EN DEUX MOTS : Dans la continuité parfaite d’une première saison dense et pleine de mystères, la saga LOST poursuit son aventure dans une formule identique. Avec un certain nombre d’enjeux sur la table et une mythologie aussi vaste qu’à peine effleuré cette saison 2 avait beaucoup à offrir. Et comme le suspense demeure l’un des leviers de la saga fantastique, LOST le ménage, quitte à trop l’étendre sur la longueur.
Le radeau a été attaqué. Walt a été enlevé et Jin a disparu. Michael et Sawyer, blessé, tentent de survivre au milieu de l’océan. Sur l’île, le dynamitage de la trappe a mis au jour un tunnel, que Locke entend bien explorer, tandis que la menace des «Autres» s’intensifie.
Sa première saison nous laissait sur un cliffhanger de taille. Fantasmer sur plus de 10 épisodes, l’ouverture de la trappe (et son contenu) demeurer d’une force narrative excitante. Force est de constater que cette excitation est invariable au temps même quand cette reprise fait durer le suspense après une introduction saisissante. L’occasion brève d’y découvrir le téméraire Desmond (Henry Ian Cusick), futur personnage clé de la saga.
Pourtant, la suite de la série démontre aussi ses premières vraies limites avec cette saison 2. La preuve avec un début de saison qui nous renvoie au cœur de l’action, mais qui pondère ces rebondissements. Une suite qui s’ouvre également avec deux principales intrigues qui ponctuent le premier quart de ces 24 nouveaux épisodes, avant de se resserrer sur une ligne commune. Et les quelques lacunes qui vont avec, compte tenu de son format conséquent.
Quoi qu’il en soit, étendre ces rebondissements sur la longueur était une caractéristique déjà présente lors de sa saison introductive. Mais aujourd’hui celle-ci va ralentir la force de son intrigue. Avec sa menace qui plane – Les Autres – et bon nombre de mystères non résolu, la formule s’éparpille. Pas de quoi en faire un drame pour autant, du moins pour l’instant…
Les Autres
Dans une île remplie de mystère, Les Disparus sont confrontés à une menace humaine quasiment invisible. En parallèle d’étranges événements ou coïncidence, la première saison de LOST jouissait d’une dynamique de Thriller modéré, mais très efficace. C’est ce qu’on découvrait avec l’infiltration d’un »autre » dans les rangs des rescapés par exemple.
Puis le triple final « Exodus » s’achevait notamment sur l’explosion du radeau et la capture de Walt (Malcolm David Kelley). (qui va s’avérer quasiment absent durant la saison). Ce qui posait quelques questions supplémentaires sur cette menace à peine plus visible. Il s’agit aujourd’hui du fil rouge de cette saison, qui va d’ailleurs mener sur l’ensemble de ces rebondissements meurtrier. « Les Autres » et avant tout la peur des autres.
Sur ce point, l’intrigue est une petite réussite, même si encore une fois le suspense est un peu trop ménager sur la longueur. 3 épisodes vont d’ailleurs se construire différemment des autres et éclairer ces mystérieux résidents de l’île. Via quelques flash-back plus récents. C’est le cas par exemple avec le kidnapping de Claire (Emilie de Ravin) en première saison ou l’absence de Michael (Harold Perrineau) durant une partie de celle-ci.
Avant ça, le désarroi des survivants du radeau est l’occasion de découvrir de nouveaux personnages et survivants, venant de la queue de l’appareil. 3 récurrents plus précisément, largement mené par la remarquer (et pour le moins badass) Michelle Rodriguez. (Qu’on apercevait déjà en fin de saison dernière dans un flash-back révélateur face à Jack (Matthew Fox)). Cette saison va d’ailleurs multiplier les coïncidences, qui semblent alors de moins en moins fortuite et vont nous questionner sur un dessein mystique quant au crash de l’Oceanic 815.
Disparus et filiations.
Nos personnages disposent ainsi de filiations parfois cocasses et d’autres fois légèrement surréalistes. Mais bon »tout arrive pour une bonne raison« . C’est également ce qui fait le sel de la saga et pose la question de la Foi, qui demeure centrale dans l’écriture de Damon Lindelof. (L’intense Eko (Adewale Akinnuoye-Agbaje) en est d’ailleurs un (nouveau) personnage pivot). Celui-ci demeure le seul showrunner actif à l’écriture, tandis que son comparse Carlton Cuse lui prête la main à chaque fois.
Pour le reste, LOST suit un chemin tout tracé. Fait de mystère et d’éclaircissement partiel. Ses flash-back ont par exemple moins d’impact dans le cheminement dramatique des personnages. Cela ne leur enlève pas leur charme même si l’intrigue révèle moins de surprise à leur égard. Ainsi, certains demeure naturellement au cœur de l’action, à l’instar du triangle amoureux composé du leader malmené, la fugitive courageuse (Evangeline Lilly) et l’escroc volontairement détestable (Josh Holloway).
Cette saison éclaire également plus concrètement le personnage écrit sur mesure d’Hurley (Jorge Garcia), dont le capital sympathie n’a d’égal que son étrange filiation aux nombres. Enfin, l’iconique Locke (Terry O’Quinn) s’impose comme une pierre angulaire du récit par sa croyance et ses actions. Au même titre que lui, les mystères et le magnétisme autour du bunker s’estompent sur le téléspectateur. Avant son implosion symbolique néanmoins.
Pour les autres récurrents, l’intrigue dispose de plus d’inégalités. Si Sayid (Naveen Andrews) dispose de son deuil et d’un caractère tempéré, c’est le parcours de Charlie (Dominic Monaghan) qui pâtit des premières errances de scénario. Son personnage s’articule même autour d’un des rares épisodes plutôt faiblard (« Fire + Water« ). Épisode qui démontre toute la limite de son genre fantastique lorsque celui-ci multiplie les éléments et les visions troublantes qui surviennent sur l’île. Des éléments qui s’additionnent, mais qui s’avèrent toujours principalement sans réponse au bout du compte.
