EN DEUX MOTS : Même après 20 ans, la saga culte LOST aura su laisser son empreinte. Du moins sur le petit monde de la télévision. De son concept salvateur à sa gestion du suspense, ce drame d’aventure teinté de surnaturel (ou fantastique) a su maintenir son public en haleine tout en multipliant les mystères. Peut-être trop sur la longueur, mais toujours est-il qu’à ses premières heures, elle a su se montré salvatrice. Retour sur ce phénomène.
Après le crash de leur avion sur une île perdue, les survivants doivent apprendre à cohabiter et survivre dans cet environnement hostile. Bien vite, ils se rendent compte qu’une menace semble planer sur l’île…
Ainsi, entre son début de diffusion en septembre 2004 (et l’année suivante en France) qui s’étend jusqu’au printemps suivant, l’aventure des Disparus s’était créé une vraie communauté de fans et passionna les foules. Il fut également mon premier show télévisé d’intérêt en tant que jeune cinéphile, via ses rendez-vous ponctuel. Une note de nostalgie qui fonctionnait aussi à contresens du streaming actuel et favoriser le suspense. Contre le bing-watching décervelé.
Production ABC (l’équivalent de TF1 chez nous) et composé de 24 épisodes calibrés à 42/44mn maximum, LOST semble se distinguer comme un pur show de studio destiné au grand public. Pour autant, avec ses décors en partie naturels (Hawaï), ses moyens conséquents et surtout son écriture, la série à su se démarquer pour convaincre. Aux manettes : trois hommes sont crédités, dont deux s’y distinguent concrètement.
Le premier, c’est Damon Lindelof, scénariste de génie qui écrira également pour la télévision les prestigieuses The Leftovers et Watchmen sur HBO. Le second, J.J. Abrams, est co-scénariste, notamment connu comme le créateur d’Alias, et signe la réalisation du double pilote. Il donne la direction pour la suite via sa réalisation nerveuse et réaliste. Et c’est justement en surfant sur ses aspects de réalisme (et de drame humain) que LOST réussi brillamment ses incursions dans le genre du Fantastique. Notamment, quand elle l’effleure constamment.
The Leftovers
Avec son budget pharamineux (pour l’époque) et une certaine ambition, LOST débute avec force. Au cœur du chaos, les profils se dessinent tandis qu’une mystérieuse force gronde dans la jungle. Avec ses éléments forts en poche, et des mystères qui s’empilent, Les Disparus prennent leurs marquent au même titre que les téléspectateurs au fil du récit.
Sur le papier, la série à suspense se base sur une formule aussi simple qu’efficace. Son fil rouge – la survie des rescapés – s’entrecoupent de flash-back sur leurs vies personnelles, leurs secrets, et parfois sur d’étranges connexions qui les relient. Et puis parallèlement elle s’attèle à alimenter les larges mystères qui entourent l’île. Grand récit choral, mais aussi, parfois, d’aventure, LOST demeure un beau drame humain avant d’être autre chose. Dans tous les cas, elle se nourrit de suspense.
Pour compléter son très large format, LOST se compose d’une tout aussi longue distribution. 14 récurrents pour à peu près autant d’histoires, bien que certains disposent de plus d’attention à l’écran. Aucune grande star à l’époque, mais quelques visages familiers. Matthew Fox, vu dans La Vie à Cinq, y tient le premier rôle et Dominic Monaghan (la trilogie du Seigneur des Anneaux) y joue un second rôle idéal. De son côté, c’est la encore méconnue et jeune Evangeline Lilly qui tient le premier rôle féminin.
Chacun semble composer un caractère bien définit qui sera utile à différentes problématiques liées à leurs survies. Le médecin en proie aux doutes et aux responsabilités, l’ancienne pop-star junkie, la criminelle au grand cœur, l’escroc hargneux (Josh Holloway), le survivaliste (Terry O’Quinn), ou encore l’obèse sympathique (Jorge Garcia). Pourtant, au-delà de quelques facilités ou de différents chocs des cultures, Les Disparus fait mouche dans sa narration. Et dans ses portraits qui révèlent parfois quelques belles subtilités.
L’île mystérieuse
En complétant ses points de vue par quelques seconds rôles bien sentis, LOST parvient à créer un univers passionnant, faits d’interactions et d’interrogations en tout genres. Sa seule réelle faiblesse réside sur sa longueur, un brin étiré vu le contexte. C’est principalement avec le recul que ce constat s’impose (à l’heure ou les shows réduise et condense leur récit), tant la première saison enchaîne les mystères et les subtilités, encore une fois. Son monde se compose ainsi de secrets et de cliffhanger dans une atmosphère à la fois paradisiaque et inquiétante.
Des miracles, des numéros, une mystérieuse entité, des chuchotements, des ours polaires ou encore une trappe sont autant d’éléments de suspense qui épaississent la mythologie de LOST. Et contribue à son succès dans leurs utilisations subtiles. À condition d’adhérer à un sens du suspense qui fait uniquement la lumière sur ses caractères humains. (les réponses attendront).
De façon générale, cette première saison pose de très solides bases pour la suite de la série. Si elle demeure plutôt avare en diversités dans ce qui composent les décors extérieurs de l’île (la plage, la jungle, la grotte) son contexte s’avère à proprement atypique et fera date. Pour le reste, on peut noter une certaine maturité au sein de l’écriture malgré un traitement accès grand public. LOST n’est ainsi jamais vraiment sanglante et ne baigne pas dans l’ultra-violence.
Son intrigue à mi-chemin entre les genres (le drame pur, l’aventure et le Fantastique) n’est pourtant pas en reste quand il s’agit de tutoyer la mort. (même si cette première saison demeure encore sage en termes de dénouement meurtrier). Elle ne le fait tout simplement pas de manière frontale et multiplie plutôt les moments tendresses et de romances. Notamment quand approche la fin de ses épisodes dans un tempo bien calibrés.
Conclusion
Dans tous les cas, qu’ils s’agissent d’un triangle amoureux, d’amour retrouvé, impossible ou improbable, Les Disparus évite (majoritairement) la niaiserie et trouve le ton juste à son récit. Si cette formule dispose tout de même de quelques failles (notamment avec le temps) et de remplissage, LOST s’impose comme un show à suspense de grande qualité. Un classique instantané qui convoque de beaux atouts et une nostalgie pleine d’efficacité.
Les + :
- Un concept de départ salvateur, intriguant et parfaitement alimenter par un suspense et des mystères régulier.
- Un récit d’aventures qui fait la part belle au drame humain via des interactions et une communauté réussie.
- Une distribution aussi large qu’efficace.
- Une narration pleine de subtilités comme le prouvent ses flash-back bien construits.
- Un environnement unique.
- Quelques beaux moments d’émotions.
Les – :
- Une formule calibrée et sans surprises dans sa composition.
- Un format à rallonge et composait d’un léger remplissage.
- Un récit qui dénote parfois un peu avec les récits d’aujourd’hui, plus inclusifs.
MA NOTE : 16.5/20
Les crédits
CRÉATEURS : Damon Lindelof, J.J. Abrams & Jeffrey Lieber
AVEC : Matthew Fox.., Evangeline Lilly.., Josh Holloway, Dominic Monaghan, Terry O’Quinn, Naveen Andrews, Jorge Garcia,
Yunjin Kim, Daniel Dae Kim, Emilie de Ravin, Harold Perrineau, Maggie Grace, Ian Somerhalder, Malcolm David Kelley (…)
ÉPISODES : 25 / Durée moyenne : 42mn / DIFFUSION : 2004-2005 / CHAÎNE : ABC