HOUSE OF THE DRAGON : S.2 – épisode 6 (Smallfolk)

Avant-propos : sa deuxième partie de saison entamée, House of the Dragon 2 se poursuit avec de nouvelles attentes. Sa montée en pression à su contenté, tandis que son épisode suivant posé les jalons d’une nouvelle dynamique. Et par la même occasion, d’un nouveau grand coup qui se prépare dans la guerre qui oppose la famille Targaryen. Une baisse de tension qui a fait naturellement grincer des dents, mais qui n’est jamais inutile pour alimenter son récit. Contrairement à son rythme.

Ses nouveaux personnages dès à présent éclairer à l’écran, il reste à l’intrigue de les exploiter avant son final. Un besoin moins urgent que de voir l’hypnotique Daemon, confiné avec ses démons à Harrenhal, enfin réellement bousculer durant cette saison. Ici, sa présence sur chaque épisode demeure jusqu’à présent plus discutable.

Quoi qu’il en soit, le teasing de nouveaux dragons et dragonniers demeurait très excitant. S’enclenche-t-il pour un nouvel épisode intense ? Ou la série tempère t’elle à nouveau avant un grand final ? Un peu des deux. Le choix de la production concernant son montage est ici primordial, puisqu’elle a décidé de raccourcir la saison à huit épisodes.

ÉPISODE 6 : SMALLFOLK

EN DEUX MOTS : voilà un épisode qui risque (encore) de diviser sa communauté. Avant d’entamer son grand final, que j’imagine bien étalé sur ses deux derniers épisodes, cette saison dévoile un nouveau chapitre conséquent – d’1h07 – mené avec peu de hardiesse, mais avec sagesse. La scénariste Eileen Shim, qui avait déjà écrit l’épisode 8 en saison 1, s’attèle à l’écriture, tandis que sa mise en scène change brillamment de main.

Pour ce sixième épisode, c’est un réalisateur inédit qui prend place dans l’univers fantastique de HotD. Andrij Parekh est plus connu comme directeur de la photographie que réalisateur. Néanmoins, et même si ses œuvres sont, à l’accoutumée, purement dramatique, il a tout de même travaillé sur la prodigieuse Succession (dont il a même réalisé 6 épisodes). Et avant ça, Scenes from A Marriage (tous deux sur HBO) ou le film Blue Valentine.

Outre ses réguliers effets spéciaux, notamment autour d’un dragon en particulier, « Smallfolk » demeure un épisode modérément bien installé dans ses décors récurrents. Son titre fait ici référence au « petit peuple » qui s’insurge plus activement à Port-Réal, mais également aux destins de personnages plus modestes. Comme le laisse imaginer son suspense en fin d’épisode.

Ses premières minutes préparent un nouvel affrontement dans le Conflans, peut-être encore plus significatif, même s’il reste en suspens pour le reste de l’épisode. C’est au moins l’occasion de revoir l’insupportable jumeau Lannister, Jason (Jefferson Hall) absent depuis la première saison. Du moins brièvement, et ce, dans une nouvelle démonstration de ridicule, son double rôle demeurant sacrifié pour le moment. Et ce n’est, hélas, pas le seul puisque plusieurs personnages de l’épisode sont bien illustrés, mais trop peu exploités.

Sa mère !

Celui-ci convoque le prince régent (Ewan Mitchell) dans la guerre. Une demande qui va naturellement agacer l’irascible roi de substitution qui lève une double armée pour prendre Harrenhal. Aemond se dévoile sous un jour infiniment plus hardi, joue (et jouit ?) de son autorité. Il va jusqu’à remercié sa mère Alicent (Olivia Cooke) de sa présence au conseil restreint, après que celle-ci l’ait plusieurs fois contredit en public. Les scénaristes dressent de ce fait, et définitivement, le portrait d’un antagoniste majeur de son univers.

Vous avez bien servi le royaume quand il en avait besoin. Ce besoin est passé, plus rien ne vous oblige. [Alicent : Peu importe, il faut des voix modérées.] On en a déjà trop. [Tu as l’impétuosité de la jeunesse. Et l’arrogance. Superflus chez un roi.] Je vous libère. De cette prétendue position. Vous apprécierez sûrement de retrouver… des activités plus domestiques. [Les indignités de ton enfance n’ont pas été vengées ?] La Couronne vous est reconnaissante.

Aemond et Alicent

L’échange entre ses deux personnages majeurs m’a évidemment beaucoup plu. Comme je l’ai assez répété, je suis un fervent fan du profil tourmenté d’Alicent et de l’interprétation intense d’Olivia Cooke. Face-à-elle, Ewan Mitchell, et par extension le personnage qu’il incarne, demeure l’un des Targaryen les plus magnétiques de sa lignée. Traumas familiaux, charges du pouvoir, ou place ingrate de la femme dans un univers d’homme, HotD pourvoit à alimenter ses grands thèmes intelligemment.

