Le septième épisode de la série événement THE LAST OF US demeure à ce jour le plus décrié de sa première saison. Pour deux raisons principales : une tension revue à la baisse et une homophobie délirante à son encontre. La preuve que le ridicule ne tue pas. Pourtant ce segment très fidèle demeure indispensable et lève le voile sur son héroïne Ellie (Bella Ramsey).
Cette fois réellement seule face au danger, ce huitième et avant dernier épisode adapte le segment hivernale sous le point de vue de l’adolescente. Un moment bluffant et inattendu du jeu qui se dévoile ici dans un montage condensé de 50 minutes.
La production fait appel à un nouveau réalisateur indépendant, cette fois d’origine Iranienne, pour donner vie à deux segments fondamentaux qui clôture le parcours d’Ellie & Joel (Pedro Pascal). Ali Abbasi filme d’abord le calvaire de l’héroïne confrontée à sa plus grande peur et à l’horreur humaine. Réalisateur et scénariste (Craig Mazin) parviennent-ils à retranscrire ce cauchemar éveillé en si peu de temps ? Globalement oui. Et avec maîtrise.
ÉPISODE 8 : When We Are in Need
EN DEUX MOTS : »Quand on est dans le besoin », un titre qui dispose de plusieurs significations dont la première concerne son duo en tête d’affiche. Mais pas uniquement, comme le démontre ses premières minutes qui présentent une nouvelle communauté, aujourd’hui catholique, en difficulté. En proie au doute.
Le reste de ce début d’épisode fait également la lumière sur l’autonomie d’une héroïne bien décidée à ne pas laisser mourir son protecteur. Malgré des conditions critiques. Une très belle mise en œuvre qui donne du sens à l’une des phrases sacrés de la fiction : »la survie à tout prix ». Comme va le prouver le reste de l’épisode dans les actes commis par les personnages.
Après le clin d’oeil du sixième épisode la série réintègre la vision d’un lapin blanc immaculé, dans une scène qui fait écho au jeu. Mais où Ellie échoue dans sa chasse, avant de se retrouver face au Daim. Dans tous les cas, dans sa recherche de provisions, notre héroïne (qui chasse seule après l’apprentissage auprès de Joel) fait la rencontre du mystérieux David (Scott Shepherd). Accompagné de son homme de main, James (Troy Baker).
A noter ici la participation d’un troisième acteur présent dans le jeu vidéo. Et non pas des moindres puisqu’il s’agit de l’interprète original qui prête sa voix au personnage de Joel. Aujourd’hui il incarne avec plus de consistance ce PNJ secondaire au destin toutefois identique.
Quoi qu’il en soit, entre craintes et marchandages les échanges entre Ellie et son futur geôlier ne manquent pas de tact. Bien au contraire. Notamment lorsque l’ambiguïté du pasteur corrèle avec la blessure de Joel.
»Rien n’arrive par hasard »
Le mantra de l’inquiétant David
DES HOMMES ET DES ACTES
Encore aujourd’hui ce huitième épisode demeure une adaptation extrêmement fidèle. Et concise. Néanmoins, si elle fait abstraction de toute menace infectieuse, sa partie humaine demeure suffisamment consistante dans son intensité dramatique. Qui brille toujours sous la plume du showrunner Craig Mazin.
Sans être ultra violente, la morbidité ambiante due aux horreurs commises par le leader de cette communauté était nécessaire dans l’adaptation. C’est précisément ici que son duo en charge de l’épisode fait mouche.
A la manière des résistants de Kansas City, le récit éclaire succinctement la communauté de David. De façon glauque et sectaire, sous une détresse non feinte par certains de ses membres. Cet inquiétant antagoniste dispose d’une perversité et d’un abus de pouvoir parfaitement dosé par son interprète au physique peu avantageux. Mais aussi d’une envie de protection envers Ellie en correspondance à celle de Joel, pourtant bien différente.
Il y a un certain nombre de non-dits qui laissent la place à la suggestion. Dans tous les cas, le résultat est bluffant de réalisme malgré le peu d’éléments déployés à l’écran.
Toutefois, si l’ensemble des téléspectateurs se rangeront naturellement dû côté de nos héros durant leurs parcours, cet épisode nous interroge encore sur les actes commis dans la nécessité de la survie. Pour l’intérêt des êtres chers, entre autres. La seule différence se distingue chez David qui a déjà franchi cette ligne morale. Bien qu’il puisse disposer d’une certaine bonté et d’une bonne volonté sommaire malgré ses lubies perverses.
DÉCHAÎNEMENT DE BRUTALITÉ
La violence pervertit le cœur. Comme le prouve la dernière partie de l’épisode qui retranscrit bibliquement les moments les plus forts du segment »hiver » du jeu vidéo. Cette mise en situation s’avère progressive et concerne les trois personnages centrales de cet épisode. À savoir David, Joel et Ellie.
Le premier y dévoile une facette dérangeante de pédophile gangrené par ses motivations apocalyptique, tandis que notre héros n’hésite pas à user de ses méthodes de torture pour retrouver sa fille de substitution. C’est évidemment celle-ci qui dispose de la plus belle partition.
La tentative de survie d’Ellie s’avère aussi forte que son imagerie gore s’intensifie tardivement à ce moment de la saison. Une imagerie qui sous la caméra et le montage d’Ali Abbasi se rapproche indéniablement de la brutalité des cinématiques du jeu. Suffisamment parlant pour marquer la rétine. Ce que va parfaitement retranscrire la captivité d’Ellie qui va parvenir à s’extraire de son bourreau.
D’un grand cottage en feu ou se dévoile une perversité sans pudeur suivie d’un déferlement de violence ahurissant. THE LAST OF US saisi l’émancipation d’Ellie avec rigueur et meurtrissure a chaque coup porté contre l’infâme David. Bella Ramsey convainc largement dans sa détresse et sa combativité malgré son don naturel pour l’insolence.
It’s okay baby girl. I got you.
Joel à Ellie
Les retrouvailles des deux héros et les douces paroles de Joel font également mouche dans les derniers instants. Même si j’aurais apprécié un chaos ambiant dans ce village de vacances glacial au moment de sa chute. Quoi qu’il en soit, la série réussit haut la main ce passage délicat et intense avant son grand final.
CONCLUSION
Les + :
- Une nouvelle communauté à la ligne morale ambiguë
- Un antagoniste inquiétant à souhait
- Un parallèle sur la violence des actes parfaitement retranscrit et plus frontale à l’écran
- Le calvaire de ses héros
Les – :
- Une intrigue puissante mais toujours trop concise
- Un chaos qui s’abat trop vite en fin d’épisode et qui manque d’ampleur
MA NOTE :
RÉALISATION : Ali Abbasi / SCÉNARIO : Craig Mazin
DURÉE : 51mn / SORTIE : 06 Mars 2023 (France)
[…] ÉPISODE 8 […]