Watchmen, Les Gardiens – de Zack Snyder

Who watches the Watchmen ?

Introduction

Je vous propose ici ma critique du film « Watchmen – Les Gardiens » par Zack Snyder. Chef-d’œuvre graphique et narratif.

Pour la petite histoire, je crois que c’est la première fois que je passe ma note de 11 à 19 sur un film après un deuxième visionnage… J’avais vu ce film la première fois à peu près au moment de sa sortie DVD. Il avait déjà été encensé par les critiques et j’avais de grosses attentes. Malheureusement, je l’avais trouvé super chiant, confus dans son déroulé et bien trop contemplatif par moment. Je ne saurais pas dire si je l’avais vu dans de très mauvaises conditions ou si j’avais juste des goûts de merde à l’époque, mais je ne comprends vraiment pas que je ne l’ai pas apprécié d’avantage à l’époque. Bref, j’avais profité de sa diffusion sur Netflix pour le revoir et pour essayer de mieux comprendre pourquoi je ne l’appréciais pas plus que ça, alors que mes éclaireurs sur Sens Critique le notent aussi bien.

Et ô surprise, je l’ai adoré 🙂

Attention, spoilers !

Watchmen – Les Gardiens, par Zack Snyder

Un visuel travaillé

Visuellement, tout le monde sera d’accord là-dessus, ce film de Zack Snyder est magnifique. Le travail sur la photographie et sur les couleurs est tout simplement exceptionnel. Les côtés sombres du film contrastent très bien avec certaines couleurs flashy. On pense notamment à Dr Manhattan (Billy Crudup) ou de Silk Spectre (Carla Gugino). Certains plans en deviennent iconiques par leur simple beauté, à l’image des cases d’un comics.

Mais bien sûr, Snyder tire aussi profit de son média. Il gère habilement les mouvements, de ses acteurs, d’une part, mais aussi des caméras. Il use des CGI pour réaliser des mouvements de caméra impossibles sans cela, ainsi que pour effectuer des ralentis qui mettront en avant l’action. Et heureusement, Snyder n’abuse pas encore dans son Watchmen de ces procédés qu’il semble adopter de plus en plus dans ses films les plus récents.

Le meurtre du Comédien dans la première scène, avec le fameux smiley taché de sang

Les décors ont également été bien pensés, et cela, même jusqu’au moindre détail. On note par exemple l’utilisation de tubes Nixie dans une scène, détail parmi d’autres mais tellement peu courant habituellement. Les effets spéciaux ne sont pas en reste non plus. Cela a certes un peu vieilli par instant. Mais globalement, ça reste largement au niveau (y compris de films plus récents, n’est-ce pas « Justice League » ?).

Le visuel maîtrisé de Zack Snyder n’épargne pas pour autant ses spectateurs lors de certaines scènes violentes (voir très violentes). Cela contribue à dégager une ambiance certaine à ce film, définitivement noir.

Un contenu riche

Sur le fond, on est également face à du très bon. Vous me direz, partant d’un des meilleurs comics d’Alan Moore, l’inverse aurait été surprenant. Le récit fait déjà preuve d’originalité. Loin des classiques scénarios de super-héros, là l’histoire nous révèle un monde uchronique dans lequel le rôle des super-héros dans la société est remis en question.

Les personnages

On découvre que les supers sont apparus au milieu du XXème siècle. À leur arrivée, ils ont servi les intérêts de la puissance américaine, notamment pour gagner la guerre du Vietnam. Leurs compétences et leur indépendance ont ensuite été remis en cause, notamment lors d’émeutes assez violentes. Et cela a forcé Nixon (président très apprécié dans cet univers) à contraindre les héros à une retraite anticipée.

Seul le Dr Manhattan, le seul héros avec de véritables pouvoirs, continuera de servir le pouvoir politique en place en tant qu’arme de dissuasion. En effet, il sera l’argument principal pour empêcher l’URSS et les États-Unis de se lancer dans une guerre auto-destructrice. Ce Dr Manhattan est un super héros aux pouvoirs incommensurables qui est déifié par un grand nombre d’humains « normaux ». Mais à l’image du Dark Knight de Nolan, il devra pourtant sacrifier son image pour garantir la paix à la fin du film.

L’accident nucléaire ayant désintégré Jon Osterman qui devient par la suite Dr Manhattan, être quasi omniscient et omnipotent

Les autres personnages sont tout aussi intéressants avec des backgrounds assez profonds (certains diront sombres). Par exemple, on retrouve Rorschach (Jackie Earle Haley), fils non désiré d’une prostituée, ou Silk Spectre 2 (Malin Akerman), fille du violeur de sa mère. On est loin des films Marvel avec des personnages manichéens. Ici, les personnages subissent un développement riche.

Rorschach se montre associable et particulièrement agressif. Mais en même temps, il saura émouvoir le spectateur à l’occasion, comme lorsqu’il préférera mourir plutôt que de cacher la vérité au monde.

Le Comédien (Jeffrey Dean Morgan) est présenté comme faisant partie des « gentils ». Pourtant, il a violé Silk Spectre, a effectué des assassinats pour le compte du gouvernement américain, a tué froidement une Vietnamienne qui portait son enfant et a commis tant d’autres méfaits… Toutefois, il semble également ne pas apprécier sa vie et ses actes. Il est même tellement bourré de remords qu’il ira se confesser auprès de son ennemi juré peu avant sa propre mort.

Les thèmes du récit

Parmi les thèmes abordés, on retrouve une critique des superpuissances et des dangers qu’elles représentent malgré leur apparente bienveillance. On peut même y voir une critique du fascisme. Cela au travers des actions portées par les politiciens, les grandes entreprises, et surtout par les super-héros eux-mêmes qui ne sont peut-être pas si « gentils ». Cela conduit d’ailleurs à l’épineuse question « qui gardera les gardes ? ».

Mon but ici n’est pas de vous faire une analyse complète de ces thèmes, mais nul doute que cela contribue grandement à l’intelligence du film et à son caractère unique dans le paysage des films de super-héros.

On regrettera toutefois des écarts narratifs avec le comic (notamment la fin) qui ne s’expliquent pas complètement et qui ont tendance à réduire l’impact émotionnel à mon avis.

Conclusion

Pour conclure, Snyder signe ici avec Watchmen un film noir et original en comparaison des autres films de super-héros. Le réalisateur est parvenu à maîtriser son œuvre tant sur le plan visuel que narratif. C’est un film qui ne prend pas ses spectateurs pour des imbéciles en proposant plusieurs niveaux de lecture grâce à un script intelligent. Pourtant, malgré une telle réussite artistique, il est vraiment dommage que le succès commercial n’ait pas été suffisamment au rendez-vous à l’époque. Les films DC auraient réellement gagné à ressembler davantage à celui-ci plutôt qu’à essayer de ressembler toujours plus aux nombreux Marvel.

Maintenant, je vous invite à découvrir notre autre critique qui concerne cette fois la série HBO de 2019.


MA NOTE : 19/20

RÉALISATION : Zack Snyder

AVEC : Patrick Wilson, Jackie Earle Haley, Billy Crudup, Malin Åkerman, Carla Gugino, Matthew Goode, Jeffrey Dean Morgan, (…) 

 Durée : 163 min    ANNÉE DE SORTIE : 2009

GENRE : Science-fiction, Action, Drame

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