Avant-propos : après deux premiers épisodes imparfaits, mais farouchement politique, House of the Dragon saison 2 approche rapidement de sa mi-saison, avec déjà quelques attentes à la clé. J’ai personnellement beaucoup aimé le second épisode, mais ce troisième chapitre se révèle crucial avant son moment d’action dans le quatrième, déjà teasé et surnommé « A Dance of Dragons ». (Mais dont le titre sera changé ensuite).
C’est aujourd’hui l’occasion pour le spin-off de commencer à sortir des mythiques lieux qu’on lui connaît bien afin d’en illustrer d’autres. De fait, en éclaircissant certains personnages, l’intrigue en oublie d’autres jusqu’à présent. Cet épisode à l’opportunité d’y remanier avant son déferlement de feu et de sang à venir. Et pourquoi pas faire la lumière sur d’autres riches personnages qui joueront un rôle dans cette guerre. Beaucoup de potentiel donc pour un nouvel épisode de plus d’une heure.
ÉPISODE 3 : THE BURNING MILL
EN DEUX MOTS : la bataille du « Moulin brûlé ». Les lecteurs de feu et sang s’en souviennent probablement pour sa désignation atypique. Celle-ci donne son nom à ce troisième épisode qui s’ouvre justement sur une querelle au pied de ce moulin, entre Bracken et Nerbosc. Deux familles qui nous sont également familières puisqu’on les avait succinctement découvertes lors de la première saison, au moment lorsque la jeune Rhaenyra recherché un prétendant. (S.1 – Ép.4).
Ce contexte à surtout de l’importance sur deux points. D’abord, il reflète la première vive opposition entre deux familles qui c’est chacun déclaré pour l’un des prétendants. Ce qui nous amène à la terrible (et très réussie) représentation de l’après-champ de bataille et du moulin calciné. D’autre part, cette querelle ancestrale entre ses deux familles vassales du Conflans fait écho au déroulement de la guerre mené par les Targaryen. Plusieurs paroles durant l’épisode en font mention, dont celles, toujours très avisées, de Rhaenys (Eve Best).
Les jeunes hommes ont choisi de punir et de venger. Ils auront bientôt oublié comment a commencé la guerre.
À la réalisation, on retrouve encore une habituée de la production : Geeta Vasant Patel. Celle-ci n’avait réalisé qu’un seul épisode de la première saison : « The Lord of the Tides« . Mais, de mon point de vue, il s’agissait du meilleur. En revanche, à l’écriture, c’est le discret David Hancock qui est nommé au générique, même si celui-ci était déjà producteur sur la série.
Toujours est-il qu’après le visionnage de ce troisième épisode, le show m’a laissé sur un arrière-goût de « reviens-y« . Ce qui est à la fois frustrant et complètement excitant. Notamment après quelques élans fantastiques à l’écran. 1h06 que je n’ai pas vu passés, pour un début de saison encore sage, mais qui enclenche définitivement l’inévitable. Le carnage.
Le sang chaud.
La bataille du Moulin brûlée est l’occasion d’un nouveau briefing pour un nouveau Conseil restreint à la Capitale. Affublé d’une chaîne de main du Roi, on retrouve un Lord Commandant (Fabien Frankel) en plein doute, mais prêt à l’action. Une dynamique qui rend le personnage toujours aussi détestable, ou du moins impulsif, mais qui à l’avantage de précipité les événements à venir.
Si, jusqu’à présent, j’ai beaucoup apprécié le jeu politique dans le camp des Verts, ce troisième épisode éclaire plus concrètement le camp opposé, à Peyredragon. Rhaenyra (Emma D’Arcy) conciliante comme jamais, demeure la pierre angulaire de cette partie. Notamment dans sa docilité envers ses proches ou son conseil insubordonnés. Ses décisions sont rarement accueillies avec joie, mais permettent d’affirmer son caractère et sa vertu.
Rappelez-vous que votre reine porte la couronne de mon grand-père. Jaehaerys le Conciliateur. Un souverain prudent. Le plus sage des Targaryen qui régna plus longtemps que les autres. Même Aegon le Conquérant.
