THE LAST OF US : épisode 9 (finale) – saison 1

Il est déjà là, l’ultime épisode de sa première saison qui conclut (pour le moment) le voyage de nos deux héros. Après un nouveau record d’audience et deux épisodes qui font la part belle à son héroïne Ellie (Bella Ramsey) c’est au tour de Joel (Pedro Pascal) de se retrouver face à des choix moraux lourds de conséquences.

Son intense huitième épisode était (comme tant d’autres) déjà trop court. Ce final ne rassure pas plus avec sa plus petite durée, soit à peine 45 minutes au compteur. Pour le mettre en scène, on retrouve néanmoins le talentueux Iranien Ali Abbasi, tandis que les deux fidèles showrunners, Craig Mazin & Neil Druckmann, se chargent de l’écriture.

La grande question était évidemment de savoir si la saison ne s’achève pas dans la précipitation ? Et si la force émotionnelle du duo avait eu le temps de suffisamment exister au terme de cette épopée apocalyptique ? Oui et oui. Avec une nouvelle surprise en début d’épisode et un massacre succinct, THE LAST OF US se précipite. Mais son duo n’a jamais été aussi criant de vérité et délivre plusieurs courtes mais puissante scènes d’émotions.

ÉPISODE 9 : Look For the Light

EN DEUX MOTS : Pour faire le lien avec le titre du premier épisode, ce final complète le slogan des Lucioles : When You’re Lost in the Darkness…  »Cherche la lumière ». Un épisode qui à notamment du sens pour notre héros meurtri prêt à tout pour sauver une marchandise qu’il a fini par chérir. Contre toute attente, cet épisode ne s’ouvre pas sur le regard vague de celle-ci.

Dans deux scènes entrecoupées d’un générique devenu quasi culte, ce final place son regard sur un personnage original : Anna (Ashley Johnson). Dans un caméo à la limite du méta, l’actrice qui incarné Ellie dans les jeux interprète ici la mère de notre héroïne, le jour de son accouchement. Et de sa mort.

Les chiens ne font pas des chats

Une scène inédite qui va également nous apporter la réponse à l’immunité de notre héroïne. Il s’agira également de la tout aussi succincte et dernière apparition d’un infecté durant la saison. C’est bien trop peu, soyons honnête.

Ainsi son intitulé s’avère subtil a plus d’un titre et nous éclaire (enfin) un tant soit peu sur ce groupe extrémiste des Lucioles. Pavé de bonnes intentions mais aux méthodes pas si éloignées de leurs bourreaux (aka la FEDRA). Tout juste effleuré dans son pilote, leur cheffe Marlene (Merle Dandridge) trouve ici une place plus centrale dans le récit avec des motivations intensifiées.

DERNIÈRE RONDE (ILLUMINÉE)

L’enjeu était de taille avec ce final condensé. Donner une conclusion suffisamment puissante pour nous contenter au terme de sa fin brute. Pour ce faire, la dynamique naturelle du duo se devait de tutoyer la poésie du jeu à l’ouverture du printemps. Tel une renaissance. Hors, après ses deux scènes qui ouvrent l’épisode, ce final ne laisse qu’une petite demi-heure au téléspectateur pour savourer la fin de parcours d’un duo iconique.

Forcée à grandir trop vite

Dans des rôles quasiment inversés, Joel s’avère être une vraie pipelette. Tandis qu’Ellie est autant évasive que perdue dans ses pensées. Plongée dans les actes qu’elle a dû commettre, à l’aube du jour où son destin va être bouleversé.

Une fois n’est pas coutume, THE LAST OF US adapte presque à l’extrême. Décors, tenues, tout est là pour donner vie à ce monde sans vie. Aujourd’hui à Salt Lake City.

Baignés par la lumière

La fouille d’un camping car, des paroles bienveillantes, une échelle qui tombe jusqu’à une très belle scène face à une girafe. Mélancolie et douceur se mêlent au récit. Pour une fin de voyage quasi rédemptrice pour nos deux héros, qui semblent prêts à trouver la paix.

Chez Tommy, dans un ranch avec des moutons, sur la Lune… Je te suivrai n’importe où.

Ellie à Joel

Cette douce beauté trouve son point d’orgue dans une confession de Joel. Inédite elle aussi et qui redéfinit son personnage, plus démuni si on le compare à l’œuvre vidéo-ludique. Après la revue d’explication d’un camp militaire déserté l’homme endeuillé avoue sa tentative de suicide. Au deuxième jour de l’épidémie. S’ensuit une subtile émotion qui tournoie grâce aux jeux de regards intenses des deux interprètes. Probablement la plus belle scène de l’épisode. 

