EN DEUX MOTS : Fort d’un engouement astronomique, le slasher TERRIFIER 3 fait trembler le box-office malgré sa limite de diffusion. Ce succès surprise a suffi pour que je me penche dessus, même si, en toute honnêteté, je n’ai vu que partiellement les deux précédents films. Le premier à cause de sa pauvreté artisanale et le second pour sa cruauté un brin excessive couplé à sa narration trop nanardesque.
Pour autant, en réel amateur de films d’horreur et d’épouvante, que je qualifie volontiers de plaisir coupable, ce genre sous évalué connaît son heure de gloire grâce au phénomène que représente aujourd’hui le film. Ce troisième volet, plus largement distribué qu’auparavant a pourtant subit au dernier moment une interdiction au moins de 18 ans en salles. Une décision très rare, mais qui a finalement jouer en sa faveur et contribué à son succès.
Après avoir survécu au massacre d’Halloween perpétré par Art Le Clown, Sienna et son frère tentent de reconstruire leur vie. Alors que les fêtes de fin d’année approchent, ils s’efforcent de laisser derrière eux les horreurs passées. Mais au moment où ils se croyaient enfin à l’abri, Art refait surface, bien décidé à transformer Noël en un véritable cauchemar.
Temps mieux, car avec son budget 10 fois supérieur (2 millions cette fois) ce troisième volet, qui prend comme toile de fond le thème sacré de Noël, compte bien secoué le cocotier du slasher outrancier. Y parvient-il ? Ou (comme le prouve à nouveau son synopsis), la saga de Damien Leone demeure telle un gentil navet gore ? Hélas, le résultat sur grand écran paraît encore plus nanardesque qu’auparavant. La déception est conséquente puisque le film ne semble pas non plus davantage généreux que ses prédécesseurs.
Une semaine après la farce que représente (pour la plupart) JOKER Folie à Deux, TERRIFIER (Folie gore Numéro 3) marque le contrecoup d’un clown qui nous fait bien rire. Et parfois vomir.
Art : un clown (de noël) qui vous veut du bien.
Ainsi, le film s’ouvre dans cet esprit de slasher dérangé puis poursuit sa mythologie poussive. Pour être tout à fait honnête, c’est avant tout sa qualité visuelle et son sound design qui fait défaut au film. À croire que son nouveau budget alloué n’a eu aucune incidence sur la qualité de son travail artisanale et indépendant. Ce qui prouve toute la limite du talent de Damien Leone.
Bien sûr, le jeu risible de la distribution n’aide pas au remplissage de son histoire ronronnante. Heureusement, les apparitions d’Art le Clown (David Howard Thornton) égaillent chaque mauvaises minutes à l’écran. Aussi gore soient elles. Et si, en effet, cette suite passe un cap dans la perversion des sévices illustrés, le résultat m’a moins choquer que par le passé. Tous les instruments sont bons pour illustrer la folie destructrice de ce clown désaxé. Aujourd’hui notre serial killer mutique délaisse sa hache pour une belle tronçonneuse blanche. Avec le carnage carnassier qui l’accompagne.
Pour preuve, cette suite a également l’ambition de revisiter les contes de Noël en mode horreur. Même si ici l’intérêt s’avère rapidement limité. Dans des décors toujours aussi pauvres et kitschs, TERRIFIER 3 n’illustre que trop rarement son contexte féerique. (hormis peut-être lors de sa distribution de cadeaux).
Le problème majeur de TERRIFIER réside dans son exécution. Peu importe son degré de sadisme, sa mise en œuvre est parfois aberrante. Qui plus est, sous la mise en scène approximative de son réalisateur/scénariste, qui alterne entre les plans belliqueux. Cerise sur le gâteau, son montage fait l’impasse sur plusieurs éléments chocs (par manque de moyens ?) ce qui diminue grandement son ambition d’ultra-violence cessée marquer la rétine. Ironiquement, ce troisième volet s’autocensure et illustre à merveille ses limites. Dommage.
CONCLUSION
Couplé à un doublage V.F. tout à fait risible (séance limité oblige), TERRIFIER 3 s’affiche comme une suite rétro. À tous les niveaux. Et pourtant, quelques jours après sa sortie, un lundi soir à 22h, la salle est comble. Et curieusement calme durant ses 2 heures parfois interminables.
Quoi qu’il en soit, la bonne nouvelle, c’est qu’avec ce succès international au rendez-vous, cela va permettre à l’artisan et réalisateur Damien Leone de peaufiner son art avec des moyens (réellement) plus conséquent. Avec son esprit sadique et excessif, le résultat promet tout de même de belles choses pour l’avenir.
Les + :
- L’excellent Art le clown, serial killer sans limites, mutique et magnifiquement expressif.
- Quelques moments gores qui ont le mérite de faire rire à défaut de réellement choquer.
- Un succès relatif qui va donner l’occasion au réalisateur d’étoffer son travail artisanal.
Les – :
- Une enveloppe esthétique aussi laide que parfois approximative. Couplé à un sound design catastrophique.
- Avec son montage boiteux, cela a la fâcheuse tendance de réduire le potentiel gore du film. Qui, lui, est pourtant sans limites.
- Des moments de narration (et d’interprétations) risible. Mention au rôle de survivant du petit frère, plus inutile que jamais.
- Une mythologie aux démonstrations si aberrantes qu’elles demeurent contraignantes.
- Un contexte de Noël sans intérêt.
- Un budget (beaucoup) plus conséquent que le précédent, mais que ne semble pas l’exploiter.
MA NOTE : 11/20
Les crédits
RÉALISATION & SCÉNARIO : Damien Leone
AVEC : Lauren LaVera & David Howard Thornton, Samantha Scaffidi, Bryce Johnson, Margaret A. Florence, Daniel Roebuck, Elliott Fullam, et Jason Patric (…)
SORTIE (France) : 09 octobre 2024 / DURÉE : 2h05