Avant-propos : nous voilà arrivés à mi-saison pour un premier épisode brûlant et qui sort les armes. Le meilleur moyen de conclure une première moitié de saison qui a privilégié jusqu’alors la parole à l’action. J’en faisais référence dans ma critique précédente, House of the Dragon a fait monter les enchères et doit dorénavant payer le prix de cette installation du suspense.
La série mère l’avait fait admirablement au cours de ses différentes saisons, son spin-off devait répondre des mêmes ambitions. Notamment vu le budget qui lui est alloué. La Danse des Dragons débute ainsi et son titre en reprend le nom symbolique. Cela semble presque prématuré, notamment quand le neuvième (et fatidique) épisode de la saison 5 de Game of Thrones porté comme titre »The Dance of Dragons« . Néanmoins, il s’agissait de la première réelle démonstration de force des dragons dans la série phénomène, ce qui est également le cas aujourd’hui.
Résultat : ce début de danse ne compte épargner personne. Et ironiquement, dans l’intérêt de nous surprendre un peu plus, le titre change le jour de sa diffusion.
ÉPISODE 4 : THE RED DRAGON AND THE GOLD
EN DEUX MOTS : Alan Taylor revient à la réalisation de ce segment crucial après son travail sur l’épisode de reprise. Plus connu pour des épisodes émotionnellement fort que physiquement impressionnant, le réalisateur avait tout de même réalisé en 2017 « Beyond the Wall« , un épisode imparfait, mais épique à souhait de GOT. Avec Ryan Condal à l’écriture, le duo en charge du premier épisode de cette saison réitère l’exercice pour quelque chose de bien plus maîtrisé.
Si le showrunner a volontairement freiné le début de la guerre entre les deux camps, il accélère cette fois les événements pour dévoiler un 1er affrontement – entre dragons – tragique. En teasant celui-ci, la pression monte fatalement d’un cran durant cette attente. Par la même occasion, l’essentiel de l’épisode demeure, aux premiers abords, assez frustrant lorsqu’on lorgne vers cette danse endiablée. Après-coup, sa mise en place politique est encore une fois divine.
Cette mi-saison débute pourtant sur une facette déjà aperçue dans l’épisode 3. Celle d’un Daemon (Matt Smith) tourmenté par ses démons intérieurs. Évidemment, le lieu d’Harrenhal y est propice et ces incursions purement fantastique s’avèrent inédites dans l’univers de Game of Thrones.
Outre le plaisir d’apercevoir, une deuxième fois, Milly Alcock dans la peau de Rhaenyra jeune, ses hallucinations moins réaliste qu’à l’accoutumée ne m’ont pas plus enthousiasmé que cela. Ils sont toutefois l’occasion de commencer à découvrir le profil d’Alys Rivers (Gayle Rankin, qui confirme être un choix de casting idéal). Déjà affublée de « sorcière » par Daemon. Dans tous les cas, le jeu politique du Targaryen dans ce château délabré, lui, ne déçoit pas. Notamment dans les désillusions qui l’amène à être un combattant plus seul que jamais.
« L’histoire ne retient pas le sang, il retient les noms« .
Avant sa danse, ce quatrième épisode va donc s’atteler à éclairer certains profils de manière plus succincte et efficace que par le passé. Disons qu’avec cette mi-saison, il y aura un avant et un après dans la dynamique de chaque camp.
Le couple Targaryen / Velaryon y trouve une place de choix. D’un côté, la valeureuse Rhaenys (Eve Best) est à l’apogée de son charisme et la maîtrise de son ressenti. Qu’il soit dans l’action ou dans la déception personnelle. De l’autre, le Serpent de Mer Corlys (Steve Toussaint) prend enfin part au conseil politique des Noirs durant cette saison. Avant ça, sa courte scène dans un port qui nous est de plus en plus familier fini d’achever ma sympathie envers le marin Alyn (Abubakar Salim). Personnage qu’il me tarde de découvrir plus amplement.
