EN DEUX MOTS : Les nouveautés s’enchaînent gentiment sur HBO en 2020, mini-série en tête. Après avoir livré, ni plus ni moins, la meilleure adaptation d’un roman d’épouvante de Stephen King sur petit-écran – The Outsider – et un drame percutant sous forme d’uchronie – The Plot Against America – signé David Simon, la chaîne câblée dévoile I Know This Much Is True, drame pur, drame intestinal, entièrement scénarisé et mis en scène par le cinéaste américain Derek Cianfrance.
Conteur dramatique de génie, le metteur en scène ne brille pas par sa réalisation ultra réaliste, grimé, qui alterne distance fixe et gros plan approximatif, mais davantage par un sens de la dramaturgie triste à en crever. Après la bouleversante fable familiale The Place Beyond The Pines (2012), Derek Cianfrance s’aventure donc en terre connu avec ce nouveau récit, adaptation d’un best-seller publié en 1998 de Wally Lamb.
L’histoire suit le destin des frères jumeaux Birdsey, Dominick & Thomas, le second étant atteint de schizophrénie paranoïaque. Dans le double rôle titre on retrouve une seconde star du MCU à s’illustrer sur le petit-écran cette année – Mark Ruffalo – dans une prestation à contrario de son compère Chris Evans, à proprement estomaquant. L’acteur prête ses traits à Dominick, comme à Thomas, dans une différenciation physique quelconque, à l’inverse du mental. La série débute sous la voix rugueuse de son narrateur – Dominick – quasiment présent sur chaque pan de l’histoire.
Dès la 1ère scène les hostilités sont lancées, tandis que Thomas, en pleine crise paranoïaque – dans un acte divin – se tranche violemment la main droite dans une bibliothèque municipale. Un sacrifice choquant qui marquera le début du cauchemar dans l’intrigue, mais aussi pour le téléspectateur.
Car si le développement de l’histoire alterne les époques, les épisodes enchaînent eux, les moments aussi dramatiques que cruels qui ponctuent la vie des deux frères. Un enchaînement de crise humaine – l’incompréhension des services médicaux spécialisés – de détresse émotionnel meurtri par le deuil – la mort lente d’une mère, ou subite d’un bébé – et la maladie – l’impossibilité de gérer un frère aux réactions imprévisibles – qui confère à ce drame familial – intestinal l’attrait d’une fable existentiel et sans espoir aucun.
Mark Ruffalo, prête ses traits burinés à cet homme meurtri d’abord, Dominick, frère dévoué, brisé, qui tente désespérément de faire sortir son frère de l’asile. Dans une seconde interprétation, physiquement similaire mais tellement différente par ses spasmes et sa ponctuation verbale, Thomas confère sympathie, pitié, et effroi.
Au fil que l’intrigue avance Dominick se remémore son passé – de son enfance difficile dans les années 60 avec un beau-père stricte (John Procaccino), à ses années universitaires lorsque apparait sérieusement la maladie de son frère, jusqu’à l’échec de son mariage et de son amour pour son ex-femme (Kathryn Hahn) – s’y accroche – par son obsession sur son grand-père et ses origines Italienne, ainsi qu’un père qu’il n’a jamais connu.
Si les seconds rôles ne vivent que par le point de vue de son interprète principal, I Know This Much Is True parvient sans mal à délivrer des caractères humains forts, notamment féminin – aidés par une distribution féminine de choix (en tête Melissa Leo, Rosie O’Donnell, Imogen Poots, Archie Panjabi, ou Kathryn Hahn).
Imbibé dans l’époque de son récit (principalement le début des années 90), le filtre naturel du showrunner, et surtout son sens si intime du drame font de cette nouvelle mini-série HBO une nouvelle pépite, brute, lourde, et parfois même inconsistante, mais invraisemblablement indispensable.
MA NOTE : 16/20
CREATEUR: Derek Cianfrance
AVEC: Mark Ruffalo, Melissa Leo, Rosie O’Donnell, John Procaccino, Imogen Poots, Rob Huebel, Archie Panjabi, Philip Ettinger,
Michael Greyeyes, Aisling Franciosi, Marcello Fonte, Gabe Fazio, Bruce Greenwood, avec Juliette Lewis, et Kathryn Hahn (…)
EPISODES : 6 / Durée : 58mn ANNEE DE DIFFUSION : 2020
GENRE : Drame CHAINE DE DIFFUSION : HBO