BIG LITTLE LIES – saison 1

EN DEUX MOTS : comme chaque série HBO est un événement, l’adaptation du dernier roman de Liane Moriarty (ici productrice) : « Petits Secrets, Grands Mensonges », avec son casting star, était LE show à suivre de ce début d’année 2017. Du moins à la télévision. D’autant qu’ici, BIG LITTLE LIES est une mini-série (au départ) en sept épisodes d’à peine une heure chacun. Un petit bonbon qui ne manque pas d’acidité dans sa finalité.

Quand Madeline, Jane et Celeste se lient d’amitié par l’intermédiaire de leurs enfants, elles ne se doutent pas qu’elles vont se retrouver, des mois plus tard, au centre d’un tragique accident, survenu à la fête de l’école. Qui est mort ? Qui est responsable ? Et pour quelle raison ? Secrets, rumeurs et mensonges ne faisant pas bon ménage, tout l’univers de la petite ville de Monterey va être secoué de violents soubresauts.

Allociné

Au côté de l’auteure, le scénariste majeur David E. Kelley se charge de son adaptation à l’écran et signe l’intégralité des scripts. On lui doit notamment les mythiques Ally McBeal ou Boston Public dans les années 2000. Enfin, dernière pierre (technique) à l’édifice d’une production solide, c’est le Canadien plébiscité Jean-Marc Vallée qui réalise les sept épisodes. Une incursion à la télévision qui s’accorde à merveille avec un récit tel que celui-ci.

Car BIG LITTLE LIES est une satire (ou un portrait) acerbe d’une communauté idyllique. Communauté qui va être ébranlée et craquelée par un drame que le show se targue de contenir jusqu’à son final. 90 % de son montage dévoile le quotidien de cinq femmes (et leur famille) dans ce qui va précéder le tragique « accident ». De leurs vies respectives et qu’il s’agisse de leur rôle d’épouse comme de mère.

Les 10 % restants s’appliquent à parsemer de très courts moments de témoignages à l’égard des différents protagonistes principaux. Remplis d’hypocrisie et de jalousies, ces propos parviennent à garder le suspense entier sur le : qui, comment, et pourquoi de l’accident. C’est tout le crédo de ce drama, made in HBO, merveilleux exercice sur le comportement humain.

Toujours à l'occasion de la sortie de la plateforme MAX en France, petit retour en arrière sur l'un des gros succès d'HBO vers la fin des années 2010. Succès qui a amené cette série limitée à être doté d'une suite, en 2019. BIG LITTLE LIES, c'est également l'un des succès les plus tonitruant du scénariste David E. Kelley que l'on peut découvrir à la tête d'un féroce nouveau drame cet été : PRESUMED INNOCENT. Dont la critique est à venir prochainement.

Nuages à l’horizon.

Bande-son pop délectable, vue sur l’immensité de l’océan, maisons côtières de luxe… De son générique au rythme entêtant jusqu’à son découpage énergique qui fait apparaître peu à peu ses principaux profils, BIG LITTLE LIES se dévoile comme une fable féministe entière. Et dans sa finalité, bien moins guindée qu’elle le laisse paraître. Disons que son contexte idyllique d’une côte ouest idéalisé est le prétexte parfait pour briser cette bulle de rêve.

On y découvre principalement le portrait de trois femmes qui se lient d’amitié puis échanges après la rentrée scolaire. Parmi elles, Reese Witherspoon s’impose comme la pierre angulaire du trio et crève l’écran de naturelle dans son rôle sur mesure. Un rôle croustillant, aux premiers abords amusants en roquet de Monterey et qui va donc s’attirer les foudres (et les remarques) de nombreux locaux.

À l’instar des différents protagonistes, les principaux rôles féminins disposent d’une prolongation de leur personnage grâce à leur portrait familial. Madeline, par exemple, est la mère de deux filles (Darby Camp/Kathryn Newton) qui disposent d’un certain écart d’âge, mais qui seront (aussi) motrices de ses différentes difficultés. À noter la jeune révélation Darby Camp plutôt irrésistible dans son rôle de mordue de musique.

Face à elle, Shailene Woodley s’avère assez épatante dans son rôle de jeune mère célibataire. C’est également par son regard et les difficultés d’intégration de son fils Ziggy (Iain Armitage) que cette nouvelle venue va découvrir l’envers du décor de Monterey.

Enfin, l’impériale Nicole Kidman complète ce trio et dispose probablement de la partition la plus douloureuse, physique et ambiguë. Car sous ses façades idylliques, se cachent de douloureux secrets (adultère, viol, ou encore violence conjugale).

Éclaircis dans l’après-midi.