Port-Réal est toujours le théâtre de différents stratagèmes et de certaines dissensions entre ses membres les plus influents. La preuve tout d’abord avec la reine Alicent (Olivia Cooke) qui demeure un profil que j’apprécie particulièrement. L’expression de ses doutes à qui veut bien l’entendre (ayant du bon sens, comme le Grand Mestre (Kurt Egyiawan)) va ensuite être vecteur de paroles douloureuses à l’égard de son fils Aegon II dit « le pragmatique » (Tom Glynn-Carney). Notamment pour son manque de sagesse envers ses conseillers et le tout, dans un face-à-face brillant et cinglant.
Cela prouve que, même aujourd’hui, au cœur de l’action, il ne faut pas minimiser l’importance des têtes d’affiche. Rhaenyra (Emma D’Arcy) et Alicent semblent avoir atteint un seuil de combativité relatif, suite à leur échange en fin d’épisode précédent.
Le camp de Rhaenyra croira ce qu’il veut. Comme celui d’Aegon. Ils se feront la guerre et beaucoup périront. Le vainqueur finira sur le trône. Les intentions de Viserys sont mortes avec lui.
Alicent à Larys Strong
Le profil d’Alicent disposera également d’un merveilleux pragmatisme sur l’état actuel du royaume. Et des événements à venir. Tout comme la nuance des actes commis seront finalement oubliés et vain dans l’histoire de Westeros.
L’antagoniste. Vecteur et tueur de prophétie.
Face à la reine douairière, Rhaenyra apparaîtra bien plus tard dans l’épisode. Néanmoins, son intervention dans un conseil restreint divisé sera décisive. Tout comme Alicent, on y aperçoit une facette plus combative, pragmatique et sereine face à une guerre inévitable. Et même si cela ne lui sera pas avantageux au terme de l’épisode.
Quoiqu’il en soit, la chanson de la glace et de feu résonne encore une fois à nos oreilles lorsqu’elle se confie à son fils aîné (Harry Collett) sur l’importance de la prophétie. Tandis que la guerre se prépare et fera oublier cet héritage.
Mais avant ses quinze bonnes dernières minutes sous tension, cet épisode 4 ne sera pas vide de sens. Ses différentes illustrations politiques le prouvent encore, par le biais d’une merveilleuse scène chez les Verts. Lors d’un conseil restreint, ou plutôt un conseil de guerre, qui oppose les deux frères Targaryen. Aegon II à Aemond, le deuxième fils (Ewan Mitchell). Une jeunesse engaillardi, aux enjeux prometteurs. Son personnage était l’une de mes principales attentes.
Ce second fils un brin sociopathe, martyrisé dans son enfance, et en manque d’amour maternel. (comme le prouvé merveilleusement les deux épisodes précédents). Après s’être (littéralement) mis à nu, mais après une certaine retenue à son égard durant ce début de saison, il était intéressant de voir son comportement en pleine action. Notamment, puisqu’il avait involontairement déclenché un désir de vengeance dans le camp adverse. Par le biais d’ailleurs, d’un acte qui n’avait pas été frontalement abordé au moment de cette reprise.
Face au « roi » comme il aime le répéter, son petit frère s’impose de façon naturelle. Par sa maîtrise de la stratégie de guerre, du respect des vieilles traditions Targaryen (comme le parlé Valyrien), jusqu’à une présence bien plus magnétique. Celui-ci a toutes les caractéristiques d’une figure historique et éclipse sans nul doute son frère en légitimité (indirect). Ainsi, la honte qu’il a pu ressentir par le passé face à son frère (et ses oncles) a été motrice de cette revanche qu’il prend aujourd’hui. Et dont les conséquences seront terribles pour Aegon.
Les yeux au ciel. Le palpitant dans les nuages.
Je ne vais pas cacher mon excitation, réveillé bien avant l’aurore, j’ai nourri des fantasmes pour cette première bataille de dragons. Et son dénouement scénaristique ne m’a pas déçu. Il y a tout d’abord son aspect stratégique parfaitement maîtrisé. L’association Cole (Fabien Frankel) / Aemond fait des merveilles. Même si le Lord Commandant et Main du roi va apprendre à ses dépens le poids des responsabilités que lui incombe sa position.