Foi et mythologie
Avec 24 épisodes au compteur et une formule calibrée, cette saison 2 accuse de ses premières inégalités de rythme. Du moins, significative. C’est d’autant plus dommageable puisqu’une partie de son casting en subit directement les conséquences. Hormis les caractères affirmés de Kate et aujourd’hui d’Ana-Lucia (qui se révèle naturellement moins attachante), les autres profils féminins manquent de corps et d’esprit au sein du récit. Qu’il s’agisse de la frêle et jeune mère Claire, la nouvelle venue Libby (Cynthia Watros), la douce Sun (Yunjin Kim) ou la plus irritable Shannon (Maggie Grace), qui sera finalement rapidement sacrifiée.
Cette aventure subit ainsi davantage de remplissage avant de nous mener à sa conclusion, bien plus soutenu. Si elle ne dispose pas de véritable ventre mou – notamment grâce à la capture du mystérieux Henry (Michael Emerson, prometteur) – LOST étire souvent à l’excès ses différentes problématiques. Tout en révélant assez peu de réponses à ses nombreuses interrogations.
Pour preuve, sa mystérieuse menace qui se présente véritablement comme une fumée noire convainc partiellement et impose de nouvelles questions. À mesure que sa mythologie s’épaissit, LOST s’oriente dans tous les cas sur une dynamique plus accès vers l’action. Sans pour autant délivrer des affrontements directs. Elle tente avant tout de maintenir une forme de suspense, de tension, et y parvient en partie grâce à quelques twists bien sentis. Dont un majeur qui survient après le retour de Michael au terme du 19e épisode.
Avec les exécutions sommaires et inattendues d’Anna-Lucia et Libby par ce dernier, l’intrigue rabat les cartes d’une menace invisible et influente. Comme quoi on peut avoir foi dans le travail des scénaristes. À l’instar du décompte des 108 minutes et sa force d’attraction sur les survivants, l’intrigue est donc suffisamment efficace pour la mener rondement à sa conclusion.
Conclusion
Un double final plus tard cette saison s’achève sur une nouvelle démonstration d’efficacité qui laisse encore planer le suspense à outrance. (mais avec plaisir). De plus, cette saison se termine réellement sur un épilogue très excitant, notamment après la découverte de l’histoire personnelle de l’écossais Desmond.
Passer la surprise d’une première saison dense, LOST saison 2 accuse donc de faiblesse, mais non d’attractivité. Malgré une formule aussi répétitive que son environnement (le bunker succède à la caverne) difficile de bouder son plaisir devant l’exécution de la série. Ce n’est pourtant pas sa mise en scène peu inspirée qui sauve son enveloppe (même si on peut apprécier le contexte rétro de l’initiative Dharma), mais davantage son écriture qui met toujours l’accent sur l’humain.
Quant a sa mythologie et le riche univers qui l’accompagne, il demeure aussi frustrant que parfaitement hypnotique. Sa suite, tout aussi longue et d’autant plus inégal, va tourner une page dans la saga, arrivé à son terme. Et cette saison s’impose alors comme une continuité directe faites de haut et de quelques bas. Un tout solide.
Les + :
- La découverte du bunker et des secrets qu’il renferme. Comme l’histoire de Desmond.
- L’influence de la menace invisible mais dangereuse que représentent « les Autres ».
- La mise en lumière d’autres survivants du vol 815. Grondement mené par la badass Michelle Rodriguez.
- Les nombreuses coïncidences et filiations qui relient peu à peu les survivants.
- La mythologie fantastique et la foi qui se mélange au mystère de l’initiative Dharma encore bien mystérieuse. De plus, dans un contexte de science-fiction rétro plein de charme.
- Quelques twist dramatiques bien dosé et qui font mouche avec la caractérisation des nombreux personnages. À l’instar du dilemme moral de Michael.
- Une saison plus meurtrière.
- Une fin de saison toujours rondement menée et qui distille mystère et suspense.
Les – :
- Une saison qui étire son suspense parfois à l’excès.
- Les flash-back moins percutant et plus de remplissage autour de son fil rouge.
- Des nouveaux personnages qui semblent finalement un peu sacrifiés.
- En multipliant les caractéristiques fantastiques et mystiques, la saga perd en subtilité et en cohérence de réalisme.
- Un format globalement trop long et qui s’essouffle dès sa seconde (grosse) salve d’épisodes.
- En ménageant en suspense sur la durée, la série tombe dans le piège du : trop peu de réponses à ses nombreuses interrogations. Notamment quand ses nombreuses filiations en amène de nouvelles.
MA NOTE : 16/20
Les crédits
CRÉATEURS : Damon Lindelof, J.J. Abrams & Jeffrey Lieber
AVEC : Matthew Fox…, Evangeline Lilly…, Josh Holloway, Dominic Monaghan, Terry O’Quinn, Naveen Andrews, Jorge Garcia,
Yunjin Kim, Daniel Dae Kim, Emilie de Ravin, Harold Perrineau, Adewale Akinnuoye-Agbaje, Cynthia Watros, Maggie Grace, et Michelle Rodriguez,
mais aussi : Michael Emerson, Henry Ian Cusick, L. Scott Caldwell, Sam Anderson, Malcolm David Kelley, M.C. Gainey, Tania Raymonde, John Terry, Clancy Brown (…)
ÉPISODES : 24 / Durée moyenne : 42mn / DIFFUSION : 2005-2006 / CHAÎNE : abc