Rhaenys lors du Conseil restreint des Noirs
C’est également l’occasion d’éclairer différents profils, encore secondaire. À commencer par Rhaena (Phoebe Campbell), qui dispose, enfin, d’une vraie caractérisation depuis son apparition, en saison dernière. Sa sœur, Baela (Bethany Antonia) en revanche, s’affiche toujours un peu plus avec un caractère de feu, comme le prouve cette excellente scène de course-poursuite à dos de dragon, plus tard dans l’épisode. Enfin, le destin du riche personnage de Mysaria (Sonoya Muzino) ce profil finalement à la cour de la Reine. Et tant mieux.
Toutes ses conversations illustres bien ses riches caractères féminins, dans un monde qui demeure galvanisé par l’homme. Et quoi de mieux, en parallèle, qu’assister à la suite des aventures de Daemon (Matt Smith), mâle toxique par excellence. Qu’importe son degré de sociopathie, son profil demeure magnétique et passionnant. À l’instar de son dragon filiforme, Caraxès.
Chasse aux fantômes. Et aux prophéties.
Ici, la réalisatrice s’essaye à quelques incartades en perspective à la première personne. Chose qu’elle va réitérer dans la scène qui opposera Baela (et son dragon) à Cole (et son cheval). Le résultat m’a plutôt farouchement convaincu dans son exécution à l’écran. Cela permet de saisir au passage la grandeur que représente Harrenhal dans le royaume des Sept Couronnes. Une atmosphère lugubre et hantée qui va largement être représentée, avec soin, ensuite.
Si l’incursion en ces lieux ne fait encore qu’effleurer son potentiel, puisque le récit ne s’y attarde pas, l’épisode en profite pour y faire apparaître deux nouveaux profils prometteurs. Ser Simon Strong (Simon Russell Beale) en premier lieu, Gouverneur d’Harrenhal qui semble ne pas porter dans son cœur l’officiel maître des Chuchoteurs de Port-Réal, Larys Strong (Matthew Needham). Puis, très brièvement, la prometteuse et mystérieuse Alys Rivers (Gayle Rankin), au ton et aux paroles mordantes…
House of the Dragon et sa production prouvent encore avec brio son choix de casting impeccable. Sa dernière trouvaille se fait sous les traits du Britannique Freddie Fox. Celui-ci interprète avec zèle et irrévérence (comme j’ai pu le découvrir dans Slow Horses) Ser Gwayne Hightower… Frère d’Alicent (Olivia Cooke). Si l’intrigue ne nous laisse pas le temps d’apprécier le degré de relation qui lie ces personnages, elle caractérise très distinctement ce nouveau protagoniste. Un autre profil qui s’annonce prometteur.
Ce troisième épisode met également le doigt sur de nouveaux doutes, sur le poids des responsabilités ou de culpabilités qui animent ou écrasent les personnages. C’est ce qu’on découvre par le biais d’une conversation attendrissante, puis amère entre les amants Velaryon (Eve Best/Steve Toussaint). Ou bien par le pardon d’une fille meurtrie (Phia Saban) sur le comportement de sa mère.
Le(s) doute(s).
Mais une fois encore, dans la nuance des personnages, le portrait du jeune Aegon (Tom Glynn-Carney) s’avère captivant. Après ses décisions hâtives, le jeune roi demeure en proie aux doutes. Notamment après les paroles cinglantes de son grand-père (Rhys Ifans, absent de l’épisode).
Du ridicule des jeunes coqs devenus chevaliers de sa garde royale à la révélation de bruit de couloirs, Aegon s’aperçoit avec amertume qu’il n’a pas les épaules de son ancêtre le Conquérant. Ce qui va l’amener vers de nouveaux déboires où il croisera la route de son frère Aemond (Ewan Mitchell) en fâcheuse posture.
La série nous rappelle ici son rapport cru avec le sexe et ses dérives, mais s’intéresse encore au petit peuple. La preuve avec un curieux portrait du bonimenteur (?) Ulf (Tom Bennett, qu’on apercevait brièvement dans le second épisode) se disant affilié à la descendance Targaryenne.
