
EN DEUX MOTS : 2 ans séparent les saisons 2 et 3 de l’ambitieuse épopée S.F. d’Apple TV+ : FOUNDATION. Toujours imparfaite, mais globalement appréciée malgré les difficultés d’adaptation (compte tenu de la largeur des œuvres d’Isaac Asimov), la série a, en plus, connu des bouleversements en coulisses avec le départ de son showrunner David S. Goyer en cours de production.
Malgré cela et une notoriété de niche, la saga de Science-fiction continue vaillamment son expansion. D’autant qu’aujourd’hui, cette 3e aventure aux confins de la galaxie marque un tournant dans son histoire et fait de son principal inconvénient – le temps – l’une de ses forces narratives.
152 ans se sont écoulés. La Fondation s’est solidement établie bien au-delà de ses modestes débuts, tandis que l’Empire de la dynastie Cleon est en déclin. Alors que ces deux puissances galactiques tentent de nouer une alliance fragile, une nouvelle menace surgit : celle d’un redoutable chef de guerre connu sous le nom de The Mule, prêt à conquérir l’univers par la force physique et militaire… mais aussi par le contrôle de la pensée. Qui gagnera ? Qui perdra ? Qui vivra, et qui mourra ? Tandis que Hari Seldon, Gaal Dornick, les Cléons et Demerzel s’affrontent dans une partie d’échecs intergalactique aux enjeux mortels dont nul ne peut prédire l’issue.
Ainsi, après une première saison introductive et une seconde plus étoffée, mais faisant office de simili passerelle vers sa suite, Foundation 3 était la promesse d’une 3e crise plus conséquente pour son intrigue. Aidé par ses astuces de Science-fiction, son casting central revient (quasiment intégralement) à l’écran. Et malgré l’absence d’un de ses principaux membres (Leah Harvey), cette saison 3 étoffe très largement sa palette de récurrent.
De quoi apporter du renouveau et de la richesse à sa large aventure, tandis que le célèbre antagoniste « The Mule » se dévoile concrètement sous les traits du Danois (qu’on adore détester) Pilou Asbæk. Plus de personnages, plus d’enjeux, plus d’effets spéciaux et plus de tension sont les outils idéaux pour la réussite de la saga. La question étant, cette saison est-elle à la hauteur de ses ambitions ? Pas totalement hélas. Mais cela reste sa proposition la plus marquante jusqu’alors.
New Foundation, New Terminus, New characters. Same Galaxy.
Avec 10 nouveaux épisodes aux formats tout aussi idéaux, Foundation 3 construit méthodiquement sa nouvelle aventure. Ainsi, ses premiers épisodes posent ses enjeux et présentent sommairement sa nouvelle (riche) distribution. Si le montage superpose toujours ses nombreuses intrigues en éclairant certains profils plus que d’autres, le show dresse un parallèle entre l’un des fondements de son aventure – la psychohistoire – et le destin de ses principaux protagonistes. Chacun étant un rouage indispensable de sa machine.
À ce jeu, c’est d’autant plus intéressant de voir comment cette 3e saison use de ses personnages, et notamment avec un sentiment d’incertitudes malgré ses notions de mathématiques. Ainsi, découvrir davantage de noms au générique est autant un plaisir que voir certains destins s’entrechoquer. Si on peut regretter le manque de présence de Jared Harris à l’écran, la belle Lou Llobell prend l’ascendant au même titre que le charismatique Lee Pace réinvente son personnage au grès du temps.

De façon récurrente toujours, le jeune Cassian Bilton, l’illustre Terrence Mann et surtout la majestueuse Laura Birn justifient leurs présences à l’écran par des rôles peaufinés. Preuve que le chaos en coulisses n’a pas eu raison de la cohérence de son univers qui incorporent, plus que jamais, des nouvelles têtes. Parmi elles, on peut citer le jeune couple huppé interprété par Cody Fern et Synnøve Karlsen. (ou même l’intrépide beau gosse Brandon P. Bell.)
Autant de nouveaux visages que de nouvelles aventures pour la série de Science-fiction, qui, si elle ne soigne pas toujours la caractérisation de ses personnages, vise une nature plus que jamais épique et dynamique.
La guerre d’un Mulet hasbeen.
Toutefois, et pour ma part, il y a toujours eu, au sein de ce space-opéra, un créneau de sortie de route conséquent. Et l’illustration de son super-méchant mentaliste le prouve parfaitement aujourd’hui. (malgré une genèse sur son enfance loin d’être inutile). On pourrait regretter une caractérisation un peu facile pour notre antagoniste majeur. Et donc une prestation peu surprenante pour ceux qui ont découvert l’acteur danois dans la saga fantastique GOT.
Pour autant, la série parvient encore à révéler de belles nuances concernant certains de ses autres personnages, comme le démontre une fois de plus la dynastie des Cléon, plus éclatée que jamais. Sur ce point, il y a une très belle continuité au sein de la saga et c’est pourquoi ce bouleversement radical au sein de sa galaxie était d’autant plus attendu.

