
EN DEUX MOTS : S’il aura fallu être patient jusqu’alors pour voir la suite (en deux parties) de l’excellente série d’animation INVINCIBLE, sa troisième salve d’épisodes survient moins d’un an après la seconde. Avec 3 nouveaux épisodes disponible début février pour une diffusion jusqu’à mi-mars, cette saison 3 ne fait pas durer le suspense. Néanmoins, et malgré sa renommée, cette troisième aventure n’est pas parfaite, comme le prouve son rythme en dents de scie.
Outre son tempo, la série émousse quelque peu son design par un manque de finesse général, tout comme son suspense. La représentation de la violence, en revanche, fait toujours mouche, au même titre que sa réflexion poussée sur l’implication de pouvoirs et des responsabilités qu’ils impliquent. INVINCIBLE 3 conserve ses atouts narratifs et sa maturité avant de nouvelles aventures déjà annoncée depuis quelques temps.
Aujourd’hui, via 8 nouveaux épisodes conséquents (pour le genre), la série se concentre sur l’évolution de ses héros. À l’instar de Mark (Steven Yeun), dans sa dualité face à l’administration. Mais aussi, des plus secondaires ou même plus éphémère, comme le prouvent souvent ses débuts d’épisodes qui multiplie les points de vues. Si cela participe activement à la nuance de l’intrigue, le rythme en pâtit dans des aventures moins percutantes dans leurs finalités.

Est-ce suffisant pour que la série perde réellement de sa superbe ? Ou celle-ci maintient-elle son effet uppercut quand l’intrigue s’emballe ? Un peu des deux… Mais oui, quand la série frappe (vraiment) elle frappe dure. De quoi faire craquer l’asphalte et nos sens en même temps.
Citation : « un grand pouvoir implique de grandes responsabilités ». Et quelques tripes qui vont avec.
La première saison d’INVINCIBLE se démarquer dans son traitement de la violence et des responsabilités héroïques. Une belle nuance sur le bien et le mal, la puissance et la servitude, que la deuxième saison développer encore un peu plus. À l’image de Negan dans TW.D., son créateur Robert Kirkman aime humanisé ses pires tortionnaires, comme le prouve jusqu’à présent la pseudo rédemption d’Omni-Man (J.K. Simmons). Un personnage passionnant, mais dont la présence est d’autant plus restreinte aujourd’hui.

C’est d’ailleurs l’une des caractéristiques de cette saison, dans un montage qui favorise un grand nombre de personnages. Pour un résultat en demi-teinte hélas, même si ses moments de vie personnel ne sont jamais inutiles. Le retour sur le passé de Cecil (Walton Coggins), est, par exemple, brillamment éclairé et amène de l’épaisseur à ses motivations. Tout comme les conséquences du massacre de Chicago résonne encore via le personnage meurtri de Scott (Aaron Paul).

De plus, la division des Gardiens du globe et l’indépendance de certains héros apportent quelques surprises dans la dynamique d’action de la série. C’est aussi le cas dans l’apprentissage du jeune frère de Mark, Oliver (Christian Convery). À contrario, la passionnante intrigue des Viltrumites et donc la captivité d’Omni-Man et Allen l’Alien (Seth Rogen) dans un premier temps, traîne dans son dénouement. Même si le résultat mérite (en partie) l’attente.

Mais plus globalement, et contrairement à ce à quoi son créateur nous avait habitué, INVINCIBLE 3 perd en suspense. Malgré sa distribution choral et des exécutions sanguinaires à souhait, la série multiplie la survie de ses héros. C’était déjà le cas en seconde saison, et cet élément contribue au manque de surprises de son intrigue. Même si elle y parvient parfois.

Conclusion
Sa fin de saison le prouve et dispose avant tout d’une montée en tension (et en action) exemplaire. Son avant-dernier épisode « What I Have Done ? » mettra tout le monde d’accord avec un nouveau chaos (et massacre) à grande échelle. Et qui plus est, en exploitant à nouveau brillamment les caractéristiques S.F. de son multivers.
La saison s’achève cependant sur un véritable uppercut. D’action et de tension. Et ce, face au sociopathe Viltrumite Conquest (Jeffrey Dean Morgan, justement…), dont le profil est brillamment exploré en seulement quelques scènes et surtout un monologue percutant. Un antagoniste aussi charismatique qu’effrayant et qui rappelle forcément… Negan.
Je me sens si seul. Tous les autres Viltrumites ont peur de moi, personne ne me parle. Personne ne veut être mon ami, ils me trouvent instable. Ils m’envoient de planète en planète commettre des atrocités en leur nom et plus je deviens bon dans ce que je fais, plus ils ont peur de moi.
Je suis victime de mon propre succès, victime de Conquête. Je n’ai même pas de véritable nom, juste un but. Je suis capable de tellement plus et personne ne le voit. Parfois, je me sens si seul que je pourrais en pleurer, mais je ne le fais pas. Je ne le fais pas parce que cela n’aurait aucun intérêt. Pas une seule personne dans l’univers tout entier s’en soucierait.

Il s’agit aussi d’une démonstration fracassante de la puissance de ses héros et une fluidité bien plus détonante à l’écran. De quoi réellement poussé dans ses retranchements émotionnel le jeune héros Mark et la superbe Eve (Gillian Jacobs).
Il s’agit aussi, et hélas, du seule vraie moment de cette saison où je me suis cramponnée à mon siège (ou canapé) lors d’un épisode. C’est bien peu, mais pas encore suffisant pour faire perdre sa hype à la série d’animation. Série qui reste le top à traité le sujet des super-héros avec force et pragmatisme.
Les + :
- Une représentation de la violence toujours aussi percutante.
- Sa continuité d’écriture et sa réflexion poussée sur l’utilisation des super-pouvoirs au sein de notre société. Et des conséquences qu’ils impliquent sur la population.
- Un montage/format qui accorde de la place à ses nombreux personnages. À l’image du passé éclairé du formidable Cecil.
- Les à-côtés de son univers (dont quelques points de vue tertiaires), qui lui apporte beaucoup de cohérence et de largeurs.
- Une fin de saison toujours très soutenue et qui exploite encore à merveille les forces de son univers…
- …Tel que son multivers et toutes les nuances qu’ils apportent. Ou la force Viltrumite.
- L’apparition concrète de Conquest, antagoniste dérangé comme on les aime.
Les – :
- Un design légèrement émoussé et qui ne met pas en valeur son univers parfois ringard.
- Un suspense qui s’étiole par son manque de dénouement funeste et ultra-violent.
- Son tempo et son rythme en dents de scie hélas.
- L’intrigue trop peu approfondie sur la menace Viltrumite. Menace charnière et surpuissante de son univers et qui rendent ses autres aventures plus fades.
- Un suspense qui s’étiole par la survie (quasi) incessante de ses nombreux personnages.
MA NOTE : 15/20

Les crédits
CRÉATEUR : Robert Kirkman
AVEC les voix de : Steven Yeun, Sandra Oh, Walton Goggins, Gillian Jacobs, Jason Mantzoukas, Andrew Rannells, Ross Marquand, Khary Payton,
Cliff Curtis, Chris Diamantopoulos, Zachary Quinto, Melise, Grey Griffin, Ben Schwartz, Christian Convery, Jay Pharoah,
mais aussi : Sterling K. Brown, Zazie Betz, Jeffrey Dean Morgan, Aaron Paul, Seth Rogen, Mark Hamill, Clancy Brown, Kate Mara, et J.K. Simmons (…)
ÉPISODES : 8 / Durée moyenne : 48mn / DIFFUSION : 2025 / CHAÎNE : Amazon