engaillardir. Et notamment grâce à une ligne toute tracée qui l’oriente vers 4, ou 5 saisons.

Avec quelques (très) beaux atouts en poche, et malgré quelques (très) gros défauts lors de sa première saison, Les Anneaux de Pouvoir avait la possibilité de rectifier le tir. Et ce, dès sa seconde aventure. Ainsi, malgré tout le mal que je pense de la première saison, je demeurai fortement enthousiaste à l’idée de découvrir cette suite.

Sauron est de retour. Chassé par Galadriel, sans armée ni allié, le Seigneur des Ténèbres en devenir ne doit désormais compter que sur sa propre ruse pour retrouver ses forces et superviser la création des Anneaux de pouvoir, qui lui permettront de lier tous les peuples de la Terre du Milieu à sa sinistre volonté. Elfes et nains, orques et hommes, sorciers et Harfoots… alors que les amitiés sont mises à rude épreuve et que les royaumes commencent à se fracturer, les forces du bien luttent toujours plus vaillamment pour s’accrocher à ce qui compte le plus pour elles : la communauté…

Allociné

Si les deux showrunners Patrick McKay & J.D. Payne semblent dépassés par la tâche qui leur incombe, la production à l’avantage de ne pas s’éparpiller dans ces différents metteurs en scène (ou même scénaristes plus secondaires, qui se chargent du gros de l’écriture). Pour preuve, la réalisatrice Charlotte Brändström (qui a, depuis, réalisée un épisode de la formidable Shōgun) co-signe 5 des 8 nouveaux épisodes qui composent cette saison. Elle est au côté de Louise Hooper et Saana Hamri, qui se chargent, seule ou à deux de la réalisation de différents épisodes. De quoi amener une certaine cohérence à l’ensemble ? C’est certain.

Toutefois, cela est-il suffisant pour corriger ses errances de rythme ou même ses caractérisations de personnages trop lisse ? Pas vraiment, puisque cette seconde aventure se compose d’une mise en image, certes plus sombre, mais d’une narration toujours plus bancale.

L’embrasement du second opus. Une flammèche ?

À l’instar de la saga Hunger Games, mais contrairement à son concurrent d’héroic-fantasyHouse of the Dragon – qui a choisi la tempérance dans sa seconde saison, Les Anneaux de Pouvoir tease une nouvelle aventure au bord de l’embrasement.

De quoi (enfin) découvrir la continuité de la création des fameux Anneaux de Pouvoir et de leurs influences, Elfiques pour commencer, mais également d’une première bataille d’envergure. Des caractéristiques qui concordent avec un univers qui s’assombrit au fur et à mesure de son déroulement. Comme le prouvait l’écrasante et épique trilogie du Seigneur des Anneaux.

Pourtant, là où sa première saison était critiqué (entre autres) sur ce point, cette suite se montre finalement assez avare en action. Du moins, dans un premier, mais non-négligeable, temps. Avant 2 derniers (et non pas trois comme nous teasé Amazon) épisodes plus soutenue et grandiose.

Les Anneaux de Pouvoir se révèle comme une aventure plus accaparée par le fait de multiplier les esters eggs qu’alimenter la dynamique de ses différents groupes. Par le biais de différentes aventures plus concrètes ou intenses par exemples. Hélas, avec une ligne directive qui peine à rendre ses protagonistes réellement attachants, le constat s’avère encore décevant.

Le goût (étranger) de l’aventure.

Cette saison 2 a, au moins, la bonne idée de plus compartimenter ses différentes intrigues, en n’hésitant pas à laisser de côté, telle ou telle parcours, le temps d’un ou même deux épisodes. Ce qui se révèle judicieux compte tenu de la qualité scénaristique de certains.

Le coup d’État à Numénor en est l’exemple le plus concret. De son intrigue politique sans intensité jusqu’à ses différents profils, qui sont soient complètement nobles ou à l’inverse, détestables, le show prouve toute la pauvreté et surtout le manque de nuances de sa narration.

