LOST : les disparus – saison 3

EN DEUX MOTS : Avec près de 50 épisodes au compteur, la saga LOST c’est créer une vraie mythologie tout en alimentant la survie des rescapés du vol Océanic 815. Pour sa 3e saison à peine plus courte – 23 épisodes – et qui s’étale à nouveau sur deux années de diffusion, la saga passe toutefois un CAP de non-retour. Non seulement cette 3e aventure lève le voile sur de nombreux mystères, mais elle s’inscrit surtout comme la dernière composer intégralement de cultissime flash-back.

Avant son renouveau, une dynamique et un format plus restreint, cette saison combinent également les forces et les faiblesses des deux précédentes. En son cœur, réside ces personnages et sa mythologie mystique. Toutefois, en parallèle d’une écriture souvent bien nuancée, son rythme et sa construction demeurent en dents de scie. Malgré quelques beaux éclairages sur son univers, LOST cultive encore l’art du mystère quitte à parfois nous perdre. En plus de nous ralentir à cause d’un remplissage non-négligeable.

Attention néanmoins, l’aventure révèle de très bons moments et de très belles idées qui font du show un must en son genre. Sa fin de saison le prouve une fois de plus. Il s’agit avant tout pour la saga de sa limite d’exploitation comme le prouvent ses différentes révélations ou non-révélations.

Qui sont les Autres ? Pourquoi les rescapés du vol Oceanic Airlines sont-ils sur l’île ? Quel dessin supérieur gouverne la vie de tous ces personnages ? Peu à peu, certains mystères trouvent des réponses, tandis que surgissent d’autres énigmes.

Eux ou Nous.

En s’achevant sur un nouveau suspense de taille, le retour de LOST avait la lourde tâche de répondre à quelques interrogations. Sa première partie (ou du moins l’une de ses deux intrigues) débute à la perfection en nous plaçant brièvement du point de vue des « Autres ». Qui plus est, sous une forme de normalité malgré sa localisation – l’île – au sein d’une communauté d’apparence idyllique. Tandis que, dans le ciel, l’avion du vol Oceanic 815 se disloque.

Dès lors, ses résidents de l’île seront perçus sous un nouveau jour. Et parallèlement au calvaire des trois héros kidnappé – le héros tourmenté (Matthew Fox), la fugitive tiraillée entre sentiments et la raison (Evangeline Lilly) et le bad boy plus doux qu’il n’y paraît (Josh Holloway). Un trio par ailleurs parfaitement exploité au cours de cette fatidique saison, notamment via leurs romances individuelles. Mais c’est surtout avec deux de ses nouveaux récurrents crédités que le point de vue des Autres évolue concrètement.

D’abord sous le regard de Juliet (Elizabeth Mitchell), sur lequel s’ouvre cette saison, et puisque celle-ci s’inscrit comme l’ultime personnage marquant qui rejoint la distribution de manière permanente. Cette dernière incarne une chercheuse à la fois douce, mais pleine de ressources, qui, dans la pure tradition de LOST s’avère idéalement nuancée, tiraillée, et donc brillamment écrite.

À ses côtes, l’acteur Michael Emerson se dévoile sous son vrai jour. Benjamin Linus, un leader d’apparat peu charismatique, mais aussi bien écrit que malin. Faisant de lui un antagoniste (d’apparat encore) très réussi. La genèse de son personnage (lors du 20e ép.) sera d’ailleurs l’élément le plus révélateur sur la passionnante initiative Dharma. Dans tous les cas, le récit sera exploité ses nombreux personnages habilement. Et parfois même de façon éphémère vu la largeur du groupe.

L’écho mystique et labyrinthique. (Pour ne pas dire soporifique).

Ainsi, l’incursion auprès des « Autres » est une réussite en son genre. Du développement des rapports humains ou sur la nature même de la notion d’ennemi. Et plus largement du bien et du mal. Comme le souligne habilement un personnage, les rescapés ont, jusqu’à présent, tuer plus de ses fameux ennemis qu’à l’inverse. En levant le voile sur cette communauté aux motivations brumeuses, la série dévoile également des infrastructures inédites. Enfin. D’un ancien zoo, une station d’écoute, ses baraquements jusqu’à une fameuse station sous-marine.

En revanche, sa seconde intrigue pâtit d’un traitement bien plus inégal. À l’instar de cette saison. S’il faut déjà attendre le 3e épisode pour connaître le sort de Desmond (Henry Ian Cusick, tout juste crédité), Locke (Terry O’Quinn) et Mr. Eko (Adewale Akinnuoye-Agbaje), le récit peine à convaincre plus largement dans son ensemble de problématiques (étirés) concernant le camp des Disparus. Une partie des rescapés demeure par exemple bien plus en stand-by qu’auparavant. Et LOST se perd également dans sa dimension plus mystique, à défaut d’apporter de la clarté à son grand dessin.

Quant au charismatique Mr. Eko, à peine son personnage revient à la vie que le récit le sacrifie de manière contradictoire. Par la même fumée noire qui l’avait épargné en saison dernière. Un nouvel élément mystique qui manque d’éclaircissement et laisse sur sa faim. Toutefois, l’exemple le plus frappant de ce traitement inégal réside dans l’arrivée au casting de deux nouveaux crédités.

Paulo (Rodrigo Santoro) et Nikki (Kiele Sanchez) se dévoilent comme deux rescapés soporifiques, peu exploité et invisible jusqu’alors. Seul le sort qui leurs est réservés (au terme du 14e ép.) sera plus ironique que réellement utile à l’intrigue. Dans tous les cas, LOST tutoie ici ses plus simples limites notamment via des flash-back aux enjeux dramatiques amoindris.