Ainsi, après un début de saison prometteur, les événements basculent rapidement jusqu’à une seconde partie plus soutenue. Une guerre galactique qui a du bon, mais qui recèle tout de même de pas mal d’imperfections. Si on est loin d’assister à une aventure à la Star Wars (et c’est tant mieux), la saga Foundation n’a tout de même pas la maturité qu’elle prétend. Malgré sa base d’adaptation solide.
Cela ne l’empêche pas d’être un divertissement total. Et en plus de ça, la série se défend encore vaillamment dans sa crédibilité visuelle. Dans son contexte de guerre totale, la série manque néanmoins de tension, et notamment concernant le destin de ces différents personnages. D’autant qu’une partie de ses nouveaux récurrents (Tomas Lemarquis, Alexander Siddig ou même la convaincante Cherry Jones) peine réellement trouver leur place dans le récit. Au même titre que quelques destins qui stagnent au milieu du chaos.
Conclusion
On peut heureusement se raccrocher sur la richesse de son univers pour faire de cette saison une valeur sûre pour la saga de science-fiction. (bien que toujours imparfaite.) D’autant que la durée de ces épisodes demeure agréablement légère et évite les longueurs.
Et concernant sa conclusion tant attendue, celle-ci demeure à demi satisfaisante. Et pour preuve, si elle sait se montrer surprenante et meurtrière envers ses personnages (on se souviendra longtemps de son amas de corps qui dégringole au sol), elle renforce cette impression de destins secondaires sous (ou mal) exploités. Tout en ne bouclant que partiellement certaines de ses grandes intrigues.
Évidemment, cela s’explique par son renouvellement (au moment de son final) pour une 4e saison, d’autant que celle-ci pourrait conserver plusieurs de ses nouveaux personnages. Et au risque de nous décevoir, son univers continue d’apporter des pistes intéressantes et prometteuses. Espérons que son changement de direction (David S. Goyer laissant la place au peu rassurant Ian B. Goldberg) et un budget revus à la baisse n’auront pas raison de son aventure ambitieuse.
Les + :
- Une saison plus décisive et qui enrichit intelligemment son vaste univers de science-fiction.
- Un renouvellement et une attention plus particulière à bon nombre de ses nouveaux second rôle. Même si…
- La dynastie des Cléon, qui atteint un point de non-retour allant de pair avec l’évolution de la saga sur le temps.
- Un visuel toujours ébouriffant et toujours aussi large que crédible.
- Une saison bien construite et aux durées d’épisode bien dosé.
Les – :
- Un antagoniste intéressant, mais caractérisé trop simplement, tout comme la prestation de Pilou Asbæk manque de surprise.
- … malgré la largeur de son casting, plusieurs récurrents ont du mal a trouvé leur place au sein du récit.
- Un rôle un peu trop amoindri pour le formidable Jared Harris.
- Une deuxième partie de saison plus épique, mais qui perd en intensité malgré sa vision chorale.
- Une fin de saison et brin frustrante et qui appuie les errances de son scénario.
MA NOTE : 14.5/20

Les crédits
CRÉATEURS : David S. Goyer & Josh Friedman
AVEC: Jared Harris, Lou Llobell, Lee Pace, Cassian Bilton, Laura Birn, Cherry Jones, Terrence Mann, Brandon P. Bell,
Synnøve Karlsen, Yootha Wong-Loi-Sing, Cody Fern, Tomas Lemarquis, Troy Kotsur, Alexander Siddig, et Pilou Asbæk,
mais aussi : Leo Bill, Rebecca Ineson, Darren Pettie, Iðunn Ösp Hlynsdóttir, Krysta Kosonen, Ibraheem Toure, Isla Gie, Laura Berlin, Blake Ritson (…)
ÉPISODES : 10 / Durée moyenne : 50mn / DIFFUSION : 2025 / CHAÎNE : Apple TV+