EN DEUX MOTS : jamais avare en nouveautés en tout genre, la plateforme la plus prolifique de l’année agrémente le printemps avec DARK MATTER, nouvelle œuvre de Science-fiction ambitieuse. La preuve, après des productions multiples dont je n’ai pas eu l’envie de m’étendre en critique (de la bavarde Palm Royale, le biopic Franklin avec Michael Douglas jusqu’à l’intrigante mais trop sage Sugar) la chaîne américaine prouve que c’est bel et bien en matière de S.F. qu’elle excelle le plus. Toujours avec des castings de choix.
Apple s’offre cette fois les services de l’Australien buriné Joel Edgerton et de la belle américaine Jennifer Connelly pour un voyage au confins du multivers. Pas de super-héros au programme (heureusement) mais monsieur et madame tout le monde (non sans intellect tout de même…) pour une vision bien plus réaliste et incisive d’un sujet de S.F. en or massif.
Le professeur Jason Dessen est enlevé dans une version alternative de sa vie. Dans un labyrinthe de réalités, il entreprend un voyage éprouvant pour retrouver sa vraie famille et la sauver d’un ennemi terrifiant : lui-même.
AlloCiné
Le premier signe encourageant réside dans l’implication total de l’auteur du roman – Blake Crouch – qui officie ici comme showrunner et scénariste sur une bonne partie des épisodes. Pour l’adapter à l’écran on retrouve sur les 3 premiers le réalisateur de série Jakob Verbruggen qui allie nervosité et environnements urbain stérile et moderne à l’écran. Une mise en scène qui a plutôt du sens et qui capte à merveille ses différents décors comme ses aspirations à l’écran.
Toutefois, DARK MATTER 2024 (la série ayant le même titre qu’une production de S.F. sortie quelques années plus tôt) est elle a la hauteur dans ses ambitions ? Ou ses limbes psychologique n’ont telles pas plus de sens sur papier ? Eh bien globalement, la série demeure une production de choix. En la matière et outre quelques défauts en cours de route (durant sa conclusion ?) xxxxx.
CHEMIN DE CROIX…
9 épisodes avec une moyenne d’a peine 50 minutes à ses débuts. DARK MATTER dispose d’une formule qui se rapproche plus du thriller à énigmes que du drame pure. À la sauce S.F. comme le prouve si bien sa continuité d’épisodes, passé le premier tiers de sa saison. Toujours est-il que sans s’encombrer de réelles longueurs dramatique cette adaptation vise l’efficacité.
En son centre réside une petite palette de récurrents (6 crédités exactement) dont deux têtes d’affiche pleine de charme. La spécificité qui les accompagnent réside dans le couple qu’ils forment à l’écran. Et dans l’intense motivation qui anime le personnage de Jason incarné par Joel Edgerton. Le récit lui offre assurément la plus belle direction dans le développement d’un même personnage aux différentes facettes.
Son montage en joue astucieusement en superposant ses deux intrigues principales. Tandis que les questions et l’incompréhension règne peu à peu dans son entourage, notre deuxième Jason déchantera peu à peu. Un autre exemple de la simplicité explicite du scénario de Blake Crouch, qui use naturellement des problématiques de son sujet.
Quoi qu’il en soit, en seconde tête d’affiche, l’actrice américaine de 53 ans (!) tire largement son épingle du jeu. Par son charme incandescent jusqu’à l’écriture de l’auteur qui ne la cantonne pas a jouée la simple épouse/amante benêt. Notamment quand il propose des versions alternatives du personnage, même succinctement.
…CHOIX DE DIFFÉRENTES VOIES.
Hormis cette ligne de romance tout à fait crédible, DARK MATTER nous questionne sincèrement sur une échelle de choix à conséquences multiples. Justement avec son lot de variations qui permettent à la série de dépasser le simple stade de son sujet. C’est ici que le show embrasse pleinement son potentiel S.F. et nous propulse vers un voyage à travers le multivers.
Ainsi, passer son premier tiers, DARK MATTER vire vers de la science-fiction à l’état pur. Notamment via des épisodes légèrement rallongés. Sans s’encombrer de gadgets ou autre technologie inutile, la série use du charme unique de la volumineuse boîte noire et d’un couloir linéaire. Sauf que dans son voyage, la cause a effet est autant mentale que physique.