Hélas, dans un environnement désertique inédit pour l’univers, la trame du fameux Étranger (Daniel Weyman) souffre également d’errances malgré sa richesse. Aussi sympathique que soit le duo (et trio) qu’il forme tout d’abord avec les pied-velus (Markella Kavenagh / Megan Richards), Les Anneaux de Pouvoir manque constamment d’éléments pour dynamiser son intrigue. Elle se contente de nombreuses discussions ou de veines menaces pour étirer son récit jusqu’à sa conclusion. Pire encore, la série se contente encore de distiller des indices sur sa véritable identité jusqu’à l’écœurement. Preuve de son manque d’enjeux scénaristique.

Via des degrés d’efficacité parfois relative, la quête des elfes, le désarroi des nains, l’aventure d’Isildur (Maxim Baldry) ou l’avancée des Uruks n’est guère plus excitante. Ces derniers ont d’ailleurs encore défrayé la chronique en donnant de la perspective sur la vie des Orques.

Preuve que les showrunners continuent leurs choix d’adaptation parfois douteux sur l’univers de Tolkien, tandis que les fans crient au scandale. Rien de pire néanmoins que la révélation très tardive de l’identité de l’Istar que certains qualifie de « plus grande trahison jamais faite à l’univers du Seigneur des Anneaux ».

De nouvelles cordes à son (ses) arc(s).

Un bon point, quelques profils viennent compléter une distribution déjà mieux ancrée dans l’intrigue. La production a l’intelligence de ne pas s’étendre et implante quelques visages reconnaissables. Au total, une petite dizaine de personnages viennent grossir ses rangs. Son guest le plus représentatif demeure l’ajout du magicien Tom Bombadil, sous les traits du Britannique Rory Kinnear. Un personnage bien connut des œuvres de Tolkien.

À noter un thème musical « Old Tom Bombadil » assez exquis dans une composition de Bear McCreary un peu moins marquante. Exception faite du tonitruant « The Last Ballad of Damrod » chanté par Jens Kidman.

Face au mage chantant, la présence de Ciarán Hinds est quant à elle décevante en « dark wizard« . Un personnage qui rappelle fatalement… Saroumane et prouve la piètre subtilité de la production, qu’elle quand était sa véritable identité. Enfin, parmi les têtes plus familières, Ben Daniels incarne humblement Círdan. Un haut elfe charismatique, mais laisser de côté après une intronisation prometteuse. À l’instar du pouvoir et de l’influence des Anneaux Elfes.

Au centre de tout ça, y gravite l’antagoniste ultime de son univers : Sauron (ou Annatar aujourd’hui) (Charlie Vickers). Affublé d’un nouveau profil plus élégant et sournois, il était couru d’avance que l’intrigue aller échouer à en faire un manipulateur de génie. Sans surprise, c’est le cas. Mais s’est finalement le désarroi du forgeron Celebrimbor (Charles Edwards) qui convainc davantage dans sa création tumultueuse des Anneaux de Pouvoir. Évidemment, les incohérences sont légion à l’écran. Et le comportement de certains protagonistes le prouve continuellement.

À la guerre comme à la guerre… Guère plus téméraire.

Néanmoins, et malgré une formule qui n’a que trop peu changé, cette seconde saison se révèle (à mes yeux) moins nanardesque, même si son rythme continue de décevoir. On peut notamment compter sur le charme de quelques personnages, à l’instar de l’aventureuse Galadriel (Morfydd Clark), le très agile Arrondir (Ismael Cruz Cordova) ou le nouvel interprète d’Adar (Sam Hazeldine). (Qui se re-dévoile intelligemment dès son introduction (très réussie elle aussi) consacré à Sauron).