– Les temps guérit toutes les blessures.

– C’est pas le temps qui m’a guéri.

(…) Je suis contente… que t’aies raté ton coup.

Ellie & Joel
Poussière dans l’œil

Si à mes yeux la facette de dure à cuire colle bien trop au physique de Bella Ramsey, son ultime jeu sous la caméra d’Ali Abbasi à fini de me convaincre. Par une fragilité sincère. Toujours renforcés sous les thèmes sacrés et lyriques du compositeur Gustavo Santaolalla.

JOEL THE TERMINATOR

Après ce très beau quart d’heure, il ne reste plus qu’un quart d’heure à l’épisode pour ensuite délivrer une explosion d’intensité. Via un sauvetage risqué. C’était tout le programme du chef d’œuvre vidéoludique contraint d’être ingéré dans un montage de 45 minutes.

Sous une ligne de motivation obstruée, Joel vacille. Notre héros se transforme en véritable machine à tuer. Tandis que l’intégralité de la saison prône le réalisme et réduit à l’extrême les menaces environnantes, ce final fait l’exact opposé. Dans un montage surréaliste, Joel abat sans concession. Des hommes armés, désarmés, blessés, il exécute sans aucune morale.

Pour un résultat en demi-teinte, mais dans lequel j’ai sincèrement apprécié la réduction de la ligne de sons environnant. Ici remplacé par le thème musical The Last of Us (Vengeance). A mesure que Joel use d’une nouvelle arme, il semble se détacher de la réalité. Jusqu’à ce qu’il retrouve la lumière.

« Cherche la lumière »

Si le show fait abstraction de sa course folle avec une Ellie inanimée dans les bras de son protecteur, l’ultime scène face à Marlene est évidemment présente. Seul face à cet ultime choix qu’il décide de prendre à la place d’Ellie, Joel se montre impitoyable. Et égoïste. Le montage demeure identique à son matériau qu’il adapte. D’une prise de conscience à un mensonge amère agrémenté d’une légère mise en situation.

Le choix du cœur, dilemme morale. Sauver la fille ou l’humanité

Tu la pourchasserais

Joel avant d’abattre Marlene

ÉPILOGUE

Ses dernières minutes se composent d’une énième marche, qui les ramène dans le Wyoming, à proximité de Jackson. Celles illuminées du milieu d’épisode et celle-ci représente le chemin parcouru pour nos deux personnages. Hélas l’univers de THE LAST OF US ne laisse pas la place à un happy-end mais à celle de l’amertume.  »Mais il suffit de continuer pour trouver une nouvelle raison de se battre ».

Donner un sens à tout cela

Malgré de jolies références entre Sarah et Ellie, Joel finit par se fourvoyer, à nouveau. Et décide de mentir face à la plus pure des vérités. Tout en pensant protéger celle qu’il aime. Où ne voulant pas se résigner à la perdre après tant de souffrances et de sacrifices.

Ainsi s’achève le premier jeu, ainsi s’achève cette première saison qui aura su rendre hommage à ce récit intimiste et puissant. Pour une fin qui divise, tant elle brouille la ligne morale d’un  »héros » à nos yeux. C’est toute la force de l’écriture, a qui il manque un nombre cruel de minutes néanmoins.

La beauté du mensonge

THE LAST OF US s’avère imparfaite mais empreint d’émotions. Au fil des semaines elle est devenue une référence. Et à déjouer la malédiction des adaptations de jeu vidéo en live action, jugés souvent inadaptable. La même chose pour sa suite s’avère nettement plus compliquée au vu de la densité du récit. Qu’à cela ne tienne, ses showrunners ne nous ont (objectivement et quasiment) pas déçus jusqu’à présent.


CONCLUSION

Les + :

  • Une nouvelle introduction pleine de sens, de références, et de surprises
  • La bouleversante alchimie du duo dans plusieurs scènes pleine d’émotion
  • Deux têtes d’affiches qui finissent d’épater dans des registres d’interprétations variés
  • Une amertume parfaitement retranscrit à l’écran

Les – :

  • Une intensité et une durée général outrageusement trop courte
  • La vision surréaliste du massacre des Lucioles
  • Un final qui conjugue quelques gros défauts de cette adaptation, notamment son manque de menace infectieuse

MA NOTE :

RÉALISATION : Ali Abbasi / SCÉNARIO : Craig Mazin & Neil Druckmann

DURÉE : 44mn / SORTIE : 13 Mars 2023 (France)

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