Pour preuve, l’état de pensée des personnages influence la création des mondes multiples que vont découvrir nos différents explorateurs. Une belle idée qui permet à la série de montrer par des images l’état psychologique des personnages. Ce que fait justement un roman de façon naturelle.
C’est succinctement l’occasion de découvrir des mondes ravagés et post-apocalyptique dans une approche différente du multivers tel qu’on l’imagine. Certes le show fait preuve ici de ses limites de production via quelques effets spéciaux parfois grossier ou des démonstrations vite expédiés. Néanmoins, la série se montre suffisamment explicite à grande échelle pour convaincre.
MARVEL N’A QU’À BIEN SE TENIR.
De plus, arrivé à mi-saison le récit parvient à dévoiler d’autres facettes de nos principaux personnages. Comme le prouve cet effrayant Chicago ravagé par un virus ou une succession d’échecs pour retrouver un monde familier. C’est clairement le chaînon manquant des productions Marvel : une bonne narration, avec des enjeux dramatiques.
La continuité de son voyage est également l’opportunité de développer sa palette secondaire (au détriment d’autres au cours de la saison). C’est par exemple le cas de la très convaincante actrice brésilienne Alice Braga, loin d’être novice comme le prouve sa carrière au cinéma. D’abord second rôle d’apparat, l’intrigue lui trouve une place de choix aux côtés de notre héros. À l’instar d’une autre version de Leighton interprété par Dayo Okeniyi, puis ensuite Ryan (Jimmi Simpson), même si leurs implications demeurent beaucoup plus restreintes.
Dans tous les cas, et dans l’idée, DARK MATTER est une aventure – mélangeant S.F. et thriller – ficelé avec soin. Si la série s’épuise légèrement sur la durée (ce qui l’empêche d’atteindre les sommets du genre) son déroulement explore parfaitement ses différentes dynamiques d’action. Méthodiquement, son dernier tiers nous amène à sa conclusion dans une forme de boucle qui boucle sa boucle. Non sans efficacité, mais en prenant une certaine mesure de temps et donc sans précipitations.
Le résultat nous amène vers une étonnante course-poursuite qui radicalise encore un peu plus l’originalité de son multivers. Est-ce suffisant pour convaincre ? Peut-être pas complètement dans cette démonstration anti-spectaculaire, en revanche qu’il s’agisse de son sujet S.F. jusqu’à l’aboutissement de sa trame dramatique (notamment dans la relation qui noue Jason à sa famille), la série explore pleinement son potentiel.
CONCLUSION
DARK MATTER demeure ainsi une nouvelle production très solide du catalogue Apple tv+. Imparfaite sur la longueur, mais très aboutie dans l’exploitation de son scénario. La Science-fiction et le multivers ont une nouvelle référence sur le petit-écran.
Les + :
- Un sujet de Science-fiction d’une efficacité redoutable et exécuté de façon redoutable. L’implication totale de l’auteur du roman – Blake Crouch – n’y est pas étranger évidemment.
- Une vision psychologique et maligne du multivers qui varie ses perceptions telles qu’on l’imagine. De quoi agréablement ringardisé les productions Marvel récentes.
- Un duo en tête d’affiche – Joel Edgerton & Jennifer Connelly – qui exploitent leurs charmes respectifs. Vient s’y greffer la charmante Alice Braga plus secondairement.
- Un montage et un rythme très fluide, bien que méthodique, dont j’ai apprécié la diffusion hebdomadaire.
- Une conclusion solide, logique bien plus qu’épique.
Les – :
- Une dynamique très efficace et qui allie les genres sans pour autant pleinement les transcender. Sur la durée, l’aventure perd ainsi en intensité avec une légère redite de ses outils S.F.
- Quelques limites de production dans l’exécution de ses riches idées de Science-fiction.
- Malgré différentes variations des récurrents (qui s’avère tout de même limités) le casting s’avère un poil restreint vu la largeur de l’aventure.
- Une conclusion en revanche anti-spectaculaire et qui manque d’intensité.
MA NOTE : 15.5/20
Les crédits
CRÉATEUR : Blake Crouch
AVEC : Joel Edgerton, Jennifer Connelly, Alice Braga, Jimmi Simpson, Dayo Okeniyi, Oakes Fegley (…)
ÉPISODES : 9 / Durée (moyenne) : 52mn / DIFFUSION : 2024 / CHAÎNE : Apple tv+