Jurassic World – Fallen Kingdom

J’affectionne particulièrement l’univers de Jurassic Park depuis mon enfance. Après tout, j’ai grandi dans les années 90 et Spielberg reste l’un des plus grands réalisateurs de son époque. Il avait su s’approprier le roman de Crichton et nous immerger avec talent dans cet univers de dinosaures.

Pourtant, Jurassic World avait été pour moi un véritable échec. Entre le fan service à outrance, la prévisibilité de son scénario et la réalisation sans saveur de Colin Trevorrow, on peut dire que je n’avais vraiment pas passé un bon moment.

Du coup, avec Jurassic World – Fallen Kingdom, je partais pessimiste. Mais au final, était-ce aussi mauvais que je le pensais ?

Une réalisation qui sauve le film

Commençons avec ce qui fonctionne dans ce film : la réalisation. On sent qu’on a aux manettes un réalisateur un peu plus compétent que Colin Trevorrow.

Seulement quelques années auparavant, J. A. Bayona avait su nous émouvoir avec son magnifique « Quelques minutes après minuit » en 2012. C’est lui aussi qui avait réalisé le très bien noté « L’orphelinat » en 2007.

Rien qu’avec ces deux films, il nous avait prouvé qu’il était un réalisateur de talent. Et en effet, cela se confirme avec Fallen Kingdom. Certains plans sont tout simplement sublimes. Bayona joue à merveille avec la lumière. Je pense notamment à la scène d’introduction où le film arrive à faire monter la tension des spectateurs en révélant intelligemment l’arrivée du mythique T-Rex. Alors que nous sommes en plein orage, le dinosaure approche, à peine visible en hors champs, et seulement pendant de fugaces instants, lorsqu’un éclair gronde. Ce procédé tout simple fonctionne pourtant bien mieux que les gros plans lourdaud de l’opus précédent.

Le T-Rex, visible en arrière-plan, pendant moins d'une seconde, juste le temps d'un éclair
Le T-Rex, visible en arrière-plan, pendant moins d’une seconde, juste le temps d’un éclair

Tout au long du film, les exemples ne manquent pas de nous prouver la qualité de la réalisation. Et c’est également le cas des scènes d’action. Elles sont dynamiques, mais pas brouillonnes comme on peut souvent l’observer dans de nombreuses grosses productions actuelles.

Côté casting, on retrouve nos têtes d’affiche Chris Pratt et Bryce Dallas Howard, tous deux convaincants dans leur rôle de héros (malgré le scénario, mais nous y reviendrons) et bien dirigés tout au long de l’aventure. Les seconds rôles sont aussi bien servis avec, entre autres, les excellents James Cromwell et Ted Levine.

Rafe Spall est, quant à lui, pertinent dans son rôle de méchant capitaliste. La distribution est aussi pourvue en visages féminins forts grâce à Daniella Pineda (qui joue une paléo-vétérinaire aventureuse), et la jeune, mais prometteuse, Isabella Sermon.

Une scène très émouvante, tout en ombre et lumière
Une scène très émouvante, tout en ombre et lumière

S’il n’y avait que la réalisation, je pense qu’on s’approcherait de la réussite du Jurassic Park originel en terme d’ambiance insufflée au film.

Malheureusement pour notre cas, un film ne se limite pas qu’à la réalisation…

Et des probmes décritures qui lenfoncent

Après cette partie qui faisait l’éloge de la réalisation, il y a maintenant toutes les choses qui ne vont pas. Et là, elles sont nombreuses. La pire étant bien sûr le scénario, dont Colin Trevorrow a participé à l’écriture, prouvant une nouvelle fois son manque de talent.

Ainsi, pour commencer, le scénario est rempli d’incohérences en tout genre. Par exemple, la première et la plus triviale à mettre en évidence : pourquoi aller récupérer des dinosaures sur une île, quand on peut les recréer en laboratoire ? Qu’on ne me fasse pas croire que l’entreprise du parc n’avait pas des sauvegardes autre part que sur l’île !