La série, et son intrigue, décortiquent également le rôle de parents à différents stades d’âge. Mais aussi le fait d’être une femme et un époux en ne délaissant pas le regard masculin. Certains récurrents sont plutôt attendrissant, à l’image du sympathique Adam Scott, à l’emploi idéal. Même si James Tupper et Jeffrey Nordling interprètent des facettes de maris moins séduisants et pourtant très réussi.

Néanmoins, la palme de l’interprétation masculine revient au charismatique Alexander Skarsgård. Le magnétique acteur suédois y interprète un mari assez effrayant dans sa démonstration de caractère passif-agressif. Ses soubresauts de violence face à Nicole Kidman, où se mêle le désir charnel, transpirent d’une magnifique nuance dans leur mariage. Son personnage sera d’ailleurs la clé de voûte de l’intrigue, dans un dernier acte plein de suspense.

Mais avant cela, BIG LITTLE LIES va alimenter son intrigue et sa saison par différentes problématiques et rivalités qui vont définir les personnages. En décortiquant les arcanes du mariage, des traumatismes ou de la parentalité, la série est autant universel que fondamentalement féministe. La preuve avec ses deux profils féminins plus secondaires et d’apparences moins palpitants.

La magnifique Zoë Kravitz semble, de ce fait, plutôt sous-exploitée malgré son action final déterminante. Quant à Laura Dern, elle interprète, sur la majorité de la saison, l’exécrable bourgeoise dont la rédemption sera fatalement bienvenue. Mais là où la force de l’intrigue fait mouche, c’est par son merveilleux final et dans le secret qui lie les 5 profils féminins.

Quand arrive l’heure de la conclusion lors du fameux gala de l’école, chacun y va de sa petite théorie autour de l’accident. D’autant que le suspense et le montage de la série sont réglés de façon à imaginer la possibilité que chaque protagoniste soit capable d’en tuer un autre.

CONCLUSION

Si l’identité de Perry (Alexander Skarsgård, expressif comme jamais) comme étant le violeur de Jane et la victime de l’incident (meurtre) sont sans grande surprise, le déroulement de la scène, maquillé en accident, est une idée fabuleuse. Fabuleuse, car elle lie en effet nos trois héroïnes, mais aussi les personnages plus discrets de Zoë Kravitz et Laura Dern dans le mensonge. Cela apporte une réelle épaisseur à l’image de ce qui les unit, et dresse le portrait de femmes fortes, vengeresse sur la misogynie. 

HBO livre à nouveau un show d’exception. Qui brille par sa mise en scène, sa direction d’acteurs et sa fausse simplicité de show pour les ménagères. D’autant qu’au moment de sa conclusion, elle laisse place à une fin ouverte assez croustillante. (même si elle aura finalement sa suite).


Les + :

  • Son sujet de ménagère dans un contexte idyllique qui vole peu à peu en éclats. Notamment grâce à ses merveilleux et ponctuels mini témoignages acerbes qui rythment l’intrigue.
  • Au-delà de la réussite de l’écriture de David E. Kelley, la série jouit d’une mise en scène (et d’un montage) astucieuse et appuyée. Jean-Marc Vallée capte à merveille (de manière métamorphique) les nuages qui obscurcissent le soleil. De plus, la série dispose d’une bande-son pop assez irrésistible.
  • À l’écran, son casting cinq étoiles fait des merveilles. Féminins comme masculins, grâce à des personnages et des profils variés et nuancés.
  • Un récit éminemment féministe, qui traite des sujets universel autour de la condition de mère et d’épouse, pour un résultat très rigoureux et réaliste.
  • Son dénouement final, parfaitement construit et agrémenté d’une fin cocasse.

Les – :

  • Outre son sujet féministe idéalement illustré par son casting star, la série n’est pas une œuvre percutante au-delà de la raison.
  • Si on fait abstraction de son final de haute volée, les six épisodes précédents ne laisse pas un souvenir mémorable.

MA NOTE : 16/20

Les crédits

CRÉATEUR(s): David E. Kelley & Liane Moriarty

AVEC: Reese Witherspoon, Nicole Kidman, Shailene Woodley, Alexander Skarsgård, Adam Scott, Zoë Kravitz, James Tupper, Jeffrey Nordling, et Laura Dern (…)

mais aussi : Kathryn Newton, Merrin Dungey, Iain Armitage, Darby Camp, P.J. Byrne, Robin Weigert, Santiago Cabrera, Hong Chau, Joseph Cross (…)

ÉPISODES : 7  / Durée (moyenne) : 52mn / DIFFUSION : 2017 / CHAÎNE : HBO

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