Mais par-dessus cela, c’est évidemment son esthétisme qui demeure la plus belle réussite du show. (fort heureusement, compte tenu de son budget faramineux). Outre ses différentes caractéristiques soignés (décors, costumes, ou atmosphères), Les Anneaux de Pouvoir dispose d’effets spéciaux conséquents. Si son bestiaire demeure restreint ou trop rapidement exploités (comme ses fantômes à mi-saison), sa bataille s’annonçait cruciale. De quoi réellement nous prouver ce que la série avait dans le ventre.

Le résultat demeure en demi-teinte. À l’aube de son final, cette seconde saison dévoile plus d’une heure en temps de guerre, mais échoue principalement à se montrer… épique ! Entrecoupé par le calvaire du forgeron ou les déconvenues des nains, cet épisode ne parvient pas à dresser une ligne de tension suffisante, malgré ses moyens colossaux. Si elle manque parfois de gigantisme pour représenter numériquement ses troupes ennemies, la série dévoile donc un affrontement élégant, mais soustrait de spectacle.

Son final s’avère finalement assez décisif dans sa qualité, puisqu’à mes yeux, il définit la direction de cette saison entière. Qui demeure elle aussi en demi-teinte. 1h10 durant lesquels Les Anneaux de Pouvoir 2 fait tourbillonner à la fois le pire et le meilleur de sa saison.

CONCLUSION

Si le constat de cette deuxième saison est un brin plus positif, difficile d’imaginer un avenir radieux pour la suite de l’aventure fantastique. Cette grande saga Amazon aurait besoin d’une refonte totale dans sa narration pour prétendre égaler son concurrent HBO par exemple.

Non, il faut juste espérer qu’à l’avenir Les Anneaux de Pouvoir consolide ses différentes intrigues et son atmosphère guerrière. De là, elle pourrait prétendre se rapprocher de la trilogie de Peter Jackson pour commencer. Et ça serait déjà beaucoup.


Les + :

  • Une aventure moins nanardesque et un peu plus sombre que sa saison introductive.
  • Malgré ses multiples errances, son montage compartimente plus intelligemment ses différentes intrigues.
  • Un esthétisme toujours grandiose couplés à des effets spéciaux soignés.
  • Quelques personnages charmants.
  • De nouveaux visages et profils peu encombrant.
  • La détresse psychologique du forgeron Celebrimbor.
  • Quelques nouveaux titres musicaux très réussi.
  • Malgré tous les défauts qui l’entoure, enfin un vrai moment d’action en fin de saison.

Les – :

  • Une narration qui manque cruellement de nuances, d’intensité. Comme le prouve la stratégie de manipulation de Sauron quelques peu risible.
  • Avec des épisodes aux durées conséquentes, l’aventure pâtit régulièrement d’un rythme ronronnant.
  • Une aventure qui contient trop de remplissage et d’ester eggs.
  • Des caractérisations parfois nanardesque. Souvent tout blanc, ou tout noir.
  • Lors de son affrontement aux moyens conséquents, la mise en scène et l’atmosphère qui l’accompagne échouent à faire valoir son sens du spectacle.
  • Quelques intrigues creuses et bancales, qui contiennent toutes les lacunes du show.

MA NOTE : 13.5/20

Les crédits

CRÉATEURS : Patrick McKay & J.D. Payne

AVEC : Morfydd Clark, Charlie Vickers, Robert Aramayo, Ismael Cruz Cordova, Markella Kavenagh, Charles Edwards, Daniel Weyman, Sophia Nomvete,

Owain Arthur, Maxim Baldry, Llyod Owen, Cynthia Addai-Robinson, Benjamin Walker, Tyroe Muhafidin, Megan Richards, Carián Hinds, Trystan Gravelle, et Peter Mullan,

mais aussi : Rory Kinnear, Ema Horvath, Sam Hazeldine, Leon Wadham, Amelia Kenworthy, Alex Tarrant,

Ben Daniels, Kevin Eldon, Will Keen, Gavi Singh Chera, Tanya Moodie, Nia Towle, Calam Lynch (…)

ÉPISODES : 8 / Durée (moyenne) : 1h / DIFFUSION : 2024 / CHAÎNE : Amazon

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