Le monstre ne se cache plus sous le lit
Le monstre ne se cache plus sous le lit

Ensuite, comme pour le précédent opus, Jurassic World – Fallen Kingdom est très prévisible dans son déroulé. Un peu moins peut-être puisqu’il ne s’agit pas d’un remake caché (même si on peut faire certains parallèles avec Le monde Perdu). On devine tout de même à l’avance ce qui va arriver à chaque personnage. Le film échoue complétement à nous surprendre. Notamment parce que tous les personnages sont foncièrement manichéens. À la limite, seul Lockwood semble avoir eu un passif un peu borderline en terme d’éthique.

En règle générale, même si le casting fait un travail correct, les personnages sont sous-développés. Ils manquent cruellement d’épaisseur et sont stéréotypés. Le seul élément positif que je vois dans l’écriture des personnages, c’est avec la présence de deux personnages féminins importants. Avec Bryce Dallas Howard d’abords qui partage l’affiche avec Chris Pratt, et ensuite, et surtout, avec Daniella Pineda. Son rôle, secondaire, incarne une femme forte, courageuse, intelligente et intrépide. En plus, son personnage se veut moins « potiche » que celui de Claire. Voilà qui fait plaisir à voir dans un blockbuster récent.

Les deux visages féminins principaux du film : courageuses, intelligentes et partageant un amour pour les dinosaures
Les deux visages féminins principaux du film : courageuses, intelligentes et partageant un amour pour les dinosaures

Et maintenant prenons le temps de mettre en évidence plus spécifiquement le manque cruel de recherche au niveau de l’élaboration des personnages. Pour cela, je vais prendre l’exemple du personnage de Franklin (joué par Justice Smith) dont je pense que l’écriture de son personnage s’est faite comme ça :

– Bon Gérard, on a besoin d’un mec qui s’y connaisse en informatique dans le film. Quelles seront ses particularités ?

– Et bien, c’est simple chef, on fait un archétype de geek. C’est à la mode en plus.

– Ok, ça me va. Du coup, tous les geeks sont jeunes, portent des lunettes, sont associables, n’ont aucun charisme, ne sont pas très courageux, et sont gros. Allez, on fait ça !

– Ah par contre, chef, « gros » ça ne va pas. Il aura besoin de passer par un conduit étroit, et en prime, il devra courir. Tout le monde sait qu’un gros ne pourra pas faire tout ça !

– Ah merde… C’est vrai que ce serait dommage de perdre en crédibilité ! Il faudrait qu’il ait quand même un signe discriminatoire pour justifier que ce soit un geek associable.

– À la rigueur, on prend un acteur noir. En plus, c’est bien, on n’avait pas de minorités afro-américaines dans le film.

– Très bonne idée Gérard ! Comme ça on ne passera pas pour de gros racistes en donnant un second rôle bien merdique, dont le nom de famille est à peine évoqué, au seul acteur noir du film !

Doit-on y voir un parallèle avec un loup-garou ?
Doit-on y voir un parallèle avec un loup-garou ?

Conclusion

Si vous cherchez, pour vous détendre, un petit blockbuster bien filmé, et avec des monstres, alors Jurassic World – Fallen Kingdom pourra répondre à vos besoins. Sa réalisation très correcte saura vous divertir pendant 2h grâce à des scènes d’action bien travaillées. Mais n’ayez pas trop d’attente sur le scénario, fainéant, qui ne vous surprendra jamais, ou sur l’écriture des personnages, manichéens au possible et systématiquement stéréotypés.


MA NOTE : 13,5/20

RÉALISATION : J.A. Bayona

AVEC : Chris Pratt, Bryce Dallas Howard, Rafe Spall, Justice Smith, Daniella Pineda (…) 

 Durée : 128 min    ANNÉE DE SORTIE : 2018

GENRE : Science-fiction, Action, Aventure

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