Le règne d’Aemond, qu’il soit fugace ou pas, pointe du doigt une autre forme de gangrène concernant le rôle de souverain. Car Aemond, sur le papier, semble idéal pour gouverner, mais s’avère dévoré par son ambition. Et sa cruauté. Son comportement face à son frère miraculé (Tom Glynn-Carney, saisissant dans sa convalescence) le prouve, tout comme sa façon de rabrouer Larys (Matthew Needham) risque de lui coûter cher.

Un mot d’ailleurs sur la scène du maître des chuchoteurs face au roi infirme. Très réussie, puisqu’elle donne une image plus net des tourments qui ont alimenter son personnage dans le passé. On ne viendrait pas a l’adorer, mais la série à cette particularité d’éclairer avec nuances, brillamment, et avec peu d’éléments ses personnages secondaires. À l’instar du profil de Mysaria (Sonoya Mizuno), en fin d’épisode.

Daemon le démuni.

Dans tous les cas, le parallèle majeur de son profil dévoré par l’ambition est évidemment comparable à celui de son oncle Daemon (Matt Smith). Dont la saison ne cesse de faire des analogies constantes. Ici, sa stagnation atteint en effet ses limites d’exécution, dans un montage qui aurait du (peut-être) condensé ses apparitions. Sur moins d’épisodes, et non sa présence à l’écran, qui demeure indispensable.

Car ses nombreuses hallucinations sont source de réflexions et permettent l’apparition de nombreux (et beaux) guest. Eux-mêmes font le lien avec une première saison riche et dense. En time-line, comme en personnages. C’est pourquoi j’ai trouvé les deux scènes avec le roi Viserys (Paddy Considine), très abouti. Non seulement, elles m’ont rappelées comme son personnage était nettement plus intéressant à l’écran que dans le roman (comme plusieurs éléments de la série), mais également parce qu’elles amènent Daemon sur une ligne d’émotion inédite.

Daemon, en parlant de Rhaenyra : Elle ne la voulait même pas. La couronne. Elle n’y pensait pas. [Alys : Votre frère la lui a donnée pour ça. Peut-être que ceux qui la convoitent en sont indignes.] Ne me sermonnez pas ! [Viserys ne l’a jamais voulue, si vous vous souvenez. Elle lui est venue et il a fait de son mieux. Ce n’est pas un prix à gagner, mais un fardeau à porter.]

Daemon et Alys Rivers

Orgueilleux, pathétique, et aujourd’hui vacillant, voir son personnage pleuré fait son effet. Hormis le sympathique Simon Strong (Simon Russell Beale), la mystérieuse Alys Rivers (Gayle Rankin) demeure sa meilleure (mais quasi seule) interlocutrice. Outre ses allusions à double sens, cette « sorcière » s’avère pragmatique à raison, comme le prouvent ses paroles pleines de sens. Son importance n’est pas amoindrie à mesure que l’intrigue avance, comme le prouve une scène en fin d’épisode où l’on apprend la mort du vieux Grover Tully.

Pas de bras, pas de chocolat.

Le peuple a faim. Via les apparitions fugaces du mytho Ulf (Tom Bennett), la désespérée Kat (Ellora Torchia), ou du forgeron Hugh (Kieran Bew), contraint de tabassé pour manger, le petit peuple s’agitent contre le pouvoir en place. La manigance de Mysaria pour semer la zizanie dans la Capitale fonctionne à merveille. Comme le prouve une première scène de chaos très bien réalisé.

Grâce à l’ampleur de ses nombreux figurants et les visages horrifiés de ses deux actrices, la scène d’émeute prend vie merveilleusement devant nos yeux. Encore une fois Olivia Cooke est parfaite. Pas de résignation, forte, et prête défendre sa fille (Phia Saban), bien plus fragile envers et contre tous. On pourrait néanmoins reprocher à la scène d’être à la fois trop courte et avare en violence physique. Un amuse-gueule avant le plat de résistance ? C’est probable.

Un mot, encore, sur d’Alicent, dont le portrait de mère (et de sœur) s’est révélé tout aussi riche en l’espace d’une autre petite scène. Bien plus anecdotique. C’est face à son frère Gwayne (Freddie Fox), qui repart en guerre, qu’on en apprend plus sur son quatrième enfant, encore absent des écrans. C’est au détour des quelques mots, de quelques regards emplis de larmes, que son personnage fait preuve d’une vaillante humanité.