« The Red Dragon and the Gold » a pour subtilité de dévoilé un dragon supplémentaire et s’inscrit déjà comme un affrontement majeur dans son univers. Contrairement à d’autres grands moments d’action, cette envolée se déroule en plein jour. Et fait quasiment abstraction des forces armées au sol. (hormis quelques aperçus succinct de la désolation qu’amène une bataille de dragons sur le champ de bataille).
Le réalisateur met donc en scène un moment aérien sauvage qui se concentre sur ses trois dragonniers (et Cole). Le tout sous couvert d’effets spéciaux. Ceux-ci sont parfois approximatifs (surtout avec autant de luminosité), mais n’entravent pas l’immersion dans son action. Personnellement, j’avais le palpitant bien emballé durant cette longue scène aérienne. Preuve d’un sens épique plutôt révélateur. Si la mise en scène d’Alan Taylor s’avère assez sage, son atmosphère est exaltante au possible.
« Quand elle tombe. Elle ressent une forme de paix. Une forme de libération et de soulagement. Cette fois elle lâche prise, littéralement ! »
Eve Best dans une interview à propos de la scène de sa mort
Je ne vais pas m’attarder sur les détails de cet affrontement. Le résultat est plus parlant. La production a, semble-t-elle, gérer très honorablement les différences physiques et guerrières de chaque dragon à l’écran.
Ainsi, réalisateur et scénariste ont insisté sur la combativité puis la résignation de Rhaenys avant un ultime plan et une chute vertigineuse. Tout comme ils définissent Aemond comme l’antagoniste majeur de cette saison. Ils le prouvent aussi avec cette merveilleuse idée de faire du Targaryen celui qui laisse pour mort son frère après une bourrasque de feu dévastatrice.
CONCLUSION
L’épisode s’achève d’ailleurs sur un suspense relatif, qui laisse à peine le temps d’apercevoir dragon et dragonnier agonisant au sol. Entre l’humanisation du dragon Meleys dans son dernier souffle, le visage de Rhaenys avant sa mort et des lambeaux de dragons et veut tu en voilà, House of the Dragon frappe (très) fort aujourd’hui. Et c’est tant mieux. 🐉
Les + :
- Un sens du suspense parfaitement établi à l’écran. Notamment grâce à ses nouveaux moments politiques de haute volée.
- À l’image d’une partie d’échecs grandeur nature, l’intrigue déplace ses pions (ici ses personnages) idéalement arrivés à ce stade de la saison.
- La subtile nuance de résignation sereine dont font preuve ses deux têtes d’affiche.
- Le manque de sagesse d’Aegon II évoqué par sa mère, qui, accablé de doutes va se précipiter vers une douloureuse désillusion.
- A contrario, la montée en puissance d’Aemond, antagoniste parfait et terrible du camp Verts. Qui plus est lorsqu’il balaye son frère aîné dans les airs.
- Un affrontement aérien bestial et tragique. Celui-ci use aussi bien du physique reconnaissable de ses dragons (rouge et or) que du gigantisme de Vhagar. Son résultat est enflammé, notamment dans le baroud d’honneur de Rhaenys et Meleys.
Les – :
- Des incartades fantastique (autour de Daemon) qui ne m’ont pas convaincu plus que nécessaire.
- Quelques effets spéciaux légèrement grossiers durant son affrontement aérien.
MA NOTE :
MON CAMP FAVORI DURANT L’ÉPISODE : TEAM GREEN
Les crédits
RÉALISATION : Alan Taylor / SCÉNARIO : Ryan Condal
DIFFUSION (France) : 08 Juillet 2024 / DURÉE : 55mn
[…] épisode.(Voir mes critiques détaillés sur chacun d'entre eux, avec spoilers ICI : Ép. 1, 2, 3, 4, 5, 6, 7, et […]