BABYLON

Une ode de légende

EN DEUX MOTS : Gros morceau. Très gros morceau que le nouveau long du prodige Damien Chazelle qui nous à déjà ébloui (en musique) avec Whiplash et La la Land. BABYLON qui sort donc dans nos salles obscures en tout début d’année réitère l’événement (oui). Avec décadence et folie tout en s’attardant sur les années folles du cinéma, il y a presque 1 siècle.

Los Angeles des années 1920. Récit d’une ambition démesurée et d’excès les plus fous, BABYLON retrace l’ascension et la chute de différents personnages lors de la création d’Hollywood, une ère de décadence et de dépravation sans limites.

Allociné

Presque aussi long qu’Avatar deuxième du nom, avec ses 3h09 au compteur, BABYLON n’en demeure pas moins imparfait bien que tout aussi généreux. Et une ode pour les amoureux de cinéma. Dans tous les cas, Damien Chazelle réussit l’exploit de ne (quasiment) pas nous ennuyer malgré un format (quasiment) excessif.

Critique aussi concise et détaillée que possible.

ANTIQUE, MYTHIQUE, ET FOLIES DES GRANDEURS (BABYLON)

Ma crainte de l’ennui a vite été balayé par son tourbillon introductif de 40 minutes. Une première scène folle et grande, agréablement crue et décadente quand il s’agit de présenter les excès humains (nudité, perversité et drogues en tous genres). D’autant plus pour une production Hollywoodienne de cette ampleur (80 millions de dollars).

Dans celle-ci et la suivante (qui s’attarde sur un lendemain de cuite en plein tournage : complètement fou), les années folles n’ont jamais été si folle. Et le cinéma de Chazelle déborde d’amour et d’ironie. Mais aussi d’ingéniosité. Amoureux du réalisme et de musique, le metteur en scène parvient à chorégraphier ses deux plus grandes scènes bruyantes avec une virtuosité étourdissante. Sous un montage à la cocaïne.

A l’écran, trois têtes d’affiches marquent le récit. L’immense Brad Pitt, qui prête ses traits à la perfection pour présenter la facette d’un acteur mythique et influent. Avant la caricature. La révélation Diego Calva interprète Manny, un jeune mexicain ambitieux avec des rêves plein la tête. Son parcours sera le récit initiatique et principal point de vue de la transition de cinéma : muet au parlant. Enfin, Margot Robbie incarne une star montante en ébullition. Un profil atypique de l’époque.

Celle-ci, malgré son magnétisme imputable, demeure la seule réelle déception du casting tant son rôle semble sustenter son image iconique qu’on connaît déjà tous, avec excès. (Harley Quinn, bonjour). Mais comme BABYLON semble être le film du genre de tous les excès, le résultat fonctionne à la perfection. D’autant plus au fil du récit qui passe de comique à sincèrement tragique.

TRAGI-COMIQUE ICONIQUE

Au-delà de l’implication physique et émotionnel de ses interprètes, et d’une mise en scène folle, c’est la bande-originale signé Justin Hurwitz qui donne corps au film. Sous une influence jazzy évidente, celle-ci rythme une bonne moitié du film. Grâce à des thèmes absolument mémorables et entraînants.

L’atout supplémentaire de BABYLON réside aussi dans son casting secondaire. Les personnages mis sous la lumière principalement. Qu’ils s’agissent d’un trompettiste afro-américain persévérant (Jovan Adepo), à la mystérieuse et vénéneuse Lady Fay Zhu (Li Jun Li), jusqu’à une chroniqueuse atypique (Jean Smart). Tous ou presque subiront les désillusions du monde d’Hollywood dans un film qui fait écho à notre ère presque morte (?) du cinéma. Du succès à l’oubli.

Et c’est toute la subtilité du montage carré de BABYLON. Car si le film ne parvient pas à nous surprendre autant que durant sa première partie, son milieu puis sa fin demeurent progressivement évolutifs dans la tragi-comédie. Comme le prouve son rapport à la mort en plusieurs temps : accident, second accident, puis suicides hors-champ, jusqu’à sa maison des horreurs accompagnée du caméo (très) tardif de Tobey Maguire, inquiétant.

Le plus triste dans tout cela réside dans le bide monumental dans lequel semble se diriger le film. C’est déjà largement le cas aux États-Unis depuis quelques semaines. Et la tendance semble se confirmer en France, avec une salle quasiment vide le premier vendredi soir de sa sortie. Une tristesse qui accompagne les derniers moments du film lors de la caricature faite à l’encontre des deux stars du film.

CONCLUSION

Assurément long et sous différents tempo, ou par la vision de la fin d’une ère de cinéma déjà traitée avec beaucoup plus de maîtrise que par le passé, BABYLON n’en demeure pas moins un film grandiose, virtuose et qui transpire d’énergie. Un film de cinéma, mais pas que pour les amoureux de cinéma.


Les + :

  • La folie de son montage et la virtuosité de sa mise en scène
  • Agréablement décadent pour une production Hollywoodienne de son niveau
  • Quelques très bons interprètes bien mis en lumières
  • Son changement de ton, de comique à tragique
  • Sa bande-originale titanesque

Les – :

  • Un casting principal qui ne fait pas plus que l’image qu’il dégage hors de l’écran
  • La limite d’un scénario convenu
  • Une mise en scène plus innapproximative dans les scènes plus intime
  • De très légères longueurs

MA NOTE : 16/20

SCÉNARIO & RÉALISATION : Damien Chazelle

AVEC : Margot Robbie, Diego Calva, Brad Pitt, Jovan Adepo, Li Jun Li, et Jean Smart,

mais aussi : Lukas Haas, Flea, Eric Roberts, Max Minghella, Rory Scovel, P.J. Byrne, Jeff Garlin, Olivia Hamilton,

avec Olivia Wilde, Katherine Waterston, Samara Weaving, et Tobey Maguire (…)

SORTIE (France) : 18 Janvier / Durée : 3h09

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