Elle fait également preuve de bon sens, contrairement aux chevaliers anciennement introduit par son fils Aegon. Un manchot plus tard, ce peuple en ébullition n’a plus a prouver qu’il sera d’une importance capitale pour la suite. À ce niveau, les scénaristes ont posé habilement les jalons d’une guerre civile à venir, et ce, avec cohérence. Reste à voir son exécution à présent.

À feu doux.

Rester la question des dragons. Argument de vente majeur de la production (dont son titre fait référence) et qui devait se dévoilé un peu plus aujourd’hui. Sur ce dernier point, ce sixième épisode remplit à moitié son contrat. Dans un premier temps, l’apparition de Fumée-des-Mers dans sa tentative de dressage est assez réussie. Mythologie, atmosphère, imprévisibilité de ses « Dieux », House of the Dragon prend son temps et se finit… Dans le feu & le sang, naturellement.

Un premier jalon posé également, d’un échec avant la réussite. C’est peu original, mais suffisamment bien exécuté pour convaincre. La suite, en revanche, en montre assez et finalement trop peu pour contenter. De la scène au Val d’Arryn qui fait (re)naître un peu d’intérêt envers Rhaena (Phoebe Campbell), jusqu’à la course effrénée d’Addam (Clinton Liberty) pour échapper à Fumée-des-mers.

D’un côté, cette démonstration aérienne est très convaincante, tout comme l’interprétation de l’acteur, qui ne manque pas de charme. Mais d’un autre, le montage coupe volontairement son chevauchement et demeure très restreint dans l’illustration de ses autres dragons jusqu’à présent. Les deux épisodes restants seront ils suffisant pour combler ses rares lacunes ? (Guerre à venir comprise).

CONCLUSION

On reste ainsi sur un épisode transitoire, riche, mais sans grands risques. Néanmoins, je reste passionné par la solidité du show, qui, pour moi, surpasse la concurrence. « Smallfolk » est également traversé par de nouvelles libertés scénaristiques intéressantes. La plus marquante reste le début d’idylle entre Rhaenyra (Emma D’Arcy) et Mysaria.

Un élément intéressant, et même charmant, nuancé, qui distance complètement le roman dont il s’inspire, mais dont j’attends l’évolution pour réellement me prononcer. D’ailleurs, cet élément n’a pas manqué d’enflammer la toile. Avec notamment des retours négatifs sans fondements. Sur ce point, le magazine Première à publié un article très parlant.

[Rhaenyra, en parlant de Daemon] Il était tout ce que je voulais être. Insouciant. Inquiétant. Un homme. J’étais ce qu’il voulait être. Chérie par mon père et faite héritière. Les deux moitiés d’un tout. Mais il n’a jamais connu la paix. Il veut me posséder sans se laisser posséder. Me voir saisir enfin ce qu’il a toujours vu comme sien… J’ai peur de ce qu’il fera.

Pour l’instant, et à l’image de cette souveraine passionnante mais soucieuse à raison, je reste peut-être sur ma faim, mais le sang en ébullition. Car dans tous les cas, ce rapprochement avec Mysaria, dont le profil s’épaissit joliment, coïncide avec un respect mutuel entre deux profils féminins assez intense. La narration dont fait preuve HotD ne cessera pas de m’épater par son niveau de lecture.


Les + :

  • Une belle et douce maîtrise de la mise en scène. Notamment dans une scène de chaos urbain parfaitement exécuté, même si restreinte.
  • Ses innombrables traumas familiaux qui gangrènent la famille Targaryen et permettent aux acteurs de briller.
  • Un nouveau caméo très plaisant.
  • Une distribution secondaire de mieux en mieux illustrée. Même si…
  • Les deux apparitions du dragon Fumée-des-Mers, qui étoffe bien la mythologie autour des mythiques créatures.
  • Des différences notables avec le roman qui rendent le récit plus réaliste et ambigu.
  • Les merveilleuses nuances qui animent constamment les deux têtes d’affiche.

Les – :

  • Une scène d’émeute très réussie, mais trop courte et trop peu violente.
  • Un montage qui allonge le destin trop stagnant (bien que très riche) de Daemon.
  • Une distribution secondaire (principalement nouvelle) exploitée trop succinctement à ce stade de la saison.
  • Après un teasing prometteur, la série se montre avare en dragons.

MA NOTE :

MON CAMP FAVORI DURANT L’ÉPISODE : (EX-ÆQUO) TEAM GREEN / TEAM BLACK

Les crédits

RÉALISATION : Andrij Parekh / SCÉNARIO : Eileen Shim

DIFFUSION (France) : 22 Juillet 2024 / DURÉE : 67mn

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