THE LAST OF US : épisode 1 – saison 1

Il est enfin là, après une attente colossale, l’un des événements télévisuels de ce début d’année (et année tout court) se dévoile ce jour en US + 24. THE LAST OF US, l’adaptation d’un monument du jeu vidéo survient donc 10 ans après sa sortie sur Playstation 3. Pour cet épisode introductif d’1h20 on retrouve naturellement nos deux showrunners (Neil Druckmann & Craig Mazin) aux manettes, où plutôt au scénario.

Le second, créateur de la série Chernobyl en 2017 déjà sur HBO, réalise également ce (plus) long épisode qui ouvre cette première saison. L’ancien habitué des comédies graveleuses met à nouveau en scène la désolation comme rarement à la télévision, sous une caméra tangible. Après 1h20 qui mélange apocalypse et drame humain, THE LAST OF US parvient-elle déjà à s’extraire de son matériau d’origine, déjà très cinématographique ?

Oui et non.

ÉPISODE 1 : When You’re Lost in the Darkness

EN DEUX MOTS : Ce pilote qui reprend comme titre le slogan des Lucioles (ce groupe qualifié de terroriste, qui se dresse contre le régime totalitaire de l’armée) surprend dès son ouverture.

En effet les premières minutes s’attardent sur un talk show de 1968 qui à pour thème les maladies infectieuses. A l’image, un présentateur à l’air juvénile (Josh Brener) face à deux scientifiques. Le premier (Christopher Heyerdahl), rigide, opte pour un discours qui nous rappelle naturellement notre époque actuelle à l’heure du COVID-19.

Ambiance rétro

Mais c’est le second, joué par le décomplexé John Hannah, qui capte l’attention dans sa mise en garde de l’évolution des champignons. Dont le cordyceps qui pourrait s’attaquer à l’homme si réchauffement climatique il y avait.

SOUS L’OEIL DE SARAH

Cause à effet, après un générique évolutif qui démontre la croissance du champignon (et sous les notes magiques du compositeur Gustavo Santaolalla), l’intrigue nous envoie 35 ans dans le futur, en 2003. Quasiment l’âge de notre héros Joel Miller (Pedro Pascal) le jour où tout bascule à l’écran. Ici la série frappe par sa fidélité, qu’il s’agisse de l’environnement (Austin, 26 septembre), des costumes et accessoires identiques, jusqu’aux dialogues des personnages. Et bien évidemment la mise en images de scènes cultes.

La première demi-heure se déroule principalement du point de vue de la fille de notre héros, Sarah (Nico Parker).

Très vite la dynamique attachante entre un père célibataire absent et une jeune fille débrouillarde fait des merveilles à l’écran. L’intrigue alimente par touches cette relation père-fille jusqu’à modifiée l’émergence de l’horreur qui survient dans le voisinage. Le co-showrunner et co-président de Naughty Dog (le studio derrière le jeu vidéo) l’avait annoncée il y a quelques semaines : la série allait se montrer moins violente à l’écran. Au profit de la tension. Chose vraie, et confirmée à la positive.

Gare à la bébête, qui monte, qui monte…

Sarah est embarquée dans le chaos sous la protection de son père et de son oncle désinvolte, Tommy (Gabriel Luna). Le spectateur lui aussi est embarqué, notamment dans un pick-up où l’on assiste à la crise en direct. Le résultat est aussi réussi que troublant pour ceux qui connaissent parfaitement le jeu de 2013. Malgré quelques dialogues littéralement calqués THE LAST OF US demeure percutant par sa justesse, et car ses acteurs parviennent à donner vie à des personnages cultes.

Le pouvoir de la peur

Pedro Pascal délivre (sans surprises) une prestation toute en intensité, là où Nico Parker retranscrit justement la sensibilité. L’émotion sous tension, après une explosion toute en force et des infectés sans retenue, la cohérence du chaos s’abat sur Joel qui voit sa fille périr sous ses yeux. Non pas par un infecté, mais par la peur, humaine. Résultat : petite larme.

ZQ, TERRE D’ACCUEIL

20 ans plus tard.

La meilleure saison pour le tourisme

Dans un monde ravagé, le récit nous emmène à Boston. Un gamin ère jusqu’à la Zone de Quarantaine la plus proche. Après un contrôle médical positif au cordyceps et des paroles douces d’un soldat on retrouve un Joel vieilli. Contraint de jeter au feu la dépouille de l’enfant en question. THE LAST OF US n’a pas besoin d’être trop imagés pour détailler son univers cruel, en proie à la désolation constante. Ce parallèle sur un homme brisé suffit.

