SILO – saison 1

EN DEUX MOTS : Les tentatives d’adaptation de grande saga S.F (comme de fantasy) demeurent un exercice périlleux. Sur grand comme petit écran. Avec des chaînes qui pullulent et des moyens qui grandissent, chacun tente de se démarquer. Et c’est aujourd’hui le pari de la encore jeune et méconnue Apple TV + qui ne manque pas de moyens mais probablement d’abonnés. SILO (et son partenariat en France avec Canal+) pourrait changer la donne. D’autant que cette saga émergente le mérite.

Dans un futur où la Terre est dévastée et l’air devenu toxique, les survivants vivent dans un silo géant souterrain de 144 étages. Au sein de cette communauté, les individus doivent se plier à toute une série de règles très strictes destinées les protéger. Les citoyens qui enfreignent la loi sont envoyés en dehors du silo, condamnés à y trouver la mort au contact d’une atmosphère irrespirable. Pourtant, peu à peu, l’idée que les dirigeants mentent sur ce qu’il se passe à l’extérieur fait son chemin…

Adaptation des romans de science-fiction post-apocalyptique « Silo », de Hugh Howey.

Allociné

Ambitieux, large, apocalyptique, SILO est donc un mastodonte S.F, qui, de plus jouit d’une équipe technique convaincante. Chapeauté par un scénariste vétéran d’actionner des années 90 – Graham Yost – et plus récemment de quelques séries notables (The Americans, Justified…) tout d’abord. Mis en scène ensuite par un réalisateur norvégien à prendre au sérieux (Morten Tyldum, à la barre des trois premiers épisodes), comme le prouve ses projets américains à la plastique de taille (The Passengers, Imitation Game…).

Et enfin consolidé par une tête d’affiche – Rebecca Ferguson – qui n’a pas à rougir de ses grandes apparitions sur grand écran. Notamment avec les derniers Mission Impossible et l’immense DUNE, et DUNE part II à venir.

144 ÉTAGES POUR 144 RESSORTS NARRATIFS ET 1 IMMENSE TALENT

Du talent derrière et devant la caméra ne suffit pas à en faire une référence. Des ressorts cohérents qui nous plongent dans un univers inédit en supplément, oui. Et c’est exactement ce qu’accomplit SILO lors de ses 3 premiers épisodes.

Outre des moyens d’une production Apple d’envergure (conséquent donc), la série convainc et surprend par la justesse de ses rebondissements narratifs. Et par conséquent par son montage astucieux qui fait et défait les théories du téléspectateur. (Du moins en début de saison). Au fil du récit et des dix premiers épisodes de sa première saison, l’intrigue alloue promptement du temps à ses personnages. Principaux comme secondaires. Ce faisant SILO multiplie intelligemment et parfois sommairement ses points de vue.

En son centre l’hypnotique et charismatique Rebecca Ferguson bouffe l’écran. Dès son apparition (badass) dans les derniers instants du pilote. La superbe actrice de 40 ans et d’origine suédoise incarne Juliette. Elle met en avant un personnage d’apparence bestiale, hargneuse, avec pourtant une belle part de sensibilité et de crainte. C’est sans aucun doute LA grande force du show, tout aspect confondu.

Autour d’elle s’articule néanmoins un casting fort bien alimenté, utile à son univers. Qu’il donne bien ou peu la réplique à notre tête d’affiche. Cela commence par le couple en difficulté interprété par Rashida Jones et David Oyelowo. Viennent plus tard, le grand Tim Robbins (dans tous les sens) ou encore Common dans une partition nuancée. Tous y interprètent des résidents du mystérieux et immensément imposant SILO. Une unité de lieu aux perspectives et à la grandeur bien retranscrite malgré sa forme du huis-clos. Cette première saison n’est pas exempte de tout défaut pour autant.

LA PETITE BÉBÊTE EN SURFACE

Par exemple, si le voyage dystopique de Juliette s’avère riche et cultive le mystère, il détient une forme très classique dans ses problématiques. Un récit initiatique somme toute efficace, et encore une fois encore maîtrisé, notamment techniquement. D’une pièce à une autre, néanmoins, l’environnement manque de diversité, même si les détails et le style rétro sont légion. Un aspect austère et peu définissable qui se retranscrit également sur les différentes factions qui composent le SILO. Des forces de l’ordre, aux mécaniciens jusqu’au mystérieux service judiciaire.

Au fil du récit et de l’enquête de notre héroïne les différences entre les niveaux, et surtout les classes sociales, semblent parfois trop peu nombreuses malgré les restrictions auquel sont confrontés les résidents. Une notion qui maintient un suspense évident et qui s’étiole heureusement durant la seconde partie de saison lorsque l’intrigue lève le voile sur la surveillance des habitants et d’une machination évidente en son centre.

Avec une composition de 10 épisodes à durée tout à fait variable (de 45mn à 1h) SILO à également la fâcheuse habitude d’étioler son suspense au fil de la saison. Un aspect qu’on découvre via ses nombreux cliffhanger de fin d’épisodes, trop vite désamorcés ensuite. Force et de constater que la machine fonctionne quoi qu’il en soit. Et fonctionne même très bien.

Dès lors, et après un début de saison très convaincant, la narration tâtonne jusqu’à nous maintenir sur une petite ligne de suspense constante. Dans un rythme toujours bien dosé dans les genres qu’elle aborde. Bien que longuette sur le genre du polar. Concernant la découverte de son univers le montage évite le piège d’un récit qui s’encombre de flashbacks réguliers. Et cela malgré les différentes lignes de temps qui caractérise son début de saison.

CONCLUSION

SILO demeure homogène et pousse le spectateur à se poser des questions tout au long de sa diffusion. Qu’elle soit hebdomadaire ou en bing-watching. Un point qu’on peut lui accorder également grâce à des protagonistes insondables et à l’importance liés aux différentes reliques qui peuplent son univers.

Néanmoins, découvrir un univers qui prend en épaisseur au fil des semaines prouve que la série à énormément à offrir, via l’imagination de son auteur et du récit qu’il a créé. Les réponses qu’on obtient alors en fin de saison pousse d’autant plus à l’excitation.

Quoi qu’il en soit, cette première saison à de quoi bien huilé les rouages d’une potentielle saga S.F exaltante et passionnante. D’autant que la série a réalisé un beau score (le meilleur) sur la plateforme, et à gagné un renouvellement. Jusqu’à présent l’une des plus belles (et solide) nouveautés de 2023.


Les + :

  • Rebecca Ferguson, héroïne totale et charismatique
  • Un univers S.F et post-apocalyptique très ambitieux, riche d’idées
  • Une production à la structure très solide
  • Un début de saison alléchant et surprenant
  • Un certain nombre de seconds rôles bien mis en valeur, et succinctement

Les – :

  • Une gestion des rebondissements en demi-teinte
  • Des thèmes de récits initiatiques peu, ou pas très, originaux
  • Un certain frein sur la compréhension et les décors de son univers

MA NOTE : 16/20

CRÉATEUR : Graham Yost

AVEC : Rebecca Ferguson, Common, Chinaza Uche, Avi Nash, Harriet Walter, Rick Gomez, et Tim Robins, specials guest stars : Rashida Jones, David Oyelowo,

mais aussi : Will Patton, Geraldine James, Ferdinand Kingsley, Billy Postlewaite, Remmie Milner, Caitlin Zoz, Tanya Moodie, et Iain Glen (…)

ÉPISODES : 10 / Durée (moyenne) : 50mn / DIFFUSION : 2023

GENRE : Drame, Thriller, Policier, Science-fiction / CHAÎNE : Apple tv+

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