Et après l’exaltante course-poursuite dont je faisais mention plus haut, cette fin d’épisode se redirige vers Harrenhal. Pour une scène surprenante. Les fantômes du château maudit laissent Daemon dans la confusion après sa vision d’une Rhaenyra plus jeune (avec en prime le caméo de Milly Alcock). Notamment quand la scène s’achève sur une (fausse ?) prophétie proférée par l’intense Alys Rivers. Sur ce point, je resterai silencieux.
Les dix dernières minutes sont à la fois inédites et dramatiques. Comme souvent quand HotD dépasse les lignes du roman dont il s’inspire. Dans son envie de tempérance et de conciliation, le profil de Rhaenyra s’avère rationnel, attachant, tandis qu’une terrible guerre gronde. Ce qui va nous emmener vers Port-Réal pour un face-à-face stimulant. Ses motivations sont également personnelles et assez touchantes quand elle fait mention de son père, ce qui renforce un peu plus l’aura bienfaisante de son personnage.
[Alicent, en parlant des dernières paroles de Viserys] : C’était difficile de le comprendre. Mais il a parlé d’Aegon. Il est le prince qui fut promis. (Rhaenyra) : Pardon ? Je désire aussi la paix…
[Rhaenyra] : Mon père a prononcé ces mots ? « Le prince qui fut promis ». L’a-t-il fait ? (Alicent) : Oui. Il t’a parlé de la chanson de la glace et du feu ? Il s’agit d’une histoire qu’il m’a racontée. A propos d’Aegon le Conquérant.
CONCLUSION
Cet élan de sororité est autant nostalgique que voué à l’échec dans sa finalité. Même quand les doutes et la sincérité anime les deux merveilleux profils féminins en tête du show.
Et ainsi se conclut (sous une nouvelle mélodie magnifique) « The Burning Mill », troisième épisode de cette deuxième saison, qui demeure dans la lignée des deux précédents. À la fois tempéré, dense quand il éclaire partiellement ou complètement ses nombreux profils. Et toujours politiquement passionnant. Une guerre froide avant d’être brûlante, qui passe (avec retenue encore) tout de même un cap aujourd’hui.
Cela a l’avantage de posé ses enjeux dramatiques avec succès, mais renforce l’attente envers sa première grande scène de bataille. Ce qui s’avère à double tranchant selon le résultat de l’épisode à venir. L’attente s’avère grisante, c’est certain.
Les + :
- Le profil et la retenue de Rhaenyra, passionnante en reine conciliante dans un contexte de guerre qui gronde.
- Le camp des Noirs qui dispose d’un bel éclairage durant l’épisode, notamment pour quelques figures (féminines) secondaire.
- Ses élans de mise en scène à la première personne, très réussis.
- L’ambiance lugubre d’Harrenhal magnifiquement représenté.
- La qualité du choix de casting. La preuve avec 3 nouveaux profils crédités très prometteurs.
- Les multiples doutes qui habitent les personnages et leur apportent toujours plus de nuances. Aujourd’hui le jeune Aegon, Daemon ou encore Alicent.
- L’excellente surprise d’une rencontre secrète entre Rhaenyra et Alicent. Doux rappel d’une sororité perdue qui s’achève sur une amertume magnifiée par un morceau inédit du compositeur.
Les – :
- Malgré quelques élans fantastique et/ou d’action exaltant, le show manque encore d’adrénaline.
- L’intronisation d’Harrenhal, idéal mais trop brève.
- Si la série multiplie les lieux proches de ses deux zones stratégiques, elle est encore avare en décors extérieurs.
- En tempérant (magnifiquement et politiquement) sa guerre froide, la série créée une attente qui risque de décevoir.
MA NOTE :
MON CAMP FAVORI DURANT L’ÉPISODE : TEAM BLACK
Les crédits
RÉALISATION : Geeta Vasant Patel / SCÉNARIO : David Hancock
DIFFUSION (France) : 01 Juillet 2024 / DURÉE : 66mn
[…] épisode.(Voir mes critiques détaillés sur chacun d'entre eux, avec spoilers ICI : Ép. 1, 2, 3, 4, 5, 6, 7, et […]