Paradis ou enfer. Il faut choisir.

Si ses filiations s’avèrent plus restreintes, elles sont davantage efficaces en revanche. Parfois, plus modérément, lorsqu’on découvre que Claire (Emilie de Ravin) et Jack possède le même père (John Terry) par exemple, et parfois bien davantage quand on découvre que l’escroc à l’origine des tourments de Sawyer s’avère être le père de Locke (Kevin Tighe). Ce qui nous amène d’ailleurs à d’excellents moments de scénario comme l’origine de la paralysie de Locke ou la confrontation entre Sawyer et sa chimère.

Ses nombreux scénaristes et réalisateurs demeurent, dans tous les cas, très familiers à l’univers de LOST. Ceux-ci composent néanmoins une aventure inégale sur de nombreux aspects. Si son rythme et son montage sont de connivence, ses révélations et différents mystères sont des problèmes d’un autre acabit. Ses incursions sur la Foi ou la morale sont elles aussi au cœur de la série. Et cette saison y pose des mots à défaut d’en éclairer les recoins les plus sombres.

Les vertus de l’île demeurent plus ambiguës et aléatoires à mesure que de nouveaux événements se produisent (tumeur, grossesse, etc.), tandis que le récit amène même succinctement le genre de la Science-fiction sur la table via l’histoire et les visions de Desmond. Cela nous mène à des moments de Fantastique S.F. qui fonctionne en demi-teinte. En cause : les multiples nouvelles questions qu’elles posent.

Ainsi, si la question d’un être supérieur – Jacob – est enfin abordé et que la Foi demeure un vecteur de motivation central, le dessin mystique s’avère encore trop brumeux pour satisfaire. Reste l’une des grandes questions qui taraude nos différents Disparus et qui sera au cœur des prochaines saisons. Nos rescapés veulent-ils réellement être sauvés et s’échapper de l’île ?

Conclusion

À l’instar du pouvoir d’attraction de l’île, celui de LOST persiste. Et ce, malgré ses défauts plus concret durant cette saison. Pourtant sa fin de saison, elle, nous prouve encore tout le brio de la série à suspense. Et notamment via le twist qui conclut celle-ci et bouleverse l’équilibre de la série. Notre vision du récit en est alors altéré lorsque les flash-backs laissent la place à des flash-forwards.

En plus des excitantes nouvelles questions de suspense que cela impose, ces derniers épisodes conjuguent toutes les forces de la saga via ses éléments de thriller dramatique et d’action les plus réussis. Il y est question d’espoir, de courage et de sacrifice tandis que nos héros doivent avancer et lutter contre les difficultés. Le sacrifice de Charlie (Dominic Monaghan) demeurera probablement l’un des plus grands temps forts de la saga. Un doux rappel de la force d’émotion dont est capable LOST.


Les + :

  • Un éclaircissement réussi sur la faction si mystérieuse des « Autres ». Davantage via leurs différents et nombreux membres que leurs motivations.
  • Les nouveaux crédités Elizabeth Mitchell et Michael Emerson, fort bien écrit et exploité.
  • Une dernière salve de flash-backs qui disposent de quelques éclairs de génie. (Tel que la défenestration de Locke ou la genèse de Ben).
  • Des filiations plus restreinte, mais concrète. (Tel que Kate et Cassidy, l’origine du père de Claire ou l’identité du vrai Sawyer).
  • Des dilemmes moraux efficace et qui poussent nos rescapés dans leurs retranchements.
  • De nouveaux décors bienvenus.
  • Ces derniers épisodes brillamment exécutés et qui conjuguent toutes les forces de son récit d’action et d’aventure.
  • Le sacrifice poignant de Charlie.
  • Le twist qui conclut sa saison et met fin aux cultissimes flash-backs.

Les – :

  • Une saison en dents de scie constante. De son rythme à sa force narrative.
  • Une intrigue centrale principalement divisée en deux parties très inégale.
  • Un dessin mystique qui manque d’éclaircissement et perd en magie.
  • Un outil de Science-fiction (les visions de Desmond) plutôt casse-gueule.
  • Des personnages aux destins parfois bâclés ou mis à l’écart.
  • La créditation de Paulo et Nikki, à l’effet de remplissage aussi irritant qu’oubliable.
  • Une enveloppe et un format qui souffre sur la longueur.

MA NOTE : 16/20

Les crédits

CRÉATEURS : Damon Lindelof, J.J. Abrams & Jeffrey Lieber

AVEC : Matthew Fox…, Evangeline Lilly…, Josh Holloway, Dominic Monaghan, Terry O’Quinn, Naveen Andrews, Jorge Garcia, Yunjin Kim, Daniel Dae Kim, Emilie de Ravin,

Henry Ian Cusick, Adewale Akinnuoye-Agbaje, Rodrigo Santoro, Kiele Sanchez, Elizabeth Mitchell, et Michael Emerson,

mais aussi : Nestor Carbonell, Mira Furlan, M.C. Gainey, Tania Raymonde, Andrew Divoff, L. Scott Caldwell, Sam Anderson, 

Sonya Walger, John Terry, Julie Bowen, Kevin Tighe, Kim Dickens, Alan Dale (…)

ÉPISODES : 23 / Durée moyenne : 42mn / DIFFUSION : 2006-2007 / CHAÎNE : ABC

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