Quand tu es perdu dans l’obscurité cherche la lumière.

Slogan des Lucioles
Délabrassions

Observer également son univers suffit. Travail ingrat, trafics en tous genres : de pilules, de cigarettes, de batteries, où l’on garde même un misérable sachet en plastique. Grâce à un travail minutieux, ainsi qu’un budget colossal (10 millions en moyenne par épisode) la série épate. Là où sa mise en scène gigote et prône le réalisme. Craig Mazin n’est pas un grand réalisateur. En revanche, pour retranscrire la dureté d’un univers post-apocalyptique tel que The Last of Us, l’homme est un maître.

Transaction idyllique

La question était aussi d’y découvrir ceux qui font office de PNJ (Personnage Non Joueur) à l’écran. Pour réellement leur donner vie, indépendamment à nos deux héros en tête d’affiche. Si le personnage de Tommy n’est qu’effleurer pour le moment, on y découvre notamment Tess, ici interprétée par la formidable Anna Torv (MINDHUNTER). Compagnon de galère de Joel qui apporte plus de profondeur à son personnage que dans le jeu vidéo.

Enfin, durant les cinquante minutes qui séparent ce long pilote, l’intrigue présente également la seconde héroïne de son récit : Ellie, 14 ans. Marchandise larguée par la Cheffe des Lucioles, Marlene (Merle Dandridge, qui reprend son rôle). Elle est interprétée par l’actrice britannique de 19 ans Bella Ramsey. Orpheline au caractère bien trempé, celle-ci dévoile (pour le moment) sa facette désinvolte, insolente. Sans vraiment éblouir.

Libérée, délivrée, immunisée…

ET SI ON PARLAIT CHAMPIGNON

Ce dernier espoir de l’humanité qui se révèle être, en fin d’épisode, immunisée est donc le point névralgique du récit. L’épisode s’achève sur un plan large du reste de Chicago, qui va être le terrain de jeu (et d’horreur) du prochain épisode.

Prochainement dans The Last of Us

Car jusqu’à présent, et hormis sa scène de désolation durant sa première partie, cet épisode introductif n’a logiquement pas misé sur l’action pour convaincre. Celle-ci s’avère même être régulièrement hors-champ et sans hémoglobines direct. Une tendance à confirmer et en demi-teinte dans mon ressenti personnel.

La partie dramatique prédomine, teinté d’un aspect thriller sur les comportements humains, jusqu’à un suspense horrifique. Tous ses genres, la série semble les maîtriser à la perfection. Son récit initiatique au fil de la saison à encore beaucoup à prouver, mais à présent la série rassure.

Don’t Fuck with me

J’émets néanmoins quelques réserves sur différents aspects. Techniques majoritairement. Sans jouer au jeu des sept différences, la série fait l’impasse sur les spores dû au cordyceps pour des raisons de simplification durant le tournage. (Pour éviter que les acteurs ne portent des masques à gaz). Un choix décevant tant il se révèle crucial dans le(s) jeu(x). En plus d’apporter une réelle différence si on le compare à de nombreux récits horrifiques du même genre.

Infection moins infectieuse

Ainsi, THE LAST OF US me tiraille autant qu’elle m’enthousiasme. Avec son pilote du moins. La tendance des critiques, elle, est unanime avec ses retours dithyrambiques. Et qu’ils soient de la part de la presse comme du public. Chose qui prouve que la force de son récit est déjà là. C’est indéniable. L’aventure commence.


CONCLUSION

Les + :

  • Sa fidélité envers son matériau d’origine, avec la nuance de son intrigue
  • Des premières interprétations majoritairement béton
  • Le travail titanesque sur la mise en image de son univers
  • Sa force dramatique
  • Une tension qui monte crescendo

Les – :

  • Sa fidélité envers son matériau d’origine, avec quelques moments calqués
  • Une mise en scène réaliste mais sans éblouissement
  • Une violence parfois trop hors-champ
  • L’absence des spores pour la nature infectieuse du cordyceps

MA NOTE :

RÉALISATION : Craig Mazin / SCÉNARIO : Craig Mazin & Neil Druckmann

DURÉE : 1h20 / DIFFUSION : 16 Janvier 2023 (France)

